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Mondiaux jeunes annulés, génération(s) sacrifiée(s) ?

Mondial

mercredi 24 février 2021 - © Yves Michel

 5 min 28 de lecture

Si depuis un an, organiser une compétition notamment chez les jeunes était devenu aléatoire, tout le monde espérait entrevoir une amélioration cet été. La Fédération Internationale a décidé de ne prendre aucun risque et d'annuler les deux Mondiaux masculins que devaient disputer les U19 et les U21 respectivement en Grèce et Hongrie. Fait unique depuis que ces championnats existent, deux générations auront été privées de leurs deux épreuves majeures. Les conséquences sont surtout fâcheuses pour les 2000-2001.

Quand Mathieu Salou (notre photo de tête) a appris la (mauvaise) nouvelle, il a marqué un temps d'arrêt. Comme si le Cessonais futur Nîmois ne voulait pas accepter la décision de la Fédération Internationale de Handball. Face aux incertitudes véhiculées par la pandémie du coronavirus, le championnat du Monde U21 prévu en Hongrie du 22 juin au 4 juillet prochain est officiellement annulé. « A chaud, je suis vraiment très déçu, bien-sûr... parce que du coup avec les copains, on ne pourra pas montrer sur ce Mondial notre vrai visage. C'est une déception mais également une grosse frustration car la saison dernière, on a été privé d'Euro. » Un coup dur pour tous ces jeunes de la génération 2000-2001 sevrés de compétition au plus haut niveau depuis deux ans puisqu'en effet, le championnat d'Europe prévu initialement en juillet en Croatie et espéré en décembre, leur était passé sous le nez. Deux ans chez les juniors et l'impossibilité de revêtir le maillot tricolore et se mesurer à ce qui se fait de mieux dans leur catégorie. « Ben justement, poursuit le gaucher breton, on avait à coeur de réaliser une perf' et surtout avec l'expérience que chacun avait acquise, effacer les prestations qui avaient été les nôtres en 2018 et 2019 (en catégorie jeunes). C'était la seule occasion de gratter un titre ou une médaille et vraiment, on pouvait y croire. Du coup là, on réalise que cela ne sera pas possible. C'est comme ça... Le covid continue à perturber notre vie mais si c'est la seule façon de protéger tout le monde et s'il faut accepter ces contraintes... mais oui, c'est décevant.» Les joueurs de Yohan Delattre ne sont donc pas les seuls à faire grise mine puisque l'été prochain, les minots d'Eric Quintin connaîtront un programme allégé, sans tournoi majeur. Les 2002-2003 sont d'ailleurs vierges de ce type de confrontation puisqu'en août 2020, ils n'avaient déjà pas pu disputer leur Euro en Croatie. Pas de voyage en Grèce donc entre le 18 et le 29 août prochain. 

Branle-bas de combat à la DTN et du côté de Pascal Bourgeais, le coordonateur du Projet de Performance Fédéral Masculin qui vont devoir retravailler sur un nouveau calendrier et définir certaines priorités. « A vrai dire, je découvre la décision de l'IHF. Ce qui est navrant quand de telles compétitions ne peuvent pas se dérouler, outre le fait de vivre humainement ensemble des moments exceptionnels, c'est de l'expérience en moins pour tous ces gamins. Le contexte de l'équipe nationale, la culture du maillot bleu et depuis quelques années, celle de la gagne, tout cela démarre et passe par ces équipes jeunes. Et l'autre aspect important, ceux qui sont en fin de cycle (les U21) et qui constituent l'ossature de la sélection, trouvent dans ces compét' un temps où on leur donne de grandes responsabilités dans des moments importants et même délicats. C'est intéressant pour la suite de leur carrière et pour certains, cela peut être un manque.» Jusqu'au bout, toutes les bonnes volontés ont espéré que ces championnats pourraient se dérouler. L'été allait peut-être repousser les limites du virus et la Gréce comme la Hongrie auraient certainement pris toutes les mesures nécessaires pour garantir un état sanitaire optimal. Mais avec un passage à 32 nations (comme pour les A en Egypte mais avec une logistique bien plus importante), l'IHF n'a voulu prendre aucun risque. On se demande d'ailleurs dans le contexte actuel si cette inflation de participants pour la plupart issus de nations émergentes, n'a pas pesé lourd au moment de trancher en faveur de l'annulation.  Chez les jeunes, une compétition à 24 était déjà bien suffisante. 



Quid désormais de ces jeunes, orphelins de l'écusson tricolore ? Comment combler ce manque indéniable dans leur parcours de formation ? Est-il d'ailleurs utile de programmer des rassemblements puisque l'espoir d'une compétition est désormais vain. Les U21 devaient par exemple, se retrouver à Nîmes dans trois semaines. « A date, rien n'est encore décidé mais il est évident qu'on ne va pas considérer de la même façon les deux générations. Les U21 sont en fin de parcours et très intégrés pour la plupart dans le groupe pro de leur club respectif. Notre volonté est de ne pas perturber la vie des clubs et privilégier la santé des joueurs donc le programme de cette catégorie sera très allégé. Par contre pour les U19, il y aura très probablement un réaménagement.» Si les 2000-2001 vont désormais appartenir à une génération sacrifiée mais certainement pas condamnée avec des talents prometteurs comme les Tissot, Salou, Damatrin, Paschal, Ntanzi, Lenne, De La Bretèche, Rigault ou autre Martinez, ceux qui leur succèdent (parmi lesquels Derisbourg, Fadhuile, Clay - photo ci dessus, Bzdynga) auront dans les deux prochaines années, un sacré défi à relever. Une continuité à assurer. « Avec ceux-là, on va avoir un peu de temps devant nous, argumente Pascal Bourgeais. On ne sera pas obligé d'aller entraîner les gamins en plein été dans une période où ils peuvent récupérer mais par contre, il faudra maintenir un suivi et continuer à travailler avec eux. Il faut garder à l'esprit que les compétitions majeures sont pour nous, des temps d'évaluation-formation mais tous les stages ne servent pas uniquement à préparer à ces compétitions. Ils contribuent aussi à perfectionner les joueurs. Donc, on ne va pas les abandonner.» Une semaine internationale est toujours programmée fin avril-début mai avec les trois générations. Si rien ne vient entraver les prévisions, les U17 de Pascal Person participeront à un stage avec la Norvège, les U19 d'Eric Quintin se frotteront au Portugal et les U21 de Yohan Delattre animeront le Tiby en région parisienne. Pour autant, si les Danois, les Norvégiens et les Italiens qui sont également à l'affiche cette année, maintiennent leur programme et décident de s'y rendre. 

Outre les deux championnats du Monde masculins (U19 et U21) annulés, l'IHF avait déjà rayé de la liste, les mêmes compétitions chez les féminines (U18 et U20) qui devaient se dérouler en fin d'année dernière, en Chine puis en Croatie pour les unes et en Roumanie pour les autres.

Mondiaux jeunes annulés, génération(s) sacrifiée(s) ?  

Mondial

mercredi 24 février 2021 - © Yves Michel

 5 min 28 de lecture

Si depuis un an, organiser une compétition notamment chez les jeunes était devenu aléatoire, tout le monde espérait entrevoir une amélioration cet été. La Fédération Internationale a décidé de ne prendre aucun risque et d'annuler les deux Mondiaux masculins que devaient disputer les U19 et les U21 respectivement en Grèce et Hongrie. Fait unique depuis que ces championnats existent, deux générations auront été privées de leurs deux épreuves majeures. Les conséquences sont surtout fâcheuses pour les 2000-2001.

Quand Mathieu Salou (notre photo de tête) a appris la (mauvaise) nouvelle, il a marqué un temps d'arrêt. Comme si le Cessonais futur Nîmois ne voulait pas accepter la décision de la Fédération Internationale de Handball. Face aux incertitudes véhiculées par la pandémie du coronavirus, le championnat du Monde U21 prévu en Hongrie du 22 juin au 4 juillet prochain est officiellement annulé. « A chaud, je suis vraiment très déçu, bien-sûr... parce que du coup avec les copains, on ne pourra pas montrer sur ce Mondial notre vrai visage. C'est une déception mais également une grosse frustration car la saison dernière, on a été privé d'Euro. » Un coup dur pour tous ces jeunes de la génération 2000-2001 sevrés de compétition au plus haut niveau depuis deux ans puisqu'en effet, le championnat d'Europe prévu initialement en juillet en Croatie et espéré en décembre, leur était passé sous le nez. Deux ans chez les juniors et l'impossibilité de revêtir le maillot tricolore et se mesurer à ce qui se fait de mieux dans leur catégorie. « Ben justement, poursuit le gaucher breton, on avait à coeur de réaliser une perf' et surtout avec l'expérience que chacun avait acquise, effacer les prestations qui avaient été les nôtres en 2018 et 2019 (en catégorie jeunes). C'était la seule occasion de gratter un titre ou une médaille et vraiment, on pouvait y croire. Du coup là, on réalise que cela ne sera pas possible. C'est comme ça... Le covid continue à perturber notre vie mais si c'est la seule façon de protéger tout le monde et s'il faut accepter ces contraintes... mais oui, c'est décevant.» Les joueurs de Yohan Delattre ne sont donc pas les seuls à faire grise mine puisque l'été prochain, les minots d'Eric Quintin connaîtront un programme allégé, sans tournoi majeur. Les 2002-2003 sont d'ailleurs vierges de ce type de confrontation puisqu'en août 2020, ils n'avaient déjà pas pu disputer leur Euro en Croatie. Pas de voyage en Grèce donc entre le 18 et le 29 août prochain. 

Branle-bas de combat à la DTN et du côté de Pascal Bourgeais, le coordonateur du Projet de Performance Fédéral Masculin qui vont devoir retravailler sur un nouveau calendrier et définir certaines priorités. « A vrai dire, je découvre la décision de l'IHF. Ce qui est navrant quand de telles compétitions ne peuvent pas se dérouler, outre le fait de vivre humainement ensemble des moments exceptionnels, c'est de l'expérience en moins pour tous ces gamins. Le contexte de l'équipe nationale, la culture du maillot bleu et depuis quelques années, celle de la gagne, tout cela démarre et passe par ces équipes jeunes. Et l'autre aspect important, ceux qui sont en fin de cycle (les U21) et qui constituent l'ossature de la sélection, trouvent dans ces compét' un temps où on leur donne de grandes responsabilités dans des moments importants et même délicats. C'est intéressant pour la suite de leur carrière et pour certains, cela peut être un manque.» Jusqu'au bout, toutes les bonnes volontés ont espéré que ces championnats pourraient se dérouler. L'été allait peut-être repousser les limites du virus et la Gréce comme la Hongrie auraient certainement pris toutes les mesures nécessaires pour garantir un état sanitaire optimal. Mais avec un passage à 32 nations (comme pour les A en Egypte mais avec une logistique bien plus importante), l'IHF n'a voulu prendre aucun risque. On se demande d'ailleurs dans le contexte actuel si cette inflation de participants pour la plupart issus de nations émergentes, n'a pas pesé lourd au moment de trancher en faveur de l'annulation.  Chez les jeunes, une compétition à 24 était déjà bien suffisante. 



Quid désormais de ces jeunes, orphelins de l'écusson tricolore ? Comment combler ce manque indéniable dans leur parcours de formation ? Est-il d'ailleurs utile de programmer des rassemblements puisque l'espoir d'une compétition est désormais vain. Les U21 devaient par exemple, se retrouver à Nîmes dans trois semaines. « A date, rien n'est encore décidé mais il est évident qu'on ne va pas considérer de la même façon les deux générations. Les U21 sont en fin de parcours et très intégrés pour la plupart dans le groupe pro de leur club respectif. Notre volonté est de ne pas perturber la vie des clubs et privilégier la santé des joueurs donc le programme de cette catégorie sera très allégé. Par contre pour les U19, il y aura très probablement un réaménagement.» Si les 2000-2001 vont désormais appartenir à une génération sacrifiée mais certainement pas condamnée avec des talents prometteurs comme les Tissot, Salou, Damatrin, Paschal, Ntanzi, Lenne, De La Bretèche, Rigault ou autre Martinez, ceux qui leur succèdent (parmi lesquels Derisbourg, Fadhuile, Clay - photo ci dessus, Bzdynga) auront dans les deux prochaines années, un sacré défi à relever. Une continuité à assurer. « Avec ceux-là, on va avoir un peu de temps devant nous, argumente Pascal Bourgeais. On ne sera pas obligé d'aller entraîner les gamins en plein été dans une période où ils peuvent récupérer mais par contre, il faudra maintenir un suivi et continuer à travailler avec eux. Il faut garder à l'esprit que les compétitions majeures sont pour nous, des temps d'évaluation-formation mais tous les stages ne servent pas uniquement à préparer à ces compétitions. Ils contribuent aussi à perfectionner les joueurs. Donc, on ne va pas les abandonner.» Une semaine internationale est toujours programmée fin avril-début mai avec les trois générations. Si rien ne vient entraver les prévisions, les U17 de Pascal Person participeront à un stage avec la Norvège, les U19 d'Eric Quintin se frotteront au Portugal et les U21 de Yohan Delattre animeront le Tiby en région parisienne. Pour autant, si les Danois, les Norvégiens et les Italiens qui sont également à l'affiche cette année, maintiennent leur programme et décident de s'y rendre. 

Outre les deux championnats du Monde masculins (U19 et U21) annulés, l'IHF avait déjà rayé de la liste, les mêmes compétitions chez les féminines (U18 et U20) qui devaient se dérouler en fin d'année dernière, en Chine puis en Croatie pour les unes et en Roumanie pour les autres.

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