En l'espace de trois jours, Montpellier a perdu une grande partie de son capital et de l'investissement consenti depuis le début de la saison. Trois jours à peine pour digérer une déconvenue face au PSG en championnat... C'est trop peu avant d'attaquer les Renards berlinois qui eux avaient pu récupérer puisque leur match (perdu) à Wetzlar s'était déroulé jeudi. La fraîcheur, la réussite et une grosse pincée de lucidité sont les ingrédients qui ont manqué ce mardi soir aux joueurs du MHB. Ils avaient l'occasion de se qualifier pour le 3ème Final Four de leur histoire (après celui en coupe EHF de 2014 et celui de Ligue des Champions de 2018), ils sont totalement passés à côté de leur sujet. Les Allemands qui n'ont plus que l'Europe pour briller car distancés en Bundesliga, avaient bien préparé leur affaire. Sans artifice, sans dispositif tactique novateur mais tout simplement en jouant juste, en s'adaptant tout d'abord à un adversaire qui a voulu surprendre en alignant une défense 3-3 que Patrice Canayer avait ressorti des vieux cartons et surtout en comptant sur l'expérience d'un Marsenic autant en attaque qu'en défense, sur la justesse de Hans Lindberg et sur l'à-propos du gardien Milosavljev. Comme à l'aller, le Serbe a rivalisé avec son vis-à-vis Kévin Bonnefoi, joueur le plus régulier de l'ensemble héraultais.
En fait et c'est bien là le paradoxe, c'est au détriment d'un temps mort et d'un remaniement des cadres et alors que les Allemands venaient de faire un 1er écart (+3) que la machine montpelliéraine s'est grippée. Trois pertes de balle, un manque de réussite au tir et un 5-0 très dur à encaisser. Hans Lindberg, le vétéran (39 ans) ne s'était pas fait prier pour débuter son entreprise de démolition. La défense du MHB souvent prise de vitesse, s'est souvent retrouvée à la faute et le Danois, orfèvre dans l'art du 7 mètres, a soigné son capital. Alors que le coach allemand a été très parcimonieux dans l'utilisation de son banc, son homologue français, lui, n'a pas hésité à multiplier les rotations. Sans doute pour préserver les organismes mais les Montpelliérains ne se sont pas tous mis au diapason. Il y a bien eu ces prises d'intervalle de Valentin Porte, ces changements de rythme de Diego Simonet, quelques fulgurances de Gilberto Duarte mais sur la base arrière, c'est à peu près tout. Comme face à Paris, trois jours plus tôt, Kyllian Villeminot a manqué de jus (le champion du Monde junior accuse le coup depuis quelques matches), Benjamin Bataille lui, s'est carrément pris les pieds dans le tapis. Ce n'était pas le soir de l'ancien Ivryen qui a joué à l'envers, et ce, aux deux extrémités du terrain.
Pourtant, si Berlin avait fait un break dans le 2ème quart d'heure de la 1ère période, les Héraultais avaient trouvé les ressources nécessaires notamment sur jeu rapide pour réduire l'écart. A la reprise du second acte, ils avaient même rétabli un certain équilibre (17-15). Ils ne saisiront pas l'opportunité d'enfoncer le clou. Yanis Lenne, plutôt malchanceux, va trouver une 2ème fois, le poteau puis ses partenaires vont se heurter à... Milosavljev. La note commençait à devenir salée et au fil des minutes qui s’égrenaient, l'écart augmentait (29-20 à la 52ème). La voie tracée vers le Final Four se dégageait pour les Allemands qui n'avaient même plus à se rappeler du score du match aller.
Montpellier s'incline assez lourdement (31-23) et va rentrer au pays, la tête et les jambes lourdes. L'espoir de disputer l'emballage final dans un mois à Mannheim s'est envolé. Berlin qui a remporté la coupe EHF en 2018 (année fétiche pour le MHB) devient un habitué. Ce sera sa 4ème participation consécutive. Le prix d'une qualification est peut-être dans ce phénomène d'accoutumance.
Quart de finale retour de l'European League
Max-Schemeling Halle (Berlin), mardi 20 avril
Füchse Berlin - Montpellier HB 31 - 23 (Mi-Tps: 16-13)
à l'aller Montpellier HB - Füchse Berlin 32-29
Arbitres: Miklos Andorka & Robert Hucker (Hongrie)
Berlin: Milosavlev (11a/34) Genz (n.u) - Ernst, Wiede (2/8), Holm (3/6), Gojun (1/1), Andersson (1/6), Lindberg (12/12 dt 7/7 pén), Freihöfer, Michalczik, Chrintz, Matthes (6/6), Kopljar, Koch (1/1), Marsenic (4/5), Drux (1/2)
Montpellier: Sego (1a/8), Bonnefoi (12a/36), Bolzinger (n.u) - Simonet (2/4), Villeminot (0/1), Descat (3/5 dt 1/2 pén), Pellas, Bos (2/4), Bataille (2/5), Pettersson, Lenne A. (1/1), Richardson (2/5), Borges (3/5), Porte (2/4), Lenne Y. (3/5), Duarte (3/6)
Evolution du score: 3-1 (5è), 5-4 (10è), 7-7 (15è), 12-8 (20è), 14-9 (25è), 16-13 (MT), 19-16 (35è), 23-17 (40è), 25-19 (45è), 27-20 (50è), 29-22 (55è), 31-23 (FIN)
Résultats des Quarts de Finale de l'European League Opposition | Aller | Retour | Qualifié |
GOG Gudme (Dan) - Plock (Pol) | 30-27 | 26-31 | PLOCK |
Montpellier (Fra) - Berlin (All) | 32-29 | 23-31 | BERLIN |
Kristianstad (Sue) - Magdeburg (All) | 28-34 | 31-39 | MAGDEBURG |
Chekhov (Rus) - Rhein Neckar (All) | 33-32 | 27-37 | RHEIN NECKAR L. |
Le Final Four est programmé les 22 et 23 mai prochains à la SAP Arena de Mannheim, antre de Romain Lagarde et des Rhein Neckar Löwen. Un tirage au sort déterminera l'affiche des demi-finales. Comme en 2018 et 2017, il y aura donc trois équipes allemandes invitées dans ce carré final. Cette compétition est décidément taillée pour les formations de Bundesliga qui l'ont remportée à 24 reprises sur 38 éditions.