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Un club français roi de Cologne ?

Champion's League

vendredi 11 juin 2021 - © Yves Michel

 11 min 47 de lecture

Qui de Barcelone, Nantes, PSG ou Aalborg succèdera à Kiel au palmarès de la Ligue des Champions masculine ? Le pronostic accorde ses faveurs à une finale franco-espagnole puisque Paris et le Barça semblent être taillés pour toucher au but mais les Nantais et le club danois sont en capacité de réaliser un exploit comme Montpellier en 2018. Nous avons analysé les forces en présence avec quatre spécialistes de l'épreuve.

Pour les supporters français qui avaient eu le bonheur d'être présents à Cologne les 26 et 27 mai 2018, le souvenir de la 58ème finale de la Ligue des Champions masculine, la 9ème sous la formule de Final Four en deux jours, reste tenace. Du jamais vu sur les bords du Rhin ! Pour la 1ère fois dans l'histoire, un même pays, la France avait réussi à placer trois clubs Montpllier, Nantes et Paris St Germain, aux trois 1ères places, laissant les Macédoniens du Vardar Skopje, victorieux au même endroit, un an plus tôt, au pied du podium. Depuis, la hiérarchie a été quelle que peu chamboulée même si Paris s'est installé dans la régularité avec une 5ème participation en six ans, ne ratant que l'édition de 2019. 

Et voilà, que l'histoire se renouvelle presque. Les deux formations de Starligue parmi les seize qui en septembre dernier se retrouvaient dans les starting-blocks de l'épreuve sont sur cet ultime rendez-vous et chacune fourbit ses armes et a ses propres cartes à abattre. 

Ce samedi en demi-finales, le Paris St Germain sera opposé aux Danois d'Aalborg (coup d'envoi 15h15), le HBC Nantes affrontera le redoutable Barça (9 fois vainqueur de l'épreuve) (coup d'envoi à 18h00)

Pour y voir plus clair, nous nous sommes tout simplement rapproché de quatre experts français. Les deux coaches finalistes de 2018 et deux consultants télé. 



A tout seigneur, tout honneur. Patrice Canayer. Le technicien héraultais né à Nîmes a fêté il y a peu son 60ème anniversaire mais vient surtout de clôturer sa 27ème saison à la tête du Montpellier Handball. Pas de titre cette saison mais une place de dauphin en Starligue qui permettra à son équipe de retrouver la reine des compétitions dès le mois de septembre. Le MHB est le seul club français à avoir inscrit deux fois son nom au palmarès. En 2003 et donc en 2018. 

Patrice, existe-t-il une méthode pour bien aborder un Final Four ? 
Je ne sais pas s’il y a une bonne méthode, je dirai plutôt que c’est en fonction du statut qui est le tien avant l’épreuve. Le but est de libérer les joueurs de la charge émotionnelle qui peut peser sur cette compétition. Donc cette charge ne peut pas être la même si tu es favori ou outsider. Il y a bien évidemment l’approche tactique à ne pas négliger mais la dimension psychologique et mentale est extrêmement importante. L'important est de trouver le bon équilibre. 

En 2018, vous l’aviez abordé de quelle façon ? Vous n’étiez pas attendus…
Oui, qui plus est, on était sous le coup d’un titre de champion de France envolé trois jours avant. Non seulement on n’était pas les favoris sur le papier mais en plus, au sein de l’équipe, les conditions psychologiques étaient très négatives car on était vraiment dans la déception. On a su tout simplement s’adapter au contexte. 

Sur cette édition, une finale entre le PSG et Barcelone ne surprendrait personne…
L’histoire nous montre que c’est très rare que les deux favoris se retrouvent en finale. La difficulté est de ne pas jouer la finale avant la demie. Et on a vu beaucoup d’équipes tomber dans ce piège. Quand en demi, tu es en position de te qualifier, tu as tendance à vouloir protéger ton équipe en vue de la préserver pour le lendemain. 

Que t’inspire le parcours de Nantes et de Aalborg qui sont déclarés outsiders ? 
Une équipe française qui arrive au Final Four n’est pas une 
inconnue. Nantes a l’expérience d’une finale de Ligue des Champions. Aalborg est véritablement la surprise de ce carré. 

Un Nantes-Barcelone est-il plus déséquilibré qu’un Paris-Aalborg ? 
C’est difficile à dire. Tout dépend comment le rapport de forces va s’installer. Ce qu’on a souvent vu dans le passé dans ce type d’opposition, c’est que le favori qui commence à se prendre les pieds dans le tapis dans les 20 premières minutes, il a souvent du mal à se rétablir. La réalité c’est qu’aujourd’hui les écarts entre les équipes sont de 10 à 15% qui peuvent être très vite comblés. Il faut donc relativiser sur la notion de favori-outsider. 

2018 reste-t-il un de tes meilleurs souvenirs ? 
Forcément parce qu’on a eu notre dose d’émotions dans un contexte qui je le répète nous avait été néfaste quelques jours plus tôt. 
Gagner la LDC est un moment rare qu’il faut savoir apprécier. 



Combien de fois Montpellier s'est retrouvé face à Nantes ? Combien de fois Patrice Canayer a du rivaliser de stratagèmes avec Thierry Anti ? Le coach du "H" aujourd'hui à Aix en Provence n'a pas la même approche et le même recul par rapport à l'évènement. Même si le vivre pleinement fait partie de ses meilleures expériences de technicien. 
 

Thierry, que penser des deux affiches de ce samedi ?
C’est plus logique de retrouver ces quatre-là cette année que l’année dernière où la compétition a été tronquée à cause du virus. 

Normal de retrouver PSG et Nantes ? 
Si on ne prend que l’exemple de Nantes, en Ligue des Champions, ils sont allés quand même sortir Kielce et Veszprém et en plus à l’extérieur ! C'est une sacrée performance ! Ils méritent amplement de se retrouver à Cologne. La performance de Nielsen dans les cages a rejailli sur l’ensemble de l’équipe et ce sera encore l’élément déterminant de ce Final Four. Même Cyril (Dumoulin) a un rôle à jouer. Et je pense que même contre Barcelone, Nantes a un vrai coup à jouer. L’inconvénient, c’est qu’ils vont tomber sur un Barça qui n’a pas gagné le trophée depuis quelques années (2015) et qui va avoir quelques raisons supplémentaires de se surpasser. Ce sera la dernière de "Pasqui", de Raul Entrerrios,….Ce sont des éléments qui peuvent s’avérer rassembleurs. 

L’autre demi… PSG archi favori ? Aalborg intru ? 
Je dis non ! C’est vrai que le projet de jeu parisien est bien maîtrisé, que la concentration et le sérieux sont présents mais là aussi, cela va dépendre de la performance des gardiens. Sur une telle épreuve, il te faut un binôme performant sur deux jours. Je dirai également que Aalborg est une équipe qui propose du jeu. Soit ils peuvent d’entrée prendre cher face au PSG, soit ils peuvent poser de vrais problèmes. Et puis il y a ce phénomène au Final Four que 2 fois sur 3, c’est l’outsider qui gagne. Donc je dis que rien n’est fait. 

En 2018, Montpellier-Nantes, était-ce une finale d’outsiders ? 
Bien-sûr car je pense que tout le monde attendait Vardar-PSG. 

Qui tient cette fois-ci, le plus le rôle de Montpellier ? 
Nantes peut-être. 

Cela te ferait plaisir de voir Nantes vainqueur de la Ligue des Champions ? 
Franchement, cela serait très mal placé que je dise le contraire. En fait, je suis très content pour les joueurs, pour les supporters mais ça s'arrête là. Je ne souhaite aucun malheur à Nantes mais j’ai la mémoire tenace. Depuis que j’ai quitté ce club, on a fait une croix sur mon nom. Certains ont perdu la mémoire. 

Un club français vainqueur de la LDC, quelle portée cela peut-il avoir ? 
J’ai cru lire quelque part que la ministre des sports se déplaçait à Cologne ce week-end. C’est quelque part, une sorte de reconnaissance au plus haut niveau, non ? Mais je pense qu’il faut toujours être mesuré dans les analyses. 

C’est-à-dire ? 
Lorsqu’on a placé 3 clubs français dans le carré final en 2018, on a tout de suite dit qu’on avait le meilleur championnat et que nos clubs étaient devenus les meilleurs du monde. C’est une erreur de raisonner de cette façon. Là, on en a deux, c’est une grande performance, on doit en être fier mais rester humbles car les années suivantes, il n’y en aura peut-être plus. On a de très bons joueurs dans le championnat mais ce ne sont pas les meilleurs du monde. 


Si ce week-end, Jérôme Fernandez sera derrière un micro pour commenter les exploits des uns et des autres à l'occasion de ce Final Four, il le fera à distance, non pas dans les tribunes de la Lanxess Arena mais devant un écran de télévision en France, la chaîne qui a acqui les droits de retransmission de la compétition ayant choisi la formule la plus minimaliste pour couvrir l'évènement. Pour autant, l'ancien capitaine de l'équipe de France, vainqueur de l'épreuve en 2005 avec Barcelone et en 2009 avec Ciudad Real, garde un avis éclairé sur ce qui peut se dérouler durant ces deux journées. 

Jérôme, PSG-Barcelone est-elle une finale programmée à l'avance ? 
L’écart de niveau entre les quatre équipes n’est pas si grand que ça. Si d’entrée une équipe fait briller le gardien de buts adverse, elle peut vite se crisper et perdre ses moyens, donc oui, sur le papier, le Barça est grand favori ne serait-ce que par sa régularité cette saison
, le départ de "Pasqui" et l’arrêt de Raul Entrerrios peuvent peser dans la balance. Le Barça arrive a priori au complet, si ce n’est la blessure d’Aitor Arino, mais rien n’est écrit, les trois autres ont leurs chances. Je rejoins l’analyse de Xavi Pascual qui disait que Nantes était l’équipe en forme du moment. Pour moi, c’est l’équipe la plus dangereuse de ce Final Four de par la qualité de ses dernières prestations. On sent que tout le monde sait ce qu’il a à faire. Nantes était l’équipe à ne pas prendre et le Barça s’en méfie énormément surtout qu’il y a quelques anciens de la formation espagnole dans l’effectif. 

Aalborg fait figure d’invité le plus inattendu de ce carré final…
Les Danois se sont mieux comporté en poule que Nantes et si on n’attendait pas les Danois, on n’attendait pas non plus les Nantais. Il y a chez eux, deux bons gardiens, un collectif bien équilibré, un jeu à 7 contre 6 qui pose beaucoup de problèmes à l’adversaire et je ne pense pas que Paris ait la tâche facilitée parce qu’en face il y aura Aalborg. 

Quel est le talon d'Achille du PSG ? 

Les gardiens français n’ont pas été brillants ces derniers temps et même si Paris met beaucoup de buts, s’il n’y a pas suffisamment d’arrêts, cela peut s’avérer compliqué. 

Le retour de Niko a son importance ? 
Cela change beaucoup de choses… dans le jeu, dans la densité de l’équipe car cela procure une rotation de qualité supplémentaire 
qui faisait défaut depuis novembre. Il y a aussi la confiance qu’il peut procurer car lorsqu’il est dans le groupe, ses partenaires ont moins de pression sur les épaules, ils jouent plus libérés et ils sont meilleurs. On l’a vu contre Nîmes où ils ont fait un carnage. 

Et imaginer une finale franco-française comme en 2018 ? 
Même si Nantes peut se surpasser,  je pense que la marche est un peu trop haute. En face, c’est quand même Barcelone qui détient le record de victoires en LDC. Il faudra un grand Nielsen et que les gardiens du Barça ne parviennent pas à rentrer dans leur match mais si Gonzalo (Perez de Vargas) et Moller font autant d’arrêts, je ne vois pas comment Nantes pourra tenir 60 minutes. 

La pression sera tout de même sur épaules de Barcelone ? 
Elle n’existe plus puisque le coach et certains joueurs savent que la saison prochaine, ils seront passés à autre chose. 



Si avec les clubs où il a évolué, François-Xavier Houlet n'a pu atteindre le sommet européen, le demi-centre international a parfaitement réussi sa reconversion comme consultant à la télévision. Au poste de commentateur, il n'a raté aucun Final Four depuis 2013 mais depuis cette saison, la chaine où il officie n'a plus les droits de diffusion de l'épreuve européenne. "Zouzou" n'en demeure pas moins concerné et intéressé par ce qui va se passer à Cologne ce week-end. 
 

F-X, quelle est ton approche sur les deux affiches proposées ? 
Si on résume de manière sommaire, il y a deux grosses cylindrées, favorites logiques de leur demi-finale face à deux adversaires que personne n’attendait. Je pense qu’il vaut mieux prendre Barcelone en finale qu’en demi-finale d’où la complexité pour Nantes et je vais dire la même chose dans la confrontation entre PSG et Aalborg même si les Danois ont sorti Flensburg en quarts. 

Tu ne mises sur aucune surprise ?
Nantes et Aalborg jouent très bien au handball et les deux baignent dans une certaine euphorie depuis quelques semaines. Sur des faits de jeu, un malentendu, cela peut fonctionner. Mais honnêtement, je pense que Paris et le Barça vont être bien éveillés pour la demie. 

La clé… ce sont les gardiens avec une grosse interrogation sur la perf de la paire parisienne ? 
C’est vrai. Maintenant aussi bien Gérard que Genty sont capables de sortir le grand jeu et nous démontrer qu’on se trompe dans notre analyse. Mais c’est sûr que si on se base sur leurs prestations cette saison, la régularité n’a pas été au rendez-vous. 

On a souligné que sur un Final Four, les surprises étaient possibles...
C’est vrai et c'est arrivé souvent avec Hambourg, Flensburg, Kielce, le Vardar la 1ère année, Montpellier qu’un outsider tire son épingle du jeu. On remarque qu’il n’y a pas de représentation allemande, ce n’est pas la 1ère fois, deux clubs français, Barcelone est abonné... Je serai quand même étonné que Aalborg domine Paris. S’il doit y avoir une magie, j’espère qu’elle sera du côté de Nantes. Il y a de toute façon plus de chances que Nantes batte Barcelone que voir Aalborg écarter le PSG de la finale.  

 

Un club français roi de Cologne ?  

Champion's League

vendredi 11 juin 2021 - © Yves Michel

 11 min 47 de lecture

Qui de Barcelone, Nantes, PSG ou Aalborg succèdera à Kiel au palmarès de la Ligue des Champions masculine ? Le pronostic accorde ses faveurs à une finale franco-espagnole puisque Paris et le Barça semblent être taillés pour toucher au but mais les Nantais et le club danois sont en capacité de réaliser un exploit comme Montpellier en 2018. Nous avons analysé les forces en présence avec quatre spécialistes de l'épreuve.

Pour les supporters français qui avaient eu le bonheur d'être présents à Cologne les 26 et 27 mai 2018, le souvenir de la 58ème finale de la Ligue des Champions masculine, la 9ème sous la formule de Final Four en deux jours, reste tenace. Du jamais vu sur les bords du Rhin ! Pour la 1ère fois dans l'histoire, un même pays, la France avait réussi à placer trois clubs Montpllier, Nantes et Paris St Germain, aux trois 1ères places, laissant les Macédoniens du Vardar Skopje, victorieux au même endroit, un an plus tôt, au pied du podium. Depuis, la hiérarchie a été quelle que peu chamboulée même si Paris s'est installé dans la régularité avec une 5ème participation en six ans, ne ratant que l'édition de 2019. 

Et voilà, que l'histoire se renouvelle presque. Les deux formations de Starligue parmi les seize qui en septembre dernier se retrouvaient dans les starting-blocks de l'épreuve sont sur cet ultime rendez-vous et chacune fourbit ses armes et a ses propres cartes à abattre. 

Ce samedi en demi-finales, le Paris St Germain sera opposé aux Danois d'Aalborg (coup d'envoi 15h15), le HBC Nantes affrontera le redoutable Barça (9 fois vainqueur de l'épreuve) (coup d'envoi à 18h00)

Pour y voir plus clair, nous nous sommes tout simplement rapproché de quatre experts français. Les deux coaches finalistes de 2018 et deux consultants télé. 



A tout seigneur, tout honneur. Patrice Canayer. Le technicien héraultais né à Nîmes a fêté il y a peu son 60ème anniversaire mais vient surtout de clôturer sa 27ème saison à la tête du Montpellier Handball. Pas de titre cette saison mais une place de dauphin en Starligue qui permettra à son équipe de retrouver la reine des compétitions dès le mois de septembre. Le MHB est le seul club français à avoir inscrit deux fois son nom au palmarès. En 2003 et donc en 2018. 

Patrice, existe-t-il une méthode pour bien aborder un Final Four ? 
Je ne sais pas s’il y a une bonne méthode, je dirai plutôt que c’est en fonction du statut qui est le tien avant l’épreuve. Le but est de libérer les joueurs de la charge émotionnelle qui peut peser sur cette compétition. Donc cette charge ne peut pas être la même si tu es favori ou outsider. Il y a bien évidemment l’approche tactique à ne pas négliger mais la dimension psychologique et mentale est extrêmement importante. L'important est de trouver le bon équilibre. 

En 2018, vous l’aviez abordé de quelle façon ? Vous n’étiez pas attendus…
Oui, qui plus est, on était sous le coup d’un titre de champion de France envolé trois jours avant. Non seulement on n’était pas les favoris sur le papier mais en plus, au sein de l’équipe, les conditions psychologiques étaient très négatives car on était vraiment dans la déception. On a su tout simplement s’adapter au contexte. 

Sur cette édition, une finale entre le PSG et Barcelone ne surprendrait personne…
L’histoire nous montre que c’est très rare que les deux favoris se retrouvent en finale. La difficulté est de ne pas jouer la finale avant la demie. Et on a vu beaucoup d’équipes tomber dans ce piège. Quand en demi, tu es en position de te qualifier, tu as tendance à vouloir protéger ton équipe en vue de la préserver pour le lendemain. 

Que t’inspire le parcours de Nantes et de Aalborg qui sont déclarés outsiders ? 
Une équipe française qui arrive au Final Four n’est pas une 
inconnue. Nantes a l’expérience d’une finale de Ligue des Champions. Aalborg est véritablement la surprise de ce carré. 

Un Nantes-Barcelone est-il plus déséquilibré qu’un Paris-Aalborg ? 
C’est difficile à dire. Tout dépend comment le rapport de forces va s’installer. Ce qu’on a souvent vu dans le passé dans ce type d’opposition, c’est que le favori qui commence à se prendre les pieds dans le tapis dans les 20 premières minutes, il a souvent du mal à se rétablir. La réalité c’est qu’aujourd’hui les écarts entre les équipes sont de 10 à 15% qui peuvent être très vite comblés. Il faut donc relativiser sur la notion de favori-outsider. 

2018 reste-t-il un de tes meilleurs souvenirs ? 
Forcément parce qu’on a eu notre dose d’émotions dans un contexte qui je le répète nous avait été néfaste quelques jours plus tôt. 
Gagner la LDC est un moment rare qu’il faut savoir apprécier. 



Combien de fois Montpellier s'est retrouvé face à Nantes ? Combien de fois Patrice Canayer a du rivaliser de stratagèmes avec Thierry Anti ? Le coach du "H" aujourd'hui à Aix en Provence n'a pas la même approche et le même recul par rapport à l'évènement. Même si le vivre pleinement fait partie de ses meilleures expériences de technicien. 
 

Thierry, que penser des deux affiches de ce samedi ?
C’est plus logique de retrouver ces quatre-là cette année que l’année dernière où la compétition a été tronquée à cause du virus. 

Normal de retrouver PSG et Nantes ? 
Si on ne prend que l’exemple de Nantes, en Ligue des Champions, ils sont allés quand même sortir Kielce et Veszprém et en plus à l’extérieur ! C'est une sacrée performance ! Ils méritent amplement de se retrouver à Cologne. La performance de Nielsen dans les cages a rejailli sur l’ensemble de l’équipe et ce sera encore l’élément déterminant de ce Final Four. Même Cyril (Dumoulin) a un rôle à jouer. Et je pense que même contre Barcelone, Nantes a un vrai coup à jouer. L’inconvénient, c’est qu’ils vont tomber sur un Barça qui n’a pas gagné le trophée depuis quelques années (2015) et qui va avoir quelques raisons supplémentaires de se surpasser. Ce sera la dernière de "Pasqui", de Raul Entrerrios,….Ce sont des éléments qui peuvent s’avérer rassembleurs. 

L’autre demi… PSG archi favori ? Aalborg intru ? 
Je dis non ! C’est vrai que le projet de jeu parisien est bien maîtrisé, que la concentration et le sérieux sont présents mais là aussi, cela va dépendre de la performance des gardiens. Sur une telle épreuve, il te faut un binôme performant sur deux jours. Je dirai également que Aalborg est une équipe qui propose du jeu. Soit ils peuvent d’entrée prendre cher face au PSG, soit ils peuvent poser de vrais problèmes. Et puis il y a ce phénomène au Final Four que 2 fois sur 3, c’est l’outsider qui gagne. Donc je dis que rien n’est fait. 

En 2018, Montpellier-Nantes, était-ce une finale d’outsiders ? 
Bien-sûr car je pense que tout le monde attendait Vardar-PSG. 

Qui tient cette fois-ci, le plus le rôle de Montpellier ? 
Nantes peut-être. 

Cela te ferait plaisir de voir Nantes vainqueur de la Ligue des Champions ? 
Franchement, cela serait très mal placé que je dise le contraire. En fait, je suis très content pour les joueurs, pour les supporters mais ça s'arrête là. Je ne souhaite aucun malheur à Nantes mais j’ai la mémoire tenace. Depuis que j’ai quitté ce club, on a fait une croix sur mon nom. Certains ont perdu la mémoire. 

Un club français vainqueur de la LDC, quelle portée cela peut-il avoir ? 
J’ai cru lire quelque part que la ministre des sports se déplaçait à Cologne ce week-end. C’est quelque part, une sorte de reconnaissance au plus haut niveau, non ? Mais je pense qu’il faut toujours être mesuré dans les analyses. 

C’est-à-dire ? 
Lorsqu’on a placé 3 clubs français dans le carré final en 2018, on a tout de suite dit qu’on avait le meilleur championnat et que nos clubs étaient devenus les meilleurs du monde. C’est une erreur de raisonner de cette façon. Là, on en a deux, c’est une grande performance, on doit en être fier mais rester humbles car les années suivantes, il n’y en aura peut-être plus. On a de très bons joueurs dans le championnat mais ce ne sont pas les meilleurs du monde. 


Si ce week-end, Jérôme Fernandez sera derrière un micro pour commenter les exploits des uns et des autres à l'occasion de ce Final Four, il le fera à distance, non pas dans les tribunes de la Lanxess Arena mais devant un écran de télévision en France, la chaîne qui a acqui les droits de retransmission de la compétition ayant choisi la formule la plus minimaliste pour couvrir l'évènement. Pour autant, l'ancien capitaine de l'équipe de France, vainqueur de l'épreuve en 2005 avec Barcelone et en 2009 avec Ciudad Real, garde un avis éclairé sur ce qui peut se dérouler durant ces deux journées. 

Jérôme, PSG-Barcelone est-elle une finale programmée à l'avance ? 
L’écart de niveau entre les quatre équipes n’est pas si grand que ça. Si d’entrée une équipe fait briller le gardien de buts adverse, elle peut vite se crisper et perdre ses moyens, donc oui, sur le papier, le Barça est grand favori ne serait-ce que par sa régularité cette saison
, le départ de "Pasqui" et l’arrêt de Raul Entrerrios peuvent peser dans la balance. Le Barça arrive a priori au complet, si ce n’est la blessure d’Aitor Arino, mais rien n’est écrit, les trois autres ont leurs chances. Je rejoins l’analyse de Xavi Pascual qui disait que Nantes était l’équipe en forme du moment. Pour moi, c’est l’équipe la plus dangereuse de ce Final Four de par la qualité de ses dernières prestations. On sent que tout le monde sait ce qu’il a à faire. Nantes était l’équipe à ne pas prendre et le Barça s’en méfie énormément surtout qu’il y a quelques anciens de la formation espagnole dans l’effectif. 

Aalborg fait figure d’invité le plus inattendu de ce carré final…
Les Danois se sont mieux comporté en poule que Nantes et si on n’attendait pas les Danois, on n’attendait pas non plus les Nantais. Il y a chez eux, deux bons gardiens, un collectif bien équilibré, un jeu à 7 contre 6 qui pose beaucoup de problèmes à l’adversaire et je ne pense pas que Paris ait la tâche facilitée parce qu’en face il y aura Aalborg. 

Quel est le talon d'Achille du PSG ? 

Les gardiens français n’ont pas été brillants ces derniers temps et même si Paris met beaucoup de buts, s’il n’y a pas suffisamment d’arrêts, cela peut s’avérer compliqué. 

Le retour de Niko a son importance ? 
Cela change beaucoup de choses… dans le jeu, dans la densité de l’équipe car cela procure une rotation de qualité supplémentaire 
qui faisait défaut depuis novembre. Il y a aussi la confiance qu’il peut procurer car lorsqu’il est dans le groupe, ses partenaires ont moins de pression sur les épaules, ils jouent plus libérés et ils sont meilleurs. On l’a vu contre Nîmes où ils ont fait un carnage. 

Et imaginer une finale franco-française comme en 2018 ? 
Même si Nantes peut se surpasser,  je pense que la marche est un peu trop haute. En face, c’est quand même Barcelone qui détient le record de victoires en LDC. Il faudra un grand Nielsen et que les gardiens du Barça ne parviennent pas à rentrer dans leur match mais si Gonzalo (Perez de Vargas) et Moller font autant d’arrêts, je ne vois pas comment Nantes pourra tenir 60 minutes. 

La pression sera tout de même sur épaules de Barcelone ? 
Elle n’existe plus puisque le coach et certains joueurs savent que la saison prochaine, ils seront passés à autre chose. 



Si avec les clubs où il a évolué, François-Xavier Houlet n'a pu atteindre le sommet européen, le demi-centre international a parfaitement réussi sa reconversion comme consultant à la télévision. Au poste de commentateur, il n'a raté aucun Final Four depuis 2013 mais depuis cette saison, la chaine où il officie n'a plus les droits de diffusion de l'épreuve européenne. "Zouzou" n'en demeure pas moins concerné et intéressé par ce qui va se passer à Cologne ce week-end. 
 

F-X, quelle est ton approche sur les deux affiches proposées ? 
Si on résume de manière sommaire, il y a deux grosses cylindrées, favorites logiques de leur demi-finale face à deux adversaires que personne n’attendait. Je pense qu’il vaut mieux prendre Barcelone en finale qu’en demi-finale d’où la complexité pour Nantes et je vais dire la même chose dans la confrontation entre PSG et Aalborg même si les Danois ont sorti Flensburg en quarts. 

Tu ne mises sur aucune surprise ?
Nantes et Aalborg jouent très bien au handball et les deux baignent dans une certaine euphorie depuis quelques semaines. Sur des faits de jeu, un malentendu, cela peut fonctionner. Mais honnêtement, je pense que Paris et le Barça vont être bien éveillés pour la demie. 

La clé… ce sont les gardiens avec une grosse interrogation sur la perf de la paire parisienne ? 
C’est vrai. Maintenant aussi bien Gérard que Genty sont capables de sortir le grand jeu et nous démontrer qu’on se trompe dans notre analyse. Mais c’est sûr que si on se base sur leurs prestations cette saison, la régularité n’a pas été au rendez-vous. 

On a souligné que sur un Final Four, les surprises étaient possibles...
C’est vrai et c'est arrivé souvent avec Hambourg, Flensburg, Kielce, le Vardar la 1ère année, Montpellier qu’un outsider tire son épingle du jeu. On remarque qu’il n’y a pas de représentation allemande, ce n’est pas la 1ère fois, deux clubs français, Barcelone est abonné... Je serai quand même étonné que Aalborg domine Paris. S’il doit y avoir une magie, j’espère qu’elle sera du côté de Nantes. Il y a de toute façon plus de chances que Nantes batte Barcelone que voir Aalborg écarter le PSG de la finale.  

 

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