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Chloé Roélandt, la mère des batailles

Division 2F

jeudi 23 mars 2023 - © Laurent Hoppe

 4 min 28 de lecture

Six mois après avoir donné naissance à son deuxième enfant, la pivot est revenue en forme avec Bouillargues. Combative sur le terrain, elle l'est autant pour faire avancer la cause des mamans sportives et la reconnaissance du sport féminin gardois.

Pour cinq buts inscrits, recevez une bouteille de vin. Cette offre spéciale, uniquement valable samedi dernier, trois Bouillarguaises (dont Guillemette Cauly et Léa Lacroix) pouvaient y prétendre. Seule Chloé Roélandt en a bénéficié. Un cadeau, en liquide, découlant du 5/7 qui a cimenté, à la fin de chaque période, la victoire des Gardoises sur Bègles (34-30). La cinquième d'affilée au gymnase Agora. « Je ne pensais pas que ça valait une récompense, modère la MVP d'un soir. Pour moi, c'est un minimum que je m'impose et me dois. Mais si ça peut permettre de dire que c'est possible d'avoir deux maternités dans une carrière, et toujours la possibilité de revenir au meilleur niveau, tant mieux ! »

 

Avec la pivot de 32 ans, l'affirmation s'appuie sur du concret. A l'automne dernier, elle donnait naissance à son deuxième fils, Enea – « comme Bastianini, le pilote moto italien », s'esclaffe-t-elle –, petit frère de Manoé, 9 ans. Trois mois après l'accouchement, le processus de « rééducation et de préparation physique » s'enclenchait. Son retour en compétition s'est déroulé en deux étapes : deux matches de N2, début février avec l'équipe réserve, « parce que c'était essentiel de l'aider et de retrouver du rythme en match », puis la réintégration du groupe de Delphine Cendre, contre Lomme (28-23, le 18 février, 1 but). Pour apporter, quand l'occasion s'y prête, « des petites touches de fun, sur des tirs particuliers. Le sport doit être un spectacle comme un combat. »

« Sportive et maman, ça ne fait pas encore partie des mœurs »

 

Deux come-backs, à deux âges de la vie, deux approches distinctes. « Une grossesse à 32 ans, ce n'est pas pareil qu'à 24 ans. La première fois, j'avais lâché complètement la partie sportive, pris énormément de poids. J'étais plus jeune, je me disais que ça reviendra... On se rend compte après que non, qu'il faut travailler. A l'époque, je n'étais pas sous contrat professionnel. Là, je reviens plus facilement parce que je me suis entretenue pendant toute ma grossesse. Au-delà du sport, la fatigue est plus difficile à gérer. »

 

Quand Chloé Roélandt raconte ses congés maternités, c'est aussi au nom de toutes les joueuses-mères. De leur condition, que l'instauration d'une convention collective, l'an dernier, n'a pas simplifié du jour au lendemain. « C'est hyper compliqué de ''négocier'', parce qu'il faut négocier, un enfant pendant une carrière. Au-delà, c'est très difficile pour les clubs, pour les femmes. Ca ne fait pas encore partie des mœurs d'être femme, maman, sportive et de quasiment tout faire en même temps. Même s'il y a cette convention, il y a encore énormément de boulot à faire là-dessus. Les clubs ne sont pas préparés, les préparateurs ne sont des fois pas là du tout... J'ai eu la chance d'avoir le mien, qui ne me lâchait pas, mais je n'en avais pas pour Manoé. C'est un peu plus simple quand on est internationale que professionnelle ou semi-professionnelle, parce qu'on a un certain statut. »

 

Bouillargues était d'abord « une famille de substitution »

 

Son franc-parler, ses convictions – il lui est arrivé de manifester en poussette contre la réforme des retraites – en bandoulière, celle qui a connu ses « plus belles années handballistiques » en -18 ans à Yutz porte une seconde revendication majeure. Convaincre la métropole de Nîmes de revenir sur son désinvestissement financier des équipes féminines d'élite. 0 € de subvention pour Bouillargues en 2022, contre 60 000 € précédemment. La fronde se mène inlassablement sur les réseaux sociaux, se visibilise aux conseils communautaires auxquels son équipe assiste. « Sous couvert de tout ce qu'on nous vend, la femme n'est pas sur un pied d'égalité ou d'équité avec l'homme. C'est essentiel d'être reconnu au même titre que la filière masculine, et pas que dans le handball. C'est un combat important à mener, parce qu'il est déjà difficile dans la vie en général. Mais faire bouger les choses, ce n'est pas simple. »

 

Faire bouger Chloé Roélandt, encore moins. Hormis une pige à Chambray au printemps 2021 (5 matches de LBE), la Mosellane de naissance et Gardoise d'adoption n'a jamais quitté Bouillargues depuis... 2009. « J'avais besoin de m'évader, de prendre mon indépendance en tant que personne, et mon projet de jeune fille était d'aller vivre dans le Sud. J'ai eu la possibilité de suivre Cindy Héricourt, la gardienne de Yutz à l'époque. » Chez le septième de D2, ni concerné par la bataille des VAP ni par celle du maintien, « je m'y retrouve. Le club a toujours été familial, c'était important pour moi car je n'avais pas la mienne ici. Il fallait que j'en trouve une de substitution, jusqu'à ce que je crée la mienne. » L'ancrage méridional est tel qu'aujourd'hui, sa voix s'est mâtinée d'un accent chantant...

 

Sambre Avesnois – Bouillargues (19ème journée de D2), samedi 25 mars à 20h30

Chloé Roélandt, la mère des batailles 

Division 2F

jeudi 23 mars 2023 - © Laurent Hoppe

 4 min 28 de lecture

Six mois après avoir donné naissance à son deuxième enfant, la pivot est revenue en forme avec Bouillargues. Combative sur le terrain, elle l'est autant pour faire avancer la cause des mamans sportives et la reconnaissance du sport féminin gardois.

Pour cinq buts inscrits, recevez une bouteille de vin. Cette offre spéciale, uniquement valable samedi dernier, trois Bouillarguaises (dont Guillemette Cauly et Léa Lacroix) pouvaient y prétendre. Seule Chloé Roélandt en a bénéficié. Un cadeau, en liquide, découlant du 5/7 qui a cimenté, à la fin de chaque période, la victoire des Gardoises sur Bègles (34-30). La cinquième d'affilée au gymnase Agora. « Je ne pensais pas que ça valait une récompense, modère la MVP d'un soir. Pour moi, c'est un minimum que je m'impose et me dois. Mais si ça peut permettre de dire que c'est possible d'avoir deux maternités dans une carrière, et toujours la possibilité de revenir au meilleur niveau, tant mieux ! »

 

Avec la pivot de 32 ans, l'affirmation s'appuie sur du concret. A l'automne dernier, elle donnait naissance à son deuxième fils, Enea – « comme Bastianini, le pilote moto italien », s'esclaffe-t-elle –, petit frère de Manoé, 9 ans. Trois mois après l'accouchement, le processus de « rééducation et de préparation physique » s'enclenchait. Son retour en compétition s'est déroulé en deux étapes : deux matches de N2, début février avec l'équipe réserve, « parce que c'était essentiel de l'aider et de retrouver du rythme en match », puis la réintégration du groupe de Delphine Cendre, contre Lomme (28-23, le 18 février, 1 but). Pour apporter, quand l'occasion s'y prête, « des petites touches de fun, sur des tirs particuliers. Le sport doit être un spectacle comme un combat. »

« Sportive et maman, ça ne fait pas encore partie des mœurs »

 

Deux come-backs, à deux âges de la vie, deux approches distinctes. « Une grossesse à 32 ans, ce n'est pas pareil qu'à 24 ans. La première fois, j'avais lâché complètement la partie sportive, pris énormément de poids. J'étais plus jeune, je me disais que ça reviendra... On se rend compte après que non, qu'il faut travailler. A l'époque, je n'étais pas sous contrat professionnel. Là, je reviens plus facilement parce que je me suis entretenue pendant toute ma grossesse. Au-delà du sport, la fatigue est plus difficile à gérer. »

 

Quand Chloé Roélandt raconte ses congés maternités, c'est aussi au nom de toutes les joueuses-mères. De leur condition, que l'instauration d'une convention collective, l'an dernier, n'a pas simplifié du jour au lendemain. « C'est hyper compliqué de ''négocier'', parce qu'il faut négocier, un enfant pendant une carrière. Au-delà, c'est très difficile pour les clubs, pour les femmes. Ca ne fait pas encore partie des mœurs d'être femme, maman, sportive et de quasiment tout faire en même temps. Même s'il y a cette convention, il y a encore énormément de boulot à faire là-dessus. Les clubs ne sont pas préparés, les préparateurs ne sont des fois pas là du tout... J'ai eu la chance d'avoir le mien, qui ne me lâchait pas, mais je n'en avais pas pour Manoé. C'est un peu plus simple quand on est internationale que professionnelle ou semi-professionnelle, parce qu'on a un certain statut. »

 

Bouillargues était d'abord « une famille de substitution »

 

Son franc-parler, ses convictions – il lui est arrivé de manifester en poussette contre la réforme des retraites – en bandoulière, celle qui a connu ses « plus belles années handballistiques » en -18 ans à Yutz porte une seconde revendication majeure. Convaincre la métropole de Nîmes de revenir sur son désinvestissement financier des équipes féminines d'élite. 0 € de subvention pour Bouillargues en 2022, contre 60 000 € précédemment. La fronde se mène inlassablement sur les réseaux sociaux, se visibilise aux conseils communautaires auxquels son équipe assiste. « Sous couvert de tout ce qu'on nous vend, la femme n'est pas sur un pied d'égalité ou d'équité avec l'homme. C'est essentiel d'être reconnu au même titre que la filière masculine, et pas que dans le handball. C'est un combat important à mener, parce qu'il est déjà difficile dans la vie en général. Mais faire bouger les choses, ce n'est pas simple. »

 

Faire bouger Chloé Roélandt, encore moins. Hormis une pige à Chambray au printemps 2021 (5 matches de LBE), la Mosellane de naissance et Gardoise d'adoption n'a jamais quitté Bouillargues depuis... 2009. « J'avais besoin de m'évader, de prendre mon indépendance en tant que personne, et mon projet de jeune fille était d'aller vivre dans le Sud. J'ai eu la possibilité de suivre Cindy Héricourt, la gardienne de Yutz à l'époque. » Chez le septième de D2, ni concerné par la bataille des VAP ni par celle du maintien, « je m'y retrouve. Le club a toujours été familial, c'était important pour moi car je n'avais pas la mienne ici. Il fallait que j'en trouve une de substitution, jusqu'à ce que je crée la mienne. » L'ancrage méridional est tel qu'aujourd'hui, sa voix s'est mâtinée d'un accent chantant...

 

Sambre Avesnois – Bouillargues (19ème journée de D2), samedi 25 mars à 20h30

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Résultats de la dernière journée

Jour.  Equ Rec  Equ Vis  Score  Stats  Date 
#20 Noisy le Grand Vaulx-en-Velin 31 17 30/03/2024 20:30
#20 Lomme Lille Le Havre 27 29 30/03/2024 19:00
#20 Clermont Toulouse 33 25 30/03/2024 20:00
#20 Celles sur Belle Bègles 26 27 29/03/2024 20:45
#20 Pessac Rennes St Grégoire 30 23 30/03/2024 20:00
#20 Sambre-Avesnois Le Pouzin 32 24 29/03/2024 20:30

Prochaine journée

Journée  Equ Rec  Equ Vis  Date 
#21 Bouillargues Nîmes Pessac 20/04/2024 20:00
#21 Vaulx-en-Velin Clermont 19/04/2024 20:15
#21 Toulouse Celles sur Belle 21/04/2024 16:30
#21 Le Havre Bègles 20/04/2024 20:00
#21 Le Pouzin Lomme Lille 20/04/2024 20:30
#21 Rennes St Grégoire Noisy le Grand 21/04/2024 16:30

Classement

Place Journée  Equipe  MJ  Vic  Nul  Déf 
1 Sambre-Avesnois 55 19 18 0 1
2 Pessac 47 18 14 1 3
3 Celles sur Belle 45 19 13 0 6
4 Clermont 45 19 12 2 5
5 Noisy le Grand 38 17 10 1 6
6 Bègles 38 18 9 2 7
7 Le Havre 34 19 7 1 11
8 Rennes St Grégoire 33 19 7 0 12
9 Bouillargues Nîmes 32 17 6 3 8
10 Vaulx-en-Velin 29 18 5 1 12
11 Lomme Lille 28 18 4 2 12
12 Toulouse 27 19 3 2 14
13 Le Pouzin 25 18 2 3 13