Impératrice aux royaume des cadres, surdouée des zygomatiques, l’ailière et internationale bisontine, Raphaelle Tervel, après 10 ans de bons et loyaux services gagnera demain le Danemark où elle devrait signer. Championne du monde en 2003, celle qui incarnait rage, rigueur défensive et combativité quittera pour la première fois sa franche comté, certes excitée mais visiblement fatiguée et peinée par le devenir incertain de son club de cœur.
Raphaelle, comment avez-vous vécu cette dernière semaine précédent votre dernière apparition sous les couleurs de besançon ?
R.T : « J’y ai pensé la veille, la semaine, j’ai flippé comme une malade. C’est le match qui m’a le plus stressé de l’année. Après m’être créée ici tous ces souvenirs, cela fait un coup, ca fout les boules.
Pourquoi dans ce cas decider de partir ? D’autant plus qu’avec la perspective du mondial vous auriez pu vivre toute l’émulation suscitée par cet évènement…
R.T : « Cela faisait un ou deux ans que je voulais aller voir ailleurs, autant, les années précédentes, je n’étais pas prête à le faire, autant là, cette année il n’y a pas eu de soucis
J’ai fait le tour du championnat francais. Et puis j’ai eu la chance de tout gagner. Une certaine lassitude s’installait. Et puis avec les incertitudes pesant sur le club, j’aurai pu repartir mais avec quelles conditions ? »
C’est un raisonnement que vous auriez pu tenir en fin de saison dernière. Est-ce le fait de driver toutes ces jeunes joueuses qui vous a fait rester à Besançon voiçi un an ?
R.T : « Le challenge était intéressant, mais là n’est pas la raison.En début d’année, l’objectif était d’avoir un titre. Mais plus la saison a avancé plus les objectifs ont diminué. A l’intersaison l’année dernière il y a avait encore l’ambition de faire quelque chose…. En fait, les jeunes sont arrivées à six ou sept d’un coup, elles étaient trop nombreuses pour pouvoir se fondre dans le moule d’avant. Trop brutal, trop nombreuses, elles ne pouvaient pas s’imprégner des autres. Mais là quand tu as un changement aussi conséquent c’est impossible»
Tu n’auras connu que 3 coachs (Marechal, Daguet, Krumbholz) depuis ton arrivée en sénior, le fait de changer d’entraîneur t’inquiète t-il ?
R.T : Il est sur que l’on sait ce que l’on perd, on ne sait pas ce que l’on retrouve. Mais ici, pour la première année en 10 ans avec Christophe (Marechal), les choses ne se sont pas bien passées. Et puis à partir d’un moment, tu cherches un coach qui te fasse encore progresser. Aujourd’hui seul Olivier (Krumbholz) me fait progresser car seul lui connaît les systèmes de jeu étranger. Au niveau international, la D1 française n’est pas le haut niveau.
Comment tu vois l’avenir de club ?
R .T : C’est sur que quand tu regardes le passé on est un peu nostalgique de l’époque où il y avait une équipe debout, ou il y avait 7 internationales, 4-5 étrangères qui amenaient leur expériences. C’était une équipe de ligue des champions, il y a avait de la matière, mais petit à petit beaucoup sont parties.
Ces départs étaient ils irrémédiables ?
R .T : Non je ne pense pas, cela aurait pu mieux se passer que ca… Mais La politique du club a changé, on est tombés dans une ère à peine plus professionnelle. On a professionnalisé les entraîneurs, mais tu te rend compte que plus tu professionnalises le truc, moins tu as une équipe qui tient la route. C’est dommage, il y avait beaucoup mieux à faire que ça
Cette année, pense tu que vous auriez pu mieux faire ?
R.T : Oui
Certains ont expliqué vos echec par une absence d’envie et de motivation, est ce là la raison ?
R.T : Non. En première partie de saison toutes les blessures que l’on a eu nous ont foutu dedans. Nous n’avons vraiment pas eu de chance au début, avec cette cascade de blessées. En fait, si les jeunes ont donné ; si elles promettent, le manque d’expérience nous a fait défaut. Quand tu perds tous ces matchs d’un but, ou dans le money time, ce n’est pas innocent, le manque d’expérience y est pour beaucoup.
Nous n’avions a pas suffisamment d’expérience pour gérer les fins de match. Mais à partir du mois de janvier ou nous avons récupérer tout le monde, il n’y plus eu d’excuses. Mais nous étions dans quelques chose de nouveau : la spirale de la défaite. Quelque chose était cassé. Rien n’allait cette année et ce à tous les niveaux.
Quel souvenir gardera tu de ton long passage à Besançon ?
R .T : Notre victoire en 2003 : La victoire, la fête qui a suivi, puis tous les titres…j’ai vraiment des amies ici, et ça crée des liens.
Toutes les filles avec lesquelles j’ai joué, il n’y en a pas une avec laquelle je me sois pris la tête. Le club toute l’année pendant dix ans c’était ma deuxième famille. C’est pourquoi je souhaite à celles qui vont rester de continuer à construire pour l’avenir. Parce qu’il y a des moyens, il y a beaucoup de moyens. Les jeunes, elles peuvent vraiment faire quelques chose, il faut qu’elles continuent de bosser.
Pour toi, le club peux donc rebondir à haut niveau …
R .T : Je ne pense pas ; pas dans un avenir proche. Dans un avenir plus lointain : oui. Si un certain nombre de choses changent.
Reviendra tu jouer à Besançon ?
R .T : Oui, pourquoi pas, si je reviens en France, je pense que ce sera là. Si l’équipe est encore compétitive je ne me vois pas aller ailleurs que dans ce club là !