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Cédric Paty : L'histoire pas ordinaire d'un gars bien

Euro

lundi 21 janvier 2008 - © François Dasriaux

 6 min 54 de lecture

Dernier venu dans le groupe France, Cédric Paty détonne dans le monde du Handball. Non  par ses tenues, son style ou autre, mais par son histoire. A l’opposé de tout ce que peut connaître un handballeur promis depuis sa naissance au handball à son éclosion dans le très haut niveau, trajectoire faite de Stage de ligue, regroupement de demi zone, sélection en équipe de France jeunes et autres pôle espoir et centre de formation d’un grand club. Pour Cédric, rien de tout cela ! Une histoire qu’il est certainement le seul à avoir connu depuis l’avènement des contrats professionnels dans le handball, le passage de la départementale à l’équipe de France. Une histoire d’un joueur qui a su à chaque fois relever le défi proposé, fait souffler un vrai vent de fraîcheur dans le handball et qui peut en faire rêver beaucoup.

Bien évidemment, tout cela ne s’est pas fait par un hasard total non plus ! Pour Cédric Paty, pas de crèche ou de garderie, « J’ai suivi dès ma plus tendre enfance mon père entraîneur dans la toute petite ville de Châtillon sur Seine (Côte d’Or) qui s’occupait de l’école de handball du club de la ville » confie Cédric. A 4 ans, il passe plus de temps avec une balle que dans les bacs à sable. Cette précocité l’amène à disputer le championnat de mini-hand dès 5 ans avec des enfants de 7 ans. Mais si la précocité est présente pour lui, la fidélité va être aussi un trait fort de son histoire. Refusant les possibilités d’intégration dans le pôle de Dijon sous la pression familiale qui le préfère dans un cursus scolaire classique, il va continuer à jouer dans son club sous la houlette de Jacky Rouet avec ses potes Benoît, Damien et Victorien, tous appelés en équipe de jeune de la Bourgogne, copains toujours fidèles en amitié et avec l’envie de vivre quelque chose en commun.

L’aventure initiale de Cédric va se finir par l’obtention du Bac et une montée en régionale pour Châtillon sur Seine après de belles aventures en challenge Falcony. A 19 ans, il est temps pour lui de se construire un avenir professionnel. « Direction Dijon pour mes études de STAPS mais aussi son équipe de N1 » dit-il. Un sacré challenge à relever avec une progression de 8 divisions d’un seul coup et un premier match d’entrée de championnat comme titulaire ! Déjà sous l’enfant du gymnase de Châtillon, commence à percer celui qui saura faire face à toutes les situations par la suite. Projeté dans un club où l’entente est une vraie composante de l’équipe, les résultats tardent à venir « Avec 9 défaites dans les 9 premiers matches » Précise Cédric, et ce malgré quelques prestations très encourageantes sur le plan personnel. La descente en N2 va sanctionner sa première expérience du presque haut niveau. Qu’importe, l’année suivante sera celle de la remontée immédiate mais aussi celle du départ vers Besançon et son ESBm qui évolue alors en D2M. Le monde des pros est devenu une réalité en 3 saisons, et même si tout ne se passe pas bien sportivement pour l’ESBm, Cédric, lui continue à progresser au point de voir le voisin Caladois s’intéresser à lui de très près.

L’histoire se poursuit alors à Villefranche en Beaujolais, où sous les ordres de Milorad Davidovic, il va continuer sa progression et connaître pour la première fois la concurrence avec le roumain Adrian Tuncanu qui lui « vole » une grosse partie de son temps de jeu. Mais la qualité de jeu malgré la jeunesse de l’effectif fait que le HBCV se voit offrir en fin de saison une D1  que peu de monde envisageait pour eux, HandZone en premier à l’époque. C’est fait, Cédric Paty est dans le monde des pros, du jeu un peu plus médiatisé et surtout de l’attention des autres formations en quête de nouveaux talents.

Et ce talent, malgré les premiers pépins physique qui vont l’empêcher de jouer pendant plus d’une demi-saison, c’est le club de Chambéry qui va y être sensible le premier. En butte à des problèmes récurrents avec ses stars gauchères, Philippe Gardent va tenter le pari du joueur quasi inconnu et qui de sa propre expression « N’est pas un risque financier ! » Un gaucher pas cher ! Le rêve incarné de Philippe Gardent ! Pas cher mais surtout pas sans talent ! Car malgré quelques problèmes d’adaptation au jeu chambérien dans un premier temps et ses 1.94 mètres, Cédric Paty n’est pas à cataloguer dans les « grosses caisses », tout cela va finir par se mettre en place, au point de connaître la Champion’s League et des équipes comme Kiel. Reste tout de même à creuser son trou dans cet effectif si riche et faire la dernière révolution dans son jeu. Passer de son poste de toujours, arrière droit, à celui d’ailier droit. Celui qui va lui donner les clefs de son entrée en équipe de France. Pourtant sur le poste, l’espoir maison est depuis des mois un certain Guillaume Joli. Déjà appelé chez les Bleus, le Lyonnais semble posséder quelques longueurs d’avance sur Cédric Paty. Perdant 9 kilos en 1 an, se forgeant une vitesse et un jeu d’ailier avec acharnement et volonté, il va devenir le taulier du côté droit à Chambéry. « Heureusement, on est très potes avec Guillaume, malgré une situation pas simple à gérer, on a réussi à se parler de tout cela de façon intelligente et sans que cela pose de problèmes » Annonce Cédric.

Reste l’apothéose et cette première sélection en équipe de France. Sortie tout droit d’un début de saison tonitruant avec par exemple un 12/15 face à Nîmes ou un 8/10 face à Paris, le nouvel ailier Chambérien va titiller l’œil de Claude Onesta au point de lui offrir sa chance sur le stage de préparation en vue de l’Euro après le forfait de Joël Abati. Une préparation convaincante et la blessure de Damien Scaccianocce, son concurrent direct, vont l’envoyer dans l’avion pour la Norvège où il découvre, 8 ans après avoir évolué en départementale, la compétition la plus relevée au Monde…

Un parcours météorique, une histoire hors du commun d’un jeune joueur qui a non seulement de la volonté, du talent, du courage, mais aussi la tête bien plantée ce qui lui offre le droit de vivre tout cela avec lucidité et décontraction. L’avenir est rose, Cédric Paty s’est forgé un avenir en réussissant des études de haute volée avec un Master de préparation physique et un Brevet d’Etat. Une reconversion qui est déjà une préoccupation, un club qui lui fait confiance et qui devrait être payé de retour après ses expériences internationales, tout semble sourire au natif de Châtillon sur Seine, là où tout a commencé et où le cœur reste bien ancré.

Un exemple ? Certainement, car si atypique qu’elle soit, l’histoire de Cédric Paty, celui qui n’a jamais rêvé de l’équipe de France étant jeune, peut donner bien des envies et montrer que tout reste toujours possible quand on sait relever tous les défis qui se présentent à soi. Il lui reste maintenant à gravir la dernière marche, certainement la plus dure : revenir en équipe de France de façon régulière et en devenir un des tauliers… Son dernier défi vers le haut niveau ! Histoire de faire rêver les tous petits qui sauront ainsi que rien n’est jamais joué dans le sport, il y a des portes-fenêtres pour entrer dans le monde de l’équipe de France, Cédric a peut-être pris un soupirail, mais il l’a fait avec envie, intelligence et surtout comme le dit Cédric Paty « En ne renonçant jamais devant un défi !».

Cédric Paty : L'histoire pas ordinaire d'un gars bien 

Euro

lundi 21 janvier 2008 - © François Dasriaux

 6 min 54 de lecture

Dernier venu dans le groupe France, Cédric Paty détonne dans le monde du Handball. Non  par ses tenues, son style ou autre, mais par son histoire. A l’opposé de tout ce que peut connaître un handballeur promis depuis sa naissance au handball à son éclosion dans le très haut niveau, trajectoire faite de Stage de ligue, regroupement de demi zone, sélection en équipe de France jeunes et autres pôle espoir et centre de formation d’un grand club. Pour Cédric, rien de tout cela ! Une histoire qu’il est certainement le seul à avoir connu depuis l’avènement des contrats professionnels dans le handball, le passage de la départementale à l’équipe de France. Une histoire d’un joueur qui a su à chaque fois relever le défi proposé, fait souffler un vrai vent de fraîcheur dans le handball et qui peut en faire rêver beaucoup.

Bien évidemment, tout cela ne s’est pas fait par un hasard total non plus ! Pour Cédric Paty, pas de crèche ou de garderie, « J’ai suivi dès ma plus tendre enfance mon père entraîneur dans la toute petite ville de Châtillon sur Seine (Côte d’Or) qui s’occupait de l’école de handball du club de la ville » confie Cédric. A 4 ans, il passe plus de temps avec une balle que dans les bacs à sable. Cette précocité l’amène à disputer le championnat de mini-hand dès 5 ans avec des enfants de 7 ans. Mais si la précocité est présente pour lui, la fidélité va être aussi un trait fort de son histoire. Refusant les possibilités d’intégration dans le pôle de Dijon sous la pression familiale qui le préfère dans un cursus scolaire classique, il va continuer à jouer dans son club sous la houlette de Jacky Rouet avec ses potes Benoît, Damien et Victorien, tous appelés en équipe de jeune de la Bourgogne, copains toujours fidèles en amitié et avec l’envie de vivre quelque chose en commun.

L’aventure initiale de Cédric va se finir par l’obtention du Bac et une montée en régionale pour Châtillon sur Seine après de belles aventures en challenge Falcony. A 19 ans, il est temps pour lui de se construire un avenir professionnel. « Direction Dijon pour mes études de STAPS mais aussi son équipe de N1 » dit-il. Un sacré challenge à relever avec une progression de 8 divisions d’un seul coup et un premier match d’entrée de championnat comme titulaire ! Déjà sous l’enfant du gymnase de Châtillon, commence à percer celui qui saura faire face à toutes les situations par la suite. Projeté dans un club où l’entente est une vraie composante de l’équipe, les résultats tardent à venir « Avec 9 défaites dans les 9 premiers matches » Précise Cédric, et ce malgré quelques prestations très encourageantes sur le plan personnel. La descente en N2 va sanctionner sa première expérience du presque haut niveau. Qu’importe, l’année suivante sera celle de la remontée immédiate mais aussi celle du départ vers Besançon et son ESBm qui évolue alors en D2M. Le monde des pros est devenu une réalité en 3 saisons, et même si tout ne se passe pas bien sportivement pour l’ESBm, Cédric, lui continue à progresser au point de voir le voisin Caladois s’intéresser à lui de très près.

L’histoire se poursuit alors à Villefranche en Beaujolais, où sous les ordres de Milorad Davidovic, il va continuer sa progression et connaître pour la première fois la concurrence avec le roumain Adrian Tuncanu qui lui « vole » une grosse partie de son temps de jeu. Mais la qualité de jeu malgré la jeunesse de l’effectif fait que le HBCV se voit offrir en fin de saison une D1  que peu de monde envisageait pour eux, HandZone en premier à l’époque. C’est fait, Cédric Paty est dans le monde des pros, du jeu un peu plus médiatisé et surtout de l’attention des autres formations en quête de nouveaux talents.

Et ce talent, malgré les premiers pépins physique qui vont l’empêcher de jouer pendant plus d’une demi-saison, c’est le club de Chambéry qui va y être sensible le premier. En butte à des problèmes récurrents avec ses stars gauchères, Philippe Gardent va tenter le pari du joueur quasi inconnu et qui de sa propre expression « N’est pas un risque financier ! » Un gaucher pas cher ! Le rêve incarné de Philippe Gardent ! Pas cher mais surtout pas sans talent ! Car malgré quelques problèmes d’adaptation au jeu chambérien dans un premier temps et ses 1.94 mètres, Cédric Paty n’est pas à cataloguer dans les « grosses caisses », tout cela va finir par se mettre en place, au point de connaître la Champion’s League et des équipes comme Kiel. Reste tout de même à creuser son trou dans cet effectif si riche et faire la dernière révolution dans son jeu. Passer de son poste de toujours, arrière droit, à celui d’ailier droit. Celui qui va lui donner les clefs de son entrée en équipe de France. Pourtant sur le poste, l’espoir maison est depuis des mois un certain Guillaume Joli. Déjà appelé chez les Bleus, le Lyonnais semble posséder quelques longueurs d’avance sur Cédric Paty. Perdant 9 kilos en 1 an, se forgeant une vitesse et un jeu d’ailier avec acharnement et volonté, il va devenir le taulier du côté droit à Chambéry. « Heureusement, on est très potes avec Guillaume, malgré une situation pas simple à gérer, on a réussi à se parler de tout cela de façon intelligente et sans que cela pose de problèmes » Annonce Cédric.

Reste l’apothéose et cette première sélection en équipe de France. Sortie tout droit d’un début de saison tonitruant avec par exemple un 12/15 face à Nîmes ou un 8/10 face à Paris, le nouvel ailier Chambérien va titiller l’œil de Claude Onesta au point de lui offrir sa chance sur le stage de préparation en vue de l’Euro après le forfait de Joël Abati. Une préparation convaincante et la blessure de Damien Scaccianocce, son concurrent direct, vont l’envoyer dans l’avion pour la Norvège où il découvre, 8 ans après avoir évolué en départementale, la compétition la plus relevée au Monde…

Un parcours météorique, une histoire hors du commun d’un jeune joueur qui a non seulement de la volonté, du talent, du courage, mais aussi la tête bien plantée ce qui lui offre le droit de vivre tout cela avec lucidité et décontraction. L’avenir est rose, Cédric Paty s’est forgé un avenir en réussissant des études de haute volée avec un Master de préparation physique et un Brevet d’Etat. Une reconversion qui est déjà une préoccupation, un club qui lui fait confiance et qui devrait être payé de retour après ses expériences internationales, tout semble sourire au natif de Châtillon sur Seine, là où tout a commencé et où le cœur reste bien ancré.

Un exemple ? Certainement, car si atypique qu’elle soit, l’histoire de Cédric Paty, celui qui n’a jamais rêvé de l’équipe de France étant jeune, peut donner bien des envies et montrer que tout reste toujours possible quand on sait relever tous les défis qui se présentent à soi. Il lui reste maintenant à gravir la dernière marche, certainement la plus dure : revenir en équipe de France de façon régulière et en devenir un des tauliers… Son dernier défi vers le haut niveau ! Histoire de faire rêver les tous petits qui sauront ainsi que rien n’est jamais joué dans le sport, il y a des portes-fenêtres pour entrer dans le monde de l’équipe de France, Cédric a peut-être pris un soupirail, mais il l’a fait avec envie, intelligence et surtout comme le dit Cédric Paty « En ne renonçant jamais devant un défi !».

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