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P. Carrara : « Montpellier va prendre une nouvelle dimension »

LMSL

vendredi 12 juin 2009 - Handzone

 14 min 16 de lecture

Le rideau est tombé sur la saison 2008-2009 et, comme souvent depuis plus de dix ans, Montpellier a remporté une nouvelle Coupe de France. Hormis sa défaite en finale de la Coupe de la Ligue face à Istres, le collectif héraultais a réalisé une année quasi parfaite au plan national. Le retour de Nikola Karabatic permet désormais à Patrice Canayer de se tourner vers des objectifs européens plus ambitieux.

Consultant pour HandZone depuis le début de la saison, Philippe Carrara dresse le bilan équipe par équipe d’une année riche en émotions et en rebondissements. L’ancien entraîneur de Sélestat et Pontault-Combault, ex-directeur technique de Tremblay et désormais consultant sur Orange Sport, analyse la saison des formations de l’Elite et se projette déjà vers la reprise en septembre prochain.

HandZone : Philippe, Montpellier a réalisé un nouveau doublé Coupe de France – championnat. Le seul couac semble donc être la finale perdue à Miami ?
Philippe Carrara :
Montpellier a réalisé une saison presque parfaite, hormis la Coupe de la Ligue. L’équipe a également subi un petit coup de mou en Coupe d’Europe lorsqu’elle a du faire face à de nombreuses blessures. Le point perdu à domicile face à León lors du premier tour de la Ligue des Champions a coûté cher par la suite. En championnat, même si Montpellier s’est fait quelques frayeurs, le club a été dominateur. Au-delà de l’aspect sportif, le MAHB continue à se structurer avec une nouvelle salle de 9000 places qui sera disponible au début de l’année 2010. Le recrutement est également très séduisant. Tout le monde parle de Nikola Karabatic mais il ne faut pas oublier qu’Ahmed et Kavtnicik ne sont pas des faire-valoir. Montpellier va ainsi prendre une nouvelle dimension avec, en toile de fond,  la possibilité et l’envie d’aller le plus loin possible en Ligue des Champions. C’est une très bonne nouvelle pour le championnat de France.

HZ : Avec l’arrivée de tels joueurs, Montpellier ne va-t-il pas devenir imbattable dans l’Hexagone ?
P. C. :
Il ne faut pas oublier que les héraultais seront sur tous les fronts avec l’objectif, dans chaque épreuve, d’aller le plus loin possible. Avec les joueurs du groupe professionnel et avec les jeunes du centre de formation qui veulent gagner leur place dans l’équipe, il est certain que battre Montpellier sera encore plus difficile. Chaque équipe doit suivre l’exemple des montpelliérains pour, à leur niveau, tirer le handball français vers le haut.

HZ : Chambéry est à 7 points de Montpellier et n’a remporté aucun trophée cette année. Est-ce une saison ratée pour les savoyards ?
P. C. :
Non, je ne crois pas. Chambéry a réalisé un très bon parcours en Ligue des Champions avec notamment un succès à Zagreb. Cette victoire a peut être incité le club à délaisser un peu le championnat pour jeter toutes ses forces dans la bataille de la Ligue des Champions. Il n’a pas manqué grand-chose pour accéder aux quarts de finale. Que ce soit en championnat, en finale de la Coupe de France et en demi-finale de la Coupe de la Ligue, Chambéry a été battu par Montpellier. Poulidor a toujours fini deuxième du Tour de France car il a eu le malheur de tomber sur Anquetil. C’est la même situation pour Chambéry avec Montpellier.

HZ : Pour rivaliser davantage avec Montpellier l’année prochaine, Chambéry doit-il se renforcer à l’intersaison ?
P. C. :
Chambéry a déjà fait beaucoup cette année. Le club a réussi à remplir sa nouvelle salle quasiment à chaque rencontre. Ce n’était pas une mince affaire. L’absence de Bertrand Roiné a été préjudiciable car, contrairement à Montpellier, on remarque davantage quand un joueur se blesse à Chambéry. Il ne faut pas oublier les blessures de Cédric Paty et Guillaume Joli. Malgré un centre de formation de qualité, le club a un collectif moins étoffé que Montpellier et a donc été sur la corde raide lorsqu’il a fallu gérer ces absences.

HZ : Tremblay est la grande surprise de la saison même si les dernières semaines ont été agitées en coulisses …
P. C. :
On a toujours tendance à regarder la fin alors qu’il faut analyser la saison de Tremblay dans sa globalité. Les tremblaysiens ont réalisé une très belle année en décrochant la troisième place de D.1. En quarts de finale de la Coupe de la Ligue, ils ne sont pas passés loin de la qualification face à Chambéry. Certes, il y a eu toutes les histoires qu’on connaît en fin de saison mais ce n’est pas ce que je retiens. Il va maintenant falloir confirmer l’année prochaine avec un défi supplémentaire : la Coupe d’Europe. Cette compétition risque de peser sur la fraîcheur des joueurs.

HZ : Comme souvent depuis plusieurs saisons, Dunkerque est dans le haut du tableau de D.1 même si l’objectif initial (qualification en Ligue des Champions) n’a pas été atteint. Le club peut-il vraiment franchir un cap la saison prochaine ?
P. C. :
Il reste à savoir quelles seront les ambitions du club lors du recrutement, notamment sur le poste d’arrière gauche. Même si, par moments, certains joueurs ont pu faire le bonheur de cette équipe, je pense qu’il manque un réel buteur sur ce poste. L’USDK doit très certainement étudier avec attention les joueurs disponibles sur ce poste pour pouvoir prendre une dimension supplémentaire. Il ne faut pas oublier que Dunkerque est qualifié en Coupe d’Europe presque chaque année. C’est une équipe qui se situe toujours dans le haut de tableau du championnat et qui est toujours présente lors des grands évènements. Lors de la première partie de saison, Ragnar Oskarsson revenait de blessure. Il lui a fallu un temps d’adaptation pour retrouver son niveau de jeu. Dunkerque a ensuite montré qu’il avait retrouvé son jeu, ses valeurs et qu’il savait s’imposer à Tremblay en Coupe de France et à St-Raphaël en championnat. 

HZ : Ivry termine à la cinquième place de D.1 et prouve que les nombreux départs ont bien été négociés …
P. C. :
Oui, tout à fait. Ivry a non seulement bien négocié les nombreux départs de l’été dernier mais a aussi su gérer la longue absence de Fabrice Guilbert. Ce n’était pas une mince affaire. Ivry a également bien négocié l’intégration de jeunes joueurs en devenir. Il leur faut tout de même un temps d’adaptation et acquérir de l’expérience pour être plus dangereux dans le futur.

HZ : Ivry peut-il prétendre à une place européenne la saison prochaine ?
P. C. :
Ce qui est sûr, c’est que tous ces jeunes joueurs auront emmagasiné une année d’expérience en D.1. Ils se seront bonifiés, c’est sûr. Il ne leur a pas manqué grand-chose en deuxième mi-temps face à Chambéry en Coupe de France pour inverser la tendance. Il reste à savoir à quel niveau va revenir Fabrice Guilbert. Enfin, au niveau du recrutement, la question est de savoir quels profils vont venir renforcer le groupe, notamment sur la base arrière, pour que l’équipe soit plus dangereuse l’année prochaine. 

HZ : Saint-Raphaël a confirmé tout son potentiel cette saison et le club semble vouloir passer la vitesse supérieure …
P. C. :
St-Raphaël a prévu d’augmenter son budget de 30%, ce qui démontre bien des ambitions élevées. Le collectif a bien profité de la dynamique de remontée en D.1. Cette sixième place est une confirmation de la performance de la saison passée. Le club est maintenant à un tournant de son histoire. Certains joueurs emblématiques vont partir mais Abily va apporter sa jeunesse et sa fougue qui ont fait le bonheur d’Aurillac cette année. Les recrues vont amener un réel plus à l’équipe. Je pense que Saint-Raphaël a toutes les cartes en main pour bousculer la hiérarchie dans le Top 4.

HZ : Avec la forte concurrence en haut de tableau, St-Raphaël peut-il vraiment prétendre à une place dans le Top 4 ?
P. C. :
Oui, c’est faisable. Contrairement à Tremblay et Dunkerque, Saint-Raphaël ne devra pas gérer la fatigue liée à l’enchaînement des matches de Coupe d’Europe. Ça peut être un plus pour les varois par rapport à leurs adversaires directs. Il leur faudra conserver la même constance à domicile que cette année et surtout mieux gérer leurs rencontres à l’extérieur. Cette saison, ils ont perdu beaucoup de points en déplacement, ce qui leur a peut être coûté un meilleur classement.

HZ : Créteil a fini à la septième place du championnat mais s’apprête à vivre un tournant de son histoire avec le départ de plusieurs joueurs emblématiques …
P. C. :
Créteil termine dans la première partie de tableau, ce qui n’était pas évident à réaliser en cours de saison, notamment avec l’enchaînement des blessures. Le club vient de s’attacher les services d’un international serbe, Uros Mitrovic, qui évolue sur le poste clé de demi-centre. Il semble être prometteur mais l’intégration d’un joueur étranger dans un nouveau championnat n’est jamais aisée. Le poste de demi-centre nécessite beaucoup de communication. Il faut savoir comment ce joueur s’adaptera à son nouvel environnement et comment ses partenaires s’adapteront à son jeu. Créteil a également conservé ses forces de frappe, Atajevas et Waeghe, et a recruté le prometteur Victor Boillaud. Ce sera une saison charnière pour le club qui, avec la signature de Mitrovic, démontre bien qu’il a un projet de reconstruction. Je ne pense pas que Créteil soit en mesure de viser une place dans le Top 4 mais finir dans la première partie de tableau me semble dans les cordes de l’équipe.

HZ : Pour Istres, cette saison est historique avec le premier trophée du club remporté à Miami et une huitième place en championnat. Les provençaux peuvent-ils viser plus haut l’année prochaine ?
P. C. :
Je pense qu’ils en ont les moyens. Istres est un club qui grandit, qui a gagné la Coupe de la Ligue à Miami face à Montpellier en finale, ce qui est une sacrée performance. Istres a également tenté le pari de délocaliser son match de championnat face à Paris à Marseille. Avec 3000 spectateurs, le pari a été gagné. Cela confirme aussi qu’il existe un potentiel dans la région. Sur le plan sportif, quelques recrues de choix vont venir renforcer l’équipe, ce qui est indispensable pour jouer la Coupe d’Europe l’année prochaine. Istres est un club qui va de l’avant et qui construit des fondations solides. Je pense qu’il peut encore franchir un cap la saison prochaine.

HZ : Aurillac a assuré son maintien en D.1 pour sa première saison parmi l’Elite. Désormais, le plus difficile va être de gérer l’intersaison …
P. C. :
Aurillac va d’abord devoir tirer le bilan de sa saison qui est forcément positif. C’est la deuxième année que les deux promus conservent leur place parmi l’Elite. Cela démontre le niveau de ces équipes ainsi que les moyens et le travail réalisé pour se maintenir à ce niveau. Aurillac a su le faire en étant à la lutte jusqu’au bout et en réalisant une belle saison à domicile. Le club est maintenant à un tournant avec l’annonce d’une baisse de 30% de sa masse salariale. La deuxième année en D.1 est toujours la plus compliquée et Aurillac risque d’avoir davantage de difficultés. 

HZ : Le départ de l’entraîneur Raphaël Geslan n’est-il pas un handicap supplémentaire pour Aurillac ?
P. C. :
C’est toujours compliqué pour un club lorsqu’on perd son entraîneur. Je ne sais pas si l’entraîneur adjoint va reprendre l’équipe. Si c’est le cas, il connaît déjà le club et les joueurs, ce qui évitera une période d’adaptation. Je pense que c’est plutôt le contexte général du club qui risque d’être préjudiciable. Le départ d’un buteur comme Abily ne se remplace pas facilement.

HZ : Pour Nîmes, le classement est décevant, surtout au vu du beau jeu développé en début de saison ?
P. C. :
Nîmes a produit du beau jeu tant que l’effectif a été au complet. Ensuite, à force de solliciter toujours les mêmes joueurs, certains se sont blessés, ce qui a amputé un peu plus le collectif. Les affaires administratives autour du club ont certainement touché le moral de l’équipe. Nîmes a réussi son pari en se maintenant sportivement en D.1. On en saura plus dans quelques jours sur les contours de l’effectif en fonction de la décision de la LNH.

HZ : L’arrivée de Laurent Puigségur au poste d’entraîneur est-il un choix pertinent pour le club gardois ?
P. C. :
C’est un joueur qui connaît bien Nîmes puisqu’il entraînait au pôle féminin et qu’il a porté le maillot nîmois avant de rejoindre Montpellier. Dès la fin de sa carrière de joueur, il s’est concentré sur sa nouvelle carrière d’entraîneur. Il ne passe pas directement d’un statut de joueur à entraîneur puisqu’il a déjà fait ses armes, notamment à Jacou.

HZ : Toulouse a encore joué la maintien cette saison. Comment s’expliquent  les difficultés du club ?
P. C. :
Toulouse est capable de gagner à Paris et à Tremblay puis d’être battu dans sa salle par Sélestat dans la foulée. Cette équipe est un véritable paradoxe. Elle s’est mise dans le rouge jusqu’au bout. Financièrement, le club va devoir se séparer de certains joueurs pour se remettre à flot, ce qui implique de repartir sur un projet avec des jeunes. Plusieurs clubs sont dans cette situation, ce qui promet une lutte acharnée dans le bas de tableau.

HZ : Nantes a décroché son maintien au terme d’une seconde partie de saison prometteuse. Le club semble même ambitieux pour le prochain exercice …
P. C. :
Nantes a réussi une très belle entrée en D.1 avec, dès son premier match, 5000 spectateurs à domicile ! Le club a de nouveau su mobiliser les spectateurs lors des venues de Tremblay et Chambéry. Dans sa salle plus « petite » de 2000 places, il a réussi à fidéliser son public. Nantes a un beau projet, avec le maintien de son équipe première en D.1, son équipe réserve qui évolue en N.2 et son centre de formation. C’est un club qui est déjà structuré et son maintien lui permet de poursuivre sur sa lancée.

HZ : Nantes peut-il viser plus haut que le maintien l’année prochaine ?
P. C. :
Nantes a prouvé lors des derniers matches qu’il pouvait avoir des ambitions plus élevées. Avec les recrues qui vont arriver à l’intersaison et l’expérience de Thierry Anti en la matière, je pense que des joueurs de qualité vont être recrutés. 

HZ : En début de saison, personne n’attendait Paris à la treizième place du classement. Le club de la capitale a vraiment vécu une année cauchemardesque …
P. C. :
Même dans les pronostics les plus fous, personne n’aurait prédit que Paris terminerait reléguable. Les parisiens ont perdu plusieurs matches d’un but, ce qui est symptomatique d’une équipe qui doute et qui manque de confiance. Paris n’avait jamais été habitué à jouer le maintien. Ça n’a certainement pas été facile à vivre pour le collectif. On peut s’attendre à plusieurs départs à l’intersaison même si la direction du club a fait savoir que les joueurs encore sous contrat resteraient à Paris.

HZ : Sélestat a également vécu une saison très difficile mais le club semble déterminé à retrouver rapidement l’Elite…
P. C. :
Sélestat a déjà connu la descente en D.2 il y a quelques années mais avait su se reconstruire pour retrouver la D.1. Depuis quelques saisons, le club était toujours à la limite de la relégation et a franchi la barrière cette année. C’est dommage car Sélestat va avoir une nouvelle salle. Il va maintenant falloir rebondir pour revenir plus fort en LNH. Mais attention tout de même car la D.2 n’est pas un championnat facile. Rien n’est joué d’avance.

HZ : La saison 2008-2009 restera-t-elle dans les annales comme un bon cru ?
P. C. :
Oui, je pense. Les deux équipes françaises engagées en Ligue des Champions, Montpellier et Chambéry, ont bien tenu le choc sur la scène internationale. Le championnat a été exaltant et tout s’est quasiment joué sur la fin, que ce soit en haut de tableau ou pour le maintien. On a vécu une très belle saison. Avec le retour d’un joueur emblématique, Nikola Karabatic, et la présence de deux opérateurs télé qui retransmettent les matches, cela montre bien que le hand français est en plein développement. De plus, plusieurs clubs présentent des projets de nouvelles salles : Chambéry a déjà la sienne, Montpellier aura bientôt un nouveau palais des sports et il est fort probable qu’une nouvelle enceinte voit le jour dans la région de Marseille. Dijon, qui est un club emblématique, retrouve l’Elite avec une salle de 4000 places. C’est un plus pour la nouvelle saison. Espérons que les équipes de l’Elite se reposent bien pendant la trêve pour nous offrir autant d’émotions et de spectacle dès septembre prochain.

Propos recueillis par

P. Carrara : « Montpellier va prendre une nouvelle dimension » 

LMSL

vendredi 12 juin 2009 - Handzone

 14 min 16 de lecture

Le rideau est tombé sur la saison 2008-2009 et, comme souvent depuis plus de dix ans, Montpellier a remporté une nouvelle Coupe de France. Hormis sa défaite en finale de la Coupe de la Ligue face à Istres, le collectif héraultais a réalisé une année quasi parfaite au plan national. Le retour de Nikola Karabatic permet désormais à Patrice Canayer de se tourner vers des objectifs européens plus ambitieux.

Consultant pour HandZone depuis le début de la saison, Philippe Carrara dresse le bilan équipe par équipe d’une année riche en émotions et en rebondissements. L’ancien entraîneur de Sélestat et Pontault-Combault, ex-directeur technique de Tremblay et désormais consultant sur Orange Sport, analyse la saison des formations de l’Elite et se projette déjà vers la reprise en septembre prochain.

HandZone : Philippe, Montpellier a réalisé un nouveau doublé Coupe de France – championnat. Le seul couac semble donc être la finale perdue à Miami ?
Philippe Carrara :
Montpellier a réalisé une saison presque parfaite, hormis la Coupe de la Ligue. L’équipe a également subi un petit coup de mou en Coupe d’Europe lorsqu’elle a du faire face à de nombreuses blessures. Le point perdu à domicile face à León lors du premier tour de la Ligue des Champions a coûté cher par la suite. En championnat, même si Montpellier s’est fait quelques frayeurs, le club a été dominateur. Au-delà de l’aspect sportif, le MAHB continue à se structurer avec une nouvelle salle de 9000 places qui sera disponible au début de l’année 2010. Le recrutement est également très séduisant. Tout le monde parle de Nikola Karabatic mais il ne faut pas oublier qu’Ahmed et Kavtnicik ne sont pas des faire-valoir. Montpellier va ainsi prendre une nouvelle dimension avec, en toile de fond,  la possibilité et l’envie d’aller le plus loin possible en Ligue des Champions. C’est une très bonne nouvelle pour le championnat de France.

HZ : Avec l’arrivée de tels joueurs, Montpellier ne va-t-il pas devenir imbattable dans l’Hexagone ?
P. C. :
Il ne faut pas oublier que les héraultais seront sur tous les fronts avec l’objectif, dans chaque épreuve, d’aller le plus loin possible. Avec les joueurs du groupe professionnel et avec les jeunes du centre de formation qui veulent gagner leur place dans l’équipe, il est certain que battre Montpellier sera encore plus difficile. Chaque équipe doit suivre l’exemple des montpelliérains pour, à leur niveau, tirer le handball français vers le haut.

HZ : Chambéry est à 7 points de Montpellier et n’a remporté aucun trophée cette année. Est-ce une saison ratée pour les savoyards ?
P. C. :
Non, je ne crois pas. Chambéry a réalisé un très bon parcours en Ligue des Champions avec notamment un succès à Zagreb. Cette victoire a peut être incité le club à délaisser un peu le championnat pour jeter toutes ses forces dans la bataille de la Ligue des Champions. Il n’a pas manqué grand-chose pour accéder aux quarts de finale. Que ce soit en championnat, en finale de la Coupe de France et en demi-finale de la Coupe de la Ligue, Chambéry a été battu par Montpellier. Poulidor a toujours fini deuxième du Tour de France car il a eu le malheur de tomber sur Anquetil. C’est la même situation pour Chambéry avec Montpellier.

HZ : Pour rivaliser davantage avec Montpellier l’année prochaine, Chambéry doit-il se renforcer à l’intersaison ?
P. C. :
Chambéry a déjà fait beaucoup cette année. Le club a réussi à remplir sa nouvelle salle quasiment à chaque rencontre. Ce n’était pas une mince affaire. L’absence de Bertrand Roiné a été préjudiciable car, contrairement à Montpellier, on remarque davantage quand un joueur se blesse à Chambéry. Il ne faut pas oublier les blessures de Cédric Paty et Guillaume Joli. Malgré un centre de formation de qualité, le club a un collectif moins étoffé que Montpellier et a donc été sur la corde raide lorsqu’il a fallu gérer ces absences.

HZ : Tremblay est la grande surprise de la saison même si les dernières semaines ont été agitées en coulisses …
P. C. :
On a toujours tendance à regarder la fin alors qu’il faut analyser la saison de Tremblay dans sa globalité. Les tremblaysiens ont réalisé une très belle année en décrochant la troisième place de D.1. En quarts de finale de la Coupe de la Ligue, ils ne sont pas passés loin de la qualification face à Chambéry. Certes, il y a eu toutes les histoires qu’on connaît en fin de saison mais ce n’est pas ce que je retiens. Il va maintenant falloir confirmer l’année prochaine avec un défi supplémentaire : la Coupe d’Europe. Cette compétition risque de peser sur la fraîcheur des joueurs.

HZ : Comme souvent depuis plusieurs saisons, Dunkerque est dans le haut du tableau de D.1 même si l’objectif initial (qualification en Ligue des Champions) n’a pas été atteint. Le club peut-il vraiment franchir un cap la saison prochaine ?
P. C. :
Il reste à savoir quelles seront les ambitions du club lors du recrutement, notamment sur le poste d’arrière gauche. Même si, par moments, certains joueurs ont pu faire le bonheur de cette équipe, je pense qu’il manque un réel buteur sur ce poste. L’USDK doit très certainement étudier avec attention les joueurs disponibles sur ce poste pour pouvoir prendre une dimension supplémentaire. Il ne faut pas oublier que Dunkerque est qualifié en Coupe d’Europe presque chaque année. C’est une équipe qui se situe toujours dans le haut de tableau du championnat et qui est toujours présente lors des grands évènements. Lors de la première partie de saison, Ragnar Oskarsson revenait de blessure. Il lui a fallu un temps d’adaptation pour retrouver son niveau de jeu. Dunkerque a ensuite montré qu’il avait retrouvé son jeu, ses valeurs et qu’il savait s’imposer à Tremblay en Coupe de France et à St-Raphaël en championnat. 

HZ : Ivry termine à la cinquième place de D.1 et prouve que les nombreux départs ont bien été négociés …
P. C. :
Oui, tout à fait. Ivry a non seulement bien négocié les nombreux départs de l’été dernier mais a aussi su gérer la longue absence de Fabrice Guilbert. Ce n’était pas une mince affaire. Ivry a également bien négocié l’intégration de jeunes joueurs en devenir. Il leur faut tout de même un temps d’adaptation et acquérir de l’expérience pour être plus dangereux dans le futur.

HZ : Ivry peut-il prétendre à une place européenne la saison prochaine ?
P. C. :
Ce qui est sûr, c’est que tous ces jeunes joueurs auront emmagasiné une année d’expérience en D.1. Ils se seront bonifiés, c’est sûr. Il ne leur a pas manqué grand-chose en deuxième mi-temps face à Chambéry en Coupe de France pour inverser la tendance. Il reste à savoir à quel niveau va revenir Fabrice Guilbert. Enfin, au niveau du recrutement, la question est de savoir quels profils vont venir renforcer le groupe, notamment sur la base arrière, pour que l’équipe soit plus dangereuse l’année prochaine. 

HZ : Saint-Raphaël a confirmé tout son potentiel cette saison et le club semble vouloir passer la vitesse supérieure …
P. C. :
St-Raphaël a prévu d’augmenter son budget de 30%, ce qui démontre bien des ambitions élevées. Le collectif a bien profité de la dynamique de remontée en D.1. Cette sixième place est une confirmation de la performance de la saison passée. Le club est maintenant à un tournant de son histoire. Certains joueurs emblématiques vont partir mais Abily va apporter sa jeunesse et sa fougue qui ont fait le bonheur d’Aurillac cette année. Les recrues vont amener un réel plus à l’équipe. Je pense que Saint-Raphaël a toutes les cartes en main pour bousculer la hiérarchie dans le Top 4.

HZ : Avec la forte concurrence en haut de tableau, St-Raphaël peut-il vraiment prétendre à une place dans le Top 4 ?
P. C. :
Oui, c’est faisable. Contrairement à Tremblay et Dunkerque, Saint-Raphaël ne devra pas gérer la fatigue liée à l’enchaînement des matches de Coupe d’Europe. Ça peut être un plus pour les varois par rapport à leurs adversaires directs. Il leur faudra conserver la même constance à domicile que cette année et surtout mieux gérer leurs rencontres à l’extérieur. Cette saison, ils ont perdu beaucoup de points en déplacement, ce qui leur a peut être coûté un meilleur classement.

HZ : Créteil a fini à la septième place du championnat mais s’apprête à vivre un tournant de son histoire avec le départ de plusieurs joueurs emblématiques …
P. C. :
Créteil termine dans la première partie de tableau, ce qui n’était pas évident à réaliser en cours de saison, notamment avec l’enchaînement des blessures. Le club vient de s’attacher les services d’un international serbe, Uros Mitrovic, qui évolue sur le poste clé de demi-centre. Il semble être prometteur mais l’intégration d’un joueur étranger dans un nouveau championnat n’est jamais aisée. Le poste de demi-centre nécessite beaucoup de communication. Il faut savoir comment ce joueur s’adaptera à son nouvel environnement et comment ses partenaires s’adapteront à son jeu. Créteil a également conservé ses forces de frappe, Atajevas et Waeghe, et a recruté le prometteur Victor Boillaud. Ce sera une saison charnière pour le club qui, avec la signature de Mitrovic, démontre bien qu’il a un projet de reconstruction. Je ne pense pas que Créteil soit en mesure de viser une place dans le Top 4 mais finir dans la première partie de tableau me semble dans les cordes de l’équipe.

HZ : Pour Istres, cette saison est historique avec le premier trophée du club remporté à Miami et une huitième place en championnat. Les provençaux peuvent-ils viser plus haut l’année prochaine ?
P. C. :
Je pense qu’ils en ont les moyens. Istres est un club qui grandit, qui a gagné la Coupe de la Ligue à Miami face à Montpellier en finale, ce qui est une sacrée performance. Istres a également tenté le pari de délocaliser son match de championnat face à Paris à Marseille. Avec 3000 spectateurs, le pari a été gagné. Cela confirme aussi qu’il existe un potentiel dans la région. Sur le plan sportif, quelques recrues de choix vont venir renforcer l’équipe, ce qui est indispensable pour jouer la Coupe d’Europe l’année prochaine. Istres est un club qui va de l’avant et qui construit des fondations solides. Je pense qu’il peut encore franchir un cap la saison prochaine.

HZ : Aurillac a assuré son maintien en D.1 pour sa première saison parmi l’Elite. Désormais, le plus difficile va être de gérer l’intersaison …
P. C. :
Aurillac va d’abord devoir tirer le bilan de sa saison qui est forcément positif. C’est la deuxième année que les deux promus conservent leur place parmi l’Elite. Cela démontre le niveau de ces équipes ainsi que les moyens et le travail réalisé pour se maintenir à ce niveau. Aurillac a su le faire en étant à la lutte jusqu’au bout et en réalisant une belle saison à domicile. Le club est maintenant à un tournant avec l’annonce d’une baisse de 30% de sa masse salariale. La deuxième année en D.1 est toujours la plus compliquée et Aurillac risque d’avoir davantage de difficultés. 

HZ : Le départ de l’entraîneur Raphaël Geslan n’est-il pas un handicap supplémentaire pour Aurillac ?
P. C. :
C’est toujours compliqué pour un club lorsqu’on perd son entraîneur. Je ne sais pas si l’entraîneur adjoint va reprendre l’équipe. Si c’est le cas, il connaît déjà le club et les joueurs, ce qui évitera une période d’adaptation. Je pense que c’est plutôt le contexte général du club qui risque d’être préjudiciable. Le départ d’un buteur comme Abily ne se remplace pas facilement.

HZ : Pour Nîmes, le classement est décevant, surtout au vu du beau jeu développé en début de saison ?
P. C. :
Nîmes a produit du beau jeu tant que l’effectif a été au complet. Ensuite, à force de solliciter toujours les mêmes joueurs, certains se sont blessés, ce qui a amputé un peu plus le collectif. Les affaires administratives autour du club ont certainement touché le moral de l’équipe. Nîmes a réussi son pari en se maintenant sportivement en D.1. On en saura plus dans quelques jours sur les contours de l’effectif en fonction de la décision de la LNH.

HZ : L’arrivée de Laurent Puigségur au poste d’entraîneur est-il un choix pertinent pour le club gardois ?
P. C. :
C’est un joueur qui connaît bien Nîmes puisqu’il entraînait au pôle féminin et qu’il a porté le maillot nîmois avant de rejoindre Montpellier. Dès la fin de sa carrière de joueur, il s’est concentré sur sa nouvelle carrière d’entraîneur. Il ne passe pas directement d’un statut de joueur à entraîneur puisqu’il a déjà fait ses armes, notamment à Jacou.

HZ : Toulouse a encore joué la maintien cette saison. Comment s’expliquent  les difficultés du club ?
P. C. :
Toulouse est capable de gagner à Paris et à Tremblay puis d’être battu dans sa salle par Sélestat dans la foulée. Cette équipe est un véritable paradoxe. Elle s’est mise dans le rouge jusqu’au bout. Financièrement, le club va devoir se séparer de certains joueurs pour se remettre à flot, ce qui implique de repartir sur un projet avec des jeunes. Plusieurs clubs sont dans cette situation, ce qui promet une lutte acharnée dans le bas de tableau.

HZ : Nantes a décroché son maintien au terme d’une seconde partie de saison prometteuse. Le club semble même ambitieux pour le prochain exercice …
P. C. :
Nantes a réussi une très belle entrée en D.1 avec, dès son premier match, 5000 spectateurs à domicile ! Le club a de nouveau su mobiliser les spectateurs lors des venues de Tremblay et Chambéry. Dans sa salle plus « petite » de 2000 places, il a réussi à fidéliser son public. Nantes a un beau projet, avec le maintien de son équipe première en D.1, son équipe réserve qui évolue en N.2 et son centre de formation. C’est un club qui est déjà structuré et son maintien lui permet de poursuivre sur sa lancée.

HZ : Nantes peut-il viser plus haut que le maintien l’année prochaine ?
P. C. :
Nantes a prouvé lors des derniers matches qu’il pouvait avoir des ambitions plus élevées. Avec les recrues qui vont arriver à l’intersaison et l’expérience de Thierry Anti en la matière, je pense que des joueurs de qualité vont être recrutés. 

HZ : En début de saison, personne n’attendait Paris à la treizième place du classement. Le club de la capitale a vraiment vécu une année cauchemardesque …
P. C. :
Même dans les pronostics les plus fous, personne n’aurait prédit que Paris terminerait reléguable. Les parisiens ont perdu plusieurs matches d’un but, ce qui est symptomatique d’une équipe qui doute et qui manque de confiance. Paris n’avait jamais été habitué à jouer le maintien. Ça n’a certainement pas été facile à vivre pour le collectif. On peut s’attendre à plusieurs départs à l’intersaison même si la direction du club a fait savoir que les joueurs encore sous contrat resteraient à Paris.

HZ : Sélestat a également vécu une saison très difficile mais le club semble déterminé à retrouver rapidement l’Elite…
P. C. :
Sélestat a déjà connu la descente en D.2 il y a quelques années mais avait su se reconstruire pour retrouver la D.1. Depuis quelques saisons, le club était toujours à la limite de la relégation et a franchi la barrière cette année. C’est dommage car Sélestat va avoir une nouvelle salle. Il va maintenant falloir rebondir pour revenir plus fort en LNH. Mais attention tout de même car la D.2 n’est pas un championnat facile. Rien n’est joué d’avance.

HZ : La saison 2008-2009 restera-t-elle dans les annales comme un bon cru ?
P. C. :
Oui, je pense. Les deux équipes françaises engagées en Ligue des Champions, Montpellier et Chambéry, ont bien tenu le choc sur la scène internationale. Le championnat a été exaltant et tout s’est quasiment joué sur la fin, que ce soit en haut de tableau ou pour le maintien. On a vécu une très belle saison. Avec le retour d’un joueur emblématique, Nikola Karabatic, et la présence de deux opérateurs télé qui retransmettent les matches, cela montre bien que le hand français est en plein développement. De plus, plusieurs clubs présentent des projets de nouvelles salles : Chambéry a déjà la sienne, Montpellier aura bientôt un nouveau palais des sports et il est fort probable qu’une nouvelle enceinte voit le jour dans la région de Marseille. Dijon, qui est un club emblématique, retrouve l’Elite avec une salle de 4000 places. C’est un plus pour la nouvelle saison. Espérons que les équipes de l’Elite se reposent bien pendant la trêve pour nous offrir autant d’émotions et de spectacle dès septembre prochain.

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