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Alain Portes : de Nîmes à Tunis

International

mercredi 12 août 2009 - Handzone

 5 min 19 de lecture

Voilà 29 ans qu’Alain Portes vivait le handball à l’ombre des arènes nîmoises. Et puis en juin dernier, l’ancien médaillé de bronze aux Jeux de Barcelone 92 avec les Barjots, a décidé de se remettre en question, de sauter le pas et d’accepter une proposition qui ne se refuse pas : devenir le sélectionneur de l’équipe de Tunisie. Depuis donc deux mois, « Bip Bip » a posé ses valises de l’autre côté de la Méditerranée. Il était cette semaine, de passage au Mondial Juniors en Egypte.

Alain Portes, vous êtes en place depuis début juin à la tête de la sélection tunisienne avec un contrat de 3 ans. L’objectif est clair : les Jeux Olympiques de 2012 à Londres…
Oui, c’est cela. La Tunisie veut participer aux Jeux. Il faudra qu’on se qualifie. En fonction de cela, nous ferons un point avec la Fédération, en début d’année 2012.

Cela a plutôt bien commencé avec une 3ème place aux Jeux Med en Italie….
Avec seulement trois semaines de préparation, on avait peu de temps et on a réalisé un bon résultat. En plus, à part Ayed et Touati, j’avais des joueurs qui étaient frustrés de ne pas avoir de temps de jeu. Donc il a fallu changer pas mal d’habitudes.

Un tour de force ?
Il y a des habitudes que l’on ne peut pas changer. Ils ont du mal à être rigoureux, ils demandent à ce qu’on les rectifie sur cela mais on ne peut pas être rigide non plus. Ils me jouent parfois des tours. Par exemple, à l’entraînement, quand on s’arrête pour se désaltérer, si je ne les rappelle pas, ils restent dans leur coin, tranquilles, à discuter.

Et ce podium, ça a changé quoi ?
Probablement, le regard des gens sur moi en Tunisie parce que peu de monde pensait qu’on ramènerait une médaille. Surtout que je ne disposais pas de l’équipe-type. Donc, moi cela me fait une petite crédibilité sympa.
 
L’équipe-type, pour la composer, il faudra que vous passiez par vos homologues français, notamment celui de Montpellier où les Tunisiens restent en nombre.
Je peux comprendre Patrice Canayer car Montpellier c’est quand même le club qui paye le joueur. Mais en plus de cela, il faut que je lutte face à une sorte de démotivation de certains anciens.

Vous pensez à Tej par exemple, à Mégannem ?
Tej, lui c’est différent, il a été sanctionné et d’ailleurs, je n’ai toujours pas compris pourquoi. Mais moi, j’aimerais bien le récupérer. En fait, il faut bien comprendre le handball tunisien. Depuis le Mondial 2005 chez eux, il n’y a pas eu d’échéances suffisamment mobilisatrices pour motiver les joueurs. Et comme on n’a pas fait la place aux jeunes non plus, on s’est retrouvé avec une équipe pas très concernée. Donc, il faut recréer cette dynamique-là. J’ai déjà discuté avec les gars qui jouent en France. Hammed, la toute nouvelle recrue de Montpellier, aura sa place dans la sélection. Autre cas, celui de Megannem qui avait mis entre parenthèses sa participation en sélection mais a priori là, il serait d’accord pour revenir. D’autant qu’avec son nouveau club de Saint Raphaël, il aura du temps de jeu. Après, il y a les textes qui font que les clubs sont obligés de libérer les joueurs, 15 jours avant une échéance internationale. Mon objectif est de réunir les meilleurs qui évoluent à l’étranger et qui sont motivés par la sélection et aligner ceux qui jouent en Tunisie et leur proposer des stages. Le but, c’est qu’il n’y ait pas trop d’écart lorsque j’aurai tout le monde.

Après 30 années de hand à Nîmes, vous changez complètement de cap. Ce n’est certainement pas le même style de vie ?
J’ai commencé à apprendre quelques mots d’arabe. Ce qui est drôle, c’est qu’il y a toujours, un mot français au milieu des discussions donc j’arrive à comprendre. C’est un peuple de passions et dès fois, ils vont un peu trop loin. Ils vivent une défaite comme une véritable frustration et cela, même si le match n’est pas décisif.

Nîmes reste en D1. Cela a du vous faire plaisir ?
Je suis content que la réalité sportive du terrain ait triomphé. Alors, je ne cautionne pas les dérives antérieures, ce que j’appelle, du « dopage financier » mais je vois avec quelle force, le club rembourse sa dette, je trouve que moralement, c’est bien.

Votre départ pour la Tunisie a inévitablement été mal compris par certains ?
La première chose à dire c’est que quand le nouveau président est arrivé, je l’ai informé de mes contacts avec la Tunisie. J’avais une clause libératoire sur mon contrat et je ne pouvais pas laissé passer cette opportunité. Je me suis aussi posé la question de savoir si cela allait changer quelque chose si je restais. Que je reste ou pas, cela ne changeait rien du tout. Enfin, pour la première fois, j’ai pensé à moi. J’ai envie de vivre ma passion et tenter l’expérience. Sélectionneur d’une équipe nationale à l’étranger, il y a très peu de Français qui sont en place,

Et comment vos pairs ont-ils accueilli cette nomination ?
J’ai eu pas mal de témoignages de sympathie. Je pense par exemple à des gars comme David Peneau, l’entraîneur de Créteil, Thierry Anti qui d’ailleurs à un moment a été intéressé par la sélection tunisienne, sans oublier mes potes de toujours, anciens Barjots, Frédéric Pérez et Pascal Mahé.

Il y a des personnes qui vous ont déçu ?
Ah mais moi, personne ne me décevra parce que le choix que j’ai fait, j’estime qu’il m’appartient et je n’autorise personne à juger ce que je viens de faire, un point c’est tout. Il y a bien quelques aigris que j’ai d’ailleurs identifiés. Dans le village qu’est Nîmes entre guillemets, je sais qu’il y a quelques mauvaises langues qui ont balancé ; Des gens qui en fait, veulent se servir de l’USAM à des fins personnelles et ils espèrent que le club leur fasse une petite place. Donc, c’est vrai, on m’a rapporté certaines choses peu aimables à mon égard. Mais je dois reconnaître que ces gens-là, leur avis ne m’intéresse pas.

Propos recueillis à Suez par
Yves MICHEL

Alain Portes : de Nîmes à Tunis 

International

mercredi 12 août 2009 - Handzone

 5 min 19 de lecture

Voilà 29 ans qu’Alain Portes vivait le handball à l’ombre des arènes nîmoises. Et puis en juin dernier, l’ancien médaillé de bronze aux Jeux de Barcelone 92 avec les Barjots, a décidé de se remettre en question, de sauter le pas et d’accepter une proposition qui ne se refuse pas : devenir le sélectionneur de l’équipe de Tunisie. Depuis donc deux mois, « Bip Bip » a posé ses valises de l’autre côté de la Méditerranée. Il était cette semaine, de passage au Mondial Juniors en Egypte.

Alain Portes, vous êtes en place depuis début juin à la tête de la sélection tunisienne avec un contrat de 3 ans. L’objectif est clair : les Jeux Olympiques de 2012 à Londres…
Oui, c’est cela. La Tunisie veut participer aux Jeux. Il faudra qu’on se qualifie. En fonction de cela, nous ferons un point avec la Fédération, en début d’année 2012.

Cela a plutôt bien commencé avec une 3ème place aux Jeux Med en Italie….
Avec seulement trois semaines de préparation, on avait peu de temps et on a réalisé un bon résultat. En plus, à part Ayed et Touati, j’avais des joueurs qui étaient frustrés de ne pas avoir de temps de jeu. Donc il a fallu changer pas mal d’habitudes.

Un tour de force ?
Il y a des habitudes que l’on ne peut pas changer. Ils ont du mal à être rigoureux, ils demandent à ce qu’on les rectifie sur cela mais on ne peut pas être rigide non plus. Ils me jouent parfois des tours. Par exemple, à l’entraînement, quand on s’arrête pour se désaltérer, si je ne les rappelle pas, ils restent dans leur coin, tranquilles, à discuter.

Et ce podium, ça a changé quoi ?
Probablement, le regard des gens sur moi en Tunisie parce que peu de monde pensait qu’on ramènerait une médaille. Surtout que je ne disposais pas de l’équipe-type. Donc, moi cela me fait une petite crédibilité sympa.
 
L’équipe-type, pour la composer, il faudra que vous passiez par vos homologues français, notamment celui de Montpellier où les Tunisiens restent en nombre.
Je peux comprendre Patrice Canayer car Montpellier c’est quand même le club qui paye le joueur. Mais en plus de cela, il faut que je lutte face à une sorte de démotivation de certains anciens.

Vous pensez à Tej par exemple, à Mégannem ?
Tej, lui c’est différent, il a été sanctionné et d’ailleurs, je n’ai toujours pas compris pourquoi. Mais moi, j’aimerais bien le récupérer. En fait, il faut bien comprendre le handball tunisien. Depuis le Mondial 2005 chez eux, il n’y a pas eu d’échéances suffisamment mobilisatrices pour motiver les joueurs. Et comme on n’a pas fait la place aux jeunes non plus, on s’est retrouvé avec une équipe pas très concernée. Donc, il faut recréer cette dynamique-là. J’ai déjà discuté avec les gars qui jouent en France. Hammed, la toute nouvelle recrue de Montpellier, aura sa place dans la sélection. Autre cas, celui de Megannem qui avait mis entre parenthèses sa participation en sélection mais a priori là, il serait d’accord pour revenir. D’autant qu’avec son nouveau club de Saint Raphaël, il aura du temps de jeu. Après, il y a les textes qui font que les clubs sont obligés de libérer les joueurs, 15 jours avant une échéance internationale. Mon objectif est de réunir les meilleurs qui évoluent à l’étranger et qui sont motivés par la sélection et aligner ceux qui jouent en Tunisie et leur proposer des stages. Le but, c’est qu’il n’y ait pas trop d’écart lorsque j’aurai tout le monde.

Après 30 années de hand à Nîmes, vous changez complètement de cap. Ce n’est certainement pas le même style de vie ?
J’ai commencé à apprendre quelques mots d’arabe. Ce qui est drôle, c’est qu’il y a toujours, un mot français au milieu des discussions donc j’arrive à comprendre. C’est un peuple de passions et dès fois, ils vont un peu trop loin. Ils vivent une défaite comme une véritable frustration et cela, même si le match n’est pas décisif.

Nîmes reste en D1. Cela a du vous faire plaisir ?
Je suis content que la réalité sportive du terrain ait triomphé. Alors, je ne cautionne pas les dérives antérieures, ce que j’appelle, du « dopage financier » mais je vois avec quelle force, le club rembourse sa dette, je trouve que moralement, c’est bien.

Votre départ pour la Tunisie a inévitablement été mal compris par certains ?
La première chose à dire c’est que quand le nouveau président est arrivé, je l’ai informé de mes contacts avec la Tunisie. J’avais une clause libératoire sur mon contrat et je ne pouvais pas laissé passer cette opportunité. Je me suis aussi posé la question de savoir si cela allait changer quelque chose si je restais. Que je reste ou pas, cela ne changeait rien du tout. Enfin, pour la première fois, j’ai pensé à moi. J’ai envie de vivre ma passion et tenter l’expérience. Sélectionneur d’une équipe nationale à l’étranger, il y a très peu de Français qui sont en place,

Et comment vos pairs ont-ils accueilli cette nomination ?
J’ai eu pas mal de témoignages de sympathie. Je pense par exemple à des gars comme David Peneau, l’entraîneur de Créteil, Thierry Anti qui d’ailleurs à un moment a été intéressé par la sélection tunisienne, sans oublier mes potes de toujours, anciens Barjots, Frédéric Pérez et Pascal Mahé.

Il y a des personnes qui vous ont déçu ?
Ah mais moi, personne ne me décevra parce que le choix que j’ai fait, j’estime qu’il m’appartient et je n’autorise personne à juger ce que je viens de faire, un point c’est tout. Il y a bien quelques aigris que j’ai d’ailleurs identifiés. Dans le village qu’est Nîmes entre guillemets, je sais qu’il y a quelques mauvaises langues qui ont balancé ; Des gens qui en fait, veulent se servir de l’USAM à des fins personnelles et ils espèrent que le club leur fasse une petite place. Donc, c’est vrai, on m’a rapporté certaines choses peu aimables à mon égard. Mais je dois reconnaître que ces gens-là, leur avis ne m’intéresse pas.

Propos recueillis à Suez par
Yves MICHEL

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