Et même si cela n’a rien à voir avec le sport, on aurait bien aimé que la France bénéficie cette fois-ci, de ce petit coup de pouce du destin. Cette baraka qui accompagne par moment les équipes qui méritent de ne pas subir un sort trop cruel. Mais voilà, hier, les Français ont manqué de lucidité dans les instants cruciaux, et si vous ajoutez à cela quelques décisions arbitrales un peu fantasques, vous aurez toute la mesure du raté tricolore. Au terme d’un match plein, un match de bûcherons, la France s’est incliné face à l’Allemagne, 22-23, annihilant tout espoir de poursuivre son rêve dans ce Mondial.
Le dessein était ambitieux : gagner les trois matches de ce Tour principal et faire les comptes à la sortie. Sur le coup de 21h45, hier soir, les comptes étaient déjà faits. La bande de potes génération 88-89 n’ira pas au bout de son raisonnement et restera sur le beau souvenir bronzé d’un podium européen, acquis un an plus tôt en Roumanie. Pourtant à l’entame face aux Allemands, les consignes avaient été parfaitement respectées : bétonner un rempart hermétique en défense et surtout travailler l’adversaire sur la vitesse d’exécution pour remonter les ballons d’attaque. L’idée : ne pas lui laisser le temps de prendre ses aises et se replacer. Et comme dans leurs buts, Seb’ Legoff, le Gaulois et Dario Quenstedt, le Teuton étaient dans un bon jour, les deux équipes joueront longtemps, au chat et à la souris au moins jusqu’à la pause (12-11 pour l’Allemagne).
A la reprise, les Français paraissaient sereins et reprenaient sur le même registre. Si tout n’avait pas été exceptionnel jusque-là avec notamment des loupés dans les tirs et un manque d’opportunisme pendant que l’adversaire était en infériorité numérique, le vaisseau-amiral flottait bien (12-12 à la 31ème). Mais les joueurs de Guy Petitgirard confondaient toujours vitesse et précipitation, ce qui permettait aux Allemands, pourtant réduits à 4 joueurs de champ, de prendre l’avantage par deux fois (14-12 à la 36ème). Les Français restaient pourtant au contact (14-14 à la 39ème puis 19-19, dix minutes plus tard).
Un véritable : « Attrape-moi si tu peux ! » et à ce petit jeu, les Allemands allaient se montrer non seulement plus malins mais allaient bénéficier d’un allié de poids en la personne d’un des deux arbitres qui dans sa jeunesse, avait dû mal digérer un plat sorti tout droit de notre terroir. Le Macédonien sanctionnait une 3ème fois Rémi Salou qui quittait définitivement l’aire de jeu (46ème) et dans les dernières minutes, il expulsait Luka Karabatic alors qu’initialement la faute était sur le pivot montpelliérain. Cela ne suffisait pas pour l’homme en noir qui enfonçait le clou en « oubliant » de siffler dans les toutes dernières secondes, un refus de jeu et sanctionner un ailier allemand qui venait de couper en toute impunité la zone (merci pour tant de largesses à l’égard de l’adversaire !). Ces 30 dernières secondes ne changeront donc rien à cette fin de match en queue de poisson. Encore une fois, l’Allemagne battait son voisin d’outre-Rhin, 23-22.
Le rêve s’envolait et les Français sortaient du terrain, meurtris d’être comme face à l’Espagne, passés à côté. La bande de potes n’atteindra pas son objectif mais elle a encore une mission : tenir son rang européen. Cela passe par l’Argentine aujourd’hui et l’Egypte, demain.
Au Caire,
Le jeudi 13 août 2009 à 18h30
France - Allemagne : 22 - 23 (Mi-temps : 11-12)
Arbitres :
MM PAVICEVIC Ivan et RAZNATOVIC Milos
Statistiques du match
France
Gardiens :
Mansuy 22' 6/15, Le Goff 38' 9/23
Joueurs :
Gomis 1/1, Massot Pellet 5/8 dont 2/2 pen., Briffe 1/1, Darras 0/1, Perroneau 3/5, Di Panda 3/7, Karabatic 2/4, Barachet 0/2, Salou 2/3, Accambray 3/5, Staigre.
Allemagne :
Gardiens :
Quenstedt 47' 4/22 dont 0/2 pen.
Schulz 13 2/6
Joueurs :
Gutbrod 6/12, Gossbau, Wiencek2/2, Munch, Kogut 5/9, Schongarth 0/3, Wessig, Gortski 0/2, Weiss 2/5 Hafner 4/8, Fath 0/1, Schmidt 4/5
Classement du groupe I
1 Espagne 4 pts
2 Egypte 4 pts
3 Argentine 4 pts
4 Allemagne 4 pts
5 Brésil 2 pts
6 France 0 pt
Les réactions
Guy Petitgirard (entraîneur des Bleus)
« Les espoirs d’aller jusqu’au bout d’un rêve s’arrête ici. On fait pourtant un match correct. Nous avions à la fois les compétences et les joueurs pour réussir aujourd’hui mais il nous manque ce petit cap à franchir. Ce cap qui nous aurait permis de passer de l’autre côté. C’est dommage car nos gardiens se sont hissés au niveau de l’équipe d’Allemagne et c’est un point positif par rapport au début du tournoi. La difficulté, c’est qu’on a 24h pour se reprendre et on va essayer de retourner au combat contre l’Argentine mais psychologiquement cela va être dur de remotiver tout le monde. Nous allons en profiter pour faire entrer ceux qui jusque là, n’ont pas eu beaucoup de temps de jeu. »
Sébastien Legoff (gardien de buts)
« Ce match s’est joué sur des détails surtout quand tu finis à +1 à la fin. C’était comme toujours, très difficile contre les Allemands. On a fait un gros match de défense. On avait essayé de se recentrer là-dessus après les difficultés rencontrées au 1er tour, on a réussi à faire jeu égal avec l’Allemagne. Il y a deux ou trois trucs qui font tourner le match dans leur sens… c’est vraiment dur ! Durant quatre ans avec cette bande, on a vécu des moments inoubliables. L’année dernière, on s’est battu comme des chiffonniers en Roumanie, pour monter sur le podium. Cette année, c’était pareil mais ça ne nous a pas souri. Je pense qu’on peut se regarder tous dans les yeux sans avoir honte. Il nous reste quelques matches à faire, on va essayer de prendre encore un maximum de plaisir tous ensemble. »
Patrick Grotzki (ailier droit et capitaine de la Mannschaft)
« C’est indiscutablement le match le plus difficile que nous ayons disputé. Les deux équipes étaient fatiguées et des deux côtés, cela a été un gros match de défense. Un match qui a tenu à un rien. Les Français pouvaient gagner sur la fin. Je pense que ce tournoi est ouvert mais sincèrement avec ce que j’ai vu, le Danemark a le chemin tout tracé vers la finale. Contre qui ? Je ne peux pas le dire. Je ne pense pas que l’Egypte malgré le soutien du public arrive en finale. Ils ont un 7 qui tient la route mais leur banc n’est pas à la hauteur. Quant à nous, si nous jouons comme aujourd’hui, cela peut être intéressant. »
Yves MICHEL