Raphaëlle Tervel aurait pu être l’unique double médaillée d’or du handball féminin tricolore. Mais voilà, hier, la grande Russie en a décidé autrement, stoppant net l’élan de l’équipe de France et de sa capitaine. La Bisontine de 30 ans qui s’est retrouvée bien seule après l’arrêt l’an passé, des dernières rescapées de 99, prend un véritable bain de jouvence au milieu de la classe parfois dissipée des « filles » d’Olivier Krumbholz.
Une médaille d’argent dans une finale remportée sans conteste par les Russes. Y’a-t-il des raisons d’être en colère ou alors l’argent vous satisfait-il pleinement ?
Je suis fière de cette médaille même si une défaite laisse toujours une certaine amertume. Nous avons été battues par une équipe russe beaucoup plus forte que la nôtre. On a essayé de les faire déjouer, de les prendre en défaut mais cela n’a pas bien fonctionné.
Que va-t-il rester de cette aventure ?
Il va surtout rester dans nos têtes un magnifique parcours. Personne ne nous attendait là et ce qu’on a fait durant cette quinzaine, est énorme. C’est vrai que contre les Russes, on aurait aimé rééditer le match du tour principal mais elles avaient plus d’expérience et nous, à certains moments, nous avons fait preuve d’immaturité. Bien sûr que sitôt, la fin du match sifflée, nous étions un peu déçue mais cela a duré cinq minutes à peine. Faut qu’on se remémore d’où on vient et qu’on se dise qu’on a une belle médaille en argent. On va en profiter et l’apprécier.
Vous êtes l’ancienne de l’équipe, celle qui a déjà remporté un championnat du Monde en 2003 et vous êtes au milieu de joueuses qui n’ont pratiquement rien gagné au plus haut niveau international. Comment avez-vous vu évoluer vos partenaires.
Elles ont avant tout du cœur. Elles ont fait une quinzaine magnifique, elles ont beaucoup appris au fur et à mesure de la compétition et elles ont très vite compris qu’elles pouvaient rivaliser avec les meilleures. La preuve, on se retrouve en finale. Tout le monde s’est mis au service du collectif et c’est cela qui nous a fait avancer. Aucune des joueuses n’est passée à travers de ce mondial et celles qui n’étaient pas titulaires au départ, ont même pris leurs responsabilités.
A titre personnel, votre dernier trophée remonte à 2006, avec une médaille de bronze à l’Euro en Suède….
Oui, et je commençais à trouver le temps long (rires). Cette médaille d’argent tombe très bien, elle est inattendue et c’est pour cette raison qu’on la savoure beaucoup. Je vais me répéter mais sincèrement, celle-là, je la trouve très belle ! Faire une finale des championnats du monde, ce n’est pas donné à tout le monde et on a la chance de l’avoir vécu. Il y a beaucoup de filles, qui étaient d’excellentes joueuses et qui n’ont jamais eu de médailles donc, il faut en profiter. Et comme l’époque s’y prête, c’est un super cadeau de Noël.
Cette génération est donc différente de la précédente ?
Ce n’est pas le même contexte ni les mêmes joueuses. Nous ne sommes plus dans l’ombre de nos devancières. Mais attention, il ne faut pas croire que tout va devenir désormais plus facile. On est presque tout en haut mais on peut vite retomber là d’où on vient. La blessure de l’Euro en Macédoine n’est finalement pas si lointaine. Pour répondre précisément à la question, on va dire qu’on est une équipe plus soudée notamment grâce au fait d’avoir une moyenne d’âge plus resserrée. C’est un ensemble plus uni, sans joueuse star. Ce qui a fait notre force, c’est l’équipe. Nous avons compris que c’est collectivement que nous pourrions nous en sortir. On a pris des engagements chacun vis-à-vis de l’autre et ces engagements, nous les avons tenus. On est vraiment très contentes de ce qui nous arrive au terme de ce Mondial.
Et maintenant vous allez être attendues….
C’est vrai que la donne va un peu changer. J’espère tout simplement que les filles qui étaient là et celles qui auraient pu y être, se souviendront de ce qui a pu faire notre force. A nous de ne pas nous enflammer, de garder les pieds sur terre et de conserver cette recette qui a bien marché sur cette compétition. En espérant que cela produise les mêmes effets sur l’Euro 2010 pour lequel nous ne sommes pas encore qualifiées, mais également pour le prochain mondial au Brésil dans deux ans et dans la perspective des Jeux de Londres en 2012.
Propos recueillis par Yves MICHEL www.rtl-lequipe.fr