16h30 - Parking Guy Drut. Terre de rassemblement...
L'aventure débute sur un parking. Ecole finie, RTT consommée, petits et grands, jeunes et moins se donnent rendez-vous sur les graviers, cendres de pavé. Il y a comme un parfum d'école buissonnière...
On distribue deux, trois consignes "C'est bien à Coubertin ?"; " Oui, oui ". Les copilotes règlent les GPS : « Au 82 avenue Georges Lafont, c'est ça ? »; « Tout à fait !... ». Certaines gorges sont recouvertes d'écharpe couleur abeille, des nuques arborent casquette vissée et siglée SCT. Des sons de cornes résonnent. Pas de doute, cela sent la révolte. Une prise de la Bastille version vendredi 12 mars 2010. Et si le SCT entrait dans l'histoire ?...
16h45 : L'heure du départ a sonné
Le patriarche des sans culottes répartit les forces en présence dans les embarcations. Dernier réglage, ceinture bouclée, c'est parti : "Paris, nous voilà..." sur un air de nini peau d'chien. Rapidement sur la voie royale, le convoi a pris ses marques. Les kilomètres s'avalent avec appétit : pas l’ombre d’un doute, les provinciaux veulent manger du "parigot !..."
En ordre rangé, les quatre embarcations volent vers la capitale. Il y a comme un semblant de Patrouille de France... Normal, l'air parisien attise les envies... « On va descendre les Champs Elysées, survoler l'Arc de Triomphe » ambitionnent les plus prétentieux. La voie de gauche est privilégiée. La patrouille SCT croque kilomètres et véhicules de tous genres inlassablement.
Dans le cockpit, les discussions vont bon train : « Le Cubain, il est qualifié, au fait ? » « Tu l'as vu à l'entrainement, toi ?... ». « Et Laszlo ? … ». « Vous avez des nouvelles ? C'est vraiment pas de bol !… Il était en pleine bourre ». « P... Six mois ça va faire long pour le brave Laszlo !... ». Les activités diffèrent. Les plus jeunes font résonner leur Nintendo DS, chaussent les oreillettes pour se bercer de leurs tubes favoris, Lady Gaga est au top. David Guetta lui emboite le pas...
Dans son coin, votre narrateur consulte l'Equipe. Une activité d'une autre génération… Hé oui autre génération, autre mœurs. Un moment qui ne lui laisse pas un souvenir impérissable. D’entrée, deux pages consacrées à l'exploit lyonnais en terre madrilène lui déclenchent un début d'urticaire… Normal, son cœur est "vert" !... Pour enfin trouver en page 20 (avant dernière page !...) la rubrique « Handball », honorée par onze lignes coincées entre Hockey sur glace et Patinage de vitesse. Tiens, on ne savait pas que le Hand était à Vancouver dernièrement !... Heureusement, la rubrique « Rugby » lui redonne le sourire. Finalement Rugby-Hand, même état d'esprit, même combat !...
"Dis papa, c'est quand qu'on arrive... ?"
Le ciel gris se teinte petit à petit pour virer au noir. En face, les bolides, aux yeux jaunes, quittent Paris et ses environs, tel un contingent de frelons. Au bord du bitume, les radars automatiques fleurissent tels des tulipes, des éoliennes tournent comme des moulins bataves, Image surréaliste... Autre temps !... Une voix juvénile s'élève : " Dis Papa, c'est quand qu'on arrive ?... " (Tiens, il y avait longtemps que je l'avais entendu celle là !...). Décidemment, la jeunesse a des fourmis dans les jambes...
Plus la capitale se rapproche, plus le paysage se métamorphose. Panneaux indicatifs bleus et verts se succèdent. La patrouille SCT resserre les rangs : "Restons groupir" pour prendre la bonne voie. En face, c'est maintenant une armée de frelons qui fait front. Normal, c'est vendredi, ils désertent la niche parisienne... Pour certains, les NRJ Music Awards squattent toujours les tympans... Petit à petit, l'embarcation ralentit, ralentit... "Ca y est, on est à Paname "... Eh oui, tout le monde ne quitte pas la niche, certains y retournent ...
D'un côté comme de l'autre du rail, les zones commerciales se chevauchent, les enseignes également. Les bureaux aux fenêtres illuminées ressemblent à des échiquiers... Devant, le tarmac ressemble à un champ de coquelicots !... Normal, nous sommes à l'arrêt... Oui, nous sommes bien à Paris !...
"Coubertin, nous voilà..." (Sur l’air de Maréchal, nous voilà !...)
Pont de Sèvres, on enjambe la Seine, la Tour Eiffel nous fait un clin d'œil. Bienvenue à Paris. Un instant disloquée dans les dédales parisiens, la patrouille, par alpha tango version portable, se recompose. Avec pour première mission, se trouver une place, se « dégoter » une place, pour parler titi parisien... Coubertin, émerge au milieu du béton à hauteur, coincé derrière le Parc des Princes. « Ah, ce n'est pas l'esplanade de Guy Drut !.. » peut-on constater. Une fois cette (laborieuse) mission résolue, armés de tambours et trompettes, les sans culottes assiègent "Bastille" Coubertin. Le "Roi" Bruno Martini, nouvellement nommé, perçoit-il la fronde provinciale ? Pas si sûr... L'homme au regard à la Nicholson dans "Vol au dessus d'un nid de coucou " a connu d'autres campagnes avec les « Bronzés » et les « Barjots ». Pas homme à se défiler l'ami Bruno Martini...
"Bastille - Coubertin : A l'assaut, les pavés volent ..."
Sur le parquet, parisiens et tourangeaux en décousent. Fiers de leur citadelle, les gladiateurs franciliens tiennent à montrer qui est le maître des lieux. Avec comme chefs de file "tsar" Petrenko et "Buzz" l'é…Claire" qui font sauter les premières barricades saint-cyriennes. De son état-major, "Caporal" Berthier sent le vent du boulet fricoter avec ses esgourdes. Il envoie le joker cubain Gutierrez comme dernier rempart. L’ami Gutierrez, fraîchement débarqué de Biélorussie, (Un cubain qui arrive de l'Est, cela fait un peu mission exotique !...). Bien lui en prit. Dans un style très fun et personnel, découvrant le niveau hexagonal, le portier des iles honore la confiance placée en lui... Dans les travées, tambours et trompettes provinciales résonnent de plus belle. Les voix se lâchent, pas de doute, la révolte gronde. "Général" Girault gesticule, multiplie les allées et venues entre banc et ligne, tel un perroquet sur son perchoir qui bat de l'aile. Au moment de battre en retraite pour reposer les troupes et panser les plaies, l'équipe de la capitale affirme sa suprématie sur la plus petite marge d'écart à savoir une unité...
"Pour finalement ne pas rompre..."
En effet, la rébellion provinciale ne sera qu'éphémère. Le second acte tournera même à la Berezina pour la troupe à "Napoléon" Berthier... Des généraux qui n’honorent pas leur grade, un collectif qui va « à vau l'eau » malgré des résistants (Bouchkara, Soille, Bakaitis et surtout « Lucky Luke » Haegeli qui tape le carton à 7 mètres et guère déconcentré par le générique « Mission impossible », lancé avant chaque exécution. Oui, Mr le DJ, on ne lui fait pas au père Thom’) qui allument quelques mèches...
Rien n'y fait... L'armada parisienne a des allures d'armée prussienne dans le sillage du commandant de l'Armée rouge Petrenko. Claire, en bon bolchévique, enfonce le clou, relayé par M'Tima et Nyokas. Filah, de près, (à 7 mètres) joue les artificiers (et justicier) de proximité. Dans sa zone, Patrice "Terence Trent d'Arby" Annonay améliore gentiment ses statistiques et joue les pompiers face à des artilleurs tourangeaux démunis de génie et de poudrier à la recette magique. Au-dessus des pavés, le portier parisien peut brandir la cocarde. Le Waterloo pointe à l'horizon du SCT d'autant que tambours, trompettes et chants tourangeaux ne résonnent plus... L'heure de l'armistice va sonner. Paris Hand a conservé sa citadelle inviolée et en a même profité pour asseoir sa suprématie... Son règne sur la D2 débute… De son pupitre, « l’Empereur » Christophe Bouhour, impuissant constate les dégâts. Amer sur la manière, l’homme rumine. Il ne fait aucun doute, ca va souffler à 15 nœuds tel un vent au souffle sibérien…
Dans les rangs provinciaux, on panse les plaies, on remonte le moral des troupes avec pour antidote : " C'est une bataille de perdue, pas la guerre..."
Epilogue : "le Retour vers nos contrées provinciales..."
Après telles désillusions, les cœurs tourangeaux n'étaient pas à la fête mais pas pour autant en berne... On réconforte gentiment les soldats saint-cyriens, mais il est vrai que l'enthousiasme n'est plus là... Alors on se console avec le revers nancéien en terre béarnaise et puis on se dit que demain sera un autre jour... Gentiment, la patrouille SCT reprend son vol, direction la Touraine. On longe les quais de la Seine façon piste d'envol. Sur le trajet, on croise moins de frelons. Plus de champs de coquelicots à l'horizon. Sur les bas-côtés, les bureaux, bizarrement illuminés à 23 heures, ressemblent toujours à des échiquiers (Dites l'ami Borloo, quand allez vous nous taxer tout ce gâchis !..).
Dans les rangs, les baladeurs n'inondent plus les neurones. Les voix se taisent petit à petit.les commentaires se font rares. Une à une, les paupières tombent (n'est-ce pas la jeunesse NRJ Music Awards, DS & Cie...). Seuls quelques vieux poilus refont le match aux avant–postes, face à la route tels des piliers de comptoirs…
Plus loin, à l'approche de la Beauce, les éoliennes, version temps moderne, ont replié leurs ailes... Seul un témoin rouge, tel un point d'acné dans un ciel étoilé, rappelle leur présence. Volontiers, les kilomètres s'égrènent. Les textos inondent les messageries... Même le narrateur a les paupières qui vacillent. Pourtant, il faut maintenir le cap. Entre esprit révolutionnaire rangé (en tout bien tout honneur pour les franciliens, avec en premier lieu, Bruno Martini pour qui j'ai une énorme reconnaissance) et ces quelques lignes à rédiger, les kilomètres s'écument aisément.
Arrivés à bon port, les sans culottes tourangeaux partagent désillusion et amour propre en toute amitié et fraternité. Derniers propos, on se sert la paluche tout en se disant que la semaine prochaine, on se ferait bien Billère façon entrecôte à la sauce béarnaise... Puis, dans quinze jours, après avoir vaincu l'Alsace (Sélestat), on partirait bien à la conquête de la Lorraine, prendre le siège de la place Stanislas à Nancy...
Finalement, l'histoire n'est qu'un éternel recommencement...
Christophe Poupault