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Thomas Haegeli: « tout vient a point … »

LMSL

mercredi 8 septembre 2010 - Handzone

 11 min 25 de lecture

A qui sait attendre… ». Cette citation de Clément Marot colle à merveille à Thomas Haegeli, pivot du SCT. Une sacrée destinée. Pensez donc, lui l’enfant d’Alsace. Cette terre frontalière avec le pays du handball, l’Allemagne. Oui, lui, cet amoureux de la pelote en cuir, tombé dedans dès ses premiers pas, au visage aussi jovial que juvénile, qu’une perle auriculaire illumine tout comme cette  houppette gominée qui caractérise l’emblème qu’il a sur le poitrail, « le Coq Sportif… ».

Oui. Lui, le « p'tit Thom » va enfin connaitre le parfum de la LNH, l’élixir suprême pout tout handballeur, le nectar suprême … Un aboutissement avec un coach, François Berthier, figure historique de Sélestat d’une époque où Thomas, pur produit du club, n’a pas connu  le plaisir évident pour tout alsacien : « Défendre les couleurs de sa ville en LNH… » Contre mauvaise fortune, bon cœur, c’est aujourd’hui, le SCT qui peut se féliciter de cette union… « Destinée, LNH, tu es ma destinée… »

« Une terrasse, un bloc note, deux « Picons Corses (1) », micro… »
Le décor est planté : la bande crépite. Né à quelques hectomètres du Parlement européen un jour d’août 1985, Thomas connait rapidement un destin digne d’Astérix. Tombé dans la marmite « Hand », avec un père handballeur puis arbitre, qui emmène sur tous les chemins, dans un coin de son sac, le rejeton… « J’ai toujours suivi mon papa, Marius… comme tout enfant. Un peu comme toi avec ton fils, Luc … ». « Le hand, j’ai commencé à Hilsenheim à sept-huit ans », nous glisse Thomas. L’âge de la vaccination, des rappels : Polyo, BCG. Chez les Haegeli, c’est « Hand…» Le médecin cherche encore la page où cela est mentionné dans le carnet de santé… Le « drôle » se prend au jeu. Vers quatorze  ans, direction Sélestat, l’institution locale, la référence alsacienne. Thomas gravit les marches : « -14, -16, -18 » comme on dit dans le jargon. Sport études au pôle Espoirs à Strasbourg avec notamment Mickael ROBIN, aujourd’hui, gardien de Montpellier… La voie est tracée, tel  Sébastien Loeb, un enfant voisin du pays. Thomas file son chemin et embraye : «  1ère, 2è, 3è, 4è, 5è etc… » La boîte à vitesse est rôdée, la mécanique aussi …

"La leçon de piano…"
Si bien rôdée que « Maman Claire » anticipe la technologie automobile et adopte le régulateur sur le turbo « T.H ». Précision du bolide : « Il est vrai que j’avais du jus, du gaz…comme on dit …  Toujours actif avec les copains. Le sport : hand, foot… ». Donc, « Maman Haegeli »  a joué les « Jean Todt ». Une heure par semaine, le mercredi après-midi, le « bolide d’Hilsenheim » apprend le solfège et fait ses gammes sur les touches noires et blanches. On aurait aimé être petite souris…  « Tous mes copains allaient faire des tournois et moi, piano, solfège… Allez, cela reste une belle image !… » (D’Epinal, pour rester local…) Et puis, vu le rythme effréné, « Maman Claire » qui travaille dans l’Education Nationale veille à l’avenir du fiston. « Le sport c’est bien mais il faut assurer ton avenir… » lui confesse-t’elle. « Papa Marius », qui manie aussi bien le pinceau que le sifflet, consent. Même si nous n’étions pas derrière les portes à écouter, nous devinons le discours de parents bienveillants envers  leur enfant, encore plus quand il est le seul. Précision « Oui, quand j’étais au Sport Etudes Kléber, puis à Pasteur, heureusement que  maman était là pour me dire de m’accrocher. Pour eux, c’était important d’allier études et sport. Pour moi, cela n’a pas toujours été évident… ».La crise d’adolescence de « Little Thom », pourrait-on penser ?... « Aller au lycée n’était pas  une sinécure. Je m’éclatais tellement dans le hand. En – 18 ans, avec Thierry Demangeas, un entraîneur qui m’a marqué. Nous avons connu moultes émotions. Des tournois à l’étranger.  Avec Philippe Schlatter, en pôle espoirs, nous avons été champions de France avec la génération 83. Mon meilleur souvenir en Grèce pour le championnat du monde scolaire, nous battons Lyon où évoluait Skander Bouchkara ». Bref, c’était « « Planet hand… » D’autant que le parcours du pivot sélestanien ne s’arrête pas ainsi. Centre de formation, toujours du SAHB. Nationale 2 et même une apparition en D1 à Montpellier avec François Berthier  sur le banc.

"A la croisée des chemins…"
Le cursus évoluant, il fallut trancher : « Au terme d’une discussion avec François, mon avenir n’était pas clair. Rien ne me  garantissait la LNH, au mieux 15-17è homme et plus sûrement la N2. Je n’ai pas opté pour cela…  J’ai préféré jouer la carte études.  Un bac S sur trois ans, avec des sportifs de haut niveau (neuf élèves, hand, natation, etc..) au Lycée Pasteur, toujours à Strasbourg.  La perte d’une année secondaire avec une amplitude entrainement maintenu. Donc, l’idéal… » Bac en poche, mouchoir sur un orgueil de ne pas être  pro à Sélestat, Thomas garnit le baluchon, tel un Tom Sawyer des temps modernes : Tout d’abord, cap sur Sedan en N1. « J’étais en Belgique  pour mes études de kinésithérapeute. Sedan reste un bon souvenir. Meilleur buteur de N1. Je voulais faire mon chemin. Un parcours d’études sur quatre ans afin d’assurer mon avenir après hand, et ce tout en maintenant, un certain niveau sportif. Dans un coin de ma tête, il y avait toujours le hand mais aussi ce métier de kiné que j’ai toujours aimé. Ensuite, direction Metz. Quatre saisons entre D2, N2, N1. Sur la dernière, un emploi mi-temps joueur et dans un centre de rééducation. Superbe souvenir professionnel mais aussi le début de la galère financière pour le club … ». Les  chèques « en bois » sont, parfois, un dur rappel à la réalité. Le destin du sportif peut être aléatoire, quelque fois …

"Le rêve de gosse, enfin …"
 Dans la tête de Thomas, un rêve murit toujours. « Mon diplôme de kiné dans la besace, je n’ai pas perdu l’envie de côtoyer le haut niveau. Je me suis mis sur le marché. Avec François, il y a eu contact. Nous avons échangé. Chacun de son côté, tout a été clair. Personnellement, en retrouvant François, j’ai voulu prouvé que les a priori étaient galvaudés : mon petit gabarit, etc… Oui, tout ce que j’ai pu entendre. Montrer aussi que pas mal de personnes s’étaient trompées !... » Et si le fait que la Touraine était une terre de paix, de réconciliation. Aussi, le duo Berthier-Haegeli exilé, coupé de ses repères sélestadiens, s’est peut être mieux retrouvé. On peut se poser la question : « Peut être, nous sommes dans un autre contexte » confie le résidant du Val de l’Indre. « Il est vrai que j’ai retrouvé un entraîneur plus ouvert. Moi, j’ai mûri. Tout le monde s’est remis en question ». Ainsi est faite la vie… serait-on tenté de préciser.
 
"La Touraine, le cheval, l'Auberge du XIIème, les cèpes, le Cabernet franc... »
Débarqué en été 2009, sur les bords du Val de l’Indre, dans cette commune, Artannes sur Indre, toute aussi agréable que reposante, le couple mi alsacien- lorrain (Melle Emilie est lorraine) s’épanouit. « Avec "Emi", nous apprécions cette région. Elle nous fait penser un peu à l'Alsace. Paysage, accueil des gens... De plus, nous avons pu la découvrir précisément et intimement car nous avons des chevaux. Donc, avec ces ballades équestres, nous avons pu mieux nous fondre et connaitre la Touraine, trouver de beaux coins à cèpes… ». Ainsi ce couple attachant a fait la connaissance du bon coup de fourchette tourangeau. Tombé sous le charme, au pied du Château de Balzac, des mets succulents de l'Auberge du XIIème siècle notamment, le plaisir gustatif s'est épanoui avec la connaissance des cépages ligériens, le cabernet franc, notamment. Avec modération, cela va de soi… "En vivant retiré de Tours, nous avons lié avec un noyau d'amis avec qui nous partageons les us et coutumes tourangeaux. Cela ne fait pas oublier que nos familles sont loin. Il y aura surement un pincement quand nous regagnerons notre Alsace".

"Objectif LNH atteint..."
Toujours attablés sur cette terrasse montoise, la discussion continue. A quelques mètres, des huitres vendéennes vont bientôt nous donner rencart. Un sauvignon d'Anjou se "réfrigère" gentiment... Précieux mariage. Les yeux de notre pivot pétillent. En cuisine, des girolles luxembourgeoises (ou presque…) suent tranquillement, à feu doux pour venir garnir un poisson baptisé « Saint Pierre », sur fond de jus corsé…. Les papilles sont affutées !... "C'est cela aussi le sport : découvrir du pays, connaître autre chose..." glisse Thomas. Revenons au parquet. Le natif de Strasbourg retrace une saison riche en émotions : "Franchement, j'ai passé une saison en D2 très agréable. Le club avait affiché la montée. Objectif atteint. Et puis, il y a le contexte. Ca démarre avec la présentation de l'équipe au Domaine des Hautes Roches. Un instant inoubliable». Mais encore : « Sur le terrain, tout était paramétré. Les entrainements étaient réglés au millimètre. Après, la saison s'est déroulée comme elle se le devait. Personnellement, j'étais dans les clous jusqu'à Pontault-Combault. Ensuite, moins de temps de jeu. Des choix. Dès le départ, je connaissais la donne : "Un piv' en 1er, moi en 2ème. ». «  A l'entrainement, j'ai toujours affiché la même envie. L'essentiel était la montée de l'équipe. C’est ce que je retiens. N’est pas là le plus important". Un travail collectif en somme...

"Le Lucky Luke des sept mètres"
Quand nous évoquons cette réussite ébouriffante réalisée par notre « Lucky Luke »  sur les pointillés des «  sept mètres », avec un réel sang froid, "Pulp Fiction" Thomas se souvient : "Cela a démarré en automne contre Nancy. Intérieurement, je n'étais pas satisfait de moi-même, de mon temps de jeu. Des équipiers étaient en situation d'échec sur les «  tirets ». Je suis victime d'une faute. Pénalty. Je décide de le prendre. Derrière 5/5. J'ai pris confiance et puis, tout  s'est enchainé..." La série était en route... Un sacré coup du sort. Pensez donc. En juin 2009, François Berthier me confiait que Thomas avait fini dans les meilleurs buteurs de N1 sans s'être présenté une seule fois sur le trait... "Le sept mètres ?... » « C'est comme un petit jeu avec le gardien. Un duel qui te prend les tripes, un jeu de roulette russe... Mon plus beau, celui avec Oleg Sapronov, la montagne de Pontault. Quand il est face à toi, tu ne vois plus le cadre !... »  ironise  l'horloger de précision strasbourgeois…

"Croquer la LNH"
D'emblée, Thomas plante le décor : "Attention je ne revendique rien. Aucune exigence. C'est le travail qui primera. Maintenant, je touche à un rêve. On  m'a assez "taxé" de mon manque de physique. Aujourd’hui, je ne veux plus  passer à côté. Il ne faut pas oublier que l'envie est belle et bien là..." Bref, le message est clair... Pour mieux préciser "Sur la prépa, j’ai voulu  montrer que j’étais là, et pas forcément pour être le quinzième attitré !"...

"Le retour aux sources, Emilie, le mariage, le projet..."  
"Oui, en Juin 2011, je serai en fin de contrat". Alors, l'enfant d'Alsace passionné de football, du Racing club de Strasbourg, et ce malgré sa dégringolade en National. (Ce qui nous vaut quelques arguments de "chambrage". Quoique le président Plessis a des attaches tourangelles, compassion  donc !…), du Bayern de Munich : "Quel régal d'assister à un match là bas, avec des copains. Rien que pour l'ambiance, c'est le top!..." va regagner ses pénates. Et puis, un jour de juillet 2011, il passera la bague à l'annulaire de la douce Emilie. Un anneau synonyme d'amour et de complicité. "Elle et moi, nous avons "vadrouillé" : Sedan, Metz, Saint-Cyr. Il a fallu qu'elle se remette en question professionnellement pour me suivre. Ainsi d'ici décembre, nous préparons un investissement pour un cabinet de kiné à Hilsenheim. Enfin, nous allons nous poser... Mais l'aventure était belle..." La boucle est bouclée, alors ? Pas forcément. L'envie parcourt encore les mollets de notre "gastronome en culotte courte". "Oui, peut être un dernier challenge. Un club près de chez moi. Pourquoi pas l'Allemagne. Même à un niveau moins élevé. Histoire de voir!... Et puis, plus tard, si l'occasion se présente, entrainer. Redonner ce que l'on m'a apporté..." Le temps s'écoule. Nos "mollusques marins bivalves" nous font toujours de l'œil. Prêtes à se faire "dévorer". Nos estomacs crient "famine...". Il ne faut plus faire languir ces trésors maritimes…

Juste avant de franchir le pas culinaire, l'épicurien alsacien tient à préciser : "Je voudrais passer un message aux bénévoles du club : Qu'ils sachent bien que leur présence est précieuse et réconfortante. Donc, ils méritent un beau retour des joueurs. Nous sommes conscients et devons être reconnaissants de leur investissement, de leur soutien apporté". L'hommage est sympathique, sincère. Tout à l'honneur de Monsieur Thomas Haegeli. Un jeune homme discret, besogneux, respectueux. Fidèle à l'éducation et aux valeurs transmises par ses proches. D'ici quelques mois, une nouvelle croisée des chemins va poindre le nez. Elle sera poignante. Il sera temps de faire un dernier « S’Gilt (2) !... »  plein de fraternité.  Ainsi est faite la vie !...

(1). (Une improvisation de vos deux proganistes.  Le Picon bière est l’apéritif préféré de Thomas. Nous n’avions que de la bière corse, clin d’œil à « Titi » Oliver… Le mariage fût heureux et prolifique …)
(2). (Santé en alsacien…)
                  

Christophe Poupault
pour

Thomas Haegeli: « tout vient a point … » 

LMSL

mercredi 8 septembre 2010 - Handzone

 11 min 25 de lecture

A qui sait attendre… ». Cette citation de Clément Marot colle à merveille à Thomas Haegeli, pivot du SCT. Une sacrée destinée. Pensez donc, lui l’enfant d’Alsace. Cette terre frontalière avec le pays du handball, l’Allemagne. Oui, lui, cet amoureux de la pelote en cuir, tombé dedans dès ses premiers pas, au visage aussi jovial que juvénile, qu’une perle auriculaire illumine tout comme cette  houppette gominée qui caractérise l’emblème qu’il a sur le poitrail, « le Coq Sportif… ».

Oui. Lui, le « p'tit Thom » va enfin connaitre le parfum de la LNH, l’élixir suprême pout tout handballeur, le nectar suprême … Un aboutissement avec un coach, François Berthier, figure historique de Sélestat d’une époque où Thomas, pur produit du club, n’a pas connu  le plaisir évident pour tout alsacien : « Défendre les couleurs de sa ville en LNH… » Contre mauvaise fortune, bon cœur, c’est aujourd’hui, le SCT qui peut se féliciter de cette union… « Destinée, LNH, tu es ma destinée… »

« Une terrasse, un bloc note, deux « Picons Corses (1) », micro… »
Le décor est planté : la bande crépite. Né à quelques hectomètres du Parlement européen un jour d’août 1985, Thomas connait rapidement un destin digne d’Astérix. Tombé dans la marmite « Hand », avec un père handballeur puis arbitre, qui emmène sur tous les chemins, dans un coin de son sac, le rejeton… « J’ai toujours suivi mon papa, Marius… comme tout enfant. Un peu comme toi avec ton fils, Luc … ». « Le hand, j’ai commencé à Hilsenheim à sept-huit ans », nous glisse Thomas. L’âge de la vaccination, des rappels : Polyo, BCG. Chez les Haegeli, c’est « Hand…» Le médecin cherche encore la page où cela est mentionné dans le carnet de santé… Le « drôle » se prend au jeu. Vers quatorze  ans, direction Sélestat, l’institution locale, la référence alsacienne. Thomas gravit les marches : « -14, -16, -18 » comme on dit dans le jargon. Sport études au pôle Espoirs à Strasbourg avec notamment Mickael ROBIN, aujourd’hui, gardien de Montpellier… La voie est tracée, tel  Sébastien Loeb, un enfant voisin du pays. Thomas file son chemin et embraye : «  1ère, 2è, 3è, 4è, 5è etc… » La boîte à vitesse est rôdée, la mécanique aussi …

"La leçon de piano…"
Si bien rôdée que « Maman Claire » anticipe la technologie automobile et adopte le régulateur sur le turbo « T.H ». Précision du bolide : « Il est vrai que j’avais du jus, du gaz…comme on dit …  Toujours actif avec les copains. Le sport : hand, foot… ». Donc, « Maman Haegeli »  a joué les « Jean Todt ». Une heure par semaine, le mercredi après-midi, le « bolide d’Hilsenheim » apprend le solfège et fait ses gammes sur les touches noires et blanches. On aurait aimé être petite souris…  « Tous mes copains allaient faire des tournois et moi, piano, solfège… Allez, cela reste une belle image !… » (D’Epinal, pour rester local…) Et puis, vu le rythme effréné, « Maman Claire » qui travaille dans l’Education Nationale veille à l’avenir du fiston. « Le sport c’est bien mais il faut assurer ton avenir… » lui confesse-t’elle. « Papa Marius », qui manie aussi bien le pinceau que le sifflet, consent. Même si nous n’étions pas derrière les portes à écouter, nous devinons le discours de parents bienveillants envers  leur enfant, encore plus quand il est le seul. Précision « Oui, quand j’étais au Sport Etudes Kléber, puis à Pasteur, heureusement que  maman était là pour me dire de m’accrocher. Pour eux, c’était important d’allier études et sport. Pour moi, cela n’a pas toujours été évident… ».La crise d’adolescence de « Little Thom », pourrait-on penser ?... « Aller au lycée n’était pas  une sinécure. Je m’éclatais tellement dans le hand. En – 18 ans, avec Thierry Demangeas, un entraîneur qui m’a marqué. Nous avons connu moultes émotions. Des tournois à l’étranger.  Avec Philippe Schlatter, en pôle espoirs, nous avons été champions de France avec la génération 83. Mon meilleur souvenir en Grèce pour le championnat du monde scolaire, nous battons Lyon où évoluait Skander Bouchkara ». Bref, c’était « « Planet hand… » D’autant que le parcours du pivot sélestanien ne s’arrête pas ainsi. Centre de formation, toujours du SAHB. Nationale 2 et même une apparition en D1 à Montpellier avec François Berthier  sur le banc.

"A la croisée des chemins…"
Le cursus évoluant, il fallut trancher : « Au terme d’une discussion avec François, mon avenir n’était pas clair. Rien ne me  garantissait la LNH, au mieux 15-17è homme et plus sûrement la N2. Je n’ai pas opté pour cela…  J’ai préféré jouer la carte études.  Un bac S sur trois ans, avec des sportifs de haut niveau (neuf élèves, hand, natation, etc..) au Lycée Pasteur, toujours à Strasbourg.  La perte d’une année secondaire avec une amplitude entrainement maintenu. Donc, l’idéal… » Bac en poche, mouchoir sur un orgueil de ne pas être  pro à Sélestat, Thomas garnit le baluchon, tel un Tom Sawyer des temps modernes : Tout d’abord, cap sur Sedan en N1. « J’étais en Belgique  pour mes études de kinésithérapeute. Sedan reste un bon souvenir. Meilleur buteur de N1. Je voulais faire mon chemin. Un parcours d’études sur quatre ans afin d’assurer mon avenir après hand, et ce tout en maintenant, un certain niveau sportif. Dans un coin de ma tête, il y avait toujours le hand mais aussi ce métier de kiné que j’ai toujours aimé. Ensuite, direction Metz. Quatre saisons entre D2, N2, N1. Sur la dernière, un emploi mi-temps joueur et dans un centre de rééducation. Superbe souvenir professionnel mais aussi le début de la galère financière pour le club … ». Les  chèques « en bois » sont, parfois, un dur rappel à la réalité. Le destin du sportif peut être aléatoire, quelque fois …

"Le rêve de gosse, enfin …"
 Dans la tête de Thomas, un rêve murit toujours. « Mon diplôme de kiné dans la besace, je n’ai pas perdu l’envie de côtoyer le haut niveau. Je me suis mis sur le marché. Avec François, il y a eu contact. Nous avons échangé. Chacun de son côté, tout a été clair. Personnellement, en retrouvant François, j’ai voulu prouvé que les a priori étaient galvaudés : mon petit gabarit, etc… Oui, tout ce que j’ai pu entendre. Montrer aussi que pas mal de personnes s’étaient trompées !... » Et si le fait que la Touraine était une terre de paix, de réconciliation. Aussi, le duo Berthier-Haegeli exilé, coupé de ses repères sélestadiens, s’est peut être mieux retrouvé. On peut se poser la question : « Peut être, nous sommes dans un autre contexte » confie le résidant du Val de l’Indre. « Il est vrai que j’ai retrouvé un entraîneur plus ouvert. Moi, j’ai mûri. Tout le monde s’est remis en question ». Ainsi est faite la vie… serait-on tenté de préciser.
 
"La Touraine, le cheval, l'Auberge du XIIème, les cèpes, le Cabernet franc... »
Débarqué en été 2009, sur les bords du Val de l’Indre, dans cette commune, Artannes sur Indre, toute aussi agréable que reposante, le couple mi alsacien- lorrain (Melle Emilie est lorraine) s’épanouit. « Avec "Emi", nous apprécions cette région. Elle nous fait penser un peu à l'Alsace. Paysage, accueil des gens... De plus, nous avons pu la découvrir précisément et intimement car nous avons des chevaux. Donc, avec ces ballades équestres, nous avons pu mieux nous fondre et connaitre la Touraine, trouver de beaux coins à cèpes… ». Ainsi ce couple attachant a fait la connaissance du bon coup de fourchette tourangeau. Tombé sous le charme, au pied du Château de Balzac, des mets succulents de l'Auberge du XIIème siècle notamment, le plaisir gustatif s'est épanoui avec la connaissance des cépages ligériens, le cabernet franc, notamment. Avec modération, cela va de soi… "En vivant retiré de Tours, nous avons lié avec un noyau d'amis avec qui nous partageons les us et coutumes tourangeaux. Cela ne fait pas oublier que nos familles sont loin. Il y aura surement un pincement quand nous regagnerons notre Alsace".

"Objectif LNH atteint..."
Toujours attablés sur cette terrasse montoise, la discussion continue. A quelques mètres, des huitres vendéennes vont bientôt nous donner rencart. Un sauvignon d'Anjou se "réfrigère" gentiment... Précieux mariage. Les yeux de notre pivot pétillent. En cuisine, des girolles luxembourgeoises (ou presque…) suent tranquillement, à feu doux pour venir garnir un poisson baptisé « Saint Pierre », sur fond de jus corsé…. Les papilles sont affutées !... "C'est cela aussi le sport : découvrir du pays, connaître autre chose..." glisse Thomas. Revenons au parquet. Le natif de Strasbourg retrace une saison riche en émotions : "Franchement, j'ai passé une saison en D2 très agréable. Le club avait affiché la montée. Objectif atteint. Et puis, il y a le contexte. Ca démarre avec la présentation de l'équipe au Domaine des Hautes Roches. Un instant inoubliable». Mais encore : « Sur le terrain, tout était paramétré. Les entrainements étaient réglés au millimètre. Après, la saison s'est déroulée comme elle se le devait. Personnellement, j'étais dans les clous jusqu'à Pontault-Combault. Ensuite, moins de temps de jeu. Des choix. Dès le départ, je connaissais la donne : "Un piv' en 1er, moi en 2ème. ». «  A l'entrainement, j'ai toujours affiché la même envie. L'essentiel était la montée de l'équipe. C’est ce que je retiens. N’est pas là le plus important". Un travail collectif en somme...

"Le Lucky Luke des sept mètres"
Quand nous évoquons cette réussite ébouriffante réalisée par notre « Lucky Luke »  sur les pointillés des «  sept mètres », avec un réel sang froid, "Pulp Fiction" Thomas se souvient : "Cela a démarré en automne contre Nancy. Intérieurement, je n'étais pas satisfait de moi-même, de mon temps de jeu. Des équipiers étaient en situation d'échec sur les «  tirets ». Je suis victime d'une faute. Pénalty. Je décide de le prendre. Derrière 5/5. J'ai pris confiance et puis, tout  s'est enchainé..." La série était en route... Un sacré coup du sort. Pensez donc. En juin 2009, François Berthier me confiait que Thomas avait fini dans les meilleurs buteurs de N1 sans s'être présenté une seule fois sur le trait... "Le sept mètres ?... » « C'est comme un petit jeu avec le gardien. Un duel qui te prend les tripes, un jeu de roulette russe... Mon plus beau, celui avec Oleg Sapronov, la montagne de Pontault. Quand il est face à toi, tu ne vois plus le cadre !... »  ironise  l'horloger de précision strasbourgeois…

"Croquer la LNH"
D'emblée, Thomas plante le décor : "Attention je ne revendique rien. Aucune exigence. C'est le travail qui primera. Maintenant, je touche à un rêve. On  m'a assez "taxé" de mon manque de physique. Aujourd’hui, je ne veux plus  passer à côté. Il ne faut pas oublier que l'envie est belle et bien là..." Bref, le message est clair... Pour mieux préciser "Sur la prépa, j’ai voulu  montrer que j’étais là, et pas forcément pour être le quinzième attitré !"...

"Le retour aux sources, Emilie, le mariage, le projet..."  
"Oui, en Juin 2011, je serai en fin de contrat". Alors, l'enfant d'Alsace passionné de football, du Racing club de Strasbourg, et ce malgré sa dégringolade en National. (Ce qui nous vaut quelques arguments de "chambrage". Quoique le président Plessis a des attaches tourangelles, compassion  donc !…), du Bayern de Munich : "Quel régal d'assister à un match là bas, avec des copains. Rien que pour l'ambiance, c'est le top!..." va regagner ses pénates. Et puis, un jour de juillet 2011, il passera la bague à l'annulaire de la douce Emilie. Un anneau synonyme d'amour et de complicité. "Elle et moi, nous avons "vadrouillé" : Sedan, Metz, Saint-Cyr. Il a fallu qu'elle se remette en question professionnellement pour me suivre. Ainsi d'ici décembre, nous préparons un investissement pour un cabinet de kiné à Hilsenheim. Enfin, nous allons nous poser... Mais l'aventure était belle..." La boucle est bouclée, alors ? Pas forcément. L'envie parcourt encore les mollets de notre "gastronome en culotte courte". "Oui, peut être un dernier challenge. Un club près de chez moi. Pourquoi pas l'Allemagne. Même à un niveau moins élevé. Histoire de voir!... Et puis, plus tard, si l'occasion se présente, entrainer. Redonner ce que l'on m'a apporté..." Le temps s'écoule. Nos "mollusques marins bivalves" nous font toujours de l'œil. Prêtes à se faire "dévorer". Nos estomacs crient "famine...". Il ne faut plus faire languir ces trésors maritimes…

Juste avant de franchir le pas culinaire, l'épicurien alsacien tient à préciser : "Je voudrais passer un message aux bénévoles du club : Qu'ils sachent bien que leur présence est précieuse et réconfortante. Donc, ils méritent un beau retour des joueurs. Nous sommes conscients et devons être reconnaissants de leur investissement, de leur soutien apporté". L'hommage est sympathique, sincère. Tout à l'honneur de Monsieur Thomas Haegeli. Un jeune homme discret, besogneux, respectueux. Fidèle à l'éducation et aux valeurs transmises par ses proches. D'ici quelques mois, une nouvelle croisée des chemins va poindre le nez. Elle sera poignante. Il sera temps de faire un dernier « S’Gilt (2) !... »  plein de fraternité.  Ainsi est faite la vie !...

(1). (Une improvisation de vos deux proganistes.  Le Picon bière est l’apéritif préféré de Thomas. Nous n’avions que de la bière corse, clin d’œil à « Titi » Oliver… Le mariage fût heureux et prolifique …)
(2). (Santé en alsacien…)
                  

Christophe Poupault
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