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France-Algérie : les deux frères « enn..amis »

Mondial

samedi 23 juillet 2011 - © Yves Michel

 4 min 44 de lecture

L’un est aussi réservé que l’autre est expansif. Nicolas Zens, le Montpelliérain retrouve en Grèce son pote de toujours de la Robertsau et du pôle de Strasbourg, Lotfi Hamadi, l’Algérien. Jusque là, ils se croisaient au restaurant, dans les couloirs, dans l’ascenseur, ce dimanche sur le coup de 15h,  ils seront face à face, déterminés à se qualifier pour un quart de finale.

Leur histoire n’est pas née d’hier. Elle remonte à l’adolescence, aux années collège à Strasbourg, avant que les deux ne se retrouvent dans le même club de la Robertsau. « A l’époque, confirme Nicolas, on se tirait la bourre. Et déjà à 12 ans, Lotfi énervait ses adversaires. C’était et c’est toujours un chambreur de 1ère » Un tantinet espiègle, toujours le sourire au coin des lèvres comme pour mieux désarmer son interlocuteur, Lotfi Hamadi ne tarit pas d’éloges au sujet de son ami. « Chez Nico, ce qui m’a étonné d’entrée, c’est son sang froid. Il avait déjà une technique au dessus de tous les autres. ». Le Pôle de Strasbourg, la Robertsau, le chemin des deux amis se sépare en 2008, lorsque le gardien de buts algérien signe à Istres et le Français au centre de formation de Montpellier. Les contacts ne sont pas rompus mais chacun choisit son destin. Les lignes auraient pu se recroiser lorsque Lotfi est repéré par la détection française. « J’ai fait un stage « pouponnière » peu convaincant en 2006  puis en 2007, je me rappelle d’un rassemblement où contre les Allemands, j’ai fait trois super matches. Il y a eu Merzig en décembre 2008, je me suis cassé deux doigts et je n’ai plus été rappelé » Et comme l’Algérie est à la recherche d’un gardien de bon niveau, celui qui entre temps a signé à Colmar en division 2, débarque en Tunisie, à la veille du Mondial cadets 2009. Sans s’être rencontrées, la France terminera 9ème, l’Algérie, 14ème.

Nicolas Zens lui, est passé par toute la filière fédérale. Pouponnière, sélection cadets et donc, juniors. Le garçon est d’ailleurs le « vétéran » de l’équipe. C’est avant tout, un joueur de devoir. « Quand je suis sorti de Strasbourg, j’ai perçu mon arrivée à Montpellier comme une chance. Avec le petit gabarit que j’ai, qu’on me fasse confiance est une marque de reconnaissance » L’an passé à l’Euro slovaque, l’Alsacien avait évolué à peine plus d’une heure. Cette année,sa mission sera similaire. Nicolas est dans un rôle de soutien, de finisseur et de stabilisateur. L’expérience acquise au fil des matches à Montpellier lorsque Patrice Canayer lui a fait confiance, pourrait être très précieuse ce dimanche après-midi, contre l’Algérie. Lotfi  lui, est en admiration devant son camarade « Quand tu vois ton pote signer à Montpellier, tu ne peux que l’envier. A Istres où je suis resté une saison, ce n’était pas pareil » Après son expérience colmarienne, le gardien de buts franchit le Rhin et s’installe à Willstätt, à 20 km de la frontière. Il s’y sent tellement bien qu’il vient de signer pour deux années supplémentaires. Dans sa tête, le match contre la France et son pote Nico, a commencé. « Je vais lui mettre la misère s’il s’approche trop près de mon but »

D’un coup d’un seul, le discours de Lotfi Hamadi se fait moins badin. Comme si un doute venait de traverser son esprit. « L’équipe d’Algérie a de super joueurs et le groupe en lui-même s’entend bien mais l’ambiance est pourrie par un membre du staff (NDLR l’entraîneur des gardiens)  qui n’arrête pas de nous dévaloriser, Kader et moi. Kader Rahim évolue à Nancy, moi en Allemagne et il nous a dit à plusieurs reprises, qu’on était des immigrés et qu’il ne nous aimait pas.» Curieux comportement de la part d’un éducateur sensé porter des valeurs et contribuer à la cohésion d’un groupe. « Je vis actuellement la pire expérience handballistique de mon existence. Je vous assure que la seule raison qui me fait rester et qui me donne la pêche, c’est ce match contre la France ». L’heure tourne, Lotfi est obligé de nous quitter, pour ne pas encore un peu plus risquer de détériorer l’ambiance, il est hors de question d’arriver en retard au déjeuner.  Tout cela sous le regard médusé de Nicolas Zens, contrarié tout de même par ce qui arrive à son ami mais déterminé à ne lui faire aucun cadeau. «Il faudra se méfier de l’Algérie avec son système défensif en 3/3. Il ne faudra pas jeter les ballons trop vite, plutôt avoir des points d’appui. Mais on va travailler tout ça. Et puis, on a des joueurs qui savent courir. »

France-Algérie, une affiche inédite dans cette catégorie d’âge. Un match qui pourrait prendre des allures de combat sans merci. Ce samedi  après-midi, la journée a été studieuse. Débriefing du match de la veille, séance vidéo et surtout mise en place tactique. Comment contrer cette fameuse défense étagée à 3 hommes, invention de l’Allemagne de l’Est dans les années 70 et remise à la sauce algérienne par Aziz Derouaz, l’ex-sélectionneur national dans les années 80. La 3/3, ce système morphologique qui consiste à aller perturber l’adversaire au milieu de terrain. La guerre des nerfs a commencé.

Retrouvez dès à présent les anecdotes autour du Mondial juniors sur http://totalhand.canalblog.com . Avec en prime, le « Mahétoscope », à l’intérieur du groupe France, comme si vous y étiez grâce à Kentin Mahé !

De notre envoyé spécial à Thessalonique

France-Algérie : les deux frères « enn..amis »  

Mondial

samedi 23 juillet 2011 - © Yves Michel

 4 min 44 de lecture

L’un est aussi réservé que l’autre est expansif. Nicolas Zens, le Montpelliérain retrouve en Grèce son pote de toujours de la Robertsau et du pôle de Strasbourg, Lotfi Hamadi, l’Algérien. Jusque là, ils se croisaient au restaurant, dans les couloirs, dans l’ascenseur, ce dimanche sur le coup de 15h,  ils seront face à face, déterminés à se qualifier pour un quart de finale.

Leur histoire n’est pas née d’hier. Elle remonte à l’adolescence, aux années collège à Strasbourg, avant que les deux ne se retrouvent dans le même club de la Robertsau. « A l’époque, confirme Nicolas, on se tirait la bourre. Et déjà à 12 ans, Lotfi énervait ses adversaires. C’était et c’est toujours un chambreur de 1ère » Un tantinet espiègle, toujours le sourire au coin des lèvres comme pour mieux désarmer son interlocuteur, Lotfi Hamadi ne tarit pas d’éloges au sujet de son ami. « Chez Nico, ce qui m’a étonné d’entrée, c’est son sang froid. Il avait déjà une technique au dessus de tous les autres. ». Le Pôle de Strasbourg, la Robertsau, le chemin des deux amis se sépare en 2008, lorsque le gardien de buts algérien signe à Istres et le Français au centre de formation de Montpellier. Les contacts ne sont pas rompus mais chacun choisit son destin. Les lignes auraient pu se recroiser lorsque Lotfi est repéré par la détection française. « J’ai fait un stage « pouponnière » peu convaincant en 2006  puis en 2007, je me rappelle d’un rassemblement où contre les Allemands, j’ai fait trois super matches. Il y a eu Merzig en décembre 2008, je me suis cassé deux doigts et je n’ai plus été rappelé » Et comme l’Algérie est à la recherche d’un gardien de bon niveau, celui qui entre temps a signé à Colmar en division 2, débarque en Tunisie, à la veille du Mondial cadets 2009. Sans s’être rencontrées, la France terminera 9ème, l’Algérie, 14ème.

Nicolas Zens lui, est passé par toute la filière fédérale. Pouponnière, sélection cadets et donc, juniors. Le garçon est d’ailleurs le « vétéran » de l’équipe. C’est avant tout, un joueur de devoir. « Quand je suis sorti de Strasbourg, j’ai perçu mon arrivée à Montpellier comme une chance. Avec le petit gabarit que j’ai, qu’on me fasse confiance est une marque de reconnaissance » L’an passé à l’Euro slovaque, l’Alsacien avait évolué à peine plus d’une heure. Cette année,sa mission sera similaire. Nicolas est dans un rôle de soutien, de finisseur et de stabilisateur. L’expérience acquise au fil des matches à Montpellier lorsque Patrice Canayer lui a fait confiance, pourrait être très précieuse ce dimanche après-midi, contre l’Algérie. Lotfi  lui, est en admiration devant son camarade « Quand tu vois ton pote signer à Montpellier, tu ne peux que l’envier. A Istres où je suis resté une saison, ce n’était pas pareil » Après son expérience colmarienne, le gardien de buts franchit le Rhin et s’installe à Willstätt, à 20 km de la frontière. Il s’y sent tellement bien qu’il vient de signer pour deux années supplémentaires. Dans sa tête, le match contre la France et son pote Nico, a commencé. « Je vais lui mettre la misère s’il s’approche trop près de mon but »

D’un coup d’un seul, le discours de Lotfi Hamadi se fait moins badin. Comme si un doute venait de traverser son esprit. « L’équipe d’Algérie a de super joueurs et le groupe en lui-même s’entend bien mais l’ambiance est pourrie par un membre du staff (NDLR l’entraîneur des gardiens)  qui n’arrête pas de nous dévaloriser, Kader et moi. Kader Rahim évolue à Nancy, moi en Allemagne et il nous a dit à plusieurs reprises, qu’on était des immigrés et qu’il ne nous aimait pas.» Curieux comportement de la part d’un éducateur sensé porter des valeurs et contribuer à la cohésion d’un groupe. « Je vis actuellement la pire expérience handballistique de mon existence. Je vous assure que la seule raison qui me fait rester et qui me donne la pêche, c’est ce match contre la France ». L’heure tourne, Lotfi est obligé de nous quitter, pour ne pas encore un peu plus risquer de détériorer l’ambiance, il est hors de question d’arriver en retard au déjeuner.  Tout cela sous le regard médusé de Nicolas Zens, contrarié tout de même par ce qui arrive à son ami mais déterminé à ne lui faire aucun cadeau. «Il faudra se méfier de l’Algérie avec son système défensif en 3/3. Il ne faudra pas jeter les ballons trop vite, plutôt avoir des points d’appui. Mais on va travailler tout ça. Et puis, on a des joueurs qui savent courir. »

France-Algérie, une affiche inédite dans cette catégorie d’âge. Un match qui pourrait prendre des allures de combat sans merci. Ce samedi  après-midi, la journée a été studieuse. Débriefing du match de la veille, séance vidéo et surtout mise en place tactique. Comment contrer cette fameuse défense étagée à 3 hommes, invention de l’Allemagne de l’Est dans les années 70 et remise à la sauce algérienne par Aziz Derouaz, l’ex-sélectionneur national dans les années 80. La 3/3, ce système morphologique qui consiste à aller perturber l’adversaire au milieu de terrain. La guerre des nerfs a commencé.

Retrouvez dès à présent les anecdotes autour du Mondial juniors sur http://totalhand.canalblog.com . Avec en prime, le « Mahétoscope », à l’intérieur du groupe France, comme si vous y étiez grâce à Kentin Mahé !

De notre envoyé spécial à Thessalonique

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