Quand après 14 ans de présidence mais surtout 29 ans de présence au club, Robert Molines, un des fondateurs du Montpellier Agglomération Handball a émis le vœu de prendre du recul, Rémy Lévy a répondu présent. Cet avocat d’affaires et de droit du sport de 55 ans, ancien footballeur de bon niveau régional s’était rapproché de la famille du hand voilà 5 ans. Il est aussi le tout nouveau président de l’UCPH (Union des Clubs Professionnels)
Rémy Lévy est donc un des nouveaux visages du handball français. Il est aussi le 3ème président de Montpellier Agglomération après Jean-Paul Lacombe, décédé en 1997 et Robert Molines qui reste dans le club comme représentant auprès des instances internationales. Rémy Lévy va travailler dans la continuité de ce qui a été (bien) fait jusque-là en apportant entre autres, ses connaissances d’homme de loi. Début juillet, il a également succédé au regretté Nicolas Bernard, à la tête de l’Union des Clubs Professionnels (clubs de D1 et de D2 masculine).
Comment se sont passées ces premières semaines à la tête du meilleur club français ?
C’est avant tout une grande fierté que d’accéder à une telle charge et succéder à Robert Molines qui était là, tout comme Bernard Eugster (« le Monsieur Finances du Club » qui est toujours aux affaires), lors de la fondation du club. L’état d’esprit du départ a été conservé et c’est ce qui m’a plu. Je travaille à un très haut niveau avec des gens qui sont restés très humbles et qui ne se prennent pas la tête. Sans oublier bien entendu, Patrice Canayer qui a un grand rôle dans l’organisation du club.
Le haut niveau est exigeant. Qu’est-ce qui peut encore être amélioré ?
Nous avançons d’année en année. L’arrivée de l’Arena la saison passée nous a fait basculer dans une autre dimension. C’est un outil merveilleux. Le développement du club se poursuit avec par exemple, la mise en place d’un service médical de haut niveau. La saison dernière, pour la 1ère fois, nos ressources propres ont été supérieures au montant des subventions. Nos partenaires institutionnels restent fidèles et nous avons de plus en plus de partenaires privés de taille nationale. Cette saison, nous repartons avec le même budget que la saison écoulée (6,7 millions d’euros) ce qui, par les temps qui courent est assez méritoire en raison de la crise économique.
Un budget maîtrisé, c’est rare lorsqu’on compare à l’Espagne et même à certains clubs allemands….
Nous sommes attentifs à ce qui se passe à l’étranger avec deux modèles complètement différents. L’Espagne, ce sont des clubs qui à part le Barça reposent souvent sur la volonté d’une personne, d’un mécène, ce qui explique pour certains, une évidente fragilité, l’Allemagne représente un véritable modèle économique avec des actionnaires, des clubs structurés, des salles… Maintenant en France, même si c’est une institution souvent décriée, le sport professionnel a mis en place les DNACG et cela a au moins l’intérêt de ne pas laisser filer les choses et d’inciter les dirigeants à respecter les budgets. Mais je crois qu’il faut rester vigilant, le risque dans le sport, c’est de partir dans des investissements déraisonnés, de confondre le casino et l’activité sportive.
Montpellier, est un OVNI à part ?
Je ne crois pas qu’il y ait d’esprit de fronde à Montpellier. Notre voix porte un petit peu plus haut et l’écoute que vous y portez est peut-être plus attentive que pour les autres clubs….
Vous êtes quand même parti en croisade contre l’idée des play-offs qui pourraient voir le jour la saison prochaine, parlant même de machine de guerre contre Montpellier…
Non, ce n’est pas tellement l’idée des play-offs qui est gênante. Si cela peut mener à quelque chose d’intéressant, dans le spectacle et l’organisation du championnat, sous réserves de trouver des dates supplémentaires, pourquoi pas ! Il y a eu un débat au sein des clubs professionnels à ce propos et l’ensemble des clubs, deux années de suite, s’est prononcé contre le principe des play-offs.
Mais les play-offs, cela casserait la routine non ?
En fait, le seul bémol pour les play-offs, c’est qu’il y a dans les cartons, une idée consistant à jouer la finale sèche à Paris. Je peux comprendre que pour le handball français, une finale à Bercy, c’est quelque chose de beau, nous l’avons vu avec la finale de la Coupe de France mais nous pensons pour notre part que le championnat c’est la régularité et que la régularité c’est le classement sur la durée. Il faut donc réfléchir à une formule qui fasse une sorte de synthèse.
Quels sont les objectifs, cette saison ?
Au niveau des investissements du club, c’est garder notre suprématie nationale et arriver à articuler les compétitions françaises et la Ligue des Champions. Je crois que l’erreur, les deux dernières années, a été de focaliser sur l’arrivée au Final Four comme si c’était une fin en soi pour ensuite faire un petit tour de figuration, sans plus. Est-ce que cela a mis une barre un peu difficile à franchir ? Il faut être ambitieux, il faut s’en donner les moyens mais admettre aussi que le sport n’est pas une science exacte, que la concurrence en Europe est très importante. Nous avons peut-être au niveau européen une profondeur de banc à améliorer. Nous y travaillerons.
Propos recueillis par