L’an dernier, par deux fois, Montpellier avait atomisé les Suédois de Sävehof (+12 et +13). En revanche, Chambéry n’avait pas pesé bien lourd à Kiel (-12) avant de faire meilleure figure, au match retour (-2). Cette fois, les rôles sont inversés. Les Allemands sont dans le groupe des Héraultais, les Suédois, adversaires des Savoyards.
A Chambéry, la courte défaite de samedi à Barcelone (28-25) est encore dans toutes les têtes. A ceux qui leur prédisaient la foudre, les Savoyards ont répondu crânement en verrouillant d'abord, le pointillé de leur zone. Et il a suffi d’un grand gardien de buts (Danijel Saric) dans les cages catalanes et six jets de 7 m détournés, pour contrecarrer ce qui aurait été un authentique exploit. «Je ne sais pas si dans notre carrière, une telle occasion va se représenter, pestait Philippe Gardent. Franchement, l’exploit nous tendait les bras et on ne peut s’en prendre qu'à nous-mêmes. On est forcément déçus mais c’est vrai qu’en terme de qualité de jeu, c’était très intéressant.» Avant donc d’accueillir les Suédois de Sävehof, il y a eu cette semaine, un petit détour par la LNH et au Phare, un succès haut la main contre Créteil (29-21), ce qui a conduit le technicien savoyard à composer avec la répétition des rencontres. «Inutile de tirer sur les organismes entre les matches. Aux entraînements, on a marié la récupération et les soins avec un travail plus tactique que physique. » Le dispositif chambérien se met peu à peu en mouvement et avec le retour de Bertrand Roiné qui était absent en Espagne et qui a donc fait, sa rentrée mercredi en championnat, Philippe Gardent dispose d’une rotation supplémentaire sur la base arrière. Même si la prestation de l’international ne l’a pas encore totalement convaincu.«C’était son retour après plus de 8 mois sans compétition donc c’est tout à fait normal qu’il éprouve encore des difficultés. On va le solliciter progressivement et de plus en plus longtemps pour qu’il pèse plus sur le jeu. »
Dimanche, dans un Phare qui ne sera pas totalement garni, les supporters chambériens espèrent célébrer le premier succès de leur équipe cette saison, en Ligue des Champions. Sävehof s’est invité à la compétition après un 1er tour de qualification plutôt relevé au cours duquel le club de la banlieue de Göteborg s’est débarrassé des Turcs du Besiktas et des Biélorusses de Minsk. Le week-end dernier, les Suédois ne se sont inclinés à Zagreb que de 4 buts, ce qui incite Philippe Gardent à la plus grande prudence. « C’est quand même une petite référence quand on sait la difficulté de jouer à Zagreb. Maintenant, ce serait mentir de dire que c’est du calibre de Barcelone ou de Rhein Neckar mais c’est une équipe à prendre vraiment au sérieux parce qu’elle est jeune, dense et au handball, les Suédois, il faut toujours s’en méfier comme de la peste.» Avant d'effectuer la semaine prochaine, un double déplacement, mercredi à Istres (5ème journée de D.1) puis samedi à Sarajevo en Ligue des Champions, la victoire est donc impérative pour Laurent Busselier et ses coéquipiers s’ils veulent bien figurer cette saison dans la compétition européenne.
En mai dernier, pour la 1ère fois en cinq saisons, Kiel n’a pas été au rendez-vous des demi-finales de la Ligue des Champions, ni d’ailleurs sur la plus haute marche de la Bundesliga. Handicapé par des blessures aux plus mauvais moments, le club allemand ne s’est contenté que de miettes avec la Coupe et la Supercoupe d'Allemagne. Cette saison, changement d’ambiance : les éclopés sont de retour, en pleine forme et l’ambition est décuplée. D’où un démarrage tonitruant en championnat (7 victoires en autant de matches) pendant que le rival historique, le Hambourg des frères Gille perdaient des plumes (déjà deux défaites après 7 rencontres). Ce qui fait dire à Nikola Karabatic dans les colonnes du Kieler Nachrichten, « Kiel n’est pas un favori mais LE favori de la Ligue des Champions. Lorsque le moteur tourne à plein régime, Kiel est une machine ! » Qui mieux que Niko connait les rouages du club allemand ? C’est dans ce même journal local qu’il est revenu sur les quatre saisons passées à Kiel en compagnie de son pote Vid Kavticnik. Quatre saisons où ensemble, ils ont tout gagné mais dont l'épilogue laisse un goût amer, le capitaine de Montpellier n’ayant pas apprécié le sort réservé à son entraîneur des années fastes, le Croate Serdarusic, impliqué peut-être à tort (c'est à la justice d'en décider) dans une affaire de matches truqués. «Si Noka était resté, nous serions restés, Vidko et moi. C’est là-bas que nous sommes devenus de vrais joueurs de handball mais mon cœur ne bat plus pour Kiel. » Mais l’arrière international s’empresse de rajouter: «Je suis devenu sportif de haut niveau pour jouer des matches comme celui de dimanche »
Car il est là l’intérêt de l’escapade à plus de 1500 km de Bougnol. Se mesurer à une équipe qui compte dans ses rangs les meilleurs spécialistes du handball européen et retrouver par la même occasion, les amis de l’équipe de France, Titi Omeyer, futur montpelliérain en 2013 ou avant, et Daniel Narcisse qui pourrait lui emboîter le pas.
« On est content d'être à Kiel, avoue Patrice Canayer, c’est un match de très haut niveau, excitant à jouer. On connait la difficulté de les affronter et qui plus est, dans leur salle. Maintenant on a montré ces dernières années, notamment en Allemagne, qu’on était capable d’aller faire des résultats et de voyager. » Les supporters héraultais ont bien-sûr en mémoire la victoire contre Rhein Neckar Löwen en avril dernier mais aussi le cuisant revers lors du match retour à l'Arena. Depuis le sacre en 2003, Montpellier a dû refaire ses gammes en Ligue des champions, même si l’objectif est dans un premier temps de se qualifier pour le Final Four et ensuite, remporter l’épreuve. « On n’est pas favori contre Kiel, conçoit le technicien montpelliérain, mais honnêtement, aucune équipe ne m’impressionne. Dans un bon jour, nous sommes capables de battre n’importe qui, même à l’extérieur. Il faut qu’on fasse attention de ne pas mettre une charge émotionnelle trop importante sur ce match. Ce n’est que la 2ème journée dans cette compétition. » Certes en Ligue des Champions, peu de formations sont allées réaliser un exploit dans la Sparkassen Arena devant plus de 10 000 spectateurs. Sur les cinq dernières saisons, seules feu Ciudad Real et Barcelone (à deux reprises) y sont parvenues. Dont acte !
Mémento européen
Omeyer le plus récompensé. Sur la carte de visite déjà bien remplie du gardien de l’équipe de France et de Kiel figurent trois ligues des Champions en 2003,2007 et 2010. Nikola Karabatic et l’Allemand Christian Zeitz ont remporté l’épreuve à deux reprises.
Guigou le plus capé. Douzième tournée en Ligue des Champions pour l’ailier gauche de Montpellier. Mika devance Duggie Bojinovic, Nikola Karabatic et Titi Omeyer (Kiel) qui totalisent tous les trois, onze participations. Du côté de Chambéry, Laurent Busselier et Cyril Dumoulin avec respectivement 9 et 7 campagnes tiennent le pompon.
Oppositions en tout genre. Si Chambéry-Sävehof est une affiche inédite, Montpellier a rencontré Kiel à plusieurs reprises en Ligue des Champions en aller et retour. Quatre matches et… quatre succès pour les Allemands en 1999/2000 (+4 à Bougnol, +6 à Kiel), en 2007/2008 (+2 à Montpellier, +8 au retour). La dernière fois que les deux équipes se sont affrontées… c’était cet été à la mi-août , en tournoi de préparation, à Lemgo: défaite des Héraultais 33-35.
Barcelone, Zagreb et Leon profitent. Dans le groupe A (Chambéry), Barcelone n'a pas eu la partie facile pour s'imposer à Schaffhausen 26-30 (l'Allemand champion du Monde juniors et arrière gauche de Kadetten, Christian Dissinger s'est blessé au genou - rupture des ligaments croisés). Zagreb a cartonné Sarajevo, 33-19. Dans le groupe D (Montpellier), Ademar Leon, l'équipe d'Adrien Di Panda s'est imposée face au Partizan Belgrade, 33-28.