Ca y est ! Le match couperet des 8° de finale est passé et après avoir eu plus que peur pendant 50 minutes, le handball français est soulagé et heureux. Non seulement les Tricolores sont en quart de finale du Mondial, non seulement elles ont à minima leur ticket pour le tournoi de qualification pour les JO, mais en plus elles ont donné rendez-vous mercredi aux championnes du monde russes pour une sacrée revanche de la finale de 2009 en Chine.
Mais cette revanche, longtemps on a pensé qu’elle ne serait pas d’actualité… A la peine en défense que ce soit sur le côté droit avec un duo Wiel Freden à l’aile et Johansson derrière ou plus tard sur les relations d’Isabelle Gullden avec ses pivots, la défense bleue ne trouvait pas les bons ajustements pour contrer l’attaque des Scandinaves. Heureusement que Linnéa Torstensson ne trouvait pas les solutions de tirs, car rapidement les choses auraient pu être très complexes à gérer. Mais pour palier les soucis défensifs qu’Amandine Leynaud ne pouvait résoudre à elle seule malgré quelques superbes arrêts, la France trouvait quelques jolies solutions via les arrières dans l’intervalle externe ou encore avec des ailières qui faisaient plus que proprement le boulot. Mais le moindre échec, la moindre maladresse se payait cash à chaque fois et tous les efforts fournis pour revenir dans la roue des Suédoises se voyaient anéantis par un tir mal cadré ou trop facile pour des gardiennes suédoises pourtant peu en verve ou par une perte de balle, encore trop souvent le péché mignon des Bleues.
La Suède promenait sa bonne santé en étant devant au score de 2 ou 3 unités et Olivier Krumbholz avait beau chercher les solutions pour contrer cela, rien n’y faisait vraiment. L’entrée d’Audrey Bruneau n’était pas payante, celle de Marie Paule Gnabouyou encore pire et comme au premier tour, les pivots n’arrivaient pas à trouver les bons espaces pour avoir des ballons.
Il était clair que pour déstabiliser la 6-0 adverse, il fallait du tir à longue portée et que dans le domaine, la blessure de Mariama Signate pesait lourd. Alors les cadres ont sorti les griffes… Tout d’abord Camille Ayglon permettre à la France de ne pas sombrer complètement au retour des vestiaires, puis Alexandra Lacrabère positionnée en demi-centre va distribuer les caviars, dont notamment à une Alisson Pineau replacée elle en arrière gauche, à la messine, pour le plus grand bonheur des rêves bleus. Alors une attaque qui trouve enfin les bonnes relations, il fallait que la défense se mette au diapason pour faire basculer cette rencontre qui visiblement ne le voulait pas. Là, dans le domaine, les Bleues s’en remettent au feeling d’Olivier Krumbholz ! Un passage en 5-1 bien senti, l’entrée en jeu de Cléopâtre Darleux décisive et le tour était presque joué, les Suédoises peinaient de plus en plus à marquer.
Il n’en fallait pas plus pour que les Françaises deviennent les reines du terrain avec la rage de ne pas laisser tomber qui les caractérise. En tête de cette révolte ultime, une Paule Baudouin qui comme à son habitude n’a rien raté, une Alexandra Lacrabère qui va se jeter dans quelques intervalles faisant fit des centimètres et des kilos suédois et une Alisson Pineau trop rapide pour se faire attraper par une défense qui commençait à sentir le poids des minutes et pour plier l'affaire, on retrouvait uen Nina Kanto plus lionne que jamais. Même si Linnéa Torstensson va trouver quelques espaces, si Cécilia Grubbstrom va faire deux ou trois arrêts importants, plus rien ne pouvait empêcher les Bleues de rester à Sao Paulo pour défier les Russes. Pourtant, à 18-14 à la 40° pour la Suède, les billets d’embarquement pour le Rio – Paris étaient déjà imprimés.
Le plus stressant est passé, maintenant face à la Russie qui ne s’est offert que des ballades depuis le début de ce championnat du monde brésilien, les Françaises n’auront vraiment plus rien à perdre. Une victoire et la route vers une médaille serait grande ouverte et pourquoi pas avec un titre au bout, une défaite et de toute façon le plus compliqué avait été fait, et face à ce rouleau compresseur qu’est la Russie, il ne faudra pas avoir de regrets. Il ne restera qu’a s’offrir la meilleure place possible pour, pourquoi pas, organiser un TQO à la maison !
A Sao Paulo, Ibirapuera Gymnasium
Le ludi 12 décembre à 14h30
Suède - France : 23 - 26 (Mi-temps : 15-12)
400 Spectateurs
Arbitres :
MM GUBICA M et MILOSEVIC B (Serbie)
Statistiques du match
Evolition du score : 3-2 5°, 6-5 10°, 9-7 15°, 11-8 20°, 13-11 25°, 15-12 MT - 16-13 35°, 18-14 40°, 20-17 45°, 21-21 50°, 21-24 55°, 23-26 60°
Les réactions:
Olivier KRUMBHOLZ (entraîneur de l’équipe de France) : « Cette victoire, je crois que je m’en souviendrai longtemps, parce qu’on a joué ce match dans un contexte difficile. D’abord on a loupé la première place du groupe, et on s’en veut car elle nous aurait offert un parcours plus facile. Ensuite il y a eu la très mauvaise nouvelle de tomber contre la Suède en huitième, car je reste persuadé que c’est la meilleure équipe du groupe D même si elle ne l’a pas forcément démontré en poule. Enfin, la goutte d’eau, c’est la blessure de Mariama… La Suède a nettement mieux joué qu’en poule. Notre défense 1-5 et le positionnement d’Allison Pineau comme arrière gauche leur a fait très mal. On a mis du temps à trouver le bon dispositif, les six bons défenseurs, mais on y est finalement arrivé. Elles ont alors commencé à douter et ne s’en sont jamais remises. Alexandra Lacrabère a été super, en plus elle a défendu intelligemment, mais on n’est pas surpris, ça fait des mois que c’est la meilleure à l’entraînement. On a été cherché cette victoire dans le dernier quart d’heure parce qu’on était plus fort physiquement. »
Siraba DEMBELE (ailière gauche des Bleues) : « L’une de nos forces, c’est qu’on ne se défait pas dans les grands moments. On sait être présentes, on n’a jamais paniqué alors qu’on a été menées pendant 45 minutes et qu’elles sont revenues à un but sur la fin. On est restées tranquilles, c’était la clé. Contre le Brésil on n’avait pas su répondre à l’impact physique. Mais là c’était un match éliminatoire, et c’est pour ça qu’on est revenues. Et puis il était hors de question de rentrer en France alors qu’il commence seulement à faire beau à Sao Paulo ! »
Cléopâtre DARLEUX (gardienne de but des Bleues) : « Ouf… C’est d’abord un soulagement, on est super contentes, on a toutes envie de sauter partout, la pression est en train se relâcher. On n’est jamais vraiment rentrées dans le match. On a subi quand elles nous mettaient des coups et nous marchaient dessus. On s’est révoltées toutes ensembles. En deuxième mi-temps on a rendu tous les coups qu’elles nous avaient mis en première. On avait la pression. Dans le vestiaire avant le match, il n’y avait pas un bruit. La blessure de Mariama nous a fait mal aussi, on n’arrivait pas à mettre les buts en première période. Contre la Russie je pense qu’on sera plus déterminées d’entrée de jeu, car on sait qu’on n’y arrivera pas contre elles si on ne rentre pas tout de suite dedans. »
Audrey DEROIN (ailière droite des Bleues) : « Il y a beaucoup de joie, beaucoup de bonheur. Cette équipe de France met sans arrêt du suspense. C’est comme dans les films d’action, on est persuadé qu’il va se passer un truc et finalement il se passe autre chose. Nous c’est pareil, on est capable de tout… Pour le quart de finale, je pense que la Russie aura plus peur de nous que nous d’elles. On revient de loin. Elles étaient dans les tribunes, elles ont vu ce dont on était capables. Je suis persuadée qu’on peut le faire. On ne va pas s’arrêter là. »