Alors que les Européens terminent leur préparation pour leur compétition en Serbie, les sélections africaines participent dès ce mercredi au Maroc, à la 20ème édition de la CAN. La Tunisie chez les garçons et l’Angola, chez les filles tenteront de conserver leur titre acquis il y a deux ans en Egypte et surtout, décrocher une qualification directe pour les J.O de Londres, fin juillet. Jalel Touati le Tunisien et Mohammed Mokrani, l'Algérien (réunis sur notre photo de tête) défendront les couleurs de leur pays.
Dire que tout un pays se passionne pour le handball serait largement exagéré. A la Une des pages Sport des journaux marocains, le football se taille la part du lion. Le handball n’a pratiquement pas droit de citer. La 20ème Coupe d’Afrique des Nations s’ouvre ce mercredi à Rabat dans l’anonymat le plus complet. Pas la moindre banderole, pas la moindre affiche et à moins d’un miracle, il est à craindre que les matches programmés pendant dix jours se déroulent devant une assistance clairsemée. C’est d’autant plus dommageable que cette compétition revêt cette année, un enjeu crucial, le vainqueur obtenant directement un billet pour les Jeux Olympiques de Londres, et le finaliste, le droit de participer à un des tournois de qualification olympique.
Si le favori chez les filles est clairement identifié puisque les Angolaises et leurs 10 titres consécutifs paraissent intouchables, l’issue du tournoi masculin parait plus indécise. Même si les tenants tunisiens font figure de favoris, la concurrence s’organise et des nations comme l’Egypte et l’Algérie se placent comme de réels prétendants.
La Tunisie dans le viseur de l'Egypte et de l'Algérie
Depuis sa victoire en finale de la dernière CAN en Egypte contre le pays hôte, la Tunisie n’a pas convaincu. Et même si entre temps, à la faveur d’un Mondial juniors terminé avec une médaille de bronze autour du cou, le sélectionneur Alain Portes (notre photo) a injecté une bonne dose de jeunesse, son équipe reste sur des résultats mitigés pour ne pas dire… médiocres. 3èmes des derniers Panarabes après une surprenante défaite contre le Qatar (20-22), les Tunisiens ont enchainé le week-end dernier sur deux revers face à l’Argentine (23-25) et l’Espagne (21-35). « C’est assez inquiétant mais on termine la préparation et certains gars n’avaient jamais joué ensemble auparavant, constate Alain Portes. Ce qui me chagrine en revanche, c’est qu’on a de gros problèmes d’indiscipline. A la CAN, un manque de rigueur sera inévitablement fatal. Les arbitres ne nous feront pas de cadeau. » Pourtant, après moult négociations, le Nîmois a récupéré tout l’effectif dont il pouvait rêver. En tête bien-sûr, la cohorte des nationaux évoluant en France avec le Dunkerquois Touati, les Montpelliérains Tej et Hmam, le Toulousain Ayed, les Nantais Gharbi et Maggaiez, l’Ivryen Bousnina et le Raphaëlois Megannem qui encadrent des jeunes (Boughamni, Bannour, Alouini, Sanai, Toumi) au talent prometteur. « Pour certains anciens, ce sera la dernière CAN, précise l’entraîneur national, il y a peut-être aussi les Jeux au bout. La compétition sera très suivie dans le pays et les joueurs ont le devoir de ne pas décevoir. » Alain Portes qui entame vraisemblablement son dernier semestre à la tête de la sélection tunisienne avant un retour en France aimerait bien clôturer son périple de trois ans par une qualification pour les J.O, 20 ans après y avoir participé avec les fameux Bronzés de Barcelone.
Pour la Tunisie, le danger est clairement identifié. En tout premier lieu, l’éternel rival égyptien qui sort d’une intense préparation et d’un bilan en demi-teinte avec deux défaites contre la Russie et un succès et un revers contre la Norvège. Mais l’Egypte, humiliée il y a deux ans, chez elle, au Caire en finale de la CAN veut obtenir sa revanche. Autre prétendant, l’Algérie qui cherche à renouer avec un lustre d'antan mais dont le sort est incertain. Dans un pays où le handball essuie une nouvelle crise avec un championnat arrêté faute de participation des meilleurs clubs et une fédération en errance, la sélection a suivi avec bien des difficultés, une préparation digne de ce nom. Après quatre ans à la tête de l’équipe et quel que soit le résultat à la CAN, le sélectionneur Salah Bouchekriou a décidé de passer la main. Peu avant de partir pour le Maroc, le technicien algérien a du composer avec une cascade de blessés parmi lesquels son gardien titulaire Abderazak Slahdji (GS Pétrolier). Comme son homologue tunisien, il pourra compter sur ses joueurs venus de la D.1 française au rang desquels figurent le Dunkerquois Momo Mokrani, l’Istréen Sassi Boultif (notre photo), le Parisien Filah et le Nîmois Malik Boubaiou. Reste que cette CAN pourrait çà et là, livrer son lot de surprise. Que penser par exemple du pays organisateur ?
Le handball marocain en est à de simples balbutiements mais l’arrivée de Philippe Carrara à la tête de la sélection nationale en novembre dernier, pourrait tout changer. Le technicien francilien a su convaincre des joueurs évoluant en France à (re)venir en sélection. Le Nîmois Idrissi, le Nantais Sayad (notre photo) et l’Ivryen Idir font en quelque sorte office de locomotives. « Et ils s’investissent à 100%, remarque avec bonheur, Philippe Carrara. Ils donnent des conseils à des joueurs du crû et prennent part à l’aventure. J’ose espérer que la Fédération voit au-delà de la CAN car ici, tout est à créer. La formation des cadres, des jeunes joueurs, les structures sportives, même à mon époque, quand j’ai commencé, on était mieux outillé. » Le Maroc en apprentissage tout comme le Sénégal de Franck Bulleux et la République Démocratique du Congo de Denis Tristant. Les deux entraîneurs ont depuis peu, un point commun. Leur aventure au sein de l’élite française vient de prendre fin. A Nice (pourtant leader de D2 féminine) pour le 1er, à Nanterre (dans le bas de classement de Pro D2 masculine) pour le second. « J’ai le cœur africain, se plait à reconnaître Franck Bulleux. J’apprécie beaucoup le continent et lorsque j’ai contacté les joueurs, notamment ceux qui évoluent en France, ils ont été motivés. » Ainsi, les Tremblaysiens Sall et Sy, le Parisien Diaw, l’Istréen Gomis, le Bisontin Pape Benga ont entre autres, répondu présent. Même démarche et mêmes recettes pour Denis Tristant, l’ancien Bronzé de Barcelone. Après une préparation en région parisienne, la formation congolaise est à pied d’œuvre au Maroc avec là aussi, de réels arguments. En atteste la présence de l’ancien Nantais (aujourd’hui à Silkeborg au Danemark) Audray Tuzolana, du gardien cessonnais Rémy Gervelas et de très bons éléments de D2 ou N1 comme le Saintois Kiangebeni (photo du bas). Un temps espéré, Damien Kabengélé a du décliner la sélection de la RDC, un problème d'assurances venant perturber son maintien à la CAN. L'arrière toulousain est rentré sans trop tarder en France pour reprendre la préparation avec son club. L’escouade des entraîneurs français ne serait pas complète sans citer la présence d’Ulrich Chaduteaud (le patron du centre de formation de Dijon) à la tête de la sélection du Gabon.
Chez les filles, l’Angola sans rival
Qui va jouer la finale face à l’Angola ? A elle seule cette question donne le ton à une compétition féminine dominée depuis plus d’une décennie par une sélection alimentée par les pétrodollars d’un des pays les plus riches de l’Afrique australe. Dans le sillage de l’ex-dijonnaise Marcelina Kiala, les Angolaises ont effectué un mondial brésilien plus qu’honorable, battant la Chine, l’Islande et la Corée et ne s’inclinant que de très peu face au Monténégro, l’Allemagne et la Croatie. Derrière, la Tunisie et la Côte d’Ivoire devraient se disputer le droit de participer au futur tournoi de qualification olympique. Cela tombe plutôt bien, les deux équipes ne sont pas dans la même poule. Et comme le souligne Thierry Vincent, l’entraîneur de Toulon et à ses heures, sélectionneur de la Côte d’Ivoire : « Le grand jeu de toutes les équipes sera d’éviter l’Angola avant la finale. » Une véritable obsession. Au Brésil, dans une poule assez relevée avec la Croatie, la Suède et le Danemark, les Ivoiriennes avaient été réduites à faire de la figuration. Le parcours des Tunisiennes n’en a pas été plus brillant mais souvent (contre notamment la Roumanie, le Japon et le Brésil), les partenaires de Mouna Chebbah (photo du bas) ne sont pas passées loin de l’exploit. Derrière ce trio féminin indiscutable, le Sénégal et l’Algérie peuvent jouer les trouble-fêtes.
Les forces en présence
Gr.A masculin: Tunisie, RD Congo, Maroc, Congo, Gabon, Sénégal
Gr.B masculin: Egypte, Algérie, Angola, Cameroun, Côte d'Ivoire, Burkina Fasso
Gr.A féminin: Angola, Côte d'Ivoire, RD Congo, Egypte, Cameroun
Gr.B féminin: Tunisie, Algérie, Maroc, Congo, Sénégal
Du 12 au 20 janvier, Handzone.net vous fera vivre de l'intérieur depuis Rabat (Maroc), cette 20ème Coupe d'Afrique des Nations avec toute l'actualité de la compétition ainsi que les résultats complets.