Lorsqu'il a pris les rênes du nouveau PSG handball, Philippe Gardent se doutait bien que la tâche ne serait pas facile. Après seize années passées à Chambéry dans un certain confort, l'ancien Barjot se met en danger et tente une nouvelle aventure avec des moyens importants, des objectifs déjà définis mais également des contraintes. Six de ses huit nouveaux joueurs dont trois Français participaient aux Jeux et il ne les récupèrera que ce vendredi, tout juste pour aller disputer la très relevée Schlecker Cup en Allemagne.
Mais c'est ce genre de challenge qu'il fallait à Philippe Gardent pour se remettre en question... Entretien avec le champion du monde 1995 aux 298 sélections en équipe de France.
Voilà plus de quinze jours que vous avez repris mais avec un effectif incomplet…
Cela va certainement faire sourire mais nous avons repris avec… les moyens du bord. Nous sommes partis en stage avec onze joueurs de champ dont quatre du centre de formation et trois gardiens. Ce n’est pas évident à gérer, surtout lorsqu’on sait que l’ossature de l’équipe n'est pas là. Physiquement, on a très bien bossé. Handballistiquement, je dois avouer que nous sommes un peu en retard.
Tous les projecteurs étaient braqués sur les Jeux, donc on vous a laissé tranquille…
C’est sûr que c’était l’idéal mais bon on s’accommode de toutes les situations. Mais la préparation a été compliquée, elle s’est faite au dernier moment, fin juin. A ce jour, je n’ai toujours pas vu ceux qui étaient à Londres car on leur a laissé un temps de récupération supplémentaire. Ils sont de retour ce vendredi et dans la foulée, on part directement en Allemagne pour participer à la Schlecker Cup. Donc notre premier entraînement au complet, ça sera un match contre Plock (Pologne) et quelques heures plus tard, face à Veszprem (Hongrie). On ne pouvait pas refuser cette invitation qui faisait suite au forfait de Copenhague. C’est vrai que c’est assez atypique car le premier contact ballon que nous aurons entre nous, ça sera un match.
Si on compte bien, tu as 20 joueurs pro à ta disposition, inévitablement, certains ne se font guère trop d’illusions sur leur temps de jeu…
Oui, tout le monde en est conscient. Le rachat du club a été tardif et il était difficile pour certains de se retourner. Tous les joueurs qui sont restés, étaient encore sous contrat, pour parvenir à nos objectifs, on a recruté donc c’est vrai, l’effectif est conséquent. Malheureusement je ne fais pas le règlement mais tout le monde ne jouera pas. J’ai commencé à rencontrer les joueurs un par un et chacun connait son sort.
Concernant le recrutement, n’y a-t-il pas eu une certaine boulimie ?
On va encore nous dire que c’est un problème de riche. Bien sûr qu’on a essayé de recaser certains joueurs ailleurs mais en raison de la crise économique et de l’époque assez tardive, nous n’y sommes pas parvenus. Cette année, nous vivons une situation exceptionnelle. Je veux essayer de garder mobilisés ceux qui vont être moins sollicités car une saison, c’est long.
Dans cet effectif, il y a aussi de forts tempéraments, pas souvent évident à faire bosser en phase…
Moi j’adore ce genre de contexte. On ne gagne pas ou on n’essaie pas de gagner quelque chose avec des gars qui ont un encéphalogramme plat. La cohésion du groupe, c’est mon métier et cela ne m’inquiète absolument pas. Mon principal ennemi c’est le temps. La problématique, c’est qu’il faut être rentable en termes de comptabilité sportive, le plus rapidement possible. J’ai suffisamment d’expérience pour savoir qu’il ne suffit pas d’aligner des grands noms pour faire une équipe. On est engagé dans une course contre la montre.
Les deux premiers mois de championnat seront déterminants…
On attaque par Cesson et Aix et l’erreur à ne pas faire consisterait à dire qu’il s’agit de matches faciles. Le calendrier ne nous avantage pas car les matches couperets arrivent tout de suite (Montpellier, St Raphaël, Toulouse, Chambéry jusqu’à la fin octobre). On ne va pas pleurnicher, si on arrive à passer sans trop de casse tous ces matches, on sait qu’ensuite on aura une marge de progression très intéressante.
Vos rivaux ont eux aussi fait des efforts de recrutement…
Tout le monde a recruté… et bien recruté. Chambéry, Nantes, Montpellier, Dunkerque,… on sait que cela va être hyper copieux comme programme pour nous et c’est la raison pour laquelle je suis très méfiant. Quand on me parle de notre effectif, je dis tout de suite que par comparaison, il n’est pas plus beau que celui de Montpellier, même s’il est de qualité. On a quand même un sacré handicap, c’est le temps passé ensemble.
En parlant de l’effectif, Mikkel Hansen arrive bientôt ?
Les dirigeants m’ont demandé si Hansen pouvait m’intéresser (sourires). La situation due aux difficultés de Copenhague ne se représentera pas donc bien entendu que ce joueur m’intéresse. Vus les objectifs élevés que Paris vise, il est important de cibler les meilleurs joueurs possibles. Les transactions auxquelles je ne prends pas part sont menées, nous ne sommes pas les seuls intéressés (ndlr : on parle de Kiel, Kielce et Berlin) mais s’il veut venir, il est le bienvenu. Maintenant, il n’y a pas beaucoup de clubs qui peuvent s’offrir Hansen.
Mikkel Hansen bouclerait un recrutement déjà très relevé.
Les choix répondent à des priorités. Il se trouve que sur ce poste, il nous manque encore un joueur. Cette année, on va essayer de faire le mieux possible avec un effectif qui semble stabilisé.
Quel est l'objectif ?
Il faut être européen, c’est sûr. Après, bien entendu, ce serait l’idéal d’accrocher un billet pour la Ligue des Champions mais dès le départ, la difficulté va être de faire évoluer tout le monde en harmonie. Je le répète, il nous manque du temps face à des concurrents directs qui sont très bien huilés.
Un dernier mot, on sort des Jeux Olympiques avec une équipe de France qui a encore ramené l’Or…
Ils nous ont tellement habitué à gagner... ceci dit, on est aussi habitué à voir malheureusement le soufflet redescendre rapidement. Je reste encore une fois très vigilant. Les clubs font des efforts pour attirer le public, je ne suis pas inquiet pour que la mayonnaise prenne enfin. Le contexte est favorable, le PSG handball aspire à être un grand club, il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas. On va aussi en faire profiter tout le monde car quand on va se déplacer, on sera attendu partout et ça va faire le bonheur des trésoriers des clubs qui vont nous recevoir.
L’esprit « Barjots », on l’a évoqué en début de semaine avec l’affaire de la table cassée et de l'attitude du sélectionneur… Tu en penses quoi ?
Au début, ça m’a fait sourire, après on se dit qu'on a tous été un peu "con" dans ce genre de truc mais par contre, on était vigilant sur ce qu’on disait. Je pense que les discours de certains ont dépassé le cadre du sport en lui-même et de cette pseudo revanche que l’on a évoquée. Mais je pense qu’il faut calmer un peu tout ça. L’ampleur que cela a pris est dommage mais on ne va pas non plus en faire une histoire d’état.
Le PSG Handball 2012-2013
Gardiens : José Manuel Sierra (Esp), Patrice Annonay, Magnus Dahl (Nor)
Arrières gauches : Antonio Garcia Robledo (Esp), Ibrahim Diaw, Zacharia N’Diaye
Demi-centres : Mladen Bojinovic (Ser), Nicolas Claire, Rok Praznik (Slo)
Arrières droits : Asgeir Örn Hallgrimsson (Isl), Marko Kopljar (Cro)
Ailiers gauches : Samuel Honrubia, Saïd Ouksir, Jeffrey M’Tima
Ailiers droits : Luc Abalo, Samuel Clémentia, Mathias Ortega
Pivots : Didier Dinart, Robert Gunnarsson (Isl), Rudy Nivore
Encadrement :
Philippe Gardent (entraîneur), Thierry Perreux (entraîneur adjoint), Maxime Spincer (responsable du centre de formation), Arthur Yapo (préparateur physique), Christophe Dubois (Kiné)
Les deux premiers mois du calendrier du PSG
1ère J. contre Cesson - 2ème J. à Aix - 3ème J. contre Montpellier - 4ème J. à St Raphaël - Coupe de la Ligue à St Raphaël - 5ème J. contre Toulouse - 6ème J. à Chambéry