En crucifiant quasiment sur le gong une Allemagne médusée par tant de talent et d’envie de la part des Tunisiens, Jaleleddine Touati a offert à la Tunisie sans doute une de ses plus belle passe d’arme en compétition.

Jamais la Tunisie n’avait réussi à prendre le dessus sur la Mannschaft, mais après la première journée, on sentait bien que les Aigles de Carthage n’en avaient jamais été aussi près. C’est ce que cette bande de jeunots à réussi à faire, car avec une ligne d’arrière Jallouz, Ben Salah, Bannour, c’est la jeunesse de la Tunisie qui a été portée au pouvoir cet après-midi au Palau Desportes à Granollers. Alain Portes avait une vraie émotion après le match, et même si il reconnait « la possibilité de tomber bien bas à cause justement de la jeunesse de cette équipe » et amenant à faire attention à l’excès de confiance que cet exploit peut engendrer, il avait aussi des mots pleins d’affection pour ces jeunes qu’il a emmené sur un podium mondial en jeune et pour la maturité dont ils ont su faire preuve en cette occasion.

Que les Touati, Tej, Maggaeiz, sachent gérer un tel match, c’est presque normal, vu leur talent mais aussi leur expérience, à ce trio on peut rajouter sans problème un Kamel Alouini qui s’interpose entre ces deux générations. Mais pour le reste, c’est pour beaucoup d’observateurs un sacré coup de tonnerre qui vient de retentir dans ce mondial.

La Tunisie aura quasiment toujours mené au score, mais en souvenir du match contre la France, on se disait aussi que la petite avance était bien fragile face à la détermination et le refus de la défaite que pouvait mettre la Mannschaft en fin de match. Mais ils sont su gérer parfaitement leurs nerfs et surtout leur physique. Avec en plus un Alain Portes qui à chaque coup de poker tenté par Martin Heuberger, trouvait la parade et mettait le coach allemand en échec et mat, les choses ne pouvaient finalement que tourner en faveur des champions d’Afrique, l’Allemagne ne possédant pas un joueur comme Daniel Narcisse dans ses rangs.

C’est bien là que se situe le problème pour elle… Avec un jeu collectif assez proche de l’indigent, il faut pour pouvoir s’en sortir avec de gros talents individuels, et dans le domaine, il en manque cruellement de l’autre côté du Rhin. Sven Soren Christophersen aurait pu être l’un deux mais il va craquer dans le money time, lâchant deux ballons qui allaient s’avérer fatidique pour ses couleurs. En face, du talent il y en avait partout. La presse allemande se demandait avant le match pourquoi le grand TWH Kiel avait fait signer Wael Jallouz… Maintenant ils le savent, tant la classe de l’arrière gauche a éclaté au grand jour. Mais avec Amine Bannour, la Tunisie avait son pendant à droite et les Touati, Boughami et Tej n’étaient pas les derniers à faire exploser la 6-0 teutonne, là ou Oliver Roggish essayait de colmater les brèches à grand coups de coude par moment. Et côté défense, non seulement il fallait passer outre les Hédoui, Gharbi et autre Tej, mais en plus il fallait battre un Marouene Maggaeiz qui fut encore une fois déterminant.

Avec cette victoire, la Tunisie se positionne clairement comme prétendant à la 2° place et même peut-être mieux si la Mannschaft se refait une santé sur le dos des Bleus. Pour cela il va falloir prendre le meilleur sur l’Argentine, le Monténégro et le Brésil, pas simple comme parcours. Mais après la démonstration de talent et de collectif faite face à l’Allemagne, tout le monde, y compris en France où ce succès est un peu ressenti comme aussi tricolore tant les liens sont étroits, peut y croire dur comme fer.

A Granollers, Palau Desportes
Le dimanche 13 janvier à 17h20
Allemagne - Tunisie : 25 - 23 (Mi-temps : 13-13)
4 500 Spectateurs
Arbitres :
MM LEIFSSON Hlynur et PALSSON Anton (Islande)