Ce n’était pas un soir à mettre un Européen dehors. Montpellier et surtout Chambéry ont fait les frais de leur déplacement respectif à Aix (27-27) et à Ivry qui a infligé une véritable fessée à des Savoyards en complète déroute (30-21). Sans minimiser la victoire des Val-de-Marnais, le revers de Chambéry surtout par l’ampleur de l’écart va frapper les esprits. Paris peut désormais augmenter son avance au classement et Dunkerque se rapprocher de la Ligue des Champions. Pour cela, il faut que les Nordistes aillent s’imposer à Nantes. Ce qui reste dans le domaine du possible.
Lorsque le buzzer a retenti, validant une éclatante victoire qui s’était dessinée lors du dernier quart d’heure, tout ce qui ressemblait à un maillot rouge et noir présent sur le parquet de Delaune, s’est jeté sur Rémi Gervelas. Le gardien de buts, pur produit du centre de formation d’Ivry, déplacé à Cesson en 2008 et revenu au bercail cette année, a savouré. Savouré ce moment de bonheur et surtout ce "kiff" vécu une heure durant en multipliant les parades (une vingtaine à son actif pour 16 arrêts), fermant les angles sur les tirs venus de l’aile, se détendant comme un bonhomme en caoutchouc prêt à tout pour dégoûter les attaquants adverses. Chambéry qui quelques jours plus tôt avait remporté de haute lutte son 1er match de Ligue des Champions face aux Danois de Silkeborg est véritablement tombé de haut ! Seul Montpellier cette saison, victorieux par onze buts d’écart, le 20 décembre dernier, a fait mieux que l’US Ivry.
Battre les Savoyards privés de leur maître à jouer Edin Basic, de leur pivot Bertrand Gille et du titulaire sur le poste d’arrière droit Kévynn Nyokas était dans le domaine du possible mais personne, pas même dans les rangs val-de-marnais n'aurait pu imaginer un tel écart de neuf buts ! « On avait très bien préparé ce rendez-vous, avouait David Degouy, l’adjoint de Pascal Léandri. On avait travaillé à la vidéo et notamment sur le match de Silkeborg, on avait noté que Chambéry avait puisé dans ses ressources pour s’imposer. Ce soir, je pense qu’ils ont en partie payé cette débauche d’énergie. Mais ça n’enlève rien à notre victoire et nous allons nous en servir pour préparer la suite. » Pourtant, le scénario avait bien débuté pour les hommes de Mario Cavalli qui rapidement vont donner l'illusion d'imposer leur rythme et surtout profiter des maladresses adverses (1-4 à la 4ème). Les Franciliens vont très vite rétablir l'équilibre et prendre même les devants. A la pause et après que le Croate Damir Bicanic ait fait savoir à quelques-uns de ses coéquipiers, sa façon de penser, tout le monde s’attendait à une cinglante réaction.
Chambéry en avait vu bien d’autres et remonter quatre buts (15-11) était largement dans ses cordes. « En 1ère mi-temps, confesse le sage Karel Nocar, on a raté trop d’immanquables. Ivry a su faire le trou et nous, on a couru tout le temps après le score. Mais alors qu’on était revenu et qu’il fallait tuer le match (19-19 à la 43ème), on a complètement explosé. On n’a plus rien respecté et certains ont cru qu’on pourrait l’emporter sur des exploits individuels. » C’était dès lors, sous estimer la défense ivryenne avec un phénoménal Mathieu Bataille bien épaulé par Fabien Ruiz et sécurisé par un lutin élastique en pleine incandescence devant ses buts. En attaque, le retour à la manœuvre sur la base arrière de Sebastian Simonet s'avérait déterminant. Son frère Diego, Sulc, les deux mobylettes Smajilagic puis Loupadière sur l'aile gauche n'avaient qu'à se préoccuper du tableau d'affichage.
Préservé durant 40 minutes à cause d’une blessure à l'annulaire droit, Timothey N’Guessan tentera bien d'enfiler le costume de pompier de service sur le côté droit chambérien mais en vain. Ce côté droit qui est orphelin depuis le départ de Xavier Barachet et l’indisponibilité de Kévynn Nyokas. La fin de la rencontre sera un calvaire pour les Savoyards qui vont encaisser un 11-2 en 17 minutes ! Ils vont tour à tour perdre Benjamin Gille (rouge après trois suspensions de 2’) et surtout le sens des réalités. Ne ménageant aucun effort et ne boudant pas son plaisir, Ivry va infliger une véritable correction certes inattendue mais bien réelle ! Le 3ème match en une semaine était fatal aux Chambériens. « Je ne pense pas qu’on était cuit, se défend Karel Nocar. On n’a pas été assez concentré. Le match de Ligue des Champions, on l’a joué sans calculer. Même si on y a laissé des forces, il fallait le gagner, on croyait même que cela nous serait favorable pour le match contre Ivry. »
Chambéry doit désormais sauver ce qui peut l’être. Sous la menace de Dunkerque, de Nantes voire de St Raphaël pour une hypothétique place en coupe EHF (si la 3ème marche de D1 devenait éligible), à 4 pts du 2ème Montpellier (avec un goal-average particulier largement en défaveur), à moins de remporter la coupe de France, la marge de manœuvre est très serrée. Le retour d’Edin Basic est attendu avec impatience. Il apportera un peu plus d’équilibre dans une équipe où Guillaume Gille est contraint à tout gérer, s’épuisant à la fois en défense et en attaque dans un rôle de meneur-passeur-shooteur. « Ce n’est pas le genre de la maison de chercher des excuses, de se cacher derrière les blessés ou le manque d’énergie, renchérit encore une fois Karel Nocar. Il faut bosser pour revenir fort. Avant, on était capable de retourner une situation défavorable et gagner à l’arrachée. Cette année, le championnat est très serré, tout le monde peut battre tout le monde, à part le PSG. Se qualifier pour la Ligue des Champions va être compliqué mais il faut retrouver la confiance grâce à notre jeu. Et comme on dit chez moi en République Tchèque, ce n’est qu’à la fin de la chasse qu’on compte les lapins.» Ce mercredi soir, le chasseur ivryen avait tendu un piège qui a fonctionné à merveille. Pascal Léandri s'apprête à passer un excellent week-end. Un véritable luxe ! Car depuis le succès face à Sélestat, cela faisait trois mois que cela ne lui était pas arrivé.
A Ivry, Gymnase Delaune, mercredi 13 février 2013
US Ivry - Chambéry SH : 30 - 21 (Mi-temps : 15-11)
1500 spectateurs
Arbitres : Charlotte et Julie Bonaventura
Evolution du score : 1-4 (4è) 4-4 (10è) 7-4 (13è) 7-7 (16è) 12-9 (25è) 15-11 (MT) 17-16 (41è) 19-19 (44è) 23-19 (48è) 26-20 (53è) 28-21 (55è) 30-21 (FIN).
Stats
Ivry: Gervelas (16 arrêts) Chapon (1 arrêt) Smajilagic (6/8), Sulc (5/7), Loupadière (5/5), Simonet Diego (4/7), Indjic (3/5), Staigre (2/3) Zirn (2/4) Simonet Sebastian (1/4) Bousnina (1p/1) Bataille (1/1)
Chambéry: Grahovac (12 arrêts) Dumoulin (5 arrêts) Gille Guillaume (5/11), Bicanic (5/9), Paty (3/3), N'Guessan (3/8), Nocar (2/2), Panic (2/5), Marroux (1/5)