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EDF: La sérénité retrouvée de Luka Karabatic

France

dimanche 9 juin 2013 - © Yves Michel

 6 min 28 de lecture

Luka Karabatic fait partie des vingt joueurs retenus par Claude Onesta pour les deux matches à venir du tour qualificatif à l’Euro 2014. Directement visé par l’affaire des partis suspects au point d’avouer sa faute et être puni en conséquence, le pivot aixois veut désormais tourner la page. L’équipe de France et le club qui l’a accueilli en cours de saison sont un excellent cadre pour y parvenir. 

Lorsqu’il s’exprime sur Luka Karabatic, Jérémy Roussel, son entraîneur à Aix ne fait aucune concession. Le technicien reconnait la plus-value que constitue la présence du joueur au sein de son effectif, la complémentarité dont il peut disposer mais également les progrès qu'il lui reste à accomplir. « Luka est encore un peu timide. Il doit forcer un peu plus les choses, il doit gagner en explosivité. J’aimerais qu’il soit plus… exubérant. En défense, il doit plus communiquer. En attaque, il ne surprend pas suffisamment, il mise trop sur sa morphologie. Mais c’est un pari sur l’avenir car il peut devenir un joueur très important. » Claude Onesta n’est pas loin de partager le même avis. Il a profité des deux derniers matches de qualifications à l’Euro (sans enjeu pour la France qui ira au Danemark en janvier 2014) contre la Lituanie et la Turquie pour sélectionner le plus jeune des frères Karabatic. Comme en mai 2011 lors d’une tournée en Argentine. 

Et même si cette saison a été plutôt mouvementée avec l’affaire des paris suspects qui n’a pas fini de défrayer la chronique, Luka veut passer à autre chose et se retrouver dans un environnement exclusivement consacré au handball.

Deux ans après, presque jour pour jour, tu retrouves l’équipe de France…
A l’époque, j’ai été appelé car il manquait quelques joueurs mais je savais qu’il me faudrait patienter pour avoir une nouvelle chance d’y retourner. J’ai travaillé en conséquence mais c’était normal que Claude Onesta me fasse attendre. 

Ça restait quand même dans un coin de ta tête ? 
Bien-sûr ! Cela a toujours été un rêve et comme je me fixe constamment des objectifs, celui d’intégrer l’équipe de France en était un. 

Concernant le poste de pivot, il y a désormais des places à prendre…
Didier vient d’arrêter, Cédric Sorhaindo est un pilier de l’équipe, très solide mais c’est vrai que derrière, il n’y a pas de n°2 qui s’impose. Surtout depuis que Grégoire Detrez a renoncé. C’est, je pense légitime que je veuille saisir cette opportunité. Mais le fait d’être sélectionné n’est pas un aboutissement. Il faut pouvoir durer. 

Branko, ton père décédé en mai 2011, n’a pas eu le plaisir de te voir avec le maillot de France A sur les épaules…
C’est mon grand regret ! Lui qui était mon guide avait tout fait pour que j’arrive très haut. Il était déjà fier de moi à ce moment-là et je me dis que « d’en haut », il vit cela avec le même bonheur. Il a toujours eu une longueur d’avance sur mon parcours et c’est grâce à lui si j’en suis là aujourd’hui. 

Pour les raisons que l’on sait, cette saison 2012-2013 a été pour toi, très mouvementée…
On ne peut pas dire que cela a été facile. J’ai commis une faute, j’ai payé pour cela mais il y a toujours un acharnement. Tout ce qui se dit sur ton dos, obligatoirement, ça sème le doute. Le fait d’être entouré et d’avoir le soutien des proches est primordial. J’ai fait le vide dans ma tête et même si je ne m’entraînais pas avec le club (Montpellier), je le faisais dans mon coin. 

Tu n’as pas songé à redevenir le bon tennisman que tu étais ? 
(sourires) Non, je ne suis pas allé jusque là mais par contre, j’ai rejoué avec mes copains et cela m’a fait énormément de bien. Et même si j'étais écarté, j'ai continué à m'entraîner.

Au-delà des péripéties judiciaires, le club de Montpellier t’a puni en te licenciant. Comment as-tu vécu ce moment ? 
Je le redis, j’ai fait une erreur, je savais que je devais payer pour cela. Je n’en veux pas au club parce que cette affaire a fait beaucoup de dégâts. Ma priorité d’alors, c’était retrouver un autre club et ne penser qu’au hand. 


A Aix, tu as retrouvé une certaine sérénité…
J’ai été très sensible à l’accueil. Tout le club a fait en sorte que je me sente comme chez moi. Nikola nous a rejoint peu de temps après et comme cela avait été le cas à Montpellier, j’ai retrouvé le même plaisir d’évoluer à ses côtés. 

Sauf que Nikola te fait une infidélité en partant pour Barcelone…
C’est la vie ! Les six derniers mois ont été intenses et on avait envie de remercier Aix pour toute la confiance qu’ils nous ont accordée. On a bien terminé l’aventure et nos routes vont se séparer. Je suis heureux pour Niko car il va se retrouver au grand Barça. Ces dernières années, ça lui faisait mal de voir le Final Four de la Ligue des Champions se dérouler sans lui. Il est désormais dans un club à sa hauteur et même si on est séparé, notre complicité restera intacte.

Finalement cette séparation, n’est-ce pas un mal pour un bien ? 
Ça c’est l’avenir qui nous le dira. Je me sens investi de plus de responsabilités, peut-être plus de pression. Mais quelque part, je suis encore plus motivé. Le fait de me retrouver sans Niko va me permettre de grandir un peu plus. 

Est-ce que Aix est l’endroit idéal pour progresser ? 
Je pense que oui car Jérémy Roussel, l’entraîneur est très exigeant et attentif vis-à-vis des joueurs. Il ne laisse rien passer. J’ai encore pas mal à apprendre, surtout sur le poste de pivot. Je suis jeune et je manque de métier. Il faut que j’extériorise plus vers mes partenaires. 

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour les prochains mois ? 
J’ai fait une erreur et j’ai été sanctionné. Je veux désormais tourner la page et laisser tout cela derrière moi. Je ne veux penser qu’au handball et apporter le maximum à Aix. L’équipe de France aussi, fait partie des priorités. Etre sélectionné régulièrement en France A est une ambition. Je souhaiterais qu’on me laisse faire mon petit bout de chemin, qu’on ne me juge pas sans savoir. Je ne suis pas quelqu’un qui aime se mettre en avant mais j’ai vraiment envie de montrer à tout le monde que je n’ai rien à voir avec l’image qu’on a donnée de moi.      

  
La liste des joueurs et le programme de l’équipe de France pour cette "semaine européenne", c’est ici.

EDF: La sérénité retrouvée de Luka Karabatic 

France

dimanche 9 juin 2013 - © Yves Michel

 6 min 28 de lecture

Luka Karabatic fait partie des vingt joueurs retenus par Claude Onesta pour les deux matches à venir du tour qualificatif à l’Euro 2014. Directement visé par l’affaire des partis suspects au point d’avouer sa faute et être puni en conséquence, le pivot aixois veut désormais tourner la page. L’équipe de France et le club qui l’a accueilli en cours de saison sont un excellent cadre pour y parvenir. 

Lorsqu’il s’exprime sur Luka Karabatic, Jérémy Roussel, son entraîneur à Aix ne fait aucune concession. Le technicien reconnait la plus-value que constitue la présence du joueur au sein de son effectif, la complémentarité dont il peut disposer mais également les progrès qu'il lui reste à accomplir. « Luka est encore un peu timide. Il doit forcer un peu plus les choses, il doit gagner en explosivité. J’aimerais qu’il soit plus… exubérant. En défense, il doit plus communiquer. En attaque, il ne surprend pas suffisamment, il mise trop sur sa morphologie. Mais c’est un pari sur l’avenir car il peut devenir un joueur très important. » Claude Onesta n’est pas loin de partager le même avis. Il a profité des deux derniers matches de qualifications à l’Euro (sans enjeu pour la France qui ira au Danemark en janvier 2014) contre la Lituanie et la Turquie pour sélectionner le plus jeune des frères Karabatic. Comme en mai 2011 lors d’une tournée en Argentine. 

Et même si cette saison a été plutôt mouvementée avec l’affaire des paris suspects qui n’a pas fini de défrayer la chronique, Luka veut passer à autre chose et se retrouver dans un environnement exclusivement consacré au handball.

Deux ans après, presque jour pour jour, tu retrouves l’équipe de France…
A l’époque, j’ai été appelé car il manquait quelques joueurs mais je savais qu’il me faudrait patienter pour avoir une nouvelle chance d’y retourner. J’ai travaillé en conséquence mais c’était normal que Claude Onesta me fasse attendre. 

Ça restait quand même dans un coin de ta tête ? 
Bien-sûr ! Cela a toujours été un rêve et comme je me fixe constamment des objectifs, celui d’intégrer l’équipe de France en était un. 

Concernant le poste de pivot, il y a désormais des places à prendre…
Didier vient d’arrêter, Cédric Sorhaindo est un pilier de l’équipe, très solide mais c’est vrai que derrière, il n’y a pas de n°2 qui s’impose. Surtout depuis que Grégoire Detrez a renoncé. C’est, je pense légitime que je veuille saisir cette opportunité. Mais le fait d’être sélectionné n’est pas un aboutissement. Il faut pouvoir durer. 

Branko, ton père décédé en mai 2011, n’a pas eu le plaisir de te voir avec le maillot de France A sur les épaules…
C’est mon grand regret ! Lui qui était mon guide avait tout fait pour que j’arrive très haut. Il était déjà fier de moi à ce moment-là et je me dis que « d’en haut », il vit cela avec le même bonheur. Il a toujours eu une longueur d’avance sur mon parcours et c’est grâce à lui si j’en suis là aujourd’hui. 

Pour les raisons que l’on sait, cette saison 2012-2013 a été pour toi, très mouvementée…
On ne peut pas dire que cela a été facile. J’ai commis une faute, j’ai payé pour cela mais il y a toujours un acharnement. Tout ce qui se dit sur ton dos, obligatoirement, ça sème le doute. Le fait d’être entouré et d’avoir le soutien des proches est primordial. J’ai fait le vide dans ma tête et même si je ne m’entraînais pas avec le club (Montpellier), je le faisais dans mon coin. 

Tu n’as pas songé à redevenir le bon tennisman que tu étais ? 
(sourires) Non, je ne suis pas allé jusque là mais par contre, j’ai rejoué avec mes copains et cela m’a fait énormément de bien. Et même si j'étais écarté, j'ai continué à m'entraîner.

Au-delà des péripéties judiciaires, le club de Montpellier t’a puni en te licenciant. Comment as-tu vécu ce moment ? 
Je le redis, j’ai fait une erreur, je savais que je devais payer pour cela. Je n’en veux pas au club parce que cette affaire a fait beaucoup de dégâts. Ma priorité d’alors, c’était retrouver un autre club et ne penser qu’au hand. 


A Aix, tu as retrouvé une certaine sérénité…
J’ai été très sensible à l’accueil. Tout le club a fait en sorte que je me sente comme chez moi. Nikola nous a rejoint peu de temps après et comme cela avait été le cas à Montpellier, j’ai retrouvé le même plaisir d’évoluer à ses côtés. 

Sauf que Nikola te fait une infidélité en partant pour Barcelone…
C’est la vie ! Les six derniers mois ont été intenses et on avait envie de remercier Aix pour toute la confiance qu’ils nous ont accordée. On a bien terminé l’aventure et nos routes vont se séparer. Je suis heureux pour Niko car il va se retrouver au grand Barça. Ces dernières années, ça lui faisait mal de voir le Final Four de la Ligue des Champions se dérouler sans lui. Il est désormais dans un club à sa hauteur et même si on est séparé, notre complicité restera intacte.

Finalement cette séparation, n’est-ce pas un mal pour un bien ? 
Ça c’est l’avenir qui nous le dira. Je me sens investi de plus de responsabilités, peut-être plus de pression. Mais quelque part, je suis encore plus motivé. Le fait de me retrouver sans Niko va me permettre de grandir un peu plus. 

Est-ce que Aix est l’endroit idéal pour progresser ? 
Je pense que oui car Jérémy Roussel, l’entraîneur est très exigeant et attentif vis-à-vis des joueurs. Il ne laisse rien passer. J’ai encore pas mal à apprendre, surtout sur le poste de pivot. Je suis jeune et je manque de métier. Il faut que j’extériorise plus vers mes partenaires. 

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour les prochains mois ? 
J’ai fait une erreur et j’ai été sanctionné. Je veux désormais tourner la page et laisser tout cela derrière moi. Je ne veux penser qu’au handball et apporter le maximum à Aix. L’équipe de France aussi, fait partie des priorités. Etre sélectionné régulièrement en France A est une ambition. Je souhaiterais qu’on me laisse faire mon petit bout de chemin, qu’on ne me juge pas sans savoir. Je ne suis pas quelqu’un qui aime se mettre en avant mais j’ai vraiment envie de montrer à tout le monde que je n’ai rien à voir avec l’image qu’on a donnée de moi.      

  
La liste des joueurs et le programme de l’équipe de France pour cette "semaine européenne", c’est ici.

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