Alain Portes est de retour au pays ! Le 1er septembre prochain, le futur ancien sélectionneur de la Tunisie prendra la direction de l’équipe de France féminine. Il succèdera à Olivier Krumbholz qui ce mardi a été démi de ses fonctions par le président Joël Delplanque. Alain Portes nous a réservé ses premiers commentaires sur sa nouvelle nomination, sur son expérience tunisienne et sur les objectifs qui lui seront assignés.
Depuis plus de trente ans, Alain Portes a l’équipe de France chevillée au corps. Tout jeune joueur du Sète Olympique (Hérault), le maillot tricolore était pour lui un objet sacré qu’il s’était promis un jour de revêtir. En 1992, alors que personne ne s’intéressait au parcours olympique de la bande à Costantini, l'ailier gauche de l'USAM s’est retrouvé au milieu d’une bande de joyeux trublions sur la 3ème marche du podium des Jeux de Barcelone. Neuf ans d’attente pour une consécration bronzée, synonyme pour lui, de fin de carrière internationale ! Avec 216 sélections au compteur, "Bip bip" (surnommé ainsi pour sa pointe de vitesse) a rangé sa tunique bleu-blanc-rouge dans le placard des souvenirs. C’est à Nîmes que sa carrière d’entraîneur va prendre son envol, chez les filles du HBCN pendant neuf saisons, chez les garçons de l’USAM durant trois ans.
En 2009, Alain Portes aspire au changement et traverse la Méditerranée pour un nouveau défi. La Tunisie l’a appelé et il ne regrettera jamais son choix à la tête de la sélection nationale. Depuis ce mardi, il est officiellement l’entraîneur de l’équipe de France féminine. Un retour aux sources mais une véritable mission, gigantesque qui l’attend. Une mission… pas une consécration.
Alors Alain, c’est le retour au pays ?
Oui, c’est la fin d’une belle aventure en Tunisie. J’éprouve un étrange sentiment. Je suis à la fois heureux de la proposition qui m’a été faite, quand on est français cela ne se refuse pas, mais aussi meurtri de laisser la Tunisie où je viens de passer un peu plus de quatre ans. J’ai vécu des émotions formidables, d’énormes satisfactions sportives mais je pense que c’est la fin d’un cycle. J’ai bien réfléchi et je vais me lancer à fond dans ce nouveau défi.
Qu’avez-vous appris en quatre ans ?
Le métier d’entraîneur national est très spécifique et très différent de celui d’entraîneur de club. Je ne serai jamais assez reconnaissant envers les Tunisiens de m’avoir mis dans les conditions idéales pour m’exprimer. Ils m’ont fait confiance et je pense que si aujourd’hui, on me propose d’être le responsable de l’équipe de France féminine, c’est que mon parcours en Tunisie a pesé lourd dans le choix. Après, au niveau technique, j’ai découvert des aspects jusque-là inédits. On est amené à travailler dans l’urgence et faire jouer des individus de divers horizons. Ce qui est aussi particulier, c’est vivre les grandes compétitions de l’intérieur. Et aujourd’hui, je me sens plus prêt à le vivre avec la France que si je ne l’avais jamais fait. En tout cas, je ne pars pas dans l’inconnu.
Vous prenez la suite d’Olivier Krumbholz qui est resté 15 ans sur le poste…
J’ai avant tout un profond respect pour ce qu’il a fait, n’oublions pas qu’il est parti de rien. Il s’est toujours montré bienveillant envers moi. Ce qu’il vit en ce moment n’est pas agréable. C’est toujours plus facile lorsqu’on décide de sa sortie.
Vous allez retrouver une équipe qualifiée pour les prochains Mondiaux…
J’oserais dire : tant mieux ! Pour plein de raisons. D’abord parce qu’on va gagner beaucoup de temps. Vivre une grande compétition pour faire avancer un groupe, c’est l’idéal. Ensuite, je suis content pour Olivier. Ces derniers temps, j’ai trouvé qu’il était marqué physiquement avec tout ce qu’il a pris sur le dos. Là, il n’a vraiment pas raté sa sortie.
Le Mondial en décembre, c’est donc votre 1er objectif ?
On m’a aussi parlé de 2016 et la perspective de bien figurer aux Jeux de Rio. Mais le 1er objectif, ce n’est pas le Mondial mais les qualifs à l’Euro (en décembre 2014 en Hongrie et Croatie). Cela débute en octobre avec deux matches contre la Slovaquie et la Finlande. Attention à l’excès de facilité ! Je vais essayer d’aménager un stage avant mais cela ne va pas être évident car les clubs ont leurs exigences. J’espère qu'on pourra se concentrer sur le Mondial après avoir bien avancé sur les qualifs européennes.
N’est-ce pas un inconvénient de ne pas avoir dirigé de filles pendant 9 ans ?
Le propre de tout entraîneur est de savoir s’adapter. J’ai l’avantage d’avoir vécu mon métier à tous les échelons. Globalement, cela ne s’est pas si mal passé mais chaque expérience a été différente. Je pense aussi que pour les filles, ce n’est pas plus mal d’avoir quelqu’un de complètement nouveau.
Vous arrivez avec Philippe Carrara comme adjoint et Fred Pérez pour les gardiennes…
Oui, nous devrions fonctionner de cette façon. Cela reste à mettre en place administrativement. Ce sont des personnes avec lesquelles je n’ai jamais travaillé mais que j’ai côtoyé et en qui j’ai une totale confiance. Je n’ai aucun a priori sur les gens en place mais de temps en temps, il faut changer. En revanche, je veux garder le staff médical existant.
Qu’est-ce qu’il faut redonner à cette équipe ? De la confiance ?
Oui, j’ai l’impression que la dimension psychologique est très importante. On l’a vu après les Jeux. Le quart de finale contre le Monténégro a été un tournant car avant, cette équipe avait produit une qualité de jeu exceptionnelle. La machine s’est cassée sur un match. Il va falloir trouver pour quelles raisons. Il faut que les filles renouent avec le plaisir de jouer. Je suis là, avant tout pour les aider.
Edina Borsos… retour en grâce ?
Manager général de l'équipe de France depuis l'Euro 2000, Edina Borsos avait été écartée juste après l’Euro en Serbie en décembre dernier. A la plus grande satisfaction des joueuses, elle pourrait refaire son apparition au sein du staff d’Alain Portes et reprendre sa fonction de grande logisticienne de la formation tricolore.