Ils l'ont fait ! Les juniors tricolores ne rentreront pas bredouilles de Bosnie. Ils ont trouvé l'énergie suffisante pour digérer leur demi-finale perdue face à la Suède et remporter le bronze aux dépens de la Croatie (32-27).
De notre envoyé spécial en Bosnie, Yves Michel
Ils étaient arrivés sans grandes certitudes, ils repartent bronzés de Bosnie ! La génération 76-77 conduite par un certain Guillaume Gille n’est plus la seule à avoir inscrit le nom de la France au palmarès d’un championnat du Monde juniors. Les Bleuets des Caussé, Descat, Desbonnet, Nyateu, Bonilauri and co, ont réussi là où bien d’autres par le passé, avaient échoué. Ils se sont forgé une belle histoire... dans la douleur.
On ne donnait pas cher de leur peau lorsqu’au terme d’une phase de poule catastrophique (3 défaites et 2 succès face aux formations les plus faibles), ils se sont qualifiés de justesse pour les 8èmes. La prise de conscience qu’il y avait un "truc" sympa à réaliser s’est faite sans doute à ce moment-là. Ils ont renvoyé les Allemands au-delà du Rhin, coincé l’Egyptien dans sa pyramide et atteint les demi-finales, animés de belles intentions. Mais voilà, l’obstacle était trop haut. Ils ne savaient tout simplement pas qu’ils allaient être battus par la Suède, future championne du Monde.
Après cette leçon de handball donnée par les Nordiques, allaient-ils avoir la capacité à se remotiver après ce véritable coup de bambou derrière la nuque ? La déception passée, l'amertume et les bobos ont été oubliés, tous tournés vers un ultime objectif.
La Croatie, cet adversaire naturel qui a fourni tant de talents au handball mondial n'a rien pu faire face à des morts de faim. Et cette médaille, les Tricolores sont allés la chercher à 17. A l’échauffement, Alexandre Demaille restait à l’écart, libérant les cages pour le réserviste Kévin Mesnard (notre photo suivante). « Cela n’a pas été facile pendant ces deux semaines, dira un peu plus tard le Montpelliérain, mais quand tu y es, tu comprends que c’est ce genre de moments qui te rappelle pour quelle raison tu fais du sport. » Le Strasbourgeois du Languedoc sera aligné d’entrée, coup gagnant puisque le gardien de buts sera un des hommes-clé de cette 1ère période française.
La Croatie va ouvrir le score, mener à deux reprises pendant les quatre premières minutes et puis c’est tout ! Quentin Minel avait retrouvé le lance-missile qui avait fait tant défaut face à la Suède, Benjamin Bataille, sa hargne perforante, et la défense tricolore avec un Jérémy Toto phénoménal, son enthousiasme et sa maîtrise. Derrière, Kévin Mesnard n’avait plus qu’à faire le service après-vente (7-3 à la 10ème). Goluza profitait de son 1er temps mort pour changer de gardien. Choix judicieux puisque Asanin allait se montrer plus efficace que Filip Ivic (10-9 à la 18ème). Mais c’est encore une fois la défense qui va remettre le train bleu sur les rails. Positionnée un peu plus haut, elle obligeait les tireurs croates à prendre des risques, à se précipiter, à s’énerver pour au final, ne rien marquer. La fin de la 1ère période sera à l’image du début du match, totalement en faveur de l’équipe de France (15-11 à la pause). « Dans les vestiaires, il n’y a pas eu besoin de faire de longs discours, révélait Théophile Caussé, capitaine courage malgré une épaule douloureuse. Il fallait continuer sur ce tempo, avec toujours autant de rigueur, c’est ce qui a surpris, je pense, les Croates. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Benjamin Bataille malgré trois défenseurs sur le dos, sera l’exécuteur testamentaire de ce début de second acte (18-12 à la 33ème). Les Français qui voltigeaient sur un confortable matelas, vont connaître cependant un passage à vide. Kévin Mesnard était moins déterminant, les tirs moins cadrés et surtout en face, Asanin avait trouvé ses marques (21-19 à la 43ème). Profitant d’un temps mort, Yohann Delattre permutait les gardiens et Rémi Desbonnet faisait son entrée. Avec deux buts à remonter, les Croates pensaient pouvoir renverser la tendance. Jordan Camarero mais surtout Quentin Minel vont leur ôter leurs dernières illusions. A 3 minutes de la fin, Hugo Descat qui avait été une nouvelle fois préservé, inscrivait son 3ème pénalty (30-26), Rémi Desbonnet sauvait devant Ante Kaleb et le banc tricolore pouvait exulter. La médaille de bronze ne changerait pas de camp, la tristesse de l’avant-veille se transformant en joie tout à fait partagée.
A Sarajevo, Sarajevo Zetra (stade olympique) - match pour la 3ème et 4ème place du Mondial Juniors
Le 28 juillet 2013 à 14h
France - Croatie : 32-27 (Mi-temps : 15-11)
500 spectateurs
Arbitres: Kursad ERDOGAN & Ibrahim OZDENIZ (Tur)
France: Desbonnet (4 arrêts/12) Mesnard (10/29) - Minel (8/14), Bataille (6/9), Nyateu (3/5), Bonilauri (2/3), Descat (3/4 pen.), Boschi (3/6), Toto (1/1), Ballet (1/3),Gutfreund (2/3), Camarero (3/8), Caussé, Tricaud, Derot, Ferrandier.
Croatie - gardiens: Ivic F. (1 arrêt/15) Asanin ( 12/30 ) buteurs: Kaleb (2/4) Mandalinic (1/6) Tokic (4/4) Ivic S. (3/7) Vuglac (5/7) Coric (3/3) Obranovic (3/8) Cindric (4/8) Smojver & Susnja (1/1)
Evolution du score : 3-3 5°, 7-3 10°, 9-7 14°, 11-9 19°, 13-11 22°, 15-11 MT - 16-12 31°, 18-12 33°, 21-17 41°, 21-20 44°, 24-21 46°, 24-23 50°, 26-23 52°, 29-25 55°, 30-27 58°, 32-27 FT
Cinq questions à Théophile Caussé, capitaine de l’équipe de France juniors
Le bronze en récompense, ce n’est pas si mal….
On a une médaille, c’est une grande satisfaction même si ce n’est pas celle qu’on était venue chercher au départ. On rentre en France fiers et heureux. Le parcours n’a pas été sans difficulté. Il y a eu des hauts, il y a eu des bas mais en s’y mettant, en restant sérieux, on ne s’est pas trompé et on est arrivé à un bon résultat. C’est le couronnement de six années passées ensemble.
Le coup pris derrière la tête après la demie aurait pu être fatal…
Il y a un vécu dans cette équipe. Il y a des joueurs qui sont venus, d’autres qui sont partis, des blessés, et avec ceux qui étaient là, on a fait un constat. Ou plutôt, on s’est posé la question : quel est notre meilleur souvenir ? Pour certains, cela pouvait être il y a trois ans, deux ans, d’autres n’avaient aucun souvenir, alors on s’est dit, il faut s’en créer un, en commun. Pour les 17 qui sont ici. Et une médaille, c’est ce qu’il y a de plus concret.
Face aux Croates, vous n’avez jamais douté…
On savait très bien que l'équipe qui n’arriverait pas à évacuer la déception de la demie, serait rapidement en difficulté. Ça s’est aussi construit au mental. On a tout donné et le succès en est la résultante.
A titre personnel, c’est une belle revanche car il y a un an, tu marchais avec des béquilles
J’avais la jambe en vrac et le moral aussi. J’ai remonté la pente, je n’étais pas encore au mieux de ma forme mais je pense avoir réussi ma fin de saison.
Les derniers instants entre vous vont être particuliers ?
On va tout fêter ! La médaille mais tu l’as dit, des moments particuliers qu’ensemble, ces 17 et cette génération nous avons vécus. Un cycle se termine. Le maillot tricolore, certains ne le porteront peut-être plus jamais, il faut profiter de ces derniers instants.
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