Le Fleury-Loiret handball se lance dans une grande conquête en Italie
ce week-end. Fred Bougeant et ses filles disputent un tournoi wild-card
qui peut leur permettre de découvrir la plus prestigieuse des
compétitions européennes, la Ligue des champions. Avec des adversaires
comme Rostov-Don (Russie) et le Vardar (Macédoine) de Pineau, Dembélé et
Leynaud, la tâche sera ardue. Mais dans le Loiret, tout le monde y
croit. Le propre de l’exploit, « action mémorable qui dépasse les
limites de l’ordinaire » selon le Larousse, est qu’il ne se produit
jamais ou, au mieux, une fois de temps en temps. Mais ce week-end, un
exploit ne suffira pas, il en faudra deux. Fleury dispute à Salerne
(Italie) un tournoi wild-card qui peut lui permettre de jouer la Ligue
des champions la saison prochaine, à condition de le remporter (*). Facile à dire, beaucoup moins à faire.
« Je n’ai pas souvenir
qu’une équipe française a déjà réalisé pareille performance, attaque
Fred Bougeant, le coach fleuryssois.
Battre des équipes comme Rostov et
sans doute le Vardar en suivant, ce serait un double exploit. » En
demandant son invitation à la table des très grands la saison dernière,
son club, fort de son titre de vice-champion de France, savait qu’il
aurait droit à du très lourd.
« C’est un rêve pour tout le monde, mais
nous sommes maintenant prêts à le réaliser », annonce un Bougeant
déterminé.
Le rêve pourrait être contrecarré par deux vilains
cauchemars. Rostov-Don d’abord, collectif russe ultra-rodé et physique à
souhait, demi-finaliste de Coupe des coupes la saison passée, éliminé
par Issy-Paris après deux heures d'une lutte acharnée (23-22 à Paris,
19-20 en Russie). Puis sans doute le Vardar Skopje (opposé aux locales
de Salerno en demi-finale), club macédonien en reconstruction dont il
suffit de dire qu’il compte Siraba Dembélé, Amandine Leynaud et Alison
Pineau dans ses rangs pour imaginer le niveau.
« Nous mobiliser pour faire de très grandes choses »Parties
jeudi matin en Italie, les Loiretaines profiteront de quelques
dernières séances pour préparer au mieux leur demi-finale face aux
Russes samedi.
« Il faudra être agressives, aller les chercher haut pour
perturber leur routine », explique
Gnonsiane Niombla, la capitaine, qui
n’oublie pas le deuxième match qui pourrait suivre dimanche.
« J’espère
que nous sommes prêtes, nous nous mettons en condition petit à petit »,
poursuit la néo-internationale.
A l'image de l'arrière gauche, qui a
goûté à l'équipe de France la saison dernière à 23 ans, Fleury a bien
grandi en un an. Fred Bougeant, venu du Havre, a parfaitement su mener
un collectif complètement chamboulé où les talents individuels (Mangué,
Fernandez, Stanca, Alberto...) se sont vite mis au service du collectif.
Au point d'inquiéter Metz pour le titre hexagonal jusqu'à la dernière
minute de la finale retour.
« On a un projet qui court sur l'olympiade,
explique l'entraîneur (voir plus bas) et nous sommes un peu en avance
sur les prévisions. Mais nous n'allons pas manquer la qualification pour
rester dans notre tableau de marche ! » Avec l'apport de recrues
expérimentées cet été (Piéjos, Zoqbi, Tounkara), Fleury partira encore
plus fort cette saison, conforté dans ses ambitions par une bonne
campagne de matchs amicaux et une première victoire face à Nantes en LFH
(30-21). Les Loiretains proposeront un nouveau cocktail détonant entre
étrangères rompues aux joutes continentales et Françaises à fort
potentiel. Et ces dernières ont sans doute les clés des prochains succès
fleuryssois.
« Les plus expérimentées nous ont fait prendre conscience
que nous avions nous aussi notre rôle à jouer, lâche, décidée, capitaine
Niombla.
Nous devons nous mobiliser pour faire de très grandes
choses. » « Elles vont découvrir le contexte international, mais je suis
sûr qu'elles auront l'orgueil nécessaire pour se mettre au niveau »,
abonde Fred Bougeant. Ce n'est qu'à cette condition que le rêve
deviendra réalité.
(*) Le vainqueur du tournoi wild-card sera reversé dans la poule D avec Larvik (Nor), Bera Bera (Esp) et le Podravka Vegeta (Cro). Metz est dans le groupe C.
Le programmeDemi-finales, samedi16h30 : Rostov-Don (Rus) - Fleury-Loiret
19h : Vardar Skopje (Mac) - Salerno (Ita)
Finales, dimanche16h30 : match pour la 3e place
18h30 : Finale
Le premier qualifié en Ligue des champions, les trois autres reversés en Coupe des vainqueurs de coupe.5 questions à Guillaume Oltra, directeur général du club délégué au secteur sportif.Se qualifier en Ligue des champions, c'est vraiment un « rêve »?C'est bien sûr quelque chose
d'extraordinaire, on se frotterait à ce qui se fait de mieux. Mais ce
n'est pas un rêve, plutôt un objectif que l'on souhaitait atteindre en
arrivant au club en 2010. On a une année d'avance sur le calendrier
prévu, si jamais nous nous qualifions, mais nous n'allons pas nous
priver de cette possibilité. C'est une étape indispensable vu notre
ambition et notre évolution.
Pouvez-vous en dire plus sur ce projet que vous évoquez?Nous
avons un projet sur une olympiade et nous plantons les graines pour y
arriver. Le but est de s'installer durablement dans le haut de tableau
de LFH, de jouer les titres tous les ans et, bien sûr, d'en gagner. Tous
les trophées se disputent sur des phases finales, ce qui rend les
choses plus aléatoires, mais nous devons ramener régulièrement des
titres. Et disputer la Ligue des champions.
Est-ce pour cela qu'il y a autant d'étrangères expérimentées (Stanca, Alberto, Mangué, Zoqbi, Lopez...) à Fleury?Je
ne suis pas d'accord, nous avons aussi beaucoup de joueuses JIPES
(joueuses issues des pôles d'excellence sportive), pour respecter les
quotas fédéraux qui vont d'ailleurs se durcir. Le but est que ces
joueuses que sont Manga, Houette, Bruneau ou Niombla, progressent et
alimentent l'équipe de France. Et nous agrémentons ce noyau de joueuses
qui ont l'expérience européenne afin qu'elles apportent au quotidien
leur exigence, les détails qui font la différence.
Sportivement, Fleury est-il prêt à jouer les deux matchs par semaine qu'implique une coupe d'Europe?Nous
avons un effectif armé pour. Le staff médical a également été étoffé
pour ça avec 2 médecins et 3 kinés qui travaillent autour du club. Nous
voulons limiter au maximum les risques de blessures. Si nous sommes à
peu près épargnés, nous avons l'équipe pour jouer l'Europe. Ensuite,
cela dépendra des tirages bien sûr.
Et économiquement?C'est vrai que la Coupe d'Europe ne rapporte pas grand-chose.
Mais nous suivons une progression régulière, le club est de plus en
plus structuré. L'Europe était prévue sur notre feuille de route
financière. Et au contraire, elle peut attirer certains partenaires qui
seraient intéressés par un rayonnement continental.