Il y a des matches qui laissent de lourds regrets. D’autres qui se soldent par des défaites pleines de promesses. En s’imposant en terre béarnaise, Nantes a confirmé son bon état de forme du moment et fait respecter la logique sportive. Les canaris noustysiens ont quant à eux pu prouver que leur place en tête de leur poule de Nationale 1 était bien méritée.
Ce match, c’était avant tout le leur. Comme à leur habitude, les joueurs de Pau Nousty se sont réunis au bar des sports, chez « Kiki », pour partager le café d’avant match, 2 heures avant le coup d’envoi. Sans pression. Il fallait profiter de ces derniers instants de calme. Il faut dire que dans ce village de 1500 âmes où le handball est roi depuis 1947, on a rarement l’occasion d’accueillir une équipe aussi prestigieuse que Nantes et son armada espagnole. A 19 heures, une heure et demie avant le coup d’envoi, c’est un flot impressionnant de supporters venus de tout le Béarn qui s’est massé au bord du terrain. Un gros millier de personnes est venu prendre place dans les tribunes du club béarnais, le plaisir d’assister à une telle confrontation se mêlant à la crainte d’une défaite trop cinglante.
Du cœur... mais pas que
C’est donc dans une salle archi comble et chauffée à blanc que les joueurs de Nousty se sont présentés sur leur sol face à la deuxième meilleure défense de LNH. Les nantais n’ont d’ailleurs pas failli à leur réputation, en prenant tout de suite les choses en main. Après 5 minutes de jeu, le public jaune et rouge avait des raisons de douter : à 0-3 pour Nantes, emmené par un O’Brian Nyateu des grands soirs, la tâche serait bel et bien ardue pour les canaris béarnais. Se heurtant sur une défense menée de main de maître par Rock Feliho le bien nommé, il fallait attendre la 6ème minute et un missile de Frédéric Marty pour voir le compteur se débloquer (1-4).
Débute alors un tout autre match. Après la sortie sur blessure de O’Brian Nyateu, les noustysiens resserrent les rangs en défense et se permettent même quelques gestes de grande classe comme cette montée de balle rapide que le capitaine Thierry Doumengès conclut par un kung-fu pour son ailier Kevin Vettorel. Il n’en faut pas moins pour réveiller le chaudron noustysien. Ah, le public béarnais. Frileux parfois, impulsif souvent, et chauvin, toujours irrésistiblement chauvin. Avec 1000 personnes derrière eux, les béarnais ont prouvé hier à tout le monde, Thierry Anti en tête, que pour rivaliser, Nousty n’avait pas que du cœur, mais aussi un jeu bien en place. Entre coups d’éclats et coaching réaliste (tout le banc noustysien a pu s’exprimer), Michel Laborde et ses hommes sont parvenus à faire douter les nantais pendant 45 minutes (18-21 à la 43’).
A Nantes la victoire, à Nousty l’histoire
La suite du match est presque anecdotique. Tout en contrôle, le HBC Nantes impose son rythme jusqu’à compter dix buts d’avance à huit minutes du termes et finir par vaincre, 25-33. Histoire d’en profiter jusqu’au bout, Michel Laborde pose un dernier temps mort. Il reste 50 secondes de jeu. Le public béarnais, poussé par son speaker Francis Nouguez entame une longue et vibrante ovation. Les jaune et rouge les applaudissent. Thierry Anti apprécie, Jordan Camarero, béarnais de naissance et passé par Nousty avant de rejoindre Nantes, profite de l’instant. Il embrasse cette salle du regard, elle qui l’a malgré tout soutenu une heure durant.
A l’échelle du modeste club béarnais, le moment est historique. Hier soir, les noustysiens ont su rivaliser pendant trois quarts d’heure avec une grande équipe de LNH qui les a respecté jusqu’au bout. Le public n’en attendait pas moins. Gilles Lamude, le président du Pau Nousty Sports non plus : « Voilà. C’est ça Nousty ».
Réactions
Thierry Anti (Nantes) : « On a eu une 1ère partie de saison éprouvante. Il ne faut pas oublier qu’on a joué mercredi soir un match compliqué à Aix. Je me doutais qu’il fallait du sérieux, je connais la réputation ici, l’ambiance, les qualités de cœur des joueurs adverses. Si on fait un demi match ou si on s’engage qu’à moitié à Nousty, ça peut être très difficile. Y a d’excellents tireurs dans cette équipe. Et bravo au public. Les gens sont passionnés, c’était vraiment plaisant ».
Jordan Camarero (Nantes) : « Je savais personnellement que ça allait être un match difficile. J’ai joué contre eux, avec eux... Même 10 buts derrière c’est sûr qu’ils allaient s’accrocher, qu’ils allaient essayer de réduire le score au maximum. Le public a poussé, y a eu de l’engagement, c’était un beau match. Ce soir, on s’est fait un petit peu peur mais on passe en huitièmes, c’est l’essentiel ».
Michel Laborde (Nousty) : « Le seul regret qu’on peut avoir c’est qu’à 15 minutes de la fin, à 18-21, les arbitres se sont donnés le droit, eux, de provoquer le plus gros écart du match, à -8. Sinon, je suis très satisfait de ce qu’ont pu montrer mes joueurs, en qualité de jeu, de cœur. Ça conclut très bien notre parcours en coupe de France. Sportivement on sait qu’il y a quelque chose à faire pour nous. De là à aller en pro D2, on a un pas structurel à franchir. Mais le club y travaille. C’est important de montrer que par moments, dans l’impact, on peut rivaliser avec une équipe de D1. On se dit que quelque part on est dans ce niveau intermédiaire que pourrait être la pro D2 ».
A Nousty,
Le vendredi 20 décembre 2013 à 20h30
16èmes de finale de la coupe de France
Nousty - Nantes : 25-33 (mi-temps 11-17)
1000 spectateurs
Arbitres :
MM GARRABOS LAURENT et NOGUES OLIVIER
STATS :
NOUSTY : Astydamas, Badie (2), Darrieutort, Doumengès (cptne, 3), Falguière (3), Guiraud (3), Ibarroule (3), Latapie (2), Le Mabec (4), Marty (4), Massa, A Thiel, R Thiel, Vettorel (1).
Entraîneur : Michel Laborde.
NANTES : Maggaiz, Skof, Camarero (5), Claire (5), Entrerrios (cptne, 3), Feliho, Garcia Rubio, Gharbi (1), Jonsson (4), Maqueda (4), Nyateu (4), Rivera (4), Skatar (3), Toumi. Entraîneur : Thierry Anti.
Pierre-Maël Tisnès pour