Le rituel est toujours aussi bien rodé. Médaille d’or autour du cou, les Bleus du handball se sont offert la tournée des grands ducs dans Paris, à la rencontre de leurs supporters venus les attendre à l’aéroport et sur les Champs Elysées. Les nouveaux champions d’Europe ne se lasseront jamais de tous les honneurs qui leur sont à chaque fois rendus. Pourquoi d’ailleurs s’en priveraient-ils ?
Même les plus aguerris avaient perdu l’habitude du bain de foule, du poster à signer à la descente de l’avion et du trajet habituel entre Roissy et le bas de l’avenue des Champs-Elysées. Les traits tirés au terme d’une nuit danoise où ils ont copieusement mais justement fêté leur nouveau titre de champions d’Europe, les Bleus ont pris plaisir à partager leur bonheur avec ces dizaines de supporters venus les attendre à l’aéroport.
17h25 – Terminal 1 de Roissy CDG, ils sont une petite centaine à se presser derrière le cordon de policiers déployés pour l’occasion. Ils vont devoir faire preuve de beaucoup de patience. Le vol SAS n° SK 559 en provenance d’Aarhus est annoncé avec 30 minutes de retard. Peu importe, les inconditionnels sont là et attendent leurs idoles en se chauffant la voix, scandant des "olé !" ou le traditionnel "Allez ! Les Bleus, les supporters sont là !". « Ils nous ont tant donné qu’on leur doit bien cela, murmure Margaux, une blondinette drapeau français dans les mains. Cette équipe renvoie des valeurs qui forcent le respect. Ils sont partis ensemble, ils ont joué ensemble, ils rentrent ensemble ! » Et la demoiselle ne croit pas si bien dire. L’immense porte à glissières vitrées s’ouvre enfin ! Comme un symbole, Thierry Omeyer, le plus ancien du groupe, breloque dorée autour du cou, est le premier à fendre la foule, suivi par William Accambray, les frères Karabatic et par l’ensemble de la joyeuse troupe. Un large sourire barre tous les visages. A la manière de rock-stars, ils se font acclamer et la communion avec le public peut commencer. « Je suis très fier de ce qu’ils ont fait, témoigne "Jojo", la soixantaine bien frappée. Je suis un fan de la 1ère heure et à chaque fois, c’est différent. L’émotion n’est pas la même....» « Moi au contraire, j'éprouve à chaque fois la même émotion, avoue Marie-Françoise qui a fait le déplacement depuis Provins à presque 100 km de là. Sont-ils assez récompensés en retour ? Je n’en suis pas sûre. Le hand n’est pas médiatisé comme il devrait l’être. Tout le monde ne peut pas se payer Canal Plus ! ». Le cœur a parlé !
La veille, ceux qui étaient encore les "Experts" ont définitivement tourné un énième chapitre de leur beau livre et le nom des "Indestructibles" a été lancé. Par qui ? Comment ? Personne ne semble le savoir. « On en a un peu marre des surnoms, clame Michaël Guigou. On est des handballeurs, on est les Bleus, on défend la France. Si on nous appelait tout simplement "les handballeurs de l’équipe de France" ? ». Le sage a parlé. Jérôme Fernandez qui vient de répondre en direct aux questions de Marc Olivier Fogiel sur RTL, profite de l’instant. Malgré les sept finales qu’il a remportées, le capitaine tricolore est loin d’être blasé. « On n'est certainement pas agacé par tant de marques d’affection. Cette journée est finalement la plus longue de cette fin de compétition (rires). Elle a commencé hier matin (dimanche) et pour certains, elle se finira demain matin (mardi). » Et comme un Toulousain peut en cacher un autre, Valentin Porte est accueilli sous les "Bravo", les "Merci" et autres félicitations d’usage. Face aux objectifs et aux micros, il parait presque plus intimidé que lorsque vendredi il avait tenté et réussi sa roucoulette devant le gardien espagnol ou dimanche, mis un vent au grand Mikkel Hansen. Comme Mathieu Grébille, Vincent Gérard, Igor Anic, Kévynn Nyokas, Kentin Mahé ou même Cyril Dumoulin, le génial arrière droit, véritable révélation de l’équipe et de la compétition profite de ce premier retour triomphal.
L’heure tourne, les embouteillages commencent à se former sur le périphérique parisien, il faut repartir, direction les Champs-Elysées pour une nouvelle communion avec d’autres supporters. Sous bonne escorte, le bus arrive enfin. Les hommes d’Onesta traversent une haie d’honneur de 300 passionnés. Le rituel est immuable. Signature d’autographes, photos à la sauvette, poignées de mains, tapes amicales, les Bleus se prêtent de bonne grâce, à l’exercice. « Il faut profiter de ces moments, se délecte William Accambray. Ce sont des instants rares de réel plaisir. On a fêté la victoire au Danemark, nous n’étions pas chez nous, cela n’est pas pareil. Dès la sortie de l’avion, on a vu qu’on était à la maison. Les remerciements nous vont droit au cœur. La proximité avec nos supporters existe depuis toujours, c’est dans la culture du handball, certains font des sacrifices pour être toujours derrière nous, on essaie de leur rendre sur le terrain avec nos résultats mais aussi comme ce soir, en passant un peu de temps parmi eux. » Un passage par l’hôtel, une douche réparatrice, le temps d’enfiler le costard des grands soirs, direction rue de Rivoli pour une soirée privée dans un club renommé de la capitale. Un dernier instant à partager ensemble, avant que chacun ne regagne son club respectif pour d'autres aventures.
Désormais, les Bleus ne se retrouveront qu’à la fin du mois de mars afin de disputer la 3ème phase de la Golden League au... Danemark. Le succès dimanche en finale de l'Euro leur a considérablement dégagé la voie. Ils sont ainsi qualifiés d'office pour le prochain Mondial au Qatar dans un an et pour l'Euro 2016 en Pologne.