Il n’y a pas eu de débat ou si peu entre Montpellier et Saint Raphaël en finale de la Coupe de la Ligue au Phare de Chambéry. Partis sur les chapeaux de roue, maîtrisant la timide révolte des Varois en début de seconde période, les Montpelliérains ont fait une démonstration de puissance pour remporter une nouvelle fois, un titre accompagné d’une place en coupe d’Europe pour la saison prochaine.
Le décryptage de François Dasriaux
Depuis 2005 et la superbe surprise istréenne à Miami, le MAHB n’a plus perdu une finale. Et cette faculté à gagner les matches importants est ancrée dans les gènes du club héraultais. Pour Saint Raphaël c’est le 3ème échec dans cette même coupe, difficile à digérer même si la veille, les 70 minutes de jeu face à Paris pour leur exploit ont pesé. Les 13 buts d'écart au final vont sans doute trotter un moment dans les têtes des joueurs de Christian Gaudin, avec en plus le sentiment de n’avoir jamais vraiment eu leurs chances durant 60 minutes. Tombés d’entrée sur une défense 6-0 en acier trempé et un Thierry Omeyer en béton armé, les Raphaëllois vont en plus subir la puissance de William Accambray, la vista de Jure Dolenec et les coups de magie de Michael Guigou comme ce Kung-Fu entre lui et Thierry Omeyer, SVP... Avec Vid Kavticnik en exécuteur des hautes œuvres que ce soit à l’aile droite, en arrière ou aux jets de 7 mètres, le SRVHB voyait le MAHB s’envoler en 15 petites minutes (9-3). Le tableau d'affichage obligeait Christian Gaudin à prendre ses deux temps morts de la mi-temps aux 14ème et 17ème minutes. La seconde explication de texte étant assez violente pour les joueurs et pour Raphaël Caucheteux en particulier. Mais le recalage et même l’engueulade ne servaient à rien, Montpellier avait planté ses dents dans sa victime et ne voulait rien lâcher. Même si après 21 minutes de jeu et le +10 signé Issam Tej en contre attaque (notre photo ci-dessous), Montpellier baissait peu à peu de niveau et Saint Raphaël re pointait le bout de son talent, il en aurait fallu beaucoup plus pour renverser la vapeur.
Comme ne pas louper ces occasions de -4 après quelques minutes de jeu en seconde période, car alertés par ces coups ratés, Montpellier allait repartir de plus belle pour cette fois tuer le match pour de bon. Christian Gaudin tentait une 4-2 en double stricte en dernier ressort, mais la vitesse de Michael Guigou et Diego Simonet, la puissance de William Accambray qui allait signer un 9/12 somptueux après son Euro un peu compliqué et l’énorme sens du jeu de Jure Dolenec envoyaient le MAHB dans les étoiles et un nouveau titre. Le 9° dans cette Coupe de la Ligue pour eux. Patrice Canayer pouvait ouvrir en grand son banc et montrer que les Jean-Loup Faustin (notre photo ci-dessous) et Arthur Anquetil ont de quoi rejoindre dans les années à venir leurs glorieux ainés. Le joli nettoyage de lucarne gauche de Jean Loup Faustin n’était déjà pas mal du tout, la roucoulette en course et sans angle du fils de Fred Anquetil aura fait lever le banc tout entier de joie. Montpellier a envoyé un signal fort à tout le handball tricolore ! Pour gagner des titres cette saison, il faudra le battre et Saint Raphaël a compris que ce n’était pas une sinécure !
A Chambéry, Le Phare
Le dimanche 2 février à 17H15
Finale de la Coupe de la Ligue
Saint Raphaël VHB- Montpellier AHB : 21 - 34 (Mi-temps : 11-17)
4 000 Spectateurs
Arbitres :
MM Thierry Dentz et Denis Reibel
Statistiques du match
Evolution du score : 0-3 5°, 2-6 10°, 3-9 15°, 5-13 20°, 7-15 25°, 11-17 MT - 13-19 35°, 16-22 40°, 17-26 45°, 18-28 50°, 20-30 55°, 21-34 FT.
Zone mixte par Yves Michel
Raphaël Caucheteux, ailier gauche de Saint Raphaël: "C'est une défaite amère surtout après la demi-finale contre le PSG. On a sombré physiquement et psychologiquement. C'est la 3ème finale qu'on perd et à chaque fois, contre Montpellier. Nous ne sommes jamais arrivés à rivaliser avec eux, leurs attaques étaient super longues donc ils cassaient le rythme du match. 34 buts encaissés, c'est beaucoup trop ! Il va falloir se remettre au boulot dès lundi, le groupe est tout nouveau, il y a de la marge pour progresser."
Christian Gaudin, entraîneur de Saint Raphaël: "On a surtout lâché émotionnellement. On a laissé beaucoup de jus samedi face au PSG. Il aurait fallu faire un 2ème exploit en 24h. C'était ambitieux. Défensivement, on s'est laissé endormir par le rythme de Montpellier. Il aurait fallu aussi quelques arrêts de gardiens. On ne les a pas eus. A l'inverse de la demie sur la séance de pénaltys. Offensivement, on n'avait pas de solutions. Nos courses étaient trop latérales. En défense, on s'est trop rapidement énervés. Dolenec (l'arrière droit de Montpellier) est un excellent joueur mais on lui a trop laissé l'occasion de s'exprimer. Il a pris confiance et est venu sans soucis, tirer au près. Montpellier a plus d'expérience que nous. St Raphaël doit encore apprendre. Mais je tiens à féliciter Patrice et ses joueurs, c'est d'ailleurs par cela que j'aurais du commencer. "
Mathieu Grébille, arrière gauche de Montpellier (médaillé d'or dimanche à l'Euro avec l'équipe de France, vainqueur de la Coupe de la Ligue, une semaine plus tard): "Ce n'est que du bonheur. Deux finales en une semaine, deux victoires, deux titres et dix buts d'écart, ça fait très plaisir ! Aujourd'hui, tout le monde a participé, même le centre de formation (Jean Loup Faustin et Arthur Anquetil ont inscrit un but chacun). On reprend la saison de la meilleure des façons. Il reste pas mal de choses encore à vivre mais c'est déjà bien qu'on ait gagné celle-là. Tout va très vite, je n'ai pas eu le temps de savourer. Je pense à ma famille (qui réside en Martinique d'où Mathieu est originaire), cela fait un moment que je ne les ai pas vus, ils aimeraient être là pour partager ça avec moi. Je leur fais un bisou à tous, je n'ai pas pu rentrer cet hiver mais c'est promis, j'irai cet été."
Michaël Guigou (l'ailier gauche, demi-centre, âme de cet équipe ne savait plus trop combien de titres il avait remportés avec le MHB, toujours est-il que ce dimanche, le club héraultais a décroché son 38ème trophée depuis sa création): "Comme je disais à Titi, deux en une semaine, on est vraiment gâté. Ce n'était pas évident de se retrouver alors que l'effectif était éparpillé un peu partout. Tout le monde s'est impliqué, a fait preuve de motivation, c'était le 1er titre pour pas mal de joueurs comme Diego Simonet et les deux Slovènes, et ça c'est très important. Ils m'ont même dit qu'ils avaient envie de plus, c'est de bon augure !"
Michaël Guigou en bon capitaine a esquissé un sourire lorsque nous avons évoqué la présence d'un certain Arthur Anquetil, fils de Frédéric, (le responsable du centre de formation du MAHB) et neveu de Greg, (double champion du Monde 1995 et 2001 avec l'équipe de France). Le minot de 18 ans pourrait être le digne successeur de l'ailier gauche international: "Tu veux dire qu'il pourrait me pousser dehors ? J'ai joué avec son père et son oncle ! J'ai un certain âge... mais plus sérieusement, je pense que c'est la force de Montpellier, cette formation ! Fred (Anquetil, le père... on va finir par s'y perdre) est un excellent formateur. On a chaque année de très bons joueurs qui sortent du centre. Tous ces jeunes autour de moi, ça me rajeunit un peu (rires), dans tous les cas, ça me fait énormément plaisir qu'il y ait cette continuité."
Thierry Omeyer, un des quatre double gagnants de la semaine: "Je retiendrai surtout l'état d'esprit de l'équipe durant tout le week-end. Entre la demie et la finale, on est monté en puissance au niveau de la qualité de jeu. Les internationaux étaient un peu fatigués, la tête encore aussi au Danemark, on s'est remobilisé, on voulait surfer aussi sur l'euphorie de la victoire et je pense qu'on a vu que les joueurs qui étaient au championnat d'Europe étaient plutôt performants. On ne se serait pas caché derrière la fatigue si on avait perdu cette finale. On a gagné, c'est l'essentiel."