Présentation de la Coupe de la Ligue Féminine
Le plus court chemin vers l’Europe passe par la Lorraine. Il rouvre à la circulation ce jeudi pour huit véhicules de LFH. Au bout de la route, sous le drapeau à damiers, le premier trophée de la saison et l’assurance de jouer au minimum la Challenge Cup 2014-2015. Bienvenue à la douzième Coupe de la Ligue féminine, organisée par Metz. Les maîtresses de maison, sujettes à des pannes moteur répétitives depuis plusieurs semaines, n'ont pas d'autre alternative que la victoire finale pour (se) rassurer.
Longtemps, la formule de la Coupe de la Ligue fut d’une simplicité enfantine. Des quarts, des demies, une finale gagnée par Metz. Quel que soit le lieu (Limoges, Orléans, Brest…), l'époque (Pentecôte, Saint-Sylvestre, Pâques ou Trinité...) ou le challenger (Le Havre, Nîmes, Arvor). Puis un jour, la règle du jeu a changé. Devenu incapable de franchir le cut des quarts de finale, le septuple vainqueur de l’épreuve a écorné sa réputation deux saisons de suite (contre Arvor en 2011-12, devant Fleury-les-Aubrais en 2013). « Aujourd'hui, le championnat de France a monté de niveau, raconte Sandor Rac, le coach le plus consacré au palmarès avec Bertrand François (trois succès). Avant, le premier jour était souvent une formalité. On pouvait mettre les jeunes en attendant la demi-finale et la finale. Aujourd'hui, dès le premier match, toutes les joueuses de Nîmes nous attendent. »
Pour renouer avec la tradition de la décennie écoulée, disputer l'édition 2014 à Metz a tout l'air d'être un gros coup de pouce. Seulement voilà, à l'heure d'accueillir « toute la magie du handball féminin », comme le rappelle un slogan officiel plutôt discret en ville, le leader de LFH a une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Dans la presse régionale, son président s'est voulu le garant de la culture du résultat propre au club. « Si on ne gagne pas la Coupe de la Ligue, notre saison sera un échec, même si on reste sur le toit hexagonal » a déclaré Thierry Weizman la semaine passée. Explication de texte : après la déconvenue niçoise en Coupe de France, la retraite de Russie sur la scène européenne (élimination par Zvenigorod), le droit à l'erreur est dorénavant proscrit si Metz veut conquérir autant de lauriers (deux) que la saison dernière.
Nina Kanto, Kristina Liscevic, Grace Zaadi et compagnie sont placées devant leurs responsabilités : brandir la Coupe de la Ligue dans leur vaisseau des Arènes, comme au printemps 2009 face au Havre, ou s'attirer de nouvelles foudres aux répercussions imprévisibles. Dompter dans un premier temps les lionnes nîmoises, redevenues prédatrices depuis le retour d'Ayglon, Dancette et Jericek, mais privées de Klara Cerna (rupture des ligaments croisés du genou gauche, saison finie) puis deux autres ensembles vendredi et dimanche, ou réveiller les doutes que la victoire à Nice (19-28, dimanche dernier en championnat) a dissipé. « Nîmes est une grosse équipe, ce sera très dur de la battre, avertit Paule Baudouin, la meilleure buteuse mosellane en championnat. Les matches couperets sont toujours compliqués, mais il faudra absolument les gagner pour penser à quelque titre que ce soit. On a mis la troupe en marche pour pouvoir le faire. » A savoir la même que sur la côte d'Azur, avec Ailly Luciano sacrifiée sur l'autel du quota de joueuses étrangères.
Et la pression du contexte, de l'événement, dans tout cela ? L'ailière gauche des Dragonnes et des Bleues reconnaît que Metz devra « la gérer » pour aller au bout de ce sprint court et intense qu'est la Coupe de la Ligue. Son entraîneur, lui, prétend l'absorber, la réguler, pour en dispenser son collectif. « J'essaie vraiment de protéger, de rassurer les filles. C'est pour ça que je suis connu. Depuis le début, je n'ai pas dit une seule fois qu'on devait gagner, ou quelque chose comme ça. Quand elle a trop de pression, cette équipe n'arrive pas à jouer. » Plus que jamais, la qualité des enclenchements, des passes et autres replis sera le meilleur révélateur de stress dans les quatre jours à venir.
Ambition fleuryssoise, humilité toulonnaise
Conformément à une tradition désormais bien établie, les quarts de finale quadrilleront une vaste partie du territoire mosellan. Le nord du département sera le plus gâté, puisqu’il aura droit à deux rencontres pour le prix d’une (10 €, tarif normal). Thionville, sevré de haut niveau (son équipe de hand végète en N3 masculine), verra Fleury-les-Aubrais et Nantes s’affronter pour la quatrième fois de la saison. Avec cette interrogation : les Panthères du Loiret, invaincues depuis 19 matches toutes compétitions confondues, assumeront-elles cette pancarte de favorites pour écrire la première ligne de leur palmarès ? « On va jouer le coup à fond, assure Gnonsiane Niombla, la capitaine. Notre collectif est riche et homogène, tout le monde peut jouer à chaque poste. Ca peut faire la différence. » Tout comme un paramètre cher à l'arrière internationale, prononcé tel un leitmotiv : « la concentration, de la première à la soixantième minute. Ca fait 80 % du résultat. Le hand, ce n'est pas que du physique, mais aussi de la réflexion. »
Toujours à Thionville, mais après l’entracte, Toulon et Le Havre se disputeront un autre billet pour le Final Four des Arènes. L'échéance la plus importante du week-end, considère Thierry Vincent. « Si on gagne ce quart, ce sera du bonheur. Très honnêtement, faire quelque chose de grand serait prétentieux, et ce n'est pas pour ouvrir un parapluie. Aujourd'hui, Metz, Fleury et Issy sont devant. Avec Le Havre et Mios, on suit derrière, de loin ». A l'ombre du Big Three promis au dernier carré, « si la logique est respectée », le TVHB (sans ses Brésiliennes Oliveira et Pinheiro) et le HAC essaieront donc de se faire une place au soleil. « Il faudra de la rigueur, du sérieux et une bonne défense pour passer » reprend le sorcier varois, méfiant quant à un éventuel sursaut de Normandes battues six fois de leurs sept dernières sorties. « Elles vont bien se réveiller un jour. Espérons que ça ne soit pas contre nous... »
Enfin, le tenant de la Coupe de la Ligue, Issy/Paris, remettra son bien en jeu à Sarrebourg. Sur le terrain de jeu usuel d’une formation de N1 masculine, il défendra en prime son invincibilité en 2014 contre l'union Mios/Bègles, finaliste 2012 et toujours capable de brouiller les cartes grâce à sa championne du monde (Samira Rocha) et à son artilleuse fétiche, Alexandra Lacrabère. « L'an dernier, c'était spécial, raconte Charlotte Mordal, bourreau de Besançon lors de la précédente journée de championnat (6/8). On était chez nous, on voulait bien faire. Là, on a encore plus envie de gagner, d'aller battre Metz chez lui. Mais cette Coupe de la Ligue doit surtout nous servir à travailler, pour la fin de saison. » Un projet qui, par expérience, n'est guère incompatible avec l'accomplissement d'un doublé...
Les quarts de finale en un clin d'oeil
NANTES LA (9e en LFH) – FLEURY LOIRET (2e)
Jeudi 20 février, 18 h, à Thionville (gymnase Jean-Pierre-Adams, rue Saint-Exupéry). Arbitres : MM. Ragaine et Langevin.
TOULON/SAINT-CYR (4e) – LE HAVRE AC (5e)
20 h, à Thionville (gymnase Jean-Pierre-Adams). Arbitres : MM. Pichon et Reveret.
METZ HB (1er) – HBC NIMES (8e)
20 h, à Metz (palais omnisports des Arènes, rue Louis-le-Débonnaire). Arbitres : MM. Dentz et Reibel.
MIOS/BEGLES (6e) – ISSY/PARIS (3e)
20 h, à Sarrebourg (espace Pierre-de-Coubertin, rue Pierre-de-Coubertin). Arbitres : K. et R. Gasmi.
Le tirage au sort des demi-finales (vendredi 21 février, 18 h et 20 h) sera effectué aux Arènes de Metz, à l'issue du match Metz – Nîmes. Finale dimanche 23 février, aux Arènes de Metz (16h45).
Palmarès
2003, 04 : Besançon. 2005, 06, 07, 08, 09, 10, 11 : Metz. 2012 : Arvor. 2013 : Issy/Paris (bat Nîmes 23-21 en finale).