Passée cet hiver de la Ligue des Champions à la Nationale 1, la
Brestoise Anastasia Pidpalova se plaît énormément en France. Depuis
trois mois, l'Ukrainienne vit pourtant avec les craintes de voir son
pays secoué par les affrontements entre pro-russes et pro-européennes.
Couvée en Bretagne, l'internationale n'en perd pas son inaltérable
sourire.
Samedi dernier, match de Nationale 1 féminine. Brest
Penn-Ar-Bed, leader incontesté, explose la réserve de Mios (41-17),
pourtant 4e, et fait un pas de plus vers la D2. Le lendemain, un
référendum se tient en Crimée, région du sud de l’Ukraine. Les votants
de cette région qui se déchire depuis des semaines choisissent, à 95%,
de rejoindre la Russie de Vladimir Poutine plutôt que de rester une
partie de l’Ukraine. Deux évènements qui n’ont aucun rapport ? Pourtant
si. Car il est une Brestoise d’adoption qui garde toujours un œil
attentif sur ce qui se passe dans sa patrie : Anastasia Pidpalova.
Début
mars, l'arrière internationale, 32 ans, postait sur les réseaux sociaux
une photo d'elle la mine triste, les yeux rougis, maillot ukrainien sur
les épaules et avec un message sur le bras : ''Stop the war!'' (Arrêtez
la guerre). « Seules certaines personnes, celles qui veulent rejoindre
la Russie, sont entendues, pas les autres. Beaucoup de gens souffrent,
c'est le gros gros ''bordel'' (en français dans le texte), dénonce
l'ancienne Messine. Alors je voulais appeler au calme mais Poutine
n'abandonnera jamais. Soit il fait la paix en prenant la Crimée, soit
c'est la guerre. »
Une impasse que l'Union Européenne
n'arrive pas à éviter pour l'instant. Tendue depuis novembre 2013, la
situation empire chaque jour qui passe alors que les soldats russes
prennent possession des bâtiments administratifs de Crimée. « Personne
ne s'attendait à ça, se désole Anastasia Pidpalova. C'était étrange,
certains voulaient se rapprocher de l'Europe, d'autres pas. » Le 24
novembre 2013, 100 000 Ukrainiens se réunissent à Kiev pour demander un
rapprochement avec l'Union Européenne. « Ils ne voulaient pas de
révolution, mais ils espéraient une meilleure vie, explique la
Brestoise. Mais le président Ianoukovitch les a traité comme de la merde
(sic). Les gens ont été encore plus énervés. » Alors ils ont occupé la
place centrale de Kiev en appelant à la démission de leur dirigeant.
Jusqu'à ce que la Russie s'immisce dans le conflit.
Aujourd'hui,
la situation est au bord de l'implosion. « Les gens cherchent à faire
des conserves, à acheter de la farine, de la nourriture, car ils
craignent la guerre », raconte celle qui a disputé une finale de Ligue
des champions avec Valcea en 2010. Originaire de Kherson, à moins de 300
kilomètres au nord de la Crimée, la famille de la joueuse, dont la
fille est toujours là-bas, est encore épargnée par les mouvements
actuels. Du moins tant que le conflit ne se généralise pas.
A
3500 bornes de là, l'arrière internationale s'attache à faire le job,
après plusieurs semaines passées en tribunes à Metz, à cause d'un quota
d'étrangères trop important. Contactée par Laurent Bezeau, elle a saisi
cette « nouvelle expérience qui se présentait » et ne le regrette pas un
instant. « Ici, ça ressemble au paradis avec le soleil, la mer, la
belle ville, la gentillesse des habitants, se réjouit celle qui tourne à
3,6 buts par match depuis son arrivée. Les supporters ont compris que
je ne me sente pas très bien avec ce qui se passe chez moi et ils m'ont
encouragé. J'ai beaucoup apprécié, ce n'est pas quelque-chose que l'on
retrouve partout. »
Son coach, Laurent Bezeau, assure qu'elle ne
bénéficie d'aucun traitement de faveur. « On lui a même proposé de faire
un aller-retour en Ukraine mais elle a refusé, renchérit-il. Elle s'est
bien intégrée alors que ce n'est pas facile d'arriver en cours de
saison mais elle est bien, elle apporte son expérience, son excellent
état d'esprit. » Samedi, elle tentera à nouveau de mener son équipe à la
victoire à Nantes. Et oublier, pendant une heure, la situation de son
pays.