Dunkerque champion, on s’y attendait mais il manquait le trophée à soulever et la médaille à accrocher autour du cou. En revanche, Montpellier n’a pas réussi son pari. S’imposer à Chambéry et rester devant les Parisiens. Les Héraultais se compliquent lourdement le chemin vers la Ligue des Champions.
A Dunkerque, Yves Michel, envoyé spécial
Dunkerque attendait tellement son sacre que le match face à Tremblay ne restera pas dans les meilleurs souvenirs du championnat. Une semaine auparavant, il y avait eu une répétition générale face à Chambéry qui avait tourné en réplique cauchemardesque de ce qu’il ne fallait pas faire lorsque qu’un titre est à honorer. Surtout devant son public. L’ultime rendez-vous ne devait pas se solder par une 2ème défaite consécutive. Scénario interdit lorsque près de 2500 Dunkerquois ont refait le déplacement vers les Stades des Flandres pour soutenir l’équipe qui depuis bien des semaines suscite autant d’intérêt. L’inattendu David a déjoué tous les pronostics et avec 4 millions de budget a mystifié le PSG-Goliath, trois fois plus riche. Comme quoi quand on veut des stars et surtout une addition d’ego dans son équipe, il faut savoir les gérer.
Ce jeudi soir, marquait donc la clôture d’une saison riche en émotions et en surprises. A Dunkerque, c’était ambiance de kermesse où tout de même un secrétaire d’état aux sports dont on ne souviendra plus du nom dans six mois, un sous-préfet et même un curé de paroisse s’étaient déplacés. Une ambiance de kermesse à grand renfort de cuivres, batterie, grosse caisse et serpentin car le handball, le pur, le vrai a figuré en pointillés. Pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé. Loin de faire de la figuration, Tremblay a joué son rôle jusqu’au bout. Les joueurs de Dragan Zovko sont restés longtemps au contact avant même de prendre les commandes à la pause (12-14) et mener de trois longueurs au retour des vestiaires. Le sursaut des Nordistes n’est intervenu qu’après 40 minutes lorsque le gardien William Annotel (12 arrêts au total) a eu la bonne idée d’étendre ses longs bras et repousser tout ce qui se présentait… ou presque (26-21 à la 53ème). Le final ne sera qu’une pure formalité, tout le monde oubliant qu’un match se déroulait mais augurant qu’une fête allait s’organiser. Dunkerque remporte le 1er titre de son histoire. Qui aurait parié sur cette équipe en début de saison ? Pas grand monde ! Tant le déballage d'argent avait fait de Paris, le favori tout trouvé de la compétition.
Paris ne s’en tire pas trop mal. Non seulement les partenaires de Daniel Narcisse ont battu logiquement Cesson mais ils bénéficient du revers de Montpellier à Chambéry pour terminer à la 2ème place du classement. Les Savoyards qui dimanche disputeront leur 5ème finale de Coupe de France face… au PSG, finissent cette saison sur les chapeaux de roue. Après le champion de France, ils s’offrent ce qui aurait pu être son dauphin. Même avec un Dragan Gajic au sommet (10 buts), les Héraultais n’ont pas réussi à enchaîner sur un succès après leur terrible désillusion en coupe de l’EHF, dimanche dernier. Ils ont couru tout le temps après le score sans jamais prendre les manettes. Chambéry qui termine 8ème au classement peut nourrir quelques regrets.
Le sacre dunkerquois en quelques étapes
Il y a un an, le Paris St Germain version qatari remportait son 1er titre de champion de France et chacun redoutait le début d’une hégémonie sans partage comme celle de Montpellier pendant les onze années qui venaient de s’écouler. A la manière d’Ivry en 2007, Dunkerque est venu mettre son gros grain de sable dans un scénario écrit sur mesure pour les Parisiens. Les Nordistes qui à l’intersaison n’avaient fait aucune folie, validant le départ de Sébastien Bosquet par la seule arrivée de Romain Guillard et perdant même en cours de route le gaucher norvégien Christopher Rambo, ont pris le pouvoir juste avant la trêve. Au cours d’une 10ème journée où ils avaient réussi l’exploit de battre le PSG et d’inaugurer une cohabitation en tête du championnat. Laquelle des deux équipes allait craquer la 1ère ? De profondes lézardes vont apparaître dans la muraille parisienne très rapidement puisque les joueurs de Philippe Gardent vont s’incliner sept jours plus tard à Nantes. Dunkerque prendra seul le commandement mais tout sera à refaire après un faux-pas à Chambéry (13ème journée).
Le mano a mano entre gens de la capitale et ceux de la province va très rapidement prendre des allures inattendues. L’USDK vient de sortir d’une phase de groupe de la Ligue des Champions complètement essorée (8 défaites, 1 nul, 1 victoire) et à la mi-février, personne ne donne cher des hommes de Patrick Cazal. Tout comme le PSG, ils viennent d’échouer dans le Final Four de la coupe de la Ligue mais se recentrent sur leur unique objectif : le titre en LNH. Contre toute attente, ils vont bénéficier des aléas du calendrier puisque l’écart avec leur adversaire direct va se creuser à la faveur d’un nul des Parisiens à Sélestat (15ème journée) et d’une défaite à Chambéry (17ème journée). Le jeu de l’oie se poursuit puisque c’est au tour de Dunkerque de tomber à Nantes (19ème journée). L’avance n’est plus que d’une longueur, tout ou presque va se jouer à Coubertin, le 27 mars dernier.
L'outsider prend possession de la salle, fait déjouer l’armada francilienne et s’impose sans aucune contestation possible. Il reste encore le rendez-vous à Montpellier que les Nordistes avaleront sans trop de difficultés. Trois points d’avance à quatre rencontres de la fin, le rêve qui paraissait inaccessible prend une tournure aux avantageuses rondeurs. Le PSG n’est plus maître de son destin et ce sont les Héraultais qui vont porter le coup de grâce. Le 8 mai, dans une Arena chauffée à blanc, Paris capitule lourdement et abandonne son titre. La boucle est bouclée et dans la cité du corsaire Jean Bart, les festivités peuvent débuter. Le premier rendez-vous du nouveau champion avec son fidèle public est un ratage total. Totalement démobilisés, Mohamed Mokrani et ses partenaires sont des fantômes face à une équipe chambérienne qui ne leur laisse aucun répit et surtout qui ne leur fait aucun cadeau. Les supporters ne sont pas rancuniers et donnent rapidement rendez-vous, une semaine plus tard pour la dernière sortie face à Tremblay. Et ce jeudi soir pour le baisser de rideau, il n’y a eu aucune fausse note tant la communion avec le public a été totale.
Les réactions des Dunkerquois après avoir soulevé à tour de rôle, le bouclier de la LNH
Espen Lie Hansen (arrivé en 2012 et qui la saison prochaine évoluera à Magdebourg): "Pour moi c'est fabuleux ! Je n'avais jamais gagné de titres aussi forts jusque-là. Le handball français m'a fait véritablement progresser. Je reste profondément attaché à Dunkerque même si en Allemagne, je vais commencer une nouvelle aventure. Cela va être difficile de remporter autant de trophées en Bundesliga."
"Mike" Grocaut (la vigie défensive de l'équipe, 13 saisons à l'USDK): "On se retrouve là où personne ne nous attendait. Ces derniers jours n'ont pas été évidents. On savait que le titre ne pouvait pas nous échapper mais il fallait quelque chose pour qu'on en prenne conscience. Désormais, on a une médaille pour réaliser. Ce titre nous appartient jusqu'à la saison prochaine. On va retrouver la Ligue des Champions. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, cette expérience au contact des plus grandes équipes nous a servi. On a engrangé de l'expérience et cela nous a servi pour le championnat."
Erwan Siakam (arrière percutant malheureusement blessé une partie de la saison): "On s'en est voulu après le match contre Chambéry. On a pris une dérouillée. Il ne fallait pas faire la fête avant tant que le championnat n'était pas fini. Mais Dunkerque est une équipe surprenante. Ce titre est le prolongement d'une aventure commencée il y a 4 ans avec la Coupe de France. On a régulièrement progressé. Même cette année, on est champions avec certes la meilleure défense mais la 11ème attaque ! Je veux rester dans cette équipe mais cela ne dépend pas trop de moi. L'aspect financier va compter. Mais qu'on arrête de m'annoncer un peu partout ! Plein de choses sont dites et cela me dessert plus que cela ne m'avantage !"
Le podium
Sur l’ensemble de la saison, Dunkerque n’aura perdu que 9 points (3 défaites à domicile contre St Raphaël, Nantes et Chambéry, une à l’extérieur en Savoie et un nul face à Montpellier).
Paris qui termine sur un succès face à Cesson, aura chuté à cinq reprises (deux fois contre Dunkerque puis à Nantes, Chambéry et Montpellier) et concédé deux nuls à Toulouse et Sélestat.
Montpellier qui a perdu deux points sur tapis vert (non respect du budget prévisionnel) abandonne donc sa place de dauphin après sa défaite ce jeudi soir à Chambéry. Sur le terrain, les hommes de Canayer se sont inclinés à Paris, St Raphaël, à domicile contre Dunkerque et à Chambéry et ont fait match nul à Dunkerque et Nantes.
TEMPS FORTS DE LA SAISON
Trophée des Champions : Chambery
Coupe de la Ligue : Montpellier
Championnat : Dunkerque
Coupe de France : Chambéry ou Paris (finale dimanche 25 mai)
relégués en Pro D2 : Dijon, Ivry
accèdent à la D1M : Créteil et l’équipe issue des play-offs de Pro D2 qui présente un solide dossier financier. Sinon, Ivry pourrait être repêché.
Les statistiques de la 26ème et dernière journée de championnat (ICI)