Le jeune gaucher de Chambéry marche sur les traces de son illustre aîné, champion du Monde en 1995 et meilleur joueur de la planète hand, deux ans plus tard. A même pas 20 ans, Alexandre Tritta dispute ce dimanche à 16h30, sa 1ère finale de coupe de France face au Paris St Germain.
A Chambéry, c’est très simple, quand un cadre est blessé, Mario Cavalli puise dans les réserves du centre de formation. Cette saison, le technicien savoyard a notamment du résoudre l’épineux problème des rotations sur son couloir droit lorsque Cédric Paty, Kévynn Nyokas et Olivier Marroux se sont successivement blessés. Les solutions n’étaient pas nombreuses et Alexandre Tritta est tout naturellement apparu sur l’échiquier.
Pas encore 20 ans, une gueule d’ange, un bras gauche puissant, une réelle présence en défense, l’international juniors n’a eu besoin que de quelques matches pour confirmer tout le bien que ses entraîneurs pensaient de lui. A commencer par celui de l’équipe 1. « Alex a pris la mesure de la D1 au niveau de la rigueur et de l’impact physique, souligne Mario Cavalli. Il manquait encore un peu de patience et se précipitait un peu trop mais il a corrigé tout ça. Il a posé son jeu, s’est inscrit dans le projet collectif de l’équipe et c’est normal qu’on lui accorde notre confiance.» Arrivé au club en 2012, le Grenoblois s’éclate dans son élément et utilise sa polyvalence en fonction des besoins. « On m’a surtout vu à l’aile ces derniers temps, enchaîne l’intéressé. Je ne connaissais pas le poste et il m’a fallu travailler encore plus à l’entraînement. Même si le fait de jouer devant ne peut pas me desservir, mon poste de prédilection reste arrière droit. Je me sens de mieux en mieux dans cette équipe et prendre de véritables responsabilités ne me fait pas peur. Si cela marche bien, c’est aussi parce que je ne me pose pas trop de questions, je fonce tout en gardant la tête froide. » Voilà un garçon qu’il ne faudra pas lâcher d’une semelle et qu’il faut d’ores et déjà classer dans les talents prometteurs.
D’ailleurs Mario Cavalli n’hésite pas à le comparer à un autre joueur, à la retraite depuis 2005, meilleur arrière droit du Monde en 1997 et "Barjot" devant l’Eternel. «Il me fait penser à… Stock ! » Le surnom du plus imprévisible des gauchers tricolores est lancé. Stéphane Stoecklin est une référence sur le poste, Alexandre Tritta lui, n’en est encore qu’à ses débuts. « L’avenir nous dira s’il est capable de marcher sur ses traces, poursuit Cavalli. "Stock" avait des qualités de jump, une vision de jeu incomparables et surtout, la force mentale de ne jamais douter . Alex a tous les ingrédients pour réussir, je lui souhaite d’avoir le même parcours. » Le jeune joueur en rougit à la fois de plaisir et de timidité, la comparaison est flatteuse même si…. « je ne cherche pas à totalement copier un autre, je veux rester moi-même. Si je peux m’inspirer de ce qui a de mieux sur le poste, c’est tout bénéfice. Stéphane Stoecklin, c’est un modèle mais je dois faire encore des progrès pour commencer à lui ressembler. » A Chambéry, Alexandre Tritta est le symbole de cette jeunesse bondissante couvée dans un des meilleurs centres de formation de France. Les Diot, Traoré, Blanc et autre Buffard lui ont emboîté le pas et tous rêvent un jour de signer un 1er contrat pro.
Avant de réellement y penser, il y a cet ultime rendez-vous qui attend les Savoyards ce dimanche (16h30) en finale de la coupe de France face à Paris. Un succès pour clôturer la saison, la boucle serait bouclée et surtout le club pourrait entamer une nouvelle aventure en coupe de l’EHF. «Tout est possible car Paris nous réussit plutôt pas mal*. Il ne faudra pas oublier que eux aussi seront très remontés et que cette année, ils n’ont encore rien gagné. On a géré les deux derniers matches (victoires à Dunkerque et face à Montpellier) pour qu’on arrive à Carpentier avec le maximum de fraîcheur. On veut gagner la coupe de France pour prétendre à l’Europe. Même si on sait que ce sera difficile. » Dimanche soir, Alexandre Tritta et ses coéquipiers ont une occasion en or de trôner à la Une des médias, médaille autour du cou et surtout coupe de France dans les mains. A 13000 km de là, en Thaïlande sur son île de Ko Samui, "Stock" sera partagé entre Chambéry son club de cœur et le Paris St Germain où il a joué et aujourd'hui entraîné par son pote Philippe Gardent.
* Les confrontations entre les deux équipes cette saison:
Trophée des Champions (07/09/2013) Chambéry aux tirs au but (32-31)
2ème journée en LNH (18/09/2013) PSG – Chambéry (30-29)
17ème journée en LNH (06/03/2014) Chambéry – PSG (31-26)
Jeudi soir, Philippe Gardent est sorti de Coubertin soulagé. Soulagé que son équipe ait gagné face à Cesson mais aussi que Chambéry ait accroché Montpellier, permettant aux Parisiens de terminer à la 2ème place de la D1 juste derrière Dunkerque. Et ce sont ces mêmes Savoyards qu’il connait si bien pour avoir passé 17 saisons au pied des Alpes que "Boule" retrouve sur son chemin. «Il faut leur répondre physiquement, notamment en défense. Si on arrive à être bon dans ce secteur, tout s’enchaîne bien derrière. Du fait que les deux équipes aient joué jeudi, la fraîcheur fera aussi la différence, même si, eux comme nous, nous avons pas mal fait tourner. » Paris joue toutefois sa saison sur le seul trophée qui reste à remporter. Le technicien francilien en est conscient même s’il tente de dédramatiser l’enjeu. «Il est évident qu’on n’a pas envie de finir sur un zéro pointé mais je ne pense pas que Mario Cavalli et ses joueurs aient moins de pression que nous. De mon côté, je n’ai pas besoin que les actionnaires me mettent la pression, je me la mets tout seul depuis 30 ans et j’adore ça. Quand je joue aux cartes avec mes enfants, c’est la même chose. » Un autre ancien Chambérien est aux aguets. Tout comme son entraîneur, Daniel Narcisse (notre photo) n’a jamais remporté la Coupe de France. Le capitaine parisien a vécu trois finales et les a toutes perdues face à Montpellier. « C’est le match le plus important de la saison et il va, j’espère, venir récompenser le travail, les difficultés, les moments de galère qu’on a traversés. En plus ce sera le dernier match de certains avec ce groupe, alors on a envie de bien finir ensemble. La saison est décevante car on n’a pas su atteindre les objectifs de début de saison. » Au PSG, tout le monde est face à ses responsabilités. Perdre une 2ème finale de Coupe de France d’affilée et surtout cette saison ne rien inscrire à son palmarès ferait vraiment désordre.
Dans le rétro....
En tant qu’entraîneur, Philippe Gardent a été cinq fois finaliste de la CDF sans jamais la remporter. Quatre fois avec Chambéry (2002, 2005, 2009 et 2011), une fois avec le PSG (2013).
Dans les deux groupes, cinq joueurs ont déjà remporté le trophée. Les Parisiens Samuel Honrubia et Mladen Bojinovic, six et sept fois avec Montpellier. Leurs coéquipiers Ibrahim Diaw et Patrice Annonay, à une reprise avec le Paris Handball en 2007. Le Chambérien Kévynn Nyokas faisait également partie de cette équipe du Paris HB.