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Les Girondins de Bordeaux mettent la clé sous la porte

ProLigue

lundi 28 juillet 2014 - © Davy Bodiguel

 6 min 14 de lecture

Vainqueurs jadis de la Coupe de France... brillants 3èmes de Pro D2 cette saison, les Girondins de Bordeaux repartaient de plus belle vers les cimes du hand hexagonal. Mais c'était sans compter sur un été 2014... passé en enfer : du refus fédéral de les inscrire en Pro D2 jusqu'à ce maudit 28 juillet où le dépôt de bilan est révélé... c'est à la fois une catastrophe majeure pour le sport girondin mais aussi une grande tristesse pour le handball national.

Jamais un lundi n'aura été aussi noir dans les rangs girondins : ce qui ne devait être qu'une reprise des entraînements pour les joueurs a finalement donné lieu à une explication finale des dirigeants Bordelais. Et le miracle n'a donc pas eu lieu au lendemain de ce funeste rendez-vous, les Girondins de Bordeaux déposent le bilan ce mardi 29 juillet... comme le dénouement logique d'une somme de mauvais signaux (à l'image de joueurs plus payés depuis de nombreux mois), un scénario catastrophe qui s'installait doucement mais sûrement au fil des derniers jours.

Au rayon des sujets qui fâchent, le déficit s'établit aujourd'hui à 350.000€ : les dirigeants Bordelais, par la voix de Joël Guégan, ont annoncé la couleur sans cacher la réalité des chiffres. Le président Guégan et le vice-président Lacoste ont mis dans la balance leurs comptes courants d'associés pour tenter de réduire la dette. Mais le dernier effort attendu de la municipalité Bordelaise (à savoir 150.000€) n'a finalement pas eu lieu : par la voix de l'adjointe aux sports Arielle Piazza, la mairie argue du fait qu'une rallonge municipale avait déjà été versée avec l'accession en Pro D2... portant la subvention à 340.000€. Qui plus est, le plan d'apurement et la promesse de comptes plus rigoureux n'ont pas convaincu. Plus rien ne sera versé par le premier soutien institutionnel du club, la mort des Girondins de Bordeaux HBC est ainsi actée... une triste fin qui laisse un gros sentiment de gâchis et met surtout sur le carreau 29 salariés dont 9 permanents. Tout comme ses joueurs, l'entraîneur de l'équipe première Erick Mathé est abattu face à une telle situation.

Le meilleur entraîneur de Pro D2 2013/14 nous livre ses impressions sur cette descente aux enfers et évoque un avenir encore très flou.

Erick, on devine la chape de plomb qui s'est abattu sur ton groupe ?
Oui, on a le sentiment d'un énorme gâchis. Au niveau sportif, cette situation nous coupe l'herbe sous le pied. On était sur une très bonne dynamique. Ce projet était loin d'un aboutissement final, on avait d'ailleurs enclenché la première vitesse sur cette saison en Pro D2... On ne voulait évidemment pas en rester là. Et pour cela on avait recruté de façon intelligente : Baptiste Calandre et Quentin Eymann venaient pour compléter le groupe existant.

Justement, les dirigeants vous ont rencontré. Qu'a t'il été dit ?
On avait hâte de rentrer sur une seconde saison en Pro D2... Et on vient nous dire stop avant de l'entamer, on devait reprendre la préparation aujourd'hui. Au lieu d'être sur la piste, nous étions sur les bancs de l'école. C'est délicat à vivre. J'ai maintenu l'entraînement du soir parce que je veux que mes joueurs (à la recherche d'autres clubs) s'entretiennent et je souhaitais aussi qu'ils s'aérent un peu la tête.

Tu parles de gâchis ?
Oui, c'est un véritable coup d'arrêt. Ce que je regrette surtout, c'est la temporalité des évènements : à cette période de l'année pour les salariés du club, c'est comme un assassinat. Et pour les joueurs, ce sera très difficile de retrouver un club à cet instant précis. On aurait pu libérer joueurs et entraîneur bien avant.

Il existait des signaux inquiétants ces dernières semaines, tu ne tombes pas des nues par rapport à cette situation ?
Evidemment non. On connaissait la situation du club, ça laissait présager de grosses difficultés. On pensait toutefois que la mairie allait nous aider. On évoque les difficultés de gestion, un manque de partenariat certes... mais compte tenu que Bordeaux est la plus grande agglomération de Pro D2, on pensait que la mairie allait venir à notre rescousse. On est conscient que c'est de l'argent public... mais c'est aussi un investissement. D'autant qu'à Bordeaux, on parle de la construction d'une Aréna en 2017. Alain Juppé nous avait dit que cette Aréna serait un outil dédié à notre club. C'était donc pour tendre vers le haut niveau... Sur ce point, je n'ai pas d'explication de ce revirement. Peut-être ont ils estimé que la situation du club était trop grave... peut-être y a t'il eu d'autres priorités politiques. Bordeaux a beaucoup investi dans le développement culturel... et le sportif a souvent été "l'enfant pauvre" de la ville.

Outre la Mairie, les dirigeants ont aussi leur part de responsabilité dans cet échec ?
Je ne doute pas de l'investissement des dirigeants. Du reste et à titre d'exemple, le président Guégan a largement payé de sa poche pour que le club existe. Il perd beaucoup d'argent dans cette histoire-là et il ne faut pas lui enlever le grand mérite d'avoir œuvré pendant 20 ans dans ce club, d'avoir porté les choses. Maintenant au niveau du club, ça ne doit pas tout excuser non plus. Je ne pointe du doigt ni les dirigeants ni la mairie... je pense que la relation entre les deux aurait pu être plus optimale pour que le projet réussisse.

Des bruits extérieurs t'on aussi déplu ?
Très récemment, dans notre situation, certains disaient qu'on était aux play-offs à crédit. Je veux bien l'entendre... mais ce sont aussi ces mêmes personnes qui disaient en début de saison qu'avec notre effectif limité, on serait les derniers de Pro D2. On finit 3ème... Certes le déficit s'est creusé, mais on restait sur un budget moyen de D2. Il ne faudrait pas dévaloriser le bon travail que l'on a pu faire.

A titre individuel, as tu des pistes pour rebondir vers un autre projet ?
C'est compliqué d'autant que la période ne s'y prête pas. J'ai une année pour regarder ce qui ce passe. Je serai très vigilant étant donné l'expérience malheureuse que l'on vit ici même si j'étais convaincu que ce club-là était la bonne opportunité pour aller vers le haut niveau. C'est vrai que le handball masculin m'a plus apporté pour l'instant et que mon réseau s'est plus étoffé que dans le hand féminin... mais je reste attentif à tout type de projet.

Et tu restes proche de tes joueurs ?
Complètement, j'ai activé mon réseau et j'essaie de faire le relais avec d'autres clubs. Ils ont des agents mais j'essaie d'être leur premier ambassadeur.

Et la suite pour le hand à Bordeaux ?
Avec un dépôt de bilan avéré, les instances juridiques dénoncent à priori non pas un redressement mais une liquidation. Il y a de grandes chances qu'une nouvelle structure se crée en repartant traditionnellement au niveau de l'équipe 2, ce serait donc en N2 mais avec aucun joueur pro et en se basant sur le groupe espoir.

Les Girondins de Bordeaux mettent la clé sous la porte 

ProLigue

lundi 28 juillet 2014 - © Davy Bodiguel

 6 min 14 de lecture

Vainqueurs jadis de la Coupe de France... brillants 3èmes de Pro D2 cette saison, les Girondins de Bordeaux repartaient de plus belle vers les cimes du hand hexagonal. Mais c'était sans compter sur un été 2014... passé en enfer : du refus fédéral de les inscrire en Pro D2 jusqu'à ce maudit 28 juillet où le dépôt de bilan est révélé... c'est à la fois une catastrophe majeure pour le sport girondin mais aussi une grande tristesse pour le handball national.

Jamais un lundi n'aura été aussi noir dans les rangs girondins : ce qui ne devait être qu'une reprise des entraînements pour les joueurs a finalement donné lieu à une explication finale des dirigeants Bordelais. Et le miracle n'a donc pas eu lieu au lendemain de ce funeste rendez-vous, les Girondins de Bordeaux déposent le bilan ce mardi 29 juillet... comme le dénouement logique d'une somme de mauvais signaux (à l'image de joueurs plus payés depuis de nombreux mois), un scénario catastrophe qui s'installait doucement mais sûrement au fil des derniers jours.

Au rayon des sujets qui fâchent, le déficit s'établit aujourd'hui à 350.000€ : les dirigeants Bordelais, par la voix de Joël Guégan, ont annoncé la couleur sans cacher la réalité des chiffres. Le président Guégan et le vice-président Lacoste ont mis dans la balance leurs comptes courants d'associés pour tenter de réduire la dette. Mais le dernier effort attendu de la municipalité Bordelaise (à savoir 150.000€) n'a finalement pas eu lieu : par la voix de l'adjointe aux sports Arielle Piazza, la mairie argue du fait qu'une rallonge municipale avait déjà été versée avec l'accession en Pro D2... portant la subvention à 340.000€. Qui plus est, le plan d'apurement et la promesse de comptes plus rigoureux n'ont pas convaincu. Plus rien ne sera versé par le premier soutien institutionnel du club, la mort des Girondins de Bordeaux HBC est ainsi actée... une triste fin qui laisse un gros sentiment de gâchis et met surtout sur le carreau 29 salariés dont 9 permanents. Tout comme ses joueurs, l'entraîneur de l'équipe première Erick Mathé est abattu face à une telle situation.

Le meilleur entraîneur de Pro D2 2013/14 nous livre ses impressions sur cette descente aux enfers et évoque un avenir encore très flou.

Erick, on devine la chape de plomb qui s'est abattu sur ton groupe ?
Oui, on a le sentiment d'un énorme gâchis. Au niveau sportif, cette situation nous coupe l'herbe sous le pied. On était sur une très bonne dynamique. Ce projet était loin d'un aboutissement final, on avait d'ailleurs enclenché la première vitesse sur cette saison en Pro D2... On ne voulait évidemment pas en rester là. Et pour cela on avait recruté de façon intelligente : Baptiste Calandre et Quentin Eymann venaient pour compléter le groupe existant.

Justement, les dirigeants vous ont rencontré. Qu'a t'il été dit ?
On avait hâte de rentrer sur une seconde saison en Pro D2... Et on vient nous dire stop avant de l'entamer, on devait reprendre la préparation aujourd'hui. Au lieu d'être sur la piste, nous étions sur les bancs de l'école. C'est délicat à vivre. J'ai maintenu l'entraînement du soir parce que je veux que mes joueurs (à la recherche d'autres clubs) s'entretiennent et je souhaitais aussi qu'ils s'aérent un peu la tête.

Tu parles de gâchis ?
Oui, c'est un véritable coup d'arrêt. Ce que je regrette surtout, c'est la temporalité des évènements : à cette période de l'année pour les salariés du club, c'est comme un assassinat. Et pour les joueurs, ce sera très difficile de retrouver un club à cet instant précis. On aurait pu libérer joueurs et entraîneur bien avant.

Il existait des signaux inquiétants ces dernières semaines, tu ne tombes pas des nues par rapport à cette situation ?
Evidemment non. On connaissait la situation du club, ça laissait présager de grosses difficultés. On pensait toutefois que la mairie allait nous aider. On évoque les difficultés de gestion, un manque de partenariat certes... mais compte tenu que Bordeaux est la plus grande agglomération de Pro D2, on pensait que la mairie allait venir à notre rescousse. On est conscient que c'est de l'argent public... mais c'est aussi un investissement. D'autant qu'à Bordeaux, on parle de la construction d'une Aréna en 2017. Alain Juppé nous avait dit que cette Aréna serait un outil dédié à notre club. C'était donc pour tendre vers le haut niveau... Sur ce point, je n'ai pas d'explication de ce revirement. Peut-être ont ils estimé que la situation du club était trop grave... peut-être y a t'il eu d'autres priorités politiques. Bordeaux a beaucoup investi dans le développement culturel... et le sportif a souvent été "l'enfant pauvre" de la ville.

Outre la Mairie, les dirigeants ont aussi leur part de responsabilité dans cet échec ?
Je ne doute pas de l'investissement des dirigeants. Du reste et à titre d'exemple, le président Guégan a largement payé de sa poche pour que le club existe. Il perd beaucoup d'argent dans cette histoire-là et il ne faut pas lui enlever le grand mérite d'avoir œuvré pendant 20 ans dans ce club, d'avoir porté les choses. Maintenant au niveau du club, ça ne doit pas tout excuser non plus. Je ne pointe du doigt ni les dirigeants ni la mairie... je pense que la relation entre les deux aurait pu être plus optimale pour que le projet réussisse.

Des bruits extérieurs t'on aussi déplu ?
Très récemment, dans notre situation, certains disaient qu'on était aux play-offs à crédit. Je veux bien l'entendre... mais ce sont aussi ces mêmes personnes qui disaient en début de saison qu'avec notre effectif limité, on serait les derniers de Pro D2. On finit 3ème... Certes le déficit s'est creusé, mais on restait sur un budget moyen de D2. Il ne faudrait pas dévaloriser le bon travail que l'on a pu faire.

A titre individuel, as tu des pistes pour rebondir vers un autre projet ?
C'est compliqué d'autant que la période ne s'y prête pas. J'ai une année pour regarder ce qui ce passe. Je serai très vigilant étant donné l'expérience malheureuse que l'on vit ici même si j'étais convaincu que ce club-là était la bonne opportunité pour aller vers le haut niveau. C'est vrai que le handball masculin m'a plus apporté pour l'instant et que mon réseau s'est plus étoffé que dans le hand féminin... mais je reste attentif à tout type de projet.

Et tu restes proche de tes joueurs ?
Complètement, j'ai activé mon réseau et j'essaie de faire le relais avec d'autres clubs. Ils ont des agents mais j'essaie d'être leur premier ambassadeur.

Et la suite pour le hand à Bordeaux ?
Avec un dépôt de bilan avéré, les instances juridiques dénoncent à priori non pas un redressement mais une liquidation. Il y a de grandes chances qu'une nouvelle structure se crée en repartant traditionnellement au niveau de l'équipe 2, ce serait donc en N2 mais avec aucun joueur pro et en se basant sur le groupe espoir.

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