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Pro D2 - Sébastien Leriche « Cherbourg a tout pour réussir ».

ProLigue

vendredi 8 août 2014 - © Philippe Dairou

 10 min 46 de lecture

 L’heure de la reprise a sonné à Cherbourg. Les 17 joueurs de la JSC et leur entraîneur, Sébastien Leriche, se préparent à faire leur entrée dans le championnat le plus fou du monde. A 35 jours du premier match des Mauves en Pro D2 (à Billère), Sébastien Leriche nous livre ses sentiments sur cette nouvelle aventure du club manchois. Impressions, bilan et envies, le handballeur du PLO (PL Octeville) revient sur son parcours et sur ses rêves.

Sébastien, tu vas être le plus jeune entraineur de Pro D2. Cela signifie t’il quelque chose pour toi ?
Non pas plus que ça. C’est surtout une reconnaissance de la confiance du club. Je suis issu du club, donc c’est toujours une satisfaction de vivre une aventure avec son club d’origine. Alors être le plus jeune entraîneur de Pro D2, c’est une petite fierté mais c’est surtout le signe que le chemin de la JSC n’en est qu’à ses débuts.

Si tu te retournes sur ton passé, que vois tu de significatif dans ta réussite ?
C’est la remise en question. Dans cette réussite, j’ai évidemment ma part de responsabilité et c’est passé par les écueils et les difficultés rencontrés à mes débuts. Le club a passé un cap ce qui a permis de recruter des joueurs venant du haut niveau, ça m’a permis de progresser dans ma fonction d’entraîneur. Je suis rentré dans ce métier tout de suite dans le dur – en 2011-2012 en tant qu’entraineur principal, ndlr -, avec beaucoup de pression sur les résultats et les ambitions du club. J’ai tenu, j’ai fait face, j’ai travaillé, la nouvelle équipe dirigeante m’a fait confiance et ça a payé cette année avec la montée en Pro D2.

Tes débuts de coach l’ont été avec des copains, des joueurs avec qui tu avais joué. Avec du recul, ne penses tu pas que ça a été un handicap pour t’affirmer ?
Cà a été le truc le plus compliqué, c’est vrai. Passer de ce statut de joueur à celui d’entraineur adjoint – de Tijani Kachroum en 2010-2011, ndlr – avec la relation encore plus personnelle qu’un adjoint a avec les joueurs, puis à celui d’entraineur principal a été très compliqué. Je me suis un peu noyé la première année, j’ai voulu mettre les barrières tout de suite, trop vite, sans réussir à fédérer le groupe. Mais quelque soit l’âge auquel on rentre dans ce métier, c’est toujours difficile. C’est l’expérience qui fait la différence, forcément. Et l’envie d’apprendre et le besoin de se remettre en question, tout le temps.

La venue de joueurs extérieurs et très expérimentés t’a-t-elle aidé dans ton apprentissage ? Et en même temps, as-tu été effrayé, n’as-tu jamais craint de ne pas être à la hauteur ?

Non. J’ai très vite compris que ces joueurs là sont beaucoup plus faciles à gérer, ce sont des pros, qui écoutent ce qu’on leur demande et qui apportent leur savoir faire aux autres joueurs et à moi. J’ai souvent eu beaucoup plus de mal à gérer le management des joueurs « locaux »… Alors peut être eux ont-ils été un peu inquiets, à leur arrivée, « ah c’est toi l’entraineur, tu es très jeune » mais quand il voit qu’il y a du travail et je l’espère de la compétence, ils font confiance et l’aventure commune se met en route.


A l’orée de la saison 2013-2014, ton départ avait été évoqué suite à l’échec de la saison en Nationale 1. Comment as-tu vécu ton maintien ?

Oui, un échec tout relatif puisqu’on a fini 6ème avec une cascade de blessés sur au moins la moitié de la saison… Oui, c’était difficile, ça l’est toujours quand ton travail est critiqué et que tu es remis en cause. Mais la nouvelle équipe dirigeante a voulu que je continue, m’a remotivé. J’ai saisi la chance offerte à la fois pour faire taire les critiques et parce que j’avais envie de réussir ici et que je suis bien conscient du gros potentiel du club et de l’environnement autour du handball ici.
 
La JSC est elle prête à franchir le cap du professionnalisme et à ton avis, les moyens et les énergies déployées te semblent elles suffisantes ?

En tout cas, on a tous les outils pour réussir. Pour avoir vu ce qui se passait ailleurs, en Pro D2 ou en LNH, on peut dire que la JSC a tout ce qu’il faut pour mener le projet au bout. D’abord, on a le soutien du public, de la région, il y a un vrai engouement pour le handball et sans doute un besoin, une grosse envie d’avoir un truc, un sport de haut niveau qui mette en lumière le nord Cotentin, Cherbourg et sa région. On a le soutien des collectivités locales, de nombreux partenaires privés, la JSC est un club sain financièrement et humainement et on a la chance d’être devenu la vitrine du sport cherbourgeois. Le handball est devenu le sport le plus populaire de la région, Chantereyne le lieu où il faut être, c’est une dimension essentielle dans la réussite du projet. Maintenant, sportivement il nous manque l’expérience de ce niveau là. On a recruté des joueurs d’un niveau supérieur. Avec l’ossature des « anciens » qui ont l’expérience du haut niveau mais collectivement, on n’a pas encore de vécu et c’est ma principale crainte. Contrairement aux grosses écuries de Pro D2 – il cite Billère, Chartres, Dijon, Ivry, Mulhouse -, on n’a pas l’expérience et les ficelles nécessaires pour évoluer à ce niveau là. Cette équipe, on l’a bâtie sur l’expérience individuelle de chacun et sur le « caractère ». La Pro D2 c’est une division où il faut avoir du caractère, il faut du tempérament, il faut des gagneurs, chaque semaine c’est un combat de 60 minutes. Il faut des mecs (sic) qui vont au charbon chaque week-end, qui se forgent une âme collective. Ce sera notre principal travail pendant cette préparation.

Es tu satisfait du recrutement ?
On a voulu conserver l’ossature de la saison dernière, on a fait confiance  aux jeunes joueurs du coin, des jeunes qui n’ont jamais connu ce niveau de jeu, notamment le binôme d’ailiers droits, 100% manchois (Yvan Toury et David Jourdain, photo ci dessous)), ou Morgan (Youf Pinsault, meilleur pivot de la poule 2 de nationale 1) pour qui ça va être un nouveau challenge de s’adapter à ce niveau et il en a les moyens. Sur le recrutement, oui je suis satisfait, notamment sur l’arrivée d’Obrad Ivezic. Dès janvier j’ai fait part au bureau de la JSC de cette priorité, un gardien de but d’un niveau vraiment supérieur. La doublette Dalmont-Le Goff a été très performante, et c’est une des raisons de notre réussite et de l’accession, mais je voulais vraiment un gros numéro 1. On a eu l’opportunité avec Obrad et on ne l’a pas loupée. Malgré de nombreuses sollicitations, Obrad a choisi Cherbourg, très tôt dans la saison, sur un projet qui l’a tout de suite intéressé, un projet qu’il a perçu comme sérieux et évolutif.


Ensuite, il nous fallait un 4ème gaucher – avec Thoury et Jourdain, les ailiers et Fabrice Chauvin, l’arrière droit -, on a pris Rabah Soudani qui a pas mal de vécu sur le poste d'arrière droit, et qui peut éventuellement « dépanner » sur l’aile en cas de besoin. Après on est allé chercher du lourd avec du poids, de la taille, Avec Xavier Moreau qui vient de Toulouse, un profil LNH qu’il pourrait très vite retrouver, le plus tard possible je l’espère, et Yoann Magouré dans un rôle de revanchard, ce qui m’a bien plu. Valentin Doudeau, David Christmann (entraîneur de Cesson, LNH) nous a informés qu’il cherchait un club pour s’aguerrir, et qui a tout ce qu’il faut pour réussir en Pro D2. Dans un profil de percussion avec des qualités d’appuis supérieures à la moyenne. Et enfin, Williams Manebard qui n’a plus rien à prouver à ce niveau, très très performant sur son aile.

Avec un groupe assez peu modifié et le doublement de tous les postes, envisages-tu de changer le plan de jeu ?
Je ne voulais pas de joueurs qui ralentissent notre jeu. Les joueurs recrutés sont très mobiles, ils se projettent très vite vers l’avant. Et puis, on le sait, les succès en sport co et particulièrement en handball se bâtissent à partir d’une grosse défense. Avec le premier défenseur, le gardien de but. Sur les dispositifs, en Pro D2, on est plus sur une 6-0, avec beaucoup d’impacts physiques, une grosse densité, et avec notre recrutement, on est je pense dans ce registre là. Mais, je n’exclue pas les autres systèmes défensifs, pour être réactif par rapport à l’adversaire différent chaque semaine, pour trouver les moyens de perturber l’attaque adverse. On est capables de défendre étagé, aligné, groupé, avec du volume, d’harceler. Et plus que les systèmes, 0-6, homme à homme, zone, moi je suis plus partisan de parler de relations à 2, à 3, sur les intentions, d’harceler le porteur de balle, de récupération du ballon. Les premières semaines de notre préparation sont basées là-dessus, avec une volonté omniprésente de vouloir se projeter très vite vers l’avant.

Malik Boubaïou et Lukas Buchta seront-ils plutôt enclins à défendre ?
Lukas reste le relais numéro 1 en défense, il aime ça, et le projet défensif, je le bâtis au quotidien avec lui. On en parle, il me fait part de ses sensations et on travaille en concertation plus qu’en imposition. Malik, la saison passée, il a fallu le retenir dans ses intentions défensives, il va plus s’aguerrir et s’épanouir en Pro D2. Et surtout, c’est un joueur capable de jouer à tous les postes d’arrière et aussi pivot. C’est un joueur très important dans notre projet, il a des qualités au-dessus du niveau Pro D2. En plus, il est guéri « mentalement » de ses blessures, de ses pépins physiques.


N’as tu pas la pression à l’idée qu’il te faudra faire des choix chaque jeudi soir ? De devoir éliminer 2 ou 3 joueurs et peut être des joueurs avec une très grosse carte de visite ?

Je suis très serein, c’est un choix de riche… Toute décision quant elle est expliquée, rationnelle, on doit l’accepter. La saison va être longue, et entre les blessures éventuelles et les absences possibles des internationaux, je sais que tout le monde a sa place dans le projet. Il fallait apporter plus de densité. On était 14 la saison dernière, 17 cette année. Cet effectif, il va falloir le gérer au quotidien, à l’entraînement. Et je ferai mes choix en fonction.

Dans moins de 40 jours, les Mauves ouvriront leur championnat à Billère, un vieux client de Pro D2. Crains tu ce premier déplacement ?
Billère, ça va être un combat, comme partout en Pro D2. C’est bien de commencer par une équipe de ce calibre là, pour être tout de suite dans le bain. Le match à Billère, on ne va pas y aller en victime, on y va pour le gagner, comme un match de coupe. On est le petit poucet, on va essayer de créer la surprise, mais on y va sereinement. Mais nous notre saison elle va vraiment commencer à domicile, à Chantereyne. Parce que notre objectif, c’est d’être fort, voire imbattable à la maison. Avec 2.200 personnes à chaque match, un soutien de toute une région, on se doit d’être dans un état d’esprit décuplé à domicile.

Quelles sont tes ambitions ? Pour Cherbourg et pour toi.
J’ai de l’ambition, je ne le cache pas. Quand on n’a plus d’ambition, on ne peut plus être performant. Ca tient aussi à mon côté accro à mon métier d’entraineur de handball. J’ai du mal à partir en vacances, à ne rien faire en rapport avec le handball pendant 3-4 semaines. Je vis, je mange, je dors handball en permanence. Maintenant, Cherbourg, c’est mon club, je sais ce qu’il m’a apporté, je mesure l’incroyable potentiel de la JSC et je sais que ma place est ici. Mais je ne suis pas naïf, je suis sur un siège éjectable et si je dois partir, je partirais. Et peut être aussi que j’aurais envie et besoin d’aller voir ailleurs, un jour. Mais je veux continuer à progresser et avant tout, aller au bout de ce projet avec Cherbourg.

En un mot (ou plusieurs), comment qualifies tu ton travail d’entraîneur de handball ?
Travail, passion, perfectionnisme, rigueur, plaisir.

Sébastien LERICHE
Né le 04 mai 1985 à Cherbourg
Débuts de handballeur en 1997 au PLO (Patronage Laïque Octeville, club de Cherbourg-Octeville)
Joueur au CL Tourlaville jusqu’en 2003, arrivée à la JS Cherbourg et premiers pas d’entraineur en 2010-2011, adjoint de Tijani Kachroum.

Pro D2 - Sébastien Leriche « Cherbourg a tout pour réussir ». 

ProLigue

vendredi 8 août 2014 - © Philippe Dairou

 10 min 46 de lecture

 L’heure de la reprise a sonné à Cherbourg. Les 17 joueurs de la JSC et leur entraîneur, Sébastien Leriche, se préparent à faire leur entrée dans le championnat le plus fou du monde. A 35 jours du premier match des Mauves en Pro D2 (à Billère), Sébastien Leriche nous livre ses sentiments sur cette nouvelle aventure du club manchois. Impressions, bilan et envies, le handballeur du PLO (PL Octeville) revient sur son parcours et sur ses rêves.

Sébastien, tu vas être le plus jeune entraineur de Pro D2. Cela signifie t’il quelque chose pour toi ?
Non pas plus que ça. C’est surtout une reconnaissance de la confiance du club. Je suis issu du club, donc c’est toujours une satisfaction de vivre une aventure avec son club d’origine. Alors être le plus jeune entraîneur de Pro D2, c’est une petite fierté mais c’est surtout le signe que le chemin de la JSC n’en est qu’à ses débuts.

Si tu te retournes sur ton passé, que vois tu de significatif dans ta réussite ?
C’est la remise en question. Dans cette réussite, j’ai évidemment ma part de responsabilité et c’est passé par les écueils et les difficultés rencontrés à mes débuts. Le club a passé un cap ce qui a permis de recruter des joueurs venant du haut niveau, ça m’a permis de progresser dans ma fonction d’entraîneur. Je suis rentré dans ce métier tout de suite dans le dur – en 2011-2012 en tant qu’entraineur principal, ndlr -, avec beaucoup de pression sur les résultats et les ambitions du club. J’ai tenu, j’ai fait face, j’ai travaillé, la nouvelle équipe dirigeante m’a fait confiance et ça a payé cette année avec la montée en Pro D2.

Tes débuts de coach l’ont été avec des copains, des joueurs avec qui tu avais joué. Avec du recul, ne penses tu pas que ça a été un handicap pour t’affirmer ?
Cà a été le truc le plus compliqué, c’est vrai. Passer de ce statut de joueur à celui d’entraineur adjoint – de Tijani Kachroum en 2010-2011, ndlr – avec la relation encore plus personnelle qu’un adjoint a avec les joueurs, puis à celui d’entraineur principal a été très compliqué. Je me suis un peu noyé la première année, j’ai voulu mettre les barrières tout de suite, trop vite, sans réussir à fédérer le groupe. Mais quelque soit l’âge auquel on rentre dans ce métier, c’est toujours difficile. C’est l’expérience qui fait la différence, forcément. Et l’envie d’apprendre et le besoin de se remettre en question, tout le temps.

La venue de joueurs extérieurs et très expérimentés t’a-t-elle aidé dans ton apprentissage ? Et en même temps, as-tu été effrayé, n’as-tu jamais craint de ne pas être à la hauteur ?

Non. J’ai très vite compris que ces joueurs là sont beaucoup plus faciles à gérer, ce sont des pros, qui écoutent ce qu’on leur demande et qui apportent leur savoir faire aux autres joueurs et à moi. J’ai souvent eu beaucoup plus de mal à gérer le management des joueurs « locaux »… Alors peut être eux ont-ils été un peu inquiets, à leur arrivée, « ah c’est toi l’entraineur, tu es très jeune » mais quand il voit qu’il y a du travail et je l’espère de la compétence, ils font confiance et l’aventure commune se met en route.


A l’orée de la saison 2013-2014, ton départ avait été évoqué suite à l’échec de la saison en Nationale 1. Comment as-tu vécu ton maintien ?

Oui, un échec tout relatif puisqu’on a fini 6ème avec une cascade de blessés sur au moins la moitié de la saison… Oui, c’était difficile, ça l’est toujours quand ton travail est critiqué et que tu es remis en cause. Mais la nouvelle équipe dirigeante a voulu que je continue, m’a remotivé. J’ai saisi la chance offerte à la fois pour faire taire les critiques et parce que j’avais envie de réussir ici et que je suis bien conscient du gros potentiel du club et de l’environnement autour du handball ici.
 
La JSC est elle prête à franchir le cap du professionnalisme et à ton avis, les moyens et les énergies déployées te semblent elles suffisantes ?

En tout cas, on a tous les outils pour réussir. Pour avoir vu ce qui se passait ailleurs, en Pro D2 ou en LNH, on peut dire que la JSC a tout ce qu’il faut pour mener le projet au bout. D’abord, on a le soutien du public, de la région, il y a un vrai engouement pour le handball et sans doute un besoin, une grosse envie d’avoir un truc, un sport de haut niveau qui mette en lumière le nord Cotentin, Cherbourg et sa région. On a le soutien des collectivités locales, de nombreux partenaires privés, la JSC est un club sain financièrement et humainement et on a la chance d’être devenu la vitrine du sport cherbourgeois. Le handball est devenu le sport le plus populaire de la région, Chantereyne le lieu où il faut être, c’est une dimension essentielle dans la réussite du projet. Maintenant, sportivement il nous manque l’expérience de ce niveau là. On a recruté des joueurs d’un niveau supérieur. Avec l’ossature des « anciens » qui ont l’expérience du haut niveau mais collectivement, on n’a pas encore de vécu et c’est ma principale crainte. Contrairement aux grosses écuries de Pro D2 – il cite Billère, Chartres, Dijon, Ivry, Mulhouse -, on n’a pas l’expérience et les ficelles nécessaires pour évoluer à ce niveau là. Cette équipe, on l’a bâtie sur l’expérience individuelle de chacun et sur le « caractère ». La Pro D2 c’est une division où il faut avoir du caractère, il faut du tempérament, il faut des gagneurs, chaque semaine c’est un combat de 60 minutes. Il faut des mecs (sic) qui vont au charbon chaque week-end, qui se forgent une âme collective. Ce sera notre principal travail pendant cette préparation.

Es tu satisfait du recrutement ?
On a voulu conserver l’ossature de la saison dernière, on a fait confiance  aux jeunes joueurs du coin, des jeunes qui n’ont jamais connu ce niveau de jeu, notamment le binôme d’ailiers droits, 100% manchois (Yvan Toury et David Jourdain, photo ci dessous)), ou Morgan (Youf Pinsault, meilleur pivot de la poule 2 de nationale 1) pour qui ça va être un nouveau challenge de s’adapter à ce niveau et il en a les moyens. Sur le recrutement, oui je suis satisfait, notamment sur l’arrivée d’Obrad Ivezic. Dès janvier j’ai fait part au bureau de la JSC de cette priorité, un gardien de but d’un niveau vraiment supérieur. La doublette Dalmont-Le Goff a été très performante, et c’est une des raisons de notre réussite et de l’accession, mais je voulais vraiment un gros numéro 1. On a eu l’opportunité avec Obrad et on ne l’a pas loupée. Malgré de nombreuses sollicitations, Obrad a choisi Cherbourg, très tôt dans la saison, sur un projet qui l’a tout de suite intéressé, un projet qu’il a perçu comme sérieux et évolutif.


Ensuite, il nous fallait un 4ème gaucher – avec Thoury et Jourdain, les ailiers et Fabrice Chauvin, l’arrière droit -, on a pris Rabah Soudani qui a pas mal de vécu sur le poste d'arrière droit, et qui peut éventuellement « dépanner » sur l’aile en cas de besoin. Après on est allé chercher du lourd avec du poids, de la taille, Avec Xavier Moreau qui vient de Toulouse, un profil LNH qu’il pourrait très vite retrouver, le plus tard possible je l’espère, et Yoann Magouré dans un rôle de revanchard, ce qui m’a bien plu. Valentin Doudeau, David Christmann (entraîneur de Cesson, LNH) nous a informés qu’il cherchait un club pour s’aguerrir, et qui a tout ce qu’il faut pour réussir en Pro D2. Dans un profil de percussion avec des qualités d’appuis supérieures à la moyenne. Et enfin, Williams Manebard qui n’a plus rien à prouver à ce niveau, très très performant sur son aile.

Avec un groupe assez peu modifié et le doublement de tous les postes, envisages-tu de changer le plan de jeu ?
Je ne voulais pas de joueurs qui ralentissent notre jeu. Les joueurs recrutés sont très mobiles, ils se projettent très vite vers l’avant. Et puis, on le sait, les succès en sport co et particulièrement en handball se bâtissent à partir d’une grosse défense. Avec le premier défenseur, le gardien de but. Sur les dispositifs, en Pro D2, on est plus sur une 6-0, avec beaucoup d’impacts physiques, une grosse densité, et avec notre recrutement, on est je pense dans ce registre là. Mais, je n’exclue pas les autres systèmes défensifs, pour être réactif par rapport à l’adversaire différent chaque semaine, pour trouver les moyens de perturber l’attaque adverse. On est capables de défendre étagé, aligné, groupé, avec du volume, d’harceler. Et plus que les systèmes, 0-6, homme à homme, zone, moi je suis plus partisan de parler de relations à 2, à 3, sur les intentions, d’harceler le porteur de balle, de récupération du ballon. Les premières semaines de notre préparation sont basées là-dessus, avec une volonté omniprésente de vouloir se projeter très vite vers l’avant.

Malik Boubaïou et Lukas Buchta seront-ils plutôt enclins à défendre ?
Lukas reste le relais numéro 1 en défense, il aime ça, et le projet défensif, je le bâtis au quotidien avec lui. On en parle, il me fait part de ses sensations et on travaille en concertation plus qu’en imposition. Malik, la saison passée, il a fallu le retenir dans ses intentions défensives, il va plus s’aguerrir et s’épanouir en Pro D2. Et surtout, c’est un joueur capable de jouer à tous les postes d’arrière et aussi pivot. C’est un joueur très important dans notre projet, il a des qualités au-dessus du niveau Pro D2. En plus, il est guéri « mentalement » de ses blessures, de ses pépins physiques.


N’as tu pas la pression à l’idée qu’il te faudra faire des choix chaque jeudi soir ? De devoir éliminer 2 ou 3 joueurs et peut être des joueurs avec une très grosse carte de visite ?

Je suis très serein, c’est un choix de riche… Toute décision quant elle est expliquée, rationnelle, on doit l’accepter. La saison va être longue, et entre les blessures éventuelles et les absences possibles des internationaux, je sais que tout le monde a sa place dans le projet. Il fallait apporter plus de densité. On était 14 la saison dernière, 17 cette année. Cet effectif, il va falloir le gérer au quotidien, à l’entraînement. Et je ferai mes choix en fonction.

Dans moins de 40 jours, les Mauves ouvriront leur championnat à Billère, un vieux client de Pro D2. Crains tu ce premier déplacement ?
Billère, ça va être un combat, comme partout en Pro D2. C’est bien de commencer par une équipe de ce calibre là, pour être tout de suite dans le bain. Le match à Billère, on ne va pas y aller en victime, on y va pour le gagner, comme un match de coupe. On est le petit poucet, on va essayer de créer la surprise, mais on y va sereinement. Mais nous notre saison elle va vraiment commencer à domicile, à Chantereyne. Parce que notre objectif, c’est d’être fort, voire imbattable à la maison. Avec 2.200 personnes à chaque match, un soutien de toute une région, on se doit d’être dans un état d’esprit décuplé à domicile.

Quelles sont tes ambitions ? Pour Cherbourg et pour toi.
J’ai de l’ambition, je ne le cache pas. Quand on n’a plus d’ambition, on ne peut plus être performant. Ca tient aussi à mon côté accro à mon métier d’entraineur de handball. J’ai du mal à partir en vacances, à ne rien faire en rapport avec le handball pendant 3-4 semaines. Je vis, je mange, je dors handball en permanence. Maintenant, Cherbourg, c’est mon club, je sais ce qu’il m’a apporté, je mesure l’incroyable potentiel de la JSC et je sais que ma place est ici. Mais je ne suis pas naïf, je suis sur un siège éjectable et si je dois partir, je partirais. Et peut être aussi que j’aurais envie et besoin d’aller voir ailleurs, un jour. Mais je veux continuer à progresser et avant tout, aller au bout de ce projet avec Cherbourg.

En un mot (ou plusieurs), comment qualifies tu ton travail d’entraîneur de handball ?
Travail, passion, perfectionnisme, rigueur, plaisir.

Sébastien LERICHE
Né le 04 mai 1985 à Cherbourg
Débuts de handballeur en 1997 au PLO (Patronage Laïque Octeville, club de Cherbourg-Octeville)
Joueur au CL Tourlaville jusqu’en 2003, arrivée à la JS Cherbourg et premiers pas d’entraineur en 2010-2011, adjoint de Tijani Kachroum.

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