Le retour en France est physique. Arrivée à Nice, comme Lacrabère,
Rocha, Knutsdottir et d'autres, Cléopâtre Darleux a été la première à
reprendre l'entraînement avec le club azuréen. C'est le prix à payer
pour une équipe qui doit prendre rapidement forme avant une saison
abordée avec ambition, alors que se profile le premier match amical
lundi. « On prend le temps pour être prêtes en septembre », raconte,
heureuse, la gardienne internationale.
Cléopâtre, comment se passe cette reprise à Nice ?
Très
bien, vraiment. Il y a une bonne entente dans l'équipe, et moi cela me
fait aussi plaisir de rentrer en France et retrouver des filles avec qui
j'ai déjà joué, avec qui je m'entends très bien. Même avec les autres
joueuses, que je ne connaissais pas forcément, il y a une très
bonne entente. On bosse très bien avec Sébastien, on est sur une bonne
dynamique de travail.
N'êtes-vous pas trop dans l'inconnue, avec tous ces changements ?
Non,
cela démarre bien mais c'est certain qu'il y a beaucoup de nouvelles
joueuses (six), avec en plus certaines filles qui s'étaient blessées et
manquent encore : Guillerme, Rocha, et Le Bihan. Donc on aborde vraiment
les premiers matches comme des rencontres de préparation. Nous sommes
la première équipe à avoir commencé mais c'est dur de trouver des
affinités, c'est tout nouveau, on prend le temps pour être prêtes en
septembre.
Il y a malgré tout un noyau dur d'anciennes Brestoises avec Filipovic, Guillerme, Le Bihan, Lacrabère, vous…
C'est très différent de Brest mais c'est vrai qu'en venant, je
me sentais presque à la maison (sourire). J'avais déjà mes marques, beaucoup d'affinités, pas comme si
c'était tout nouveau.
Bien sûr, cela peut nous aider à gagner du temps, Alex est une pièce maîtresse de l'équipe, moi aussi et on se connaît déjà avec les autres. Karen (Knutsdottir,
la demi-centre) est étrangère et son adaptation prendra plus de temps.
Pour l'instant ça parle anglais, un peu espagnol et français. Mais je
pense que tout ça va bien prendre.
Vous voilà donc de retour en France après deux ans à Viborg. Que retenez-vous de cette expérience ?
Je
suis très contente de revenir, de retrouver ce pays. Mine de rien, être
à l'étranger, ce n'est pas facile. Surtout dans un pays où on ne parle
pas la langue, où on n'est que pour le handball, sans amis. C'est dur de
s'intégrer dans un pays comme le Danemark. Mais je reviens beaucoup
plus forte, en ayant beaucoup travaillé physiquement,
handballistiquement, psychologiquement. Oui, j'ai vraiment l'impression
d'avoir progressé et grandi dans ma tête. Et cela va me servir dans le
Championnat français.
N'est-ce pas un échec de revenir après deux petites années à l'étranger ?
Ah non, ce n'est pas du tout un échec !
C'était vraiment un bon passage de ma carrière, je suis très contente
d'être allée là-bas car j'ai vraiment appris. J'y ai passé deux ans, je
ne voulais pas rester au Danemark où j'avais fait le tour mais ailleurs,
pourquoi pas. Puis je suis revenue en France, j'ai eu des contacts avec
Nice et le projet m'a séduit.
Quel est-il, ce projet ?
C'est d'abord un projet de ville :
Nice a envie d'avoir une grosse équipe dans un sport co. Il y a le foot
(en Ligue 1) mais pas d'autres sports que nous en D1. Les gens sont en train de monter une belle équipe.
Ensuite, bien sûr, tous les gros clubs veulent gagner des titres, des
Coupes d'Europe. Mais le projet se construit sur quelques années. Déjà
le pôle espoir a été transféré à Nice, c'est bien pour le club et la
ville. Tout cela est en train de se construire, il commence à y avoir un
intérêt pour le hand alors que Nice est une grande ville, avec beaucoup
d'attractions, et qu'il est difficile de remplir la salle. Mais c'est un
beau projet, j'étais très intéressée par ça : rejoindre un club qui n'a
encore rien gagné mais a envie de lutter contre les gros, de créer, où je peux apporter mon expérience. Sinon
c'est trop facile d'aller dans les gros clubs et gagner largement (Elle
sourit).
Pour gagner dès cette année ? Certains vous présentent déjà comme l'un des favoris…
Ce n'est pas du tout l'objectif. Il
faut vraiment construire, on n'a pas encore l'équipe pour gagner cette année. L'objectif est
de se qualifier pour une Coupe d'Europe. Vraiment, on n'a pas du tout
le sentiment d'être outsider. C'est ce que les gros clubs essaient de dire,
ce que certains à Metz déclarent sur tous les toits, et je trouve ça un
peu ridicule. Elles ont tout gagné l'an dernier avec la même équipe,
pourquoi ne gagneraient-elles pas cette année ? Je ne suis pas du tout d'accord
avec ça. Nous, nous sommes une toute jeune équipe, c'est la troisième
année du club en D1, il a failli descendre l'an dernier. Et ce n'est
pas avec trois nouvelles joueuses que tu peux être champion de France
en claquant des doigts.
A moins d'un mois de la reprise, vous avez déjà hâte d'y être ?
Pour
l'instant on est tranquille, on se prépare, étape par étape. On
travaille différents points, mais nous ne sommes pas encore prêtes. Même
le match contre Toulon, c'est juste pour se roder, mettre les
enclenchements en place, ce qu'on n'a pas pu travailler. On a encore un bon
mois, on est tout au début de la préparation.
Vous n'avez que 25 ans et déjà beaucoup de titres gagnés. Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?
Surtout
gagner avec l'équipe de France. Nous avons deux ans jusqu'aux JO
et on n'a jamais rien gagné, il est temps de remporter un titre. L'Euro en
décembre ? On va viser le dernier carré, au moins. On doit se fixer des
objectifs plus hauts que les dernières fois, sinon, on n'y arrivera pas.