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Didier Dinart est aussi là pour bousculer les mentalités

International

samedi 23 août 2014 - © Yves Michel

 5 min 24 de lecture

Depuis le week-end dernier, les joueurs de France Jeunes s'éclatent dans ce qu'ils font. Leur encadrement technique vit par la force des choses ce climat d'euphorie et personne n'ose le tempérer. Certainement pas Didier Dinart qui prend véritablement plaisir dans son nouveau rôle d'entraîneur.

Pour la 1ère fois depuis la création du championnat d'Europe Jeunes en 1992, la France participera à une finale. L'exploit est authentique. En fâcheuse posture la semaine dernière dès le 2ème match du tour préliminaire - on se rappelle la cinglante fessée infligée par la Hongrie et des joueurs totalement à la dérive - cette équipe a réagi en changeant une partie de ses principes. Notamment en défense sous l'impulsion d'un certain Didier Dinart. L'ancien verrou de l'équipe de France se retrouve totalement dans son élément. Il aime bousculer des principes trop rigides édictés par la filière, les jeunes s'engouffrent dans cette voie et ça marche ! Comme il l'a toujours fait lorsqu'il était sur le terrain, c'est sans détours qu'il a répondu à nos questions.

Didier, tu as l'air de t'éclater au contact de ce groupe ?
Oui car ces jeunes me le rendent bien. Ce qui arrive à ce groupe n'est pas anodin. C'est de loin, une des meilleures générations qu'on ait pu avoir depuis plus de quinze ans. Celle de 76-78 n'était pas mal non plus ! (sourires

On a même l'impression que tu vis tout ça comme si tu étais sur le parquet
Ceux qui me connaissent, savent que je ne fais rien à moitié. Comment ne pas être totalement investi lorsque ceux à qui tu montres la voie, avec qui tu passes du temps, sont à l'écoute et en plus réussissent sur le terrain.

Après l'Allemagne et hier contre l'Espagne, tu es allé partager leur joie
Oui, sans calculer. C'est tellement bien ce qu'ils sont en train de réaliser ! Quand tu prépares une stratégie, forcément, la plus belle récompense c'est de voir tes joueurs gagner. Cela me donne aussi l'impression d'être à part entière dans cette victoire. C'est pour ça que je saute comme un gamin même si ce sont des "France jeunes". J'espère pouvoir sauter encore très longtemps !

Qu'est-ce qui fait la richesse de cette génération ?
Son talent, son parfait état d'esprit, sa complémentarité. Son pouvoir d'adaptation aussi. Tous ces jeunes ont beaucoup travaillé et ce qu'ils sont en train de vivre en équipe de France, tout le mérite leur en revient.

On a des pépites certes mais le chemin est encore long...
C'est vrai mais déjà il y a des signes qui ne trompent pas. Il y a de la qualité à tous les postes qui sont tous doublés... et bien doublés.

Ces jeunes se retrouvent dirigés par des champions du Monde dont deux qui ont arrêté il y a deux ans et qui ont certainement été leur idole...
Ma relation avec eux reste... amicale. Je n'ai pas une grande expérience du monde de l'entraînement mais je me sers de ce que j'ai vécu. Daouda lui, a un souci de parité au niveau des gardiens. Dans son esprit, il n'y a pas de gardien titulaire. Si tu mérites ta place, tu joues. Même s'il n'est pas sur le banc, les changements de gardiens c'est lui qui les décide.



Qu'est ce qui diffère dans ton appréciation entre ces Jeunes et France A ? 
Ma grande satisfaction avec France A, c'est qu'on est parti sur un groupe remanié et qu'on a pu avoir une défense très performante en 0-6. 0n a été bien récompensé par le titre au Danemark. Là, avec les jeunes, la particularité c'est qu'on a eu de très beaux résultats... mais en 1-5.  

Donc, rien n'est écrit dans le marbre...
Je préconise des principes de jeu et je dis qu'il n'y a pas de science exacte. La stratégie dépend du groupe que tu as, au moment où tu l'as.    

Contre l'Allemagne et l'Espagne, les Français ont du et pu se dépasser ?
Les joueurs ont pas mal souffert mentalement face à l'Allemagne. Et cela a été bon pour eux. Revenir de cinq buts dans les dix dernières minutes, ce n'est pas donné à tout le monde. Pour parvenir à un tel exploit, il faut avoir un réel potentiel et une réelle envie. Contre l'Espagne, le peu d'expérience qu'ils ont, les a assis dans leur match. Ils sont toujours restés appliqués, combattifs... sereins.

Contre la Hongrie en finale, il va falloir revoir la stratégie ? Vous les avez rencontrés en match de poule et vous avez largement perdu (26-34).
Il y a des concours de circonstance qui ont fait que ce match s'est terminé à huit buts. Mais ce n'est pas du tout la valeur de cette équipe. Il n'y a pas une telle différence entre la Hongrie et la France.

As-tu l'impression de contribuer à une nouvelle approche de la formation ?
Sans aller jusque-là, je dis simplement qu'en six mois, ma plus grande satisfaction c'est de gagner des médailles (NDLR: or avec les "A" au Danemark et or ou argent dimanche avec "France Jeunes") sur deux systèmes défensifs différents avec des principes de jeu. C'est aussi ma revanche.

C'est à dire ?
 
Parfois, je me heurte à certains entraîneurs qui affirment que c'est impossible de changer des principes quand il y a eu des automatismes. Je viens d'y parvenir dans mon domaine en l'espace d'un mois depuis le stage de St Malo. Je l'ai fait en France A et avec ces jeunes. A ce moment-là, il faut bien parler de compétence, non ? Pour moi, le résultat compte aussi et si une finale de l'Euro n'est pas un résultat.... Tous les principes peuvent être changés. Je suis aussi un peu là pour ça.

Pas aigris de retrouver la Hongrie

Il faudra donc remettre le couvert face à la Hongrie (ce dimanche à 16h30) avec l'assurance d'une médaille à la clé. Tom Nozeran (photo ci-dessus) et ses camarades n'ont plus qu'à choisir la couleur. Or ou Argent ? Tant qu'à faire... Mais voilà, se dresse un obstacle de taille. La seule équipe qui a totalisé dans ce tournoi autant de succès que de matches qu'elle a disputés. Et parmi ces six victoires, celle face aux Tricolores (34-26). Probante, sans discussion, une de ces fessées qui restent dans toutes les têtes. Notamment celles des vaincus. Ce vendredi, les Hongrois ont maîtrisé leur demi-finale face au Danemark du début jusqu'à la fin (32-26 et 13-10 à la pause). Sur le papier, ils partiront favoris. Cette fois, les Français devront se montrer plus vigilants et adopter les recettes qui ont marché depuis et qui les ont conduits en finale.

Didier Dinart est aussi là pour bousculer les mentalités  

International

samedi 23 août 2014 - © Yves Michel

 5 min 24 de lecture

Depuis le week-end dernier, les joueurs de France Jeunes s'éclatent dans ce qu'ils font. Leur encadrement technique vit par la force des choses ce climat d'euphorie et personne n'ose le tempérer. Certainement pas Didier Dinart qui prend véritablement plaisir dans son nouveau rôle d'entraîneur.

Pour la 1ère fois depuis la création du championnat d'Europe Jeunes en 1992, la France participera à une finale. L'exploit est authentique. En fâcheuse posture la semaine dernière dès le 2ème match du tour préliminaire - on se rappelle la cinglante fessée infligée par la Hongrie et des joueurs totalement à la dérive - cette équipe a réagi en changeant une partie de ses principes. Notamment en défense sous l'impulsion d'un certain Didier Dinart. L'ancien verrou de l'équipe de France se retrouve totalement dans son élément. Il aime bousculer des principes trop rigides édictés par la filière, les jeunes s'engouffrent dans cette voie et ça marche ! Comme il l'a toujours fait lorsqu'il était sur le terrain, c'est sans détours qu'il a répondu à nos questions.

Didier, tu as l'air de t'éclater au contact de ce groupe ?
Oui car ces jeunes me le rendent bien. Ce qui arrive à ce groupe n'est pas anodin. C'est de loin, une des meilleures générations qu'on ait pu avoir depuis plus de quinze ans. Celle de 76-78 n'était pas mal non plus ! (sourires

On a même l'impression que tu vis tout ça comme si tu étais sur le parquet
Ceux qui me connaissent, savent que je ne fais rien à moitié. Comment ne pas être totalement investi lorsque ceux à qui tu montres la voie, avec qui tu passes du temps, sont à l'écoute et en plus réussissent sur le terrain.

Après l'Allemagne et hier contre l'Espagne, tu es allé partager leur joie
Oui, sans calculer. C'est tellement bien ce qu'ils sont en train de réaliser ! Quand tu prépares une stratégie, forcément, la plus belle récompense c'est de voir tes joueurs gagner. Cela me donne aussi l'impression d'être à part entière dans cette victoire. C'est pour ça que je saute comme un gamin même si ce sont des "France jeunes". J'espère pouvoir sauter encore très longtemps !

Qu'est-ce qui fait la richesse de cette génération ?
Son talent, son parfait état d'esprit, sa complémentarité. Son pouvoir d'adaptation aussi. Tous ces jeunes ont beaucoup travaillé et ce qu'ils sont en train de vivre en équipe de France, tout le mérite leur en revient.

On a des pépites certes mais le chemin est encore long...
C'est vrai mais déjà il y a des signes qui ne trompent pas. Il y a de la qualité à tous les postes qui sont tous doublés... et bien doublés.

Ces jeunes se retrouvent dirigés par des champions du Monde dont deux qui ont arrêté il y a deux ans et qui ont certainement été leur idole...
Ma relation avec eux reste... amicale. Je n'ai pas une grande expérience du monde de l'entraînement mais je me sers de ce que j'ai vécu. Daouda lui, a un souci de parité au niveau des gardiens. Dans son esprit, il n'y a pas de gardien titulaire. Si tu mérites ta place, tu joues. Même s'il n'est pas sur le banc, les changements de gardiens c'est lui qui les décide.



Qu'est ce qui diffère dans ton appréciation entre ces Jeunes et France A ? 
Ma grande satisfaction avec France A, c'est qu'on est parti sur un groupe remanié et qu'on a pu avoir une défense très performante en 0-6. 0n a été bien récompensé par le titre au Danemark. Là, avec les jeunes, la particularité c'est qu'on a eu de très beaux résultats... mais en 1-5.  

Donc, rien n'est écrit dans le marbre...
Je préconise des principes de jeu et je dis qu'il n'y a pas de science exacte. La stratégie dépend du groupe que tu as, au moment où tu l'as.    

Contre l'Allemagne et l'Espagne, les Français ont du et pu se dépasser ?
Les joueurs ont pas mal souffert mentalement face à l'Allemagne. Et cela a été bon pour eux. Revenir de cinq buts dans les dix dernières minutes, ce n'est pas donné à tout le monde. Pour parvenir à un tel exploit, il faut avoir un réel potentiel et une réelle envie. Contre l'Espagne, le peu d'expérience qu'ils ont, les a assis dans leur match. Ils sont toujours restés appliqués, combattifs... sereins.

Contre la Hongrie en finale, il va falloir revoir la stratégie ? Vous les avez rencontrés en match de poule et vous avez largement perdu (26-34).
Il y a des concours de circonstance qui ont fait que ce match s'est terminé à huit buts. Mais ce n'est pas du tout la valeur de cette équipe. Il n'y a pas une telle différence entre la Hongrie et la France.

As-tu l'impression de contribuer à une nouvelle approche de la formation ?
Sans aller jusque-là, je dis simplement qu'en six mois, ma plus grande satisfaction c'est de gagner des médailles (NDLR: or avec les "A" au Danemark et or ou argent dimanche avec "France Jeunes") sur deux systèmes défensifs différents avec des principes de jeu. C'est aussi ma revanche.

C'est à dire ?
 
Parfois, je me heurte à certains entraîneurs qui affirment que c'est impossible de changer des principes quand il y a eu des automatismes. Je viens d'y parvenir dans mon domaine en l'espace d'un mois depuis le stage de St Malo. Je l'ai fait en France A et avec ces jeunes. A ce moment-là, il faut bien parler de compétence, non ? Pour moi, le résultat compte aussi et si une finale de l'Euro n'est pas un résultat.... Tous les principes peuvent être changés. Je suis aussi un peu là pour ça.

Pas aigris de retrouver la Hongrie

Il faudra donc remettre le couvert face à la Hongrie (ce dimanche à 16h30) avec l'assurance d'une médaille à la clé. Tom Nozeran (photo ci-dessus) et ses camarades n'ont plus qu'à choisir la couleur. Or ou Argent ? Tant qu'à faire... Mais voilà, se dresse un obstacle de taille. La seule équipe qui a totalisé dans ce tournoi autant de succès que de matches qu'elle a disputés. Et parmi ces six victoires, celle face aux Tricolores (34-26). Probante, sans discussion, une de ces fessées qui restent dans toutes les têtes. Notamment celles des vaincus. Ce vendredi, les Hongrois ont maîtrisé leur demi-finale face au Danemark du début jusqu'à la fin (32-26 et 13-10 à la pause). Sur le papier, ils partiront favoris. Cette fois, les Français devront se montrer plus vigilants et adopter les recettes qui ont marché depuis et qui les ont conduits en finale.

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