C'est sans doute le premier tournant de la saison. Nantes co-leader de la D1 masculine, se déplace à Paris qui réussit mieux en Ligue des Champions qu'en championnat. Le tout sur fond de polémique alimentée par le président nantais autour du carton rouge et du coup de dents de Marko Kopljar.

Avant même que Nantes n’ait posé un pied sur le sol parisien, le match a débuté en coulisses. Et c’est Gaël Pelletier le président du "H" qui a ouvert les hostilités dans la presse locale en s’étonnant de l’attitude de la LNH qui suite au carton rouge infligé à Marko Kopljar (coupable d’avoir mordu le Chambérien Benjamin Gille mercredi dernier) n’a pas pris de mesure conservatoire et suspendu provisoirement le gaucher croate. Ce à quoi la Ligue a répondu qu’il n’y avait ni blessure grave, ni préméditation et que la commission de discipline statuerait d’ici à quatre semaines. Ce mercredi à Carpentier, l’ambiance promet donc d’être… électrique. D’autant que cette salle peut rappeler d’excellents moments à Rock Feliho et ses partenaires. Il y a deux ans, quasiment jour pour jour, en quarts de finale de la coupe de la Ligue, les Nantais avaient été les premiers dans l’histoire, à battre le Paris des investisseurs qataris. « Oui, on s’en souvient très bien, confirme le capitaine ligérien. On s’attend à un match très engagé  mais "faut pas charrier", ce sont eux les favoris. Tu as vu leur banc ? Quand ils ont de la casse, ils trouvent tout de suite la solution. Ils peuvent se permettre plus de choses que nous. » Pourtant cette saison, un vent nouveau semble souffler sur la Loire-Atlantique. Après six journées, l’équipe est invaincue et elle n’a jamais affiché d’aussi bonnes dispositions depuis qu’elle évolue parmi l’élite. « On est arrivé là où on est en se focalisant sur nous-mêmes, en ne s’occupant pas trop des autres. Mais on s’aperçoit que c’est aussi dur d’aller gagner à Tremblay ou à Créteil que de recevoir une plus grosse équipe chez nous. J’avoue que si en début de championnat, on nous avait prédit 11 points sur 12, j’aurais signé tout de suite. » Le défenseur qui dimanche dernier en Croatie s’est fait plaisir (5 buts inscrits) en participant à la qualification pour le prochain tour de la coupe EHF, reste toutefois prudent. Ses quatorze années au plus haut niveau (dont trois en Bundesliga) lui ont appris la patience et l’humilité. « Il faut garder cette application et cette rigueur qui nous accompagnent depuis septembre. Contre Paris, on va devoir se surpasser, être à 110% et même si on se retrouve en difficultés, il ne faudra jamais paniquer. Ce que je souhaite c’est qu’on puisse récupérer les blessés de la semaine (Gharbi et Davyes n’ont pas fait le voyage en Croatie) car je le répète, notre effectif est moins étoffé que le leur. » Et on comprend aussi pour quelle raison Gaël Pelletier aurait bien aimé voir Marko Kopljar dans les tribunes.  Tant qu’il est sur le terrain, son puissant bras gauche et ses capacités défensives sont une force de dissuasion pour n’importe quel adversaire. Rock Feliho lui, se gardera bien de demander la tête du Croate et invite à plus de retenue. « Je ne vais pas le charger, ce n’est pas mon rôle. Avec la pression, l’énervement, n’importe qui peut perdre son sang froid. Ces gestes, c’est vrai sont assez rares et peuvent choquer. Mais à une époque où la télé et les moyens de communication n’étaient pas omniprésents, on les a déjà vus. Et souvent, on "oubliait" de les sanctionner. » Ce mercredi, les deux joueurs risquent de se retrouver face à face. Le duel promet d’être rude d’autant que les deux hommes ont de la ruse et du métier. « Tu penses bien que je vais le surveiller très attentivement et devant moi, il faudra qu'il soit fort mentalement pour ne pas craquer. » Le ton est donné. La Halle Carpentier (du nom du boxeur français du début du 20ème siècle) n’a jamais aussi bien porté son nom. 



Philippe Gardent : "Tu me soûles avec Marko !"

A l'exception de Luc Abalo (élongation aux adducteurs), le PSG récupère tous ses joueurs blessés. Même avec un nez fracturé, Jeffrey M'Tima tiendra sa place, Daniel Narcisse est remis de sa béquille aux ischios. Xavier Barachet (blessé à la main depuis l'EuroTournoi) a eu le feu vert des médecins. Sa présence sur la feuille sera décidée au tout dernier moment. Philippe Gardent ne prendra aucun risque d'autant que pour lui ce match revêt une importance capitale. « Nous avons déjà deux défaites donc si on veut être champions, on n’a pas intérêt à laisser d’autres points en route surtout face à des concurrents directs. Nantes est une équipe bien en place qui joue avec beaucoup de cœur et qui aime bien avoir le rôle d'outsider. » En ce début de saison, le PSG affiche deux visages. Combattif et sans trop de failles en Ligue des Champions (4 sur 4), irrégulier et vulnérable en championnat. « J’ai quelques explications que je préfère garder pour moi. Je ne pense pas que les joueurs choisissent leurs matches. Les deux compétitions sont différentes donc le comportement aussi. Mais ce n’est pas une question d’investissement. »  Le technicien francilien n’en dira pas plus et gardera une part de mystère autour de sa réponse. En revanche, il va se montrer plus agacé à la seule évocation du carton rouge et de la polémique qui a entouré l’expulsion de Marko Kopljar contre Chambéry. « Tu me soûles avec Marko ! On ne tombe pas dans le même piège que vous (les journalistes). On en parle beaucoup moins mais ça a l’air de plus vous traumatiser. Le joueur est soucieux de bien remplir son rôle et d’évacuer cette espèce de sinistrose. Car franchement, si on regarde bien, il n’y a pas lieu de comparaisons excessives comme j’ai pu l’entendre. Et (sur un ton goguenard) je ne me soucie pas non plus des propos de Pelletier (le président nantais a aussi reproché à la LNH de se coucher (sic) devant le PSG). C’est vraiment son problème. » Laquelle des deux équipes saura évacuer le plus la pression qui entoure la rencontre ? Cela peut être une clé de ce que d’aucuns présentent comme un des premiers tournants de la saison.   

Les oppositions entre les deux clubs (depuis que Paris est devenu PSG)