Enorme en défense, l’équipe de France a étouffé les vice-championnes du monde serbes (27-16) pour son deuxième match à l’Euro, grâce à une fantastique Laura Glauser dans les cages (16 arrêts). Une prestation qui offre deux points aux Bleues pour la suite. Et l’ambition de voir encore plus loin.
De notre envoyé spécial à Osijek (Croatie)
C’est du jamais vu. Pour la première fois de l’histoire d’un Euro, une équipe n’a marqué que 3 buts après 30 minutes Et pas n’importe laquelle : les vice-championnes du monde en titre. Mercredi, les Serbes se sont fait éteindre par une équipe de France énorme en défense. Bien sûr, l’adversaire n’avait pas grand-chose à voir avec celui qui a atteint la finale mondiale en décembre dernier, avec cette fois une Lekic sur une jambe et une Popovic obligée de jouer les pièces de rechange à l’aile droite. Mais ce sont bien les Bleues qui ont livré une partition défensive de premier ordre. « La meilleure mi-temps défensive de l’équipe de France depuis que je suis sélectionneur, estime Alain Portes, qui ne boude pas son plaisir. Les filles étaient dans un grand jour, elles ont été extraordinaires. Je suis très fier. »
D’autant que ce récital doit pour beaucoup à des options décidées en amont par le sélectionneur, avec l’aval de ses joueuses. Le Monténégro avait choisi de défendre à deux sur la pivot Cvijic, pas loin du quintal sur la balance. Les Bleues se sont appuyées sur le dynamisme de Lévêque, associée à Ayglon. Pour leur première association, la blonde et la brune ont flotté, se sont passé la pivot comme si elle n’était qu’une benjamine, et ont imprimé leur tempo devant des attaquantes serbes bien impuissantes, contraintes de lâcher 13 ballons en 30 minutes. Et pour magnifier le tout, le mur blanc bénéficiait d’une gardienne impeccable derrière : Laura Glauser. « Une futur grande », vantait Alain Portes la veille. La Messine, 21 ans, n’a pas déçu pour son premier match dans un grand Championnat, affichant une incroyable statistique de 9 arrêts à 75% de réussite à la pause (15 arrêts à 48% au final). « On a été audacieux en lançant Alice et Laura et on a été récompensés, souriait Alain Portes. On part sur un parcours long et on aura besoin de tout le monde. Alice, à 17-18 ans, était la meilleure joueuse de sa génération et Laura a été désignée meilleure gardienne du Mondial junior. Cela doit leur donner confiance. »
Avec une telle solidité, une telle confiance aussi, les Bleues n’ont jamais été inquiétées. La Miossaise, également tranchante en attaque, ouvrait le score d’un tir puissant, puis Lacrabère et Ayglon creusaient un premier écart (3-0, 6e). Bien qu’une de moins après l’exclusion de Kanto, les Françaises poursuivaient leur récital (6-1, 16e), les entrantes Zaadi et Baudouin, au penalty, alimentant le score (11-3, 30e puis 14-4, 34e). Tout suspense envolé, la Serbie tentait d’opposer un minimum de fierté face à des Tricolores plus brouillonnes mais qui continuaient à poser leur jeu en attaque, avec l’envie de se passer le ballon, toujours, pour trouver la meilleure solution possible. L’occasion pour Prouvensier, Nze Minko, Landre et Gnabouyou, en réussite pour ses premières minutes (3 buts), de se montrer (26-16, 58e).
Avec cette victoire, les Françaises se donnent déjà le droit d’exister lors d’un second tour qu’elles aborderont avec 2 points au moins. « On va profiter… Jusqu’à demain (jeudi) matin et après, on va vite s’y remettre », savourait une Alexandra Lacrabère tout sourire après le match. Ensuite, il faudra battre le Monténégro pour arriver en position idéale à Zagreb. « J’espère qu’on va continuer sur cette dynamique, souhaite Alain Portes. Une équipe de France qui met la Serbie à 11 buts derrière en lui faisant comprendre que ce ne sera pas possible de passer, ça n’arrive pas tous les jours. Mais on n’est pas là pour jouer petit bras. »
A Osijet, Gradski VRT
Le mercredi 10 décembre à 18 heures
France - Serbie : 27 - 16 (Mi-temps : 11-3)
900 spectateurs
Arbitres : MM. Horvath et Marton (HON).
Evolution du score : 3-0 (6e), 4-1 (11e), 6-1 (16e), 8-2 (20e), 11-3 (MT), 16-4 (36e), 20-9 (42e), 22-13 (53e), 27-16 (FT).
Les réactions
Il y avait beaucoup de sourire en zone mixte après la rencontre, tant les Bleues ont pris du plaisir sur le terrain. Car en plus de leur solidité en défense, qui est leur ADN depuis le dernier Mondial déjà, les Françaises ont ajouté de l’efficacité en contre en première mi-temps et pas mal de variété dans leur jeu, avec des passes au pivot comme des décalages aux ailes.
Alexandra Lacrabère, arrière de l’équipe de France
« La Serbie qui ne nous met que trois buts en une mi-temps, c’est invraisemblable, on voit qu’elles commencent à douter, c’est kiffant. On ne voulait pas se laisser marcher dessus comme à l’Euro 2012 (la France n’avait marqué que 6 buts en une mi-temps à la Serbie dans un match décisif), on a de l’orgeuil, de la fierté, on est Françaises quoi ! Mais attention, la compétition n’est pas finie : ça vient tout juste de commencer (sourire). »
Nina Kanto, pivot et énorme en défense
« On pensait que Cvijic (la pivot serbe) serait un gros problème pour nous, donc on l’a éloignée des arrières en défendant haut, je pense que c’était la meilleure solution car on les a étouffées. Franchement, c’est génial. Il faut que je revoie les images car sur le terrain on ne se rend pas compte. En plus c’était l’ascenseur émotionnel pour moi, on défendait très bien mais je loupais mes tirs à 6 mètres, c’était rageant ! Mais à la fin c’est un énorme kiff. On a montré qu’on était une équipe. Franchement, c’est l’une de mes plus belles victoires en équipe de France. »
Alice Lévêque, arrière, énorme en défense et essentielle en attaque
« Je ne m’attendais pas à commencer comme titulaire. Avant le match, Alain m’a dit un truc qui m’a fait beaucoup de bien (voir plus haut). Je me posais des milliers de questions et là je ne pensais plus à rien d’autre qu’à jouer. Je n’ai jamais réussi à me montrer comme ça en équipe de France, j’ai su saisir ma chance, j’ai vraiment kiffé. Pendant le match on a vu les Serbes fatiguées, on n’y croyait pas, je me disais « pourquoi elles doutent autant ? ». Mais c’est le fruit de notre travail. »
Les réactions sonores
Laura Glauser
Alain Portes
Le Monténégro facile
Si le score peut paraître honnête (28-24), la Slovaquie n’a pas pu lutter face au Monténégro dans l’autre match de poule. Après 7 minutes équilibrées (4-4), les championnes d’Europe en titre ont en effet accéléré le rythme en s’appuyant encore sur leur excellente défense qui leur a offert autant de ballons de contre (12-6, 19e puis 20-10 à la pause et même 23-10, 35e). Dragan Adzic a ensuite largement pu faire tourner son effectif et préserver ses cadres pour la finale du groupe, vendredi, face à la France. Le vainqueur fera alors un premier pas vers le carré final. La Slovaquie, bien revenue dans les vingt dernières minutes (12-4 sur cet intervalle) jouera sa qualification pour le second tour face à la Serbie.