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Euro F : Espagne-Norvège, l'heure des retrouvailles

Euro

samedi 20 décembre 2014 - © Amélie Huhn

 6 min 51 de lecture

Elles sont sûrement celles qui ont opposé le plus de résistance à la Norvège : les Espagnoles avaient fini par craquer dans les toutes dernières minutes et avaient laissé le match s'échapper. Désormais, les organismes sont épuisés et c'est une toute autre rencontre qui se jouera au mental, dans une aréna pleine de supporters norvégiens. La question qui se pose est la suivante : l'Espagne peut-elle être championne d'Europe face au géant scandinave ?

L'Espagne : l'équipe qui a réveillé la Norvège

Retour en 2003. Le 13 décembre en Croatie, l'Espagne de Marta Mangué rafle la 5ème place des Championnats du Monde aux Norvégiennes (27-26). C'est tout un monde qui s'écroule alors. La Norvège hypothèque de fait ses chances de participer aux Jeux Olympiques d’Athènes. On connaît la suite de l'histoire : l'équipe est alors confiée à Marit Breivik qui emmène une génération dorée (Tonje Larsen, Gro Hammerseng, Katja Nyberg ou encore les sœurs Lunde) marquer durablement la planète handball. Depuis ce triste épisode, les Norvégiennes n'ont plus manqué un seul rendez-vous européen (victorieuses en 2004, 2006, 2008 et 2010), jusqu'à cette double prolongation tragique face au Monténégro en 2012. Pour les Espagnoles, il faut remonter à 2008 pour les voir atteindre la finale et s'y incliner lourdement (34-21) ... face à la Norvège. Depuis, entre les deux nations, la balance penche sérieusement en faveur des joueuses du nord.

Au tour principal, les Norvégiennes avaient pris le dessus

Lors de leur précédente rencontre dans cet Euro, la base arrière a coincé des deux côtés : c'est Betina Riegelhuth (7 buts) qui avait libéré la Norvège à 9m quand les Espagnoles n'avaient jamais vraiment réussi à s'exprimer autrement qu'à travers Nerea Pena (7 buts également). Pour aller chercher les Scandinaves, il leur faudra également faire briller les Marta Mangué, Beatriz Fernandez, Elisabeth Pinedo et Alexandrina Cabral qui avaient réussi à se lâcher dans le match capital face au Danemark. Mais il faudra aussi réveiller Carmen Martin (42 buts dans la compétition) qui est passée quasiment inaperçue au tour principal après des matchs de poules époustouflants. C'est à dire qu'en face, c'est du lourd. Mørk et Løke sont respectivement 7 et 8ème au classement des buteuses avec 69 buts marquées à elles deux. Et derrière, ça marque aussi avec Linn-Kristin Riegelhuth Koren ou Veronica Kristiansen.

Le joker scandinave

L'histoire est suffisamment belle pour ne pas passer à côté. Nora Mørk n'a que 20 ans en 2011 lorsqu'elle remporte la Ligue des Champions avec Larvik : elle souhaite alors profiter de l'été pour se faire opérer du genou (syndrome du sauteur). C'est le début d'un calvaire qui, de complications en complications, la tiendra éloignée des terrains pendant deux saisons. Pas d'or mondial au Brésil pour elle donc, ni même aux Jeux Olympiques de Londres : pire encore, elle ne peut que regarder à travers son écran, impuissante, son équipe échouer à conserver son titre européen en 2012 face au Monténégro. Lorsqu'elle revient enfin en 2013 en Serbie, c'est pour s'incliner en quart de finale face au pays hôte ... 4 ans après son dernier titre avec la Norvège, on comprend mieux pourquoi  elle s'est effondrée face aux médias, émue jusqu'aux larmes, après la victoire face à la Suède. Et en jetant un œil aux statistiques - 35/46, soit 76% de réussite, et nombre de pénaltys provoqués- de sa coéquipière Heidi Løke, on se dit qu'elle a peut-être bien fait de lui envoyer ce fameux SMS, la priant de retrouver son maillot de l'équipe nationale ... Néanmoins, il faut souligner que la star norvégienne locale (Györ) a déjà passé plus de 6h sur le terrain depuis le début de la compétition, soit plus que chacune des autres finalistes.

Le facteur clé : les gardiennes

Avant la dernière journée, Silje Solberg, troisième choix norvégien (après Katrine Lunde, enceinte, et Kari Aalvik Grimsbø, blessée) pointe en tête du classement des meilleures gardiennes avec une statistique de 42% (79 arrêts sur 190 tirs). Silvia Navarro n'est pas très loin derrière avec 38% d'arrêts, soit le même rendement que sa remplaçante, Ana Temprano, sur qui l'équipe peut donc se reposer en cas de pépin. On ne peut pas en dire autant du collectif norvégien puisqu'il faut aller chercher très loin dans les statistiques pour trouver Emily Stang Sando, la doublure de Solberg : avec seulement 28% d'arrêts, la portière d'Esbjerg a été nettement moins performante.

Comme un air de LFH

La Ligue féminine de handball sera bien représentée à Budapest ce dimanche : outre la Monténégrine Marija Jovanovic (Issy-Paris) qui jouera une troisième place face à la Suède d'Hanna Fogelström (Toulon Sain-Cyr), ça ne sont pas moins de 9 joueuses de LFH qui se disputeront la médaille d'or. Côté norvégien, on comptera Pernille Wibe et Stine Bredal Oftedal, incontournables du club d'Issy-Paris. Chez les Ibères, les Niçoises Beatriz Escribano et Elisabeth Chavez se battront aux côtés des joueuses de Fleury : Marta Lopez, Alexandrina Cabral, Beatriz Fernandez Ibanez et Marta Mangué. Enfin, il incombera à Lara Gonzales de représenter les Dragonnes dans un pays où elle reviendra très vite disputer le tour principal de la ligue des Champions (Györ-Metz le 14/02).

Avant la petite finale, Marija Jovanovic ne cache pas sa déception, même si c'est surtout au sujet de la sanction de Suzana Lazovic qu'elle est sollicitée. Au repos forcé, la joueuse de Podgorica sera précieuse pour aller chercher "face à une Suède favorite, un bronze qui aura la saveur de l'or", dixit la joueuse d'Issy-Paris. On aurait d'ailleurs souhaiter voir briller davantage celle qui a fini 2014 en tant que meilleure marqueuse de LFH. Elle s'explique : "Je n'étais pas à mon meilleur niveau au début de l'Euro, mais il y a aussi le fait que le Monténégro est une équipe complètement différente : à Issy je joue sur le côté gauche alors qu'avec la sélection, je dois jouer demi-centre car nous sommes 4 arrières et il faut tourner. Bien sûr le niveau est très supérieur dans ce genre de compétition qu'en LFH mais je n'ai jamais été très bien au début, même si à la fin, j'ai fini par trouver mes marques, je n'ai pas eu le même rendement qu'en championnat mais je pense que j'ai apporté beaucoup à l'équipe, j'ai donné mon maximum et c'est le plus important."

Du côté des finalistes, l'heure est à l'optimisme. Marta Mangué, l'une des quatre Panthères de Fleury imagine la proximité avec ses coéquipières comme un petit avantage - Jorge Dueñas, le sélectionneur, déplorait le fait que ses joueuses soient éparpillées aux 4 coins de l'Europe -, toutefois, elle relativise : "en équipe nationale, le jeu et le rythme de vie sont complètement différents". Néanmoins, quand à leurs chances de victoire, elle est catégorique : "nous voulons gagner, nous voulons décrocher cette médaille d'or et demain sera un autre match, complètement différent". Et Elisabeth Pinedo de renchérir : "la Norvège a assez gagné, c'est notre tour maintenant".

Même son de cloche pour la pivot Isséenne Pernille Wibe : "Il faut qu'on croit au fait qu'on peut les battre une seconde fois. On doit se méfier parce qu'après avoir été battues par la Roumanie, elles ont réagit et haussé leur niveau de jeu et elles seront encore plus fortes demain que la semaine passée." Wibe fait partie de cette nouvelle génération (Oftedal, les jumelles Solberg, Mørk, Kristiansen ou même Riegelhuth) qui devra succéder à une équipe qui a tout gagné. Pour sa première compétition internationale, elle est surtout entrée en défense pour reposer les cadres mais elle n'en savourera pas moins sa première finale et croit aux chances norvégiennes : "l'état d'esprit est excellent, toutes les joueuses sont prêtes à tout pour aller chercher l'or". D'autant plus que l'absence de leurs gardiennes (Lunde et Grimsbø) ne les a jamais inquiétées : "Silje a joué avec nous toute l'année et a été exceptionnelle sur ce tournoi". À l'image de Pernille Wibe, stoïque à 24h d'un des plus grands matchs de sa carrière, difficile d'imaginer la Norvège vaciller. Lorsqu'on lui demande de glisser un pronostic, sa coéquipière de club, Marija Jovanovic est d'ailleurs formelle : "la Norvège, sans hésiter".

Euro F : Espagne-Norvège, l'heure des retrouvailles 

Euro

samedi 20 décembre 2014 - © Amélie Huhn

 6 min 51 de lecture

Elles sont sûrement celles qui ont opposé le plus de résistance à la Norvège : les Espagnoles avaient fini par craquer dans les toutes dernières minutes et avaient laissé le match s'échapper. Désormais, les organismes sont épuisés et c'est une toute autre rencontre qui se jouera au mental, dans une aréna pleine de supporters norvégiens. La question qui se pose est la suivante : l'Espagne peut-elle être championne d'Europe face au géant scandinave ?

L'Espagne : l'équipe qui a réveillé la Norvège

Retour en 2003. Le 13 décembre en Croatie, l'Espagne de Marta Mangué rafle la 5ème place des Championnats du Monde aux Norvégiennes (27-26). C'est tout un monde qui s'écroule alors. La Norvège hypothèque de fait ses chances de participer aux Jeux Olympiques d’Athènes. On connaît la suite de l'histoire : l'équipe est alors confiée à Marit Breivik qui emmène une génération dorée (Tonje Larsen, Gro Hammerseng, Katja Nyberg ou encore les sœurs Lunde) marquer durablement la planète handball. Depuis ce triste épisode, les Norvégiennes n'ont plus manqué un seul rendez-vous européen (victorieuses en 2004, 2006, 2008 et 2010), jusqu'à cette double prolongation tragique face au Monténégro en 2012. Pour les Espagnoles, il faut remonter à 2008 pour les voir atteindre la finale et s'y incliner lourdement (34-21) ... face à la Norvège. Depuis, entre les deux nations, la balance penche sérieusement en faveur des joueuses du nord.

Au tour principal, les Norvégiennes avaient pris le dessus

Lors de leur précédente rencontre dans cet Euro, la base arrière a coincé des deux côtés : c'est Betina Riegelhuth (7 buts) qui avait libéré la Norvège à 9m quand les Espagnoles n'avaient jamais vraiment réussi à s'exprimer autrement qu'à travers Nerea Pena (7 buts également). Pour aller chercher les Scandinaves, il leur faudra également faire briller les Marta Mangué, Beatriz Fernandez, Elisabeth Pinedo et Alexandrina Cabral qui avaient réussi à se lâcher dans le match capital face au Danemark. Mais il faudra aussi réveiller Carmen Martin (42 buts dans la compétition) qui est passée quasiment inaperçue au tour principal après des matchs de poules époustouflants. C'est à dire qu'en face, c'est du lourd. Mørk et Løke sont respectivement 7 et 8ème au classement des buteuses avec 69 buts marquées à elles deux. Et derrière, ça marque aussi avec Linn-Kristin Riegelhuth Koren ou Veronica Kristiansen.

Le joker scandinave

L'histoire est suffisamment belle pour ne pas passer à côté. Nora Mørk n'a que 20 ans en 2011 lorsqu'elle remporte la Ligue des Champions avec Larvik : elle souhaite alors profiter de l'été pour se faire opérer du genou (syndrome du sauteur). C'est le début d'un calvaire qui, de complications en complications, la tiendra éloignée des terrains pendant deux saisons. Pas d'or mondial au Brésil pour elle donc, ni même aux Jeux Olympiques de Londres : pire encore, elle ne peut que regarder à travers son écran, impuissante, son équipe échouer à conserver son titre européen en 2012 face au Monténégro. Lorsqu'elle revient enfin en 2013 en Serbie, c'est pour s'incliner en quart de finale face au pays hôte ... 4 ans après son dernier titre avec la Norvège, on comprend mieux pourquoi  elle s'est effondrée face aux médias, émue jusqu'aux larmes, après la victoire face à la Suède. Et en jetant un œil aux statistiques - 35/46, soit 76% de réussite, et nombre de pénaltys provoqués- de sa coéquipière Heidi Løke, on se dit qu'elle a peut-être bien fait de lui envoyer ce fameux SMS, la priant de retrouver son maillot de l'équipe nationale ... Néanmoins, il faut souligner que la star norvégienne locale (Györ) a déjà passé plus de 6h sur le terrain depuis le début de la compétition, soit plus que chacune des autres finalistes.

Le facteur clé : les gardiennes

Avant la dernière journée, Silje Solberg, troisième choix norvégien (après Katrine Lunde, enceinte, et Kari Aalvik Grimsbø, blessée) pointe en tête du classement des meilleures gardiennes avec une statistique de 42% (79 arrêts sur 190 tirs). Silvia Navarro n'est pas très loin derrière avec 38% d'arrêts, soit le même rendement que sa remplaçante, Ana Temprano, sur qui l'équipe peut donc se reposer en cas de pépin. On ne peut pas en dire autant du collectif norvégien puisqu'il faut aller chercher très loin dans les statistiques pour trouver Emily Stang Sando, la doublure de Solberg : avec seulement 28% d'arrêts, la portière d'Esbjerg a été nettement moins performante.

Comme un air de LFH

La Ligue féminine de handball sera bien représentée à Budapest ce dimanche : outre la Monténégrine Marija Jovanovic (Issy-Paris) qui jouera une troisième place face à la Suède d'Hanna Fogelström (Toulon Sain-Cyr), ça ne sont pas moins de 9 joueuses de LFH qui se disputeront la médaille d'or. Côté norvégien, on comptera Pernille Wibe et Stine Bredal Oftedal, incontournables du club d'Issy-Paris. Chez les Ibères, les Niçoises Beatriz Escribano et Elisabeth Chavez se battront aux côtés des joueuses de Fleury : Marta Lopez, Alexandrina Cabral, Beatriz Fernandez Ibanez et Marta Mangué. Enfin, il incombera à Lara Gonzales de représenter les Dragonnes dans un pays où elle reviendra très vite disputer le tour principal de la ligue des Champions (Györ-Metz le 14/02).

Avant la petite finale, Marija Jovanovic ne cache pas sa déception, même si c'est surtout au sujet de la sanction de Suzana Lazovic qu'elle est sollicitée. Au repos forcé, la joueuse de Podgorica sera précieuse pour aller chercher "face à une Suède favorite, un bronze qui aura la saveur de l'or", dixit la joueuse d'Issy-Paris. On aurait d'ailleurs souhaiter voir briller davantage celle qui a fini 2014 en tant que meilleure marqueuse de LFH. Elle s'explique : "Je n'étais pas à mon meilleur niveau au début de l'Euro, mais il y a aussi le fait que le Monténégro est une équipe complètement différente : à Issy je joue sur le côté gauche alors qu'avec la sélection, je dois jouer demi-centre car nous sommes 4 arrières et il faut tourner. Bien sûr le niveau est très supérieur dans ce genre de compétition qu'en LFH mais je n'ai jamais été très bien au début, même si à la fin, j'ai fini par trouver mes marques, je n'ai pas eu le même rendement qu'en championnat mais je pense que j'ai apporté beaucoup à l'équipe, j'ai donné mon maximum et c'est le plus important."

Du côté des finalistes, l'heure est à l'optimisme. Marta Mangué, l'une des quatre Panthères de Fleury imagine la proximité avec ses coéquipières comme un petit avantage - Jorge Dueñas, le sélectionneur, déplorait le fait que ses joueuses soient éparpillées aux 4 coins de l'Europe -, toutefois, elle relativise : "en équipe nationale, le jeu et le rythme de vie sont complètement différents". Néanmoins, quand à leurs chances de victoire, elle est catégorique : "nous voulons gagner, nous voulons décrocher cette médaille d'or et demain sera un autre match, complètement différent". Et Elisabeth Pinedo de renchérir : "la Norvège a assez gagné, c'est notre tour maintenant".

Même son de cloche pour la pivot Isséenne Pernille Wibe : "Il faut qu'on croit au fait qu'on peut les battre une seconde fois. On doit se méfier parce qu'après avoir été battues par la Roumanie, elles ont réagit et haussé leur niveau de jeu et elles seront encore plus fortes demain que la semaine passée." Wibe fait partie de cette nouvelle génération (Oftedal, les jumelles Solberg, Mørk, Kristiansen ou même Riegelhuth) qui devra succéder à une équipe qui a tout gagné. Pour sa première compétition internationale, elle est surtout entrée en défense pour reposer les cadres mais elle n'en savourera pas moins sa première finale et croit aux chances norvégiennes : "l'état d'esprit est excellent, toutes les joueuses sont prêtes à tout pour aller chercher l'or". D'autant plus que l'absence de leurs gardiennes (Lunde et Grimsbø) ne les a jamais inquiétées : "Silje a joué avec nous toute l'année et a été exceptionnelle sur ce tournoi". À l'image de Pernille Wibe, stoïque à 24h d'un des plus grands matchs de sa carrière, difficile d'imaginer la Norvège vaciller. Lorsqu'on lui demande de glisser un pronostic, sa coéquipière de club, Marija Jovanovic est d'ailleurs formelle : "la Norvège, sans hésiter".

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