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LFH : Nodjialem Myaro réclame de la patience

LBE

samedi 17 janvier 2015 - © Davy Bodiguel

 5 min 56 de lecture

Nodjialem Myaro, présidente de la Ligue Féminine de Handball, poursuit son tour de France scrutant toujours au plus près l'évolution et le travail quotidien des clubs de LFH. La championne du Monde 2003 faisait ainsi étape à Nantes ce week-end.

Le Nantes Loire-Atlantique Handball avait mis les petits plats dans les grands en recevant Dijon ce samedi dans le superbe écrin du palais des sports de Beaulieu. Près d'un an après son record de LFH établi à 5.127 spectateurs face à Toulon, le club Ligérien a enregistré un nouveau succès de popularité avec plus de 3.500 personnes comptabilisées. Cet engouement populaire a permis à de nombreux jeunes, invités par le NLA, de découvrir ou redécouvrir du handball de haut niveau. Témoin privilégié de ce duel de D1F, Nodjialem Myaro revient avec Handzone sur la situation et les défis de la LFH, les perspectives à venir pour le hand féminin hexagonal et notamment pour l'équipe de France.

Vous êtes en poste depuis octobre 2013, quel regard avez-vous sur le hand féminin Français ?
En tant que passionnée et ancienne joueuse de haut niveau, je fais bien évidemment mon maximum pour préserver les intérêts du hand féminin et mener à bien notre projet. Il y a une forte mobilisation, les dix clubs de LFH sont tous très actifs pour développer leur structure. Je ne vous cache pas qu'on a de fortes contraintes... et le hand féminin n'est pas le hand masculin. Aujourd'hui, chaque club doit se battre pour trouver des subventions, pour avoir des créneaux, des salles disponibles... et sans cesse prouver sa légitimité. Au vu d'autres sports féminins, le hand est certes reconnu mais il reste encore du travail pour l'élever au niveau qui doit être le sien.

Le travail de structuration est immense ?
Oui, notre rôle... c'est encore et toujours aider à l'accompagnement et la structuration des clubs. Il y a du travail et je note surtout un manque de moyens. Chaque club essaie de trouver des partenaires, la LFH en cherche également. On travaille avec une agence depuis quelques mois. Ce n'est pas simple de dénicher des partenaires capables de vivre une aventure à long terme avec nous. C'est plus simple chez les garçons mais n'oublions pas qu'il a aussi fallu du temps de leur côté. Il faut être patient.

La LFH a été créée en 2008, sa progression est plutôt lente ?
Il y a avant tout une stabilité. Je n'ai pas connu la LFH en tant que joueuse car elle n'existait pas avant. Notre accompagnement est permanent, il s'agit de rendre les clubs un maximum homogène en interne. Et il faut absolumment que chaque club s'approprie la LFH... et de son côté, la LFH essaie de donner le maximum de moyens pour que chacun grandisse sereinement.

Face à la puissance et l'omniprésence de la LNH, que pouvez-faire ?
D'abord, je dis tant mieux de voir une LNH aussi puissante. En terme d'organisation, la LNH est indépendante et s'autofinance par elle-même. La LFH est elle d'abord une commission de la Fédération. Mais je vous confirme qu'il y a une volonté de travailler ensemble... à l'image de la dernière nuit du hand. D'ailleurs, je dois voir en février Philippe Bernat-Salles pour travailler ensemble.

Toujours est-il que la LFH reste un championnat attrayant ?
Le championnat Français est effectivement très intéressant, les résultats y sont homogènes. A chaque journée, on ne sait pas ce qu'il peut se passer et chaque week-end nous apporte son lot de surprises.

Quel changement prévoyez-vous dans les prochaines années ?
On va passer à douze clubs en 2016/17 : c'est à dire qu'une équipe jouera les barrages et seuls les clubs VAP pourront accéder à la LFH. L'intérêt du statut VAP (voie d'accès au professionnalisme), c'est de permettre aux clubs de D2 de monter en puissance année après année tout en respectant un cahier des charges certes moins exigeant que celui de la LFH... mais qui leur permet d'encaisser plus facilement un passage dans le monde du professionnalisme. C'est le cas par exemple de Chambray ou Cannes en ce moment.

En parallèle, l'équipe de France peine depuis quelques années à monter sur les podiums internationaux ?
Quand on supporte l'équipe de France, on souhaite qu'elle aille le plus loin possible. Certes, il y a la frustration de terminer récemment 5ème à l'Euro mais je pense qu'il faut remettre les choses dans leur contexte. La situation n'était pas forcément facile à gérer au départ : rappelons par exemple qu'Amandine Leynaud et Alisson Pineau revenaient de blessures.

On a tout de même l'impression d'une répétition d'occasions manquées, qu'est ce qui fait la différence entre la génération actuelle et la vôtre qui a gagné le Mondial en 2003 : un manque de caractère, d'homogénéité ?
Ce n'est pas qu'une question de caractère, c'est multi factorielle. Je n'ai pas la prétention d'avoir la réponse sinon j'aurais évidemment appelé Alain Portes pour la lui communiquer. La DTN s'arrache les cheveux à essayer de trouver la solution. Mais l'équipe de France actuelle n'est pas celle de 2003, je pense d'abord qu'elle doit réussir à se créer son identité, elle est pour l'heure en manque de vécu, de moments forts capables de la faire passer de -1 à +1 sur des matchs clés. Maintenant, je pense qu'il faut lui laisser le temps : n'oublions pas qu'Alain Portes est arrivé récemment et une génération progresse petit à petit. A elles simplement de créer leur histoire.

Et la LFH est sa supportrice n°1 ?
Evidemment, l'équipe de France reste notre vitrine. De notre côté, on fait en sorte de suivre cette équipe... de l'emmener notamment vers l'Euro qui se tiendra en France en 2018 et de faire en sorte qu'elle rayonne sur la scène internationale. D'autant qu'on a la chance d'avoir de très nombreuses internationales Françaises en LFH. Plus l'équipe de France aura des résultats, plus les projecteurs seront braqués sur nos clubs.

La place de la femme dans le sport moderne, c'est aussi une priorité dans votre action ?
Oui, le plan de féminisation existe, il a été demandé aux fédérations sportives pour 2020. Beaucoup de fédérations ont répondu qu'elle n'auraient pas la possibilité d'atteindre cet objectif. De son côté, la FFHB est fortement impliquée et tient à atteindre cet objectif non pas en 2020 mais dès 2017. Notre volonté, c'est de voir les femmes en nombre plus important à tous les niveaux et mieux représentées. Trois membres du conseil d'administration (Sylvie Laguarrigue, Béatrice Barbusse et Odile Marcet) y travaillent, elles font un état des lieux précis en faisant le point suivant chaque territoire. Et pour la saison prochaine, il s'agit de mettre en place des stratégies pour réhausser la place de la femme à tous les niveaux dans le handball.

LFH : Nodjialem Myaro réclame de la patience 

LBE

samedi 17 janvier 2015 - © Davy Bodiguel

 5 min 56 de lecture

Nodjialem Myaro, présidente de la Ligue Féminine de Handball, poursuit son tour de France scrutant toujours au plus près l'évolution et le travail quotidien des clubs de LFH. La championne du Monde 2003 faisait ainsi étape à Nantes ce week-end.

Le Nantes Loire-Atlantique Handball avait mis les petits plats dans les grands en recevant Dijon ce samedi dans le superbe écrin du palais des sports de Beaulieu. Près d'un an après son record de LFH établi à 5.127 spectateurs face à Toulon, le club Ligérien a enregistré un nouveau succès de popularité avec plus de 3.500 personnes comptabilisées. Cet engouement populaire a permis à de nombreux jeunes, invités par le NLA, de découvrir ou redécouvrir du handball de haut niveau. Témoin privilégié de ce duel de D1F, Nodjialem Myaro revient avec Handzone sur la situation et les défis de la LFH, les perspectives à venir pour le hand féminin hexagonal et notamment pour l'équipe de France.

Vous êtes en poste depuis octobre 2013, quel regard avez-vous sur le hand féminin Français ?
En tant que passionnée et ancienne joueuse de haut niveau, je fais bien évidemment mon maximum pour préserver les intérêts du hand féminin et mener à bien notre projet. Il y a une forte mobilisation, les dix clubs de LFH sont tous très actifs pour développer leur structure. Je ne vous cache pas qu'on a de fortes contraintes... et le hand féminin n'est pas le hand masculin. Aujourd'hui, chaque club doit se battre pour trouver des subventions, pour avoir des créneaux, des salles disponibles... et sans cesse prouver sa légitimité. Au vu d'autres sports féminins, le hand est certes reconnu mais il reste encore du travail pour l'élever au niveau qui doit être le sien.

Le travail de structuration est immense ?
Oui, notre rôle... c'est encore et toujours aider à l'accompagnement et la structuration des clubs. Il y a du travail et je note surtout un manque de moyens. Chaque club essaie de trouver des partenaires, la LFH en cherche également. On travaille avec une agence depuis quelques mois. Ce n'est pas simple de dénicher des partenaires capables de vivre une aventure à long terme avec nous. C'est plus simple chez les garçons mais n'oublions pas qu'il a aussi fallu du temps de leur côté. Il faut être patient.

La LFH a été créée en 2008, sa progression est plutôt lente ?
Il y a avant tout une stabilité. Je n'ai pas connu la LFH en tant que joueuse car elle n'existait pas avant. Notre accompagnement est permanent, il s'agit de rendre les clubs un maximum homogène en interne. Et il faut absolumment que chaque club s'approprie la LFH... et de son côté, la LFH essaie de donner le maximum de moyens pour que chacun grandisse sereinement.

Face à la puissance et l'omniprésence de la LNH, que pouvez-faire ?
D'abord, je dis tant mieux de voir une LNH aussi puissante. En terme d'organisation, la LNH est indépendante et s'autofinance par elle-même. La LFH est elle d'abord une commission de la Fédération. Mais je vous confirme qu'il y a une volonté de travailler ensemble... à l'image de la dernière nuit du hand. D'ailleurs, je dois voir en février Philippe Bernat-Salles pour travailler ensemble.

Toujours est-il que la LFH reste un championnat attrayant ?
Le championnat Français est effectivement très intéressant, les résultats y sont homogènes. A chaque journée, on ne sait pas ce qu'il peut se passer et chaque week-end nous apporte son lot de surprises.

Quel changement prévoyez-vous dans les prochaines années ?
On va passer à douze clubs en 2016/17 : c'est à dire qu'une équipe jouera les barrages et seuls les clubs VAP pourront accéder à la LFH. L'intérêt du statut VAP (voie d'accès au professionnalisme), c'est de permettre aux clubs de D2 de monter en puissance année après année tout en respectant un cahier des charges certes moins exigeant que celui de la LFH... mais qui leur permet d'encaisser plus facilement un passage dans le monde du professionnalisme. C'est le cas par exemple de Chambray ou Cannes en ce moment.

En parallèle, l'équipe de France peine depuis quelques années à monter sur les podiums internationaux ?
Quand on supporte l'équipe de France, on souhaite qu'elle aille le plus loin possible. Certes, il y a la frustration de terminer récemment 5ème à l'Euro mais je pense qu'il faut remettre les choses dans leur contexte. La situation n'était pas forcément facile à gérer au départ : rappelons par exemple qu'Amandine Leynaud et Alisson Pineau revenaient de blessures.

On a tout de même l'impression d'une répétition d'occasions manquées, qu'est ce qui fait la différence entre la génération actuelle et la vôtre qui a gagné le Mondial en 2003 : un manque de caractère, d'homogénéité ?
Ce n'est pas qu'une question de caractère, c'est multi factorielle. Je n'ai pas la prétention d'avoir la réponse sinon j'aurais évidemment appelé Alain Portes pour la lui communiquer. La DTN s'arrache les cheveux à essayer de trouver la solution. Mais l'équipe de France actuelle n'est pas celle de 2003, je pense d'abord qu'elle doit réussir à se créer son identité, elle est pour l'heure en manque de vécu, de moments forts capables de la faire passer de -1 à +1 sur des matchs clés. Maintenant, je pense qu'il faut lui laisser le temps : n'oublions pas qu'Alain Portes est arrivé récemment et une génération progresse petit à petit. A elles simplement de créer leur histoire.

Et la LFH est sa supportrice n°1 ?
Evidemment, l'équipe de France reste notre vitrine. De notre côté, on fait en sorte de suivre cette équipe... de l'emmener notamment vers l'Euro qui se tiendra en France en 2018 et de faire en sorte qu'elle rayonne sur la scène internationale. D'autant qu'on a la chance d'avoir de très nombreuses internationales Françaises en LFH. Plus l'équipe de France aura des résultats, plus les projecteurs seront braqués sur nos clubs.

La place de la femme dans le sport moderne, c'est aussi une priorité dans votre action ?
Oui, le plan de féminisation existe, il a été demandé aux fédérations sportives pour 2020. Beaucoup de fédérations ont répondu qu'elle n'auraient pas la possibilité d'atteindre cet objectif. De son côté, la FFHB est fortement impliquée et tient à atteindre cet objectif non pas en 2020 mais dès 2017. Notre volonté, c'est de voir les femmes en nombre plus important à tous les niveaux et mieux représentées. Trois membres du conseil d'administration (Sylvie Laguarrigue, Béatrice Barbusse et Odile Marcet) y travaillent, elles font un état des lieux précis en faisant le point suivant chaque territoire. Et pour la saison prochaine, il s'agit de mettre en place des stratégies pour réhausser la place de la femme à tous les niveaux dans le handball.