Suède-France est un classique du genre certes mais aussi le rendez-vous entre deux nations qui ont marqué le handball au fil du temps. Les années 90 pour les hommes venus du nord, la décennie suivante pour des Tricolores bien décidés à poursuivre leur domination.
De notre envoyé spécial à Doha, Yves Michel
« On a peut-être la chance d’avoir une équipe où les remplaçants sont mieux que des remplaçants, tous nos adversaires ne peuvent pas faire ce constat. » Pourtant Claude Onesta ne baigne ni dans l’angélisme, ni dans le catastrophisme lorsqu’il estime que pour le moment, aucun des seconds couteaux appelés à soulager les cadres, n’a véritablement rempli sa mission. « Je ne considère pas que j’ai une équipe type et une équipe réserve. Lorsque hier (jeudi) j’intègre (face à l’Algérie) Fernandez et Barachet en début de 2ème, on peut dire que ce sont des leaders avérés. Je suis simplement déçu que certains (comme Joli et Anic) ne répondent pas à mes attentes ou (comme Grébille) aient la peur de mal faire. C’est vrai qu’on aimerait que ces gens-là soient au relais potentiel de ceux qui ont déjà assumé une partie de la charge. Je ne fais aucun procès, j’essaie simplement de voir comment les remobiliser. » Est-ce que la Suède est l’adversaire rêvé pour le faire ? Rien n’est moins sûr. Car de l’issue de cette rencontre dépend le classement et le leadership du groupe (voir plus bas). « Ce n’est pas vital mais cela peut donner des indications sur la suite. Les Suédois jouent très juste, ce sont des puristes dans l’organisation. Si on arrive à les perturber et à les mettre sous pression, la qualité et l’efficacité de leur jeu diminuent. » Jusque-là impressionnants de régularité, les Suédois n’ont pas apprécié il y a deux jours, le caillou que les Egyptiens ont mis dans leurs chaussures. Un obstacle qui aurait pu avoir des conséquences plus fâcheuses puisqu’à 8 minutes de la fin, les Pharaons avaient quatre longueurs d’avance. Grâce au travail de l’ailier Niklas Ekberg (à gauche sur la photo de tête), les Suédois ont refait leur retard et arraché le nul.
Cette baisse de régime des Nordiques correspond à la blessure de leur stratège Kim Andersson (photo ci-dessus). Ecarté pendant seize mois des terrains suite à une opération de l’épaule gauche, l’arrière de Copenhague est bien revenu à la compétition mais a été touché au niveau du biceps lors de la rencontre face à l’Algérie. Il a été peu utilisé contre l’Egypte et a même été soigné par acupuncture. Sa participation à cet ultime match de poule face aux Tricolores est des plus incertaines. « Pour moi, précise Daniel Narcisse qui a évolué trois saisons à Kiel à ses côtés, avant qu’il ne se blesse, c’était le meilleur arrière droit au monde. Il a une intelligence de jeu et un shoot incroyables. Avec ou sans lui, ce n’est pas pareil car il a beaucoup de responsabilités. C’est un latéral qui joue comme un demi-centre et qui donne vraiment le tempo à la Suède. Son absence serait pour eux un réel handicap. » Paradoxalement, la question sur l’utilisation de Kim Andersson sur ce match est la même que celle posée sur l’incorporation de Daniel Narcisse en début de compétition. Ne voulant prendre aucun risque à ce niveau, le tandem Lindgren-Olsson a demandé au gaucher de Berlin, Mattias Zachrisson (24 ans) habituellement ailier mais qui a la faculté d'évoluer sur la base arrière, de sauter dans le 1er avion pour Doha. « On ne doit pas se focaliser sur eux, s’empresse de souligner le capitaine du PSG. Il ne faudra pas les regarder jouer sinon ils vont être en confiance. Avec leur jeu de passes, ils vont mettre notre défense en difficulté. Il faut, pourquoi pas s’inspirer des Egyptiens au niveau de l’engagement physique et de l’agressivité. Si on parvient à les faire douter, on a une chance de les battre. » Et donc terminer 1er d’une poule parmi les plus difficiles, finalement que la compétition ait proposée.
Des nouvelles de "Samy"
Pas évident de tenir le rôle du 17ème homme et vivre les matches au plus près de ses partenaires mais depuis la tribune. Samuel Honrubia qui s’est fait discret depuis qu’il est arrivé à Doha et qui n’a pas trop échangé avec les médias (et on le comprend) ronge sa frustration de ne pas être utilisé. « Je veux souligner en 1er lieu, l’état d’esprit tout à fait exemplaire de "Samy" au sein du groupe, dans son investissement, son engagement et son travail au quotidien, précisait Claude Onesta. Il est évident qu’il est mieux aujourd’hui qu’il n’était au début de la préparation. Pour autant, il serait gaucher, je me serais posé la question (de m’en servir) plus vite. Là où il pourrait rentrer, il n’est pas forcément quelqu’un dont on a besoin. Mais si une opportunité se présentait, il n’y a aucun raison qu’on ne le fasse pas. » Dans ce Mondial et peut-être ne s'y attendait-il pas, Samuel Honrubia apprend la patience.
Ce qu'il faut comprendre pour la qualification
L'équation du groupe C:
La France, la Suède et l'Egypte sont certaines de disputer un 8ème de finale.
La 1ère place du groupe reviendra au vainqueur du match entre la France et la Suède. En cas d'égalité, ce sont les Nordiques qui resteront devant grâce à une meilleure différence de buts.
Un nul face à l'Islande suffit à l'Egypte pour consolider sa 3ème place.
Si la France bat la Suède et que l'Egypte s'impose face à l'Islande, les Pharaons passeront devant les Suédois à la 2ème place grâce à une meilleure différence de buts.
L'Islande actuelle 4ème, peut passer à la trappe au profit de la République Tchèque qui affronte l'Algérie. Un nul ou une défaite des Nordiques les condamne puisque les partenaires de Filip Jicha se sont imposés de 11 buts, jeudi face à ceux de Robert Gunnarsson. Si l'Algérie bat les Tchèques, l'Islande est qualifiée.
Dans le groupe D avec lequel celui de la France croise :
La situation est quasi similaire puisque trois équipes sont assurées de partir en 8èmes: l'Allemagne, le Danemark et la Pologne.
Dans quel ordre ? La dernière journée sera là aussi déterminante, même pour le 4ème billet. Une victoire (très probable) de l'Allemagne face à l'Arabie Saoudite lui garantit la 1ère place. Nous n'envisagerons aucun autre résultat pour la Mannschaft.
Un succès ou un nul du Danemark face à la Pologne permet à Mikkel Hansen et ses compatriotes de terminer à la seconde place. Les vice-champions d'Europe et du Monde en titre ont une meilleure différence de buts. Un succès polonais remet tout en cause et le Danemark se retrouve 3ème.
Suspense également pour le 4ème billet qualificatif. Il y aura du sang et des larmes à la fin du match entre la Russie et l'Argentine. Tout est serré, même si les champions d'Amérique du sud sont en ballotage favorable. Un succès ou un nul les envoit en 8ème de finale, une défaite les condamne à disputer la coupe des oubliés.
Les derniers résultats entre les deux pays
2008 |
Tour préliminaire Euro en Norvège |
France - Suède |
28-24 |
2009 |
Tour principal Mondial en Croatie |
France - Suède |
28-21 |
2011 |
Demi-finale Mondial en Suède |
France - Suède |
29-26 |
2012 |
Finale J.O de Londres |
France - Suède |
22-21 |
2014 |
Tour principal Euro au Danemark |
Suède - France |
30-28 |
La curiosité des journalistes suédois
Ils étaient cinq ce vendredi matin, venus assister à la conférence de presse de Claude Onesta et Daniel Narcisse. Trois médias parmi les plus importants du pays, "Expressen", "Aftonbladet" et "Dagens Nyheter" ont déchiffré le message du coach français et ils ont ensuite pu converser en anglais avec son demi-centre. Très concentrés sur le prochain adversaire de leur équipe nationale, nos confrères et consoeurs ont été très surpris par le caractère volubile du sélectionneur des Bleus par comparaison au style de Stafan Olsson assez comptable de ses phrases. Ils se sont par ailleurs étonnés que si peu de joueurs tricolores (deux en tout et pour tout) participent au point presse alors qu'ils ont l'habitude d'approcher très aisément tous ceux de leur sélection. C'est le cas également de l'Espagne, la Croatie, l'Islande, le Danemark pour ne citer que les nations plus importantes.