Depuis cinq ans, Cédric Sorhaindo évolue dans le championnat espagnol. Ce vendredi à Doha, il ne se posera aucune question lorsqu'avec le maillot tricolore sur les épaules, il retrouvera une partie de ses coéquipiers au FC Barcelone...
De notre envoyé spécial à Doha, Yves Michel
Quand en 2010, Cédric Sorhaindo a débarqué à Barcelone, il a tout de suite eu la sensation qu’il ne se plairait pas dans la capitale catalane et que son bail de trois ans terminé, il retournerait auprès des siens de l’autre côté des Pyrénées. Cinq ans et demi plus tard, "Tchouf" porte toujours les couleurs "blaugrana", il a accueilli Nicolas Karabatic au sein du club mythique la saison dernière et a même paraphé son contrat pour une troisième période jusqu’à l’été 2017. Ce vendredi, en demi-finale du championnat du Monde, le Martiniquais sera toujours l’élément prépondérant de l’axe central tricolore. Face à lui, dans cette équipe d’Espagne, il retrouvera quatre de ses coéquipiers de club (l’ailier droit Victor Tomas, le demi-centre Raul Entrerrios, le défenseur Viran Morros et le gardien Gonzalo Perez de Vargas). « J’ai reçu énormément de messages de leur part pendant le déroulement de la compétition, cela dénote la qualité de l’état d’esprit qui règne en club maintenant ça change un peu. Que le meilleur gagne, la communication est plus… espacée mais il y a des encouragements des anciens barcelonais qui sont dans leur sélection. Mais c’est en toute amitié et toute convivialité» Voilà quinze ans, un garçon tout timide débarquait à Angers en provenance de son île natale. Sa progression n’a pas été sans obstacles, c’est aussi pour cela que ses propres résultats ont rapidement forcé le respect.
Il y a quelques jours, au cours de la conférence de presse précédant le match face à la Slovénie, Claude Onesta avait tenu à rendre hommage à son pivot, soulignant son investissement tant en attaque qu’en défense et surtout la puissance qu’il dégage. « Je prends plaisir à faire ce que je fais et surtout ce que j'aime, valide l’intéressé et je ne me pose même pas la question de savoir combien d’années il me reste à évoluer à un tel niveau. J’aurai le temps en fin de carrière de me retourner pour voir ce que j’ai accompli. » Cédric Sorhaindo est un amnésique volontaire. Pourquoi se rappeler de la médaille gagnée quelques mois auparavant, lorsqu’on peut en décrocher une, les jours qui suivent ? Ce match contre l’Espagne est certes une étape dans cette quête mais il faudra passer l'obstacle pour aller plus loin. «Forcément les Espagnols qui ont perdu contre nous, doivent être remontés mais l’équipe a changé, des joueurs ne sont plus là, certains sont arrivés comme Gonzalo le gardien qui joue avec moi à Barcelone. Mais le plus important, c’est de s’occuper d’abord de nous. Rester inspirés en attaque et solidaires en défense en suivant les consignes que nous donnent Didier Dinart. Avec un "Titi" très en forme depuis quelques matches, c’est plutôt rassurant. » Cédric Sorhaindo se plait à être ce travailleur de l’ombre qui fait briller les autres avant de se mettre en lumière. Ce vendredi soir, contre ses "copains" espagnols, il pèsera de tout son poids et de son talent pour les faire déjouer. Sans méchanceté. Simplement pour montrer encore une fois, qui est le patron.
Retrouvailles hors du terrain
Ce jeudi matin, les quatre équipes finalistes sont passées à tour de rôle sur le grill à l'épreuve des nombreuses questions de la presse écrite, radio et télé accréditée sur ce Mondial. Cela a donné lieu à des scènes assez cocasses avec un gigantesque attroupement autour de la sélection qatarie. Valero Rivera par exemple, s’est exprimé en anglais, espagnol et français. Bertrand Roiné a du lui aussi, subir le feu des questions notamment des médias d'un pays qu'il n'a jamais renié malgré la double nationalité. Ensuite, d’anciens et actuels coéquipiers évoluant toute la saison dans le même club mais adversaires d’un soir ont pu brièvement échanger. Lorsqu'ils sont arrivés, Jérôme Fernandez et Valentin Porte sont allés taquiner leur ancien gardien de buts à Toulouse, Gonzalo Perez de Vargas. Cédric Sorhaindo et Nikola Karabatic avaient bien à faire pour répondre aux mimiques de leurs camarades barcelonais. Daniel Narcisse et Samuel Honrubia ont eux croisé la route des Espagnols José Manuel Sierra et Antonio Garcia qui la saison dernière encore, portaient le même maillot du PSG. Les deux "compadres" qui jouent désormais chez les Hongrois de Pick Szeged se sont prêtés au jeu des questions croisées. Enfin, c’est surtout l’arrière gauche qui a été le plus disert.
Comment les retrouvailles se sont elles passées ?
Antonio: on les avait retrouvés à la cérémonie d’ouverture mais demain (ce vendredi) ce sera spécial. Sur le terrain, on oubliera qu’on a des amis dans l’autre équipe.
Est-ce qu’il y a une recette pour stopper les tirs français ?
J.Manuel: avec Gonzalo (Perez de Vargas) nous avons beaucoup travaillé. On connait ceux qu’on va rencontrer car nous les avons joués les années précédentes dans le championnat de France. Il va falloir être très sérieux et vigilants en défense et je pense que nous pouvons gagner.
Antonio: Face à "Titi", il faut surtout trouver de bonnes situations de tir. En plus, il a la chance d’avoir devant lui, une très grande défense. Alors, on doit rester sur ce qu’on a fait jusque-là. On doit mettre beaucoup de dynamisme, beaucoup de mouvement pour essayer de les perturber.
Que diriez-vous à Samuel Honrubia et à Daniel Narcisse, vos deux anciens coéquipiers au PSG ?
Antonio: Ce sera très chaud demain mais j’espère qu’à la fin du match, nous serons vainqueurs.
J. Manuel: Je veux dire la même chose !
Est-ce un avantage d’avoir joué en France ?
Antonio: Je ne sais pas trop car ils ont aussi Niko et Cédric qui eux jouent dans le championnat espagnol. En France, le jeu est assez physique et chacun des joueurs a une qualité individuelle incroyable. En plus, l’apport de Didier Dinart dans le jeu défensif a fait progresser tous les joueurs.
J.Manuel: les joueurs français connaissent très bien les gardiens espagnols…
La France en demi-finale, ce n’est pas trop tôt ?
Antonio: Bien-sûr, on aurait préféré les retrouver en finale.
J.Manuel: il faut faire avec le tirage au sort et le croisement des poules. Déjà, nous sommes contents d’être parvenus en demi-finale mais on veut faire un grand match pour atteindre… la finale.
Les France-Espagne se terminent souvent en faveur des Français…
Antonio: la France a gagné les deux derniers… en Espagne, il y a un proverbe qui dit, le 3ème c’est pour les autres, donc on va l’emporter (rires). En fait, on dit aussi chez nous, " jamais deux sans trois" mais comme on peut dire les deux, j’ai pris la formule qui est la plus favorable. Mais tu sais, il y a aussi une part de chance dans ce type de confrontation. Donc, on verra.
Depuis juillet 1992 et l'acte fondateur des Bronzés de Barcelone, les deux équipes se sont rencontrées à 41 reprises. La France est largement devant au nombre des victoires (25) et compte 11 défaites et 5 nuls.
Parmi les matches décisifs:
Demi-finale - Euro 2014 - Danemark |
30-27 |
Quart de finale - JO 2012 - Londres |
23-22 |
Finale - Euro 2006 - Suisse |
31-23 |
pl 3/4 - Mondial 2003 - Portugal |
27-22 |
pl 3/4 - Euro 2000 - Croatie |
23-24 |
Quart de finale - Mondial 1999 - Egypte |
18-23 |
pl 3/4 - JO 1996 - Atlanta |
25-27 |
Les horaires des deux demi-finales (Lusail Multipurpose Arena) sur
beIN Sports 316h30 (H.F) POLOGNE - QATAR
19h00 (H.F) ESPAGNE -
FRANCE