Passée une entame difficile, les locaux ont dominé la Pologne, incapable de contester la qualification asiatique. Cette Tour de Babel sur terrain de hand a déjà plus que réussi son pari. Et va maintenant tenter de devenir championne du monde face à l'équipe de France.
Impensable il y a encore un trois semaines. Même les Qatariens, généralement pas connaisseurs du handball mais qui ont rempli les 15 500 places du Lusail Hall et encouragé leur sélection, ne comprennent sans doute pas tout. Le Qatar, sélection inexistante ou presque il y a encore deux ans (20e sur 24 en Espagne), va tenter de remporter le titre de champion du monde, dimanche, face à la France. Et personne n’aurait misé un kopeck là-dessus.
C’est pourtant mérité, tant les hommes de Valero Rivera, sélectionneur champion du monde en titre, ont dominé leurs adversaires. Après une bonne entame des Polonais (6-4), solides en défense et en réussite devant Stojanovic, les Qatariens sont revenus tranquillement, avec un arrêt de Saric (entré en jeu dans les cages) par-ci et un but de Roiné par-là. Le Français donne pour la première fois deux buts d’avance aux siens (13-11, 24e), Capote monte l’addition à 3 à la pause (16-13), Hassab Alla à 5 (19-14, 36e).
Et si Michal Jurecki, brillant à longue distance (9/12 pour l’arrière gauche) et Mariusz Jurkiewicz, excellent en défense (et qui avoue vénérer Dinart, pour l’anecdote), maintenaient un peu le suspense (23-21, 52e), le Qatar reste au-dessus. Mallash, lui aussi très bon (6/6), met fin au suspense par un but de près après une récupération un peu chanceuse (26-22), preuve que tout allait dans le sens du Qatar.
A noter que Rafael Capote, l’arrière (et peut-être meilleur joueur) du Qatar, n’est pas rentré en seconde période, car blessé et très incertain pour la finale alors que Bertrand Roiné se plaindrait d'une talonnade.
Qatar – Pologne
31 – 29 (Mi-temps : 16-13)
Lusail Hall de Doha, 15 500 spectateurs.
Bertrand Roiné, arrière du Qatar : "Franchement, si on nous avait dit six mois avant qu'on serait en finale aujourd'hui, je ne l'aurai jamais cru. Là, à chaud, j'ai du mal à réagir. C'est une nouvelle aventure, on se régale, on a un groupe génial qui a travaillé très dur pendant 6 mois, on n'est pas là par hasard. Maintenant qu'on y est, on se dit pourquoi pas. Ce sera dur, on est fatigués, on a des blessés, mais on ne sait jamais. J'aurai préféré jouer contre l'Espagne car la France ne perd jamais une finale, elle sait jouer ces moments chauds. C'est la meilleure équipe au monde. On les avait joué à la Golden League en 2013, quand j'avais entendu la Marseillaise ça m'avait fait quelque chose à l'intérieur."
Valero Rivera, sélectionneur du Qatar : "On va célébrer cette victoire ce soir et demain matin, après le petit-déjeuner, on parlera de notre adversaire en finale. C’est un grand jour pour nous, on a pu préparer ça grâce au soutien de la fédération qui nous a laissé travailler pendant sept mois, comme un club et pas comme une sélection. C’est la clé de notre succès."