"Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles" disait Oscar Wilde ! Pas question d'échec pour les Bleus qui ont su passer outre une seconde période de combat pour encore une fois sortir des Espagnols qui perdent leur titre et laissent la France voguer vers sa 5° étoile. Mais dieu que tout cela fût dur avec un match qui aura véritablement proposé deux visages.
Autant la première période fut un régal sur le handball proposé avec un jeu d'attaque capable de s'adapter à toutes les options défensives prises par l'Espagne, autant la seconde période fut un combat de tous les instants avec de gros problèmes offensifs pendant largement 20 minutes. Mais une seconde période où le sauveur de tous les espoirs tricolores fut à maintes reprises un certain Thierry Omeyer, collectionneur de montres du meilleur joueur du match sur ce Mondial et encore et toujours le meilleur portier au monde, il n'arrête pas de le prouver au fil des rencontres au Qatar. Pourtant en face il y avait un client, un certain Gonzalo Perez de Vargas qui avait acquis un vrai statut dans ce Mondial.
Mais ni Thierry Omeyer, ni l'ex-Toulousain ne trouvait la parade aux actions adverses en début de match. C'était la part belle aux actions limpides, les Bleus trouvaient de nouveau un Daniel Narcisse souverain, un Nikola Karabatic surpuissant qui en profitait pour marquer son 1000° but en bleu dès la 7° et un Valentin Porte aussi étonnant sur son aile qu'il avait été brillant en arrière au Danemark. Le tout était parfaitement cornaqué par un Michael Guigou encore et toujours royal dans l'animation et la création. Peu à peu, la France resserrait l'étreinte en défense et continuait à se faire plaisir et nous faire plaisir en attaque. Même si une exclusion temporaire bleue remettait un peu les Espagnols dans le bain, Manuel Cadenas était obligé de faire changements sur changements, tenter un peu tout en défense pour ne pas prendre un gros bouillon dès la première période. Pourtant le -4 à la pause sur le premier but de Mathieu Grébille décalé royalement par Michael Guigou, offrait un gros avantage pour la deuxième partie du match.
18 buts marqués en 30 minutes, on se disait que sans grosse baisse de rythme, les choses ne pouvaient que se passer au mieux sur le reste du match. Sauf qu'en face il y avait quand même les champions du Monde en titre et que, défensivement, eux aussi allaient serrer les boulons très fort. En prenant un 4-1 en 7 minutes, la France se mettait dans le rouge et il fallait toute la qualité défensive tricolore et un Thierry Omeyer lancé comme un obus dans son match pour que la Roja ne prenne pas les commandes du match. Gonzalo Perez de Vargas répondait quasiment du tac au tac à Thierry Omeyer, et tout ce beau monde se retrouvait sur un 20-21 à l'entame des 10 dernières minutes. Le temps des nerfs et de l'expérience ! Et là d'un coup on retrouvait toute la puissance en pivot de Cédric Sorhaindo, toute la science de Michael Guigou dans la passe et la finition, le tout protégé encore et toujours par un Thierry Omeyer qui s'offrira un dernier arrêt à 7 mètre sur Victor Tomas pour ponctuer son œuvre sur les 60 minutes.
Dimanche, les Bleus auront l'occasion de s'offrir une 5° étoile face aux pays organisateur ou plutôt la diaspora internationale qui représente le pays organisateur sur ce Mondial. Inutile de dire que rien ne leur sera donné, d'abord parce qu'ils vont jouer dans une salle entièrement acquise à la cause adverse, ensuite parce que pour une sélection internationale il est compliqué de battre un club qui travaille depuis 2 ans tous les jours pour se forger un jeu et parce que le pays organisateur à toujours le petit coup de pouce au bon moment, les Polonais ont payé pour le savoir. Enfin, à espérer que la prestation arbitrale soit plus cohérente que celle de paire slovène. Quand les deux équipes sortent du match en hurlant sur les arbitres, c'est que visiblement, les choses de côté là n'ont pas été au niveau du tout. Ce n'est pas une première pour la paire slovène, on espère juste que cette fois ce sera la bonne et dernière...
A voir si cela pourra se jouer avec Mathieu Grébille qui a lourdement chuté sur son épaule gauche, alors qu'il avait montré de superbes choses, sur un joli "croche-patte" en "loucedé" de Chema Rodriguez sous les yeux amorphes des arbitres.
Les réactions recueillies à Doha par Yves Michel
Jérôme Fernandez (capitaine de l'équipe de France) : «On a montré de très belles choses depuis le 8ème de finale. Même si en deuxième mi-temps on a manqué d'efficacité à la finition, on n'a pas paniqué, on a réussi à garder un petit écart pour se hisser en finale. Dans ses buts, "Titi" a encore été magistral mais ça finit par ne plus nous étonner. Jouer une finale à l'extérieur c'est particulier, on l'a fait en 2009 en Croatie, l'an dernier au Danemark. J'espère que cela ne se terminera pas comme en 2007 en Allemagne.»
Claude Onesta (entraîneur de l'équipe de France) : «C'est un grand plaisir que de sortir de cette rencontre en ayant gagné car c'est exactement ce qu'on avait pu imaginer. Un combat entre deux équipes qui se connaissent parfaitement mais qui ne veulent rien lâcher. Thierry Omeyer, c'est vrai a été décisif mais je pense qu'il a manqué aux Espagnols, un joueur pour faire la différence quand ils recollent au score. Ils ont eu des difficultés pour marquer sur attaque placée, notre défense a entamé leur confiance. En finale, tout le monde va nous considérer gagnant avant de jouer. On a un peu l'habitude de jouer des finales chez le pays organisateur. On va essayer de ne pas tomber dans tout ce qui risque de se dire autour. Il semble que personne ne veut voir ce Qatar gagner sauf les gens d’ici.»
Cédric Sorhaindo (pivot de l'équipe de France): «C'est une victoire qui s'est construite sur la durée car on savait que même en menant au score, les Espagnols trouveraient les ressources pour revenir. Avec "Titi", il y avait cette sérénité défensive et un état d'esprit qui prend le dessus au final. C'est merveilleux, ce qu'on a fait aujourd'hui. On était très concentrés pour qu'ils ne puissent pas passer devant, s'ils l'avaient fait, on aurait tout fait pour repasser devant. C'est un jeu du chat et de la souris. L'essentiel c'est qu'on a gagné, on va savourer tranquillement.»
Thierry Braillard (secrétaire d'Etat chargé des Sports) : «Ce que j'ai surtout apprécié c'est ce courage et cette abnégation d'une équipe de France qui a su se sortir des griffes de la défense espagnole. Ils sont vraiment allés chercher cette victoire. Je suis très fier pour la France et pour son handball, on domine depuis des années avec des générations nouvelles et c'est cela la réussite de ce sport. On retrouve le pays hôte en finale, c'est l'adversité, c'est la compétition, c'est aussi l'opportunité de pouvoir gagner un titre de champion du monde. Je veux aussi remercier les supporters et ce soir,on peut parler de 8ème homme.»
Antonio Garcia (arrière de l’équipe d’Espagne ) : « Il y a beaucoup de déception, on était là pour gagner. Et en première mi-temps on n’arrive pas à développer notre jeu. C’était mieux en deuxième mais l’équipe de France a plus d’expérience. On y a cru, surtout en deuxième mi-temps, on s’est fait mal, on a livré un gros combat, mais finalement ce n’était pas possible de gagner. L’équipe de France a la gagne dans ses gènes. Avec le plus grand gardien du monde, Thierry Omeyer. Quand les matches sont importants, il est meilleur à chaque fois. »
La phrase du jour
Luka Karabatic (pivot de l'équipe de France): «Tu ne bats pas l'Espagne, qui est l'une des meilleures nations au monde, en les dominant de 7-8 buts. Ce n'est pas possible. Mais on a réussi à rester groupés.»
A Doha, Lusail Multipurpose Hall
Le vendredi 30 janvier à 19h00
Demi-finale
Espagne - France : 22 - 26 (Mi-temps : 14-18)
9 000 spectateurs
Arbitres :
MM KRSTIC Nenad LJUBIC Petar(Slovénie)
Evolution du score : 3-3 5°, 6-8 10°, 7-12 15°, 11-13 20°, 13-16 25°, 14-18 MT - 16-18 35°, 18-19 40°, 18-20 45°, 20-22 50°, 22-24 55°, 22-26 FT.