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Patrice Canayer: "J'ai toujours envie d'entraîner"

LMSL

lundi 13 avril 2015 - © Yves Michel

 6 min 57 de lecture

Patrice Canayer aime vivre les aventures humaines. A la tête de Montpellier depuis vingt-et-un ans, il éprouve toujours les mêmes sensations, toujours la même envie à diriger un groupe, à élaborer des tactiques, à s’efforcer de polir les jeunes pépites qu’il déniche au gré de ses multiples déplacements ou issues de la maison héraultaise. La flamme qui le réchauffe n’est pas près de s’éteindre.

Les superlatifs sont indissociables du palmarès de Patrice Canayer. Seul entraîneur français à avoir remporté une Ligue des Champions, 14 titres nationaux, 12 coupes de France et 9 de la Ligue, sa longévité à la tête de Montpellier depuis 1994 en fait également un cas unique dans le handball français. Après deux saisons pendant lesquelles le bastion héraultais a été assailli de toutes parts, le Nîmois de naissance a su faire front. Il a reconstruit des bases solides et le club est revenu dans la lumière des projecteurs. Pas celle des affaires, celle du terrain. A six journées de la fin, avant de se déplacer à Nîmes ce jeudi et surtout avant d’accueillir Paris, son adversaire direct dans trois semaines (le 7 mai), le MAHB est en tête de la LNH avec trois points d’avance. L’équilibre est fragile mais l’homme est plus que jamais engagé dans le combat. Et contrairement aux rumeurs qui ont circulé, il n’est pas disposé à prendre du recul et laisser sa place à un autre. 

Le mano a mano avec le PSG est plus que jamais engagé...
Le mano a mano avec Paris aura lieu lorsqu’on jouera contre eux, pour le moment c’est un mano a mano avec nous-mêmes. Le club est expérimenté mais l’équipe est très jeune, parfois même naïve mais pleine de bonne volonté. Il faut dépasser nos limites, voir jusqu'où on peut aller. On a à cœur de montrer qu’on peut être régulier sans se préoccuper de ce que fait Paris. Mais c’est vrai que la constance sera un élément tout à fait déterminant.

Ces six matches à disputer sont ils les plus difficiles ?
Oui et non. Je ne dis pas qu’on est content d’avoir des matches difficiles mais cela maintient le niveau de concentration. Quand on va par exemple jouer à Nîmes, il n’y a pas besoin de faire un dessin, on sait que cela sera disputé et compliqué pour nous.

L’idéal est d’arriver le 7 mai avec un statu quo au classement ?
Je dirai que l’idéal, il est déjà acquis… avec la possibilité de se qualifier pour la Ligue des Champions. C’est important pour la vie du club. C’est un combat qui désormais est agréable à livrer car en début de saison, on ne pensait pas en être là. Il y a cette rivalité avec Paris mais surtout ces 10 points d’avance sur le 3ème.  Dans un championnat qui est aussi relevé, cela signifie beaucoup de choses.

Il y a eu pourtant des ratés, comme la défaite en demi de coupe de France
On avait vraiment envie de faire un truc à Nantes mais j’ai l’impression que c’était prématuré pour nous de courir plusieurs lièvres à la fois. Les joueurs vont t'assurer qu’ils n’ont pas fait de choix, moi je te le garantis aussi mais aujourd’hui, objectivement, on n’a pas la maturité d'une équipe capable de dire "on va être présent sur tous les matches".

Qu’est ce qu’il vous manque ?
Du savoir-faire avant tout. C’est vrai que je suis en colère après ce genre de match perdu mais je me dis aussitôt que c’est l’apanage de cette équipe en phase de construction. La patience, c’est difficile à garder.

Montpellier reste-t-il un grand d'Europe ?
J’ai lu quelque part que notre parcours européen était décevant. On a été sorti en 8èmes de finale. J’espère qu’on aura un autre objectif dans 2-3 ans. Aujourd’hui, sachons apprécier l’instant présent. Je ne perds jamais de vue qu’au mois de juin de l’année dernière, le club était quasiment en dépôt de bilan. Il ne faut pas l’oublier. On a été obligé de vendre Omeyer, Accambray, Hmam et il a fallu reconstruire notamment en défense.



Tu n'as pas hésité à intégrer pas mal de jeunes...
Oui parce qu'ils sont de qualité. Offensivement, c’est bien, défensivement, il y a des progrès à faire. Déjà parce que certains n’ont pas cette culture. Ils veulent régler les problèmes plus avec l’attaque qu’avec la défense, ensuite, il y a un travail d’apprentissage et puis on manque un peu de leadership dans ce secteur. Mackovsek est un jeune qui vient d’arriver et qui ne parle pas très bien français, Gaber est encore en phase d’adaptation, Diego Simonet qui ne défendait jamais, a du s’y mettre, donc tout cela compte. N’oublions pas non plus qu’il nous manque Mathieu Grébille et Baptiste Bonnefond.

Cela t’oblige à changer constamment…
En 1ère partie de saison, on a terminé l’année avec une charnière centrale Grébille-Gaber qui commençait à donner satisfaction, on perd Mathieu, en janvier on travaille sur l’association Gaber-Bonnefond, Baptiste se blesse, ça fait beaucoup !

Vous avez été actif sur le front du recrutement pour dans deux ans avec Porte et Portner mais pour la prochaine, c’est un peu plus discret. Excepté l’arrivée de Vincent Gérard.
Je suis bien entendu très satisfait de cette arrivée. Nous sommes dans un contexte qui est plus favorable que lors des deux dernières saisons, on a aujourd’hui, une vraie visibilité financière au niveau du club et ce transfert s’est fait parce que les actionnaires nous ont permis de le réaliser. Plus généralement, on a de quoi faire une très belle équipe, Diego Simonet qui prolonge jusqu’en 2019, pour moi, c’est le meilleur investissement qu’on ait fait.



La défense est en chantier avec un très prometteur Ludovic Fabregas (notre photo)
Avec lui, on y va doucement et c’est pour cela qu’on ne va pas recruter sur ce poste-là. Entre Grébille, Bonnefond, Gaber, Mackovsek et Ludovic, on a vraiment ce qu’il faut. J’ai récemment parlé de Fabregas avec Didier Dinart. C’est un joueur en qui il croit beaucoup pour l’avoir suivi en équipe de France jeunes, je ne vais pas dire qu’il lui ressemble mais je raconte toujours cette anecdote : la 1ère fois qu’on a fait jouer Didier en défense centrale à Montpellier, il arrivait après Pascal Mahé et des joueurs sont venus me demander si je n’étais pas fou d’avoir pris ce type de décision. Personne ne croyait en lui à ce poste. Il faut donc de la patience. Il faut progresser avec les jeunes que l’on a.

Est-ce qu’on va revoir Venio Losert dans les cages d’ici la fin de saison ?
Je ne sais pas, cela ne dépend pas de moi, on touche là à l’aspect médical. On est dans le domaine du confidentiel, ce n’est pas une blessure mais il ne m’appartient pas d’en dire plus. Il est toujours avec nous, passe nous voir mais c’est vrai, ne s’entraîne pas.

Il y a eu une rumeur comme quoi tu souhaitais prendre de la hauteur...
Je suis vraiment content car Handzone est un des rares médias à me demander mon avis sur le sujet. Aujourd’hui, ma situation est très claire. J’ai un contrat de manager général à durée indéterminée et j’ai un contrat d’entraîneur pour encore un an. Le métier d’entraîneur me passionne toujours et j’ai toujours envie d’entraîner. Donc, sauf l’éventualité que les dirigeants n’aient plus envie de travailler avec moi, ce qui je pense n’est pas le cas, je serai l’entraîneur à Montpellier la saison prochaine. Et a priori, je n’envisage pas dans une perspective à 3-4 ans de mettre un terme à ma carrière d’entraîneur. Je n'ai jamais évoqué un recul de ma part du métier d’entraîneur par rapport à mon poste de manager général.

Est-ce qu’il y a tout de même, une envie de plus déléguer ?
Dans le sportif, c’est déjà le cas. Pendant ma courte absence (fin mars), il y a des gens dans le club qui ont été en mesure de me remplacer. Ce qui surprend, c’est que vu de l’extérieur, j’interviens dans beaucoup de domaines. Mais il faut bien comprendre que si je peux le faire, c’est que j’ai derrière moi, des personnes très compétentes.

Il n’y a donc pas de possibilité de te piquer la place…
Mais je ne suis propriétaire d’aucune place ! Les dirigeants sont souverains et peuvent pour X raisons changer. Mais aujourd’hui, je le répète, j’ai toujours envie d’entraîner.

Patrice Canayer: "J'ai toujours envie d'entraîner" 

LMSL

lundi 13 avril 2015 - © Yves Michel

 6 min 57 de lecture

Patrice Canayer aime vivre les aventures humaines. A la tête de Montpellier depuis vingt-et-un ans, il éprouve toujours les mêmes sensations, toujours la même envie à diriger un groupe, à élaborer des tactiques, à s’efforcer de polir les jeunes pépites qu’il déniche au gré de ses multiples déplacements ou issues de la maison héraultaise. La flamme qui le réchauffe n’est pas près de s’éteindre.

Les superlatifs sont indissociables du palmarès de Patrice Canayer. Seul entraîneur français à avoir remporté une Ligue des Champions, 14 titres nationaux, 12 coupes de France et 9 de la Ligue, sa longévité à la tête de Montpellier depuis 1994 en fait également un cas unique dans le handball français. Après deux saisons pendant lesquelles le bastion héraultais a été assailli de toutes parts, le Nîmois de naissance a su faire front. Il a reconstruit des bases solides et le club est revenu dans la lumière des projecteurs. Pas celle des affaires, celle du terrain. A six journées de la fin, avant de se déplacer à Nîmes ce jeudi et surtout avant d’accueillir Paris, son adversaire direct dans trois semaines (le 7 mai), le MAHB est en tête de la LNH avec trois points d’avance. L’équilibre est fragile mais l’homme est plus que jamais engagé dans le combat. Et contrairement aux rumeurs qui ont circulé, il n’est pas disposé à prendre du recul et laisser sa place à un autre. 

Le mano a mano avec le PSG est plus que jamais engagé...
Le mano a mano avec Paris aura lieu lorsqu’on jouera contre eux, pour le moment c’est un mano a mano avec nous-mêmes. Le club est expérimenté mais l’équipe est très jeune, parfois même naïve mais pleine de bonne volonté. Il faut dépasser nos limites, voir jusqu'où on peut aller. On a à cœur de montrer qu’on peut être régulier sans se préoccuper de ce que fait Paris. Mais c’est vrai que la constance sera un élément tout à fait déterminant.

Ces six matches à disputer sont ils les plus difficiles ?
Oui et non. Je ne dis pas qu’on est content d’avoir des matches difficiles mais cela maintient le niveau de concentration. Quand on va par exemple jouer à Nîmes, il n’y a pas besoin de faire un dessin, on sait que cela sera disputé et compliqué pour nous.

L’idéal est d’arriver le 7 mai avec un statu quo au classement ?
Je dirai que l’idéal, il est déjà acquis… avec la possibilité de se qualifier pour la Ligue des Champions. C’est important pour la vie du club. C’est un combat qui désormais est agréable à livrer car en début de saison, on ne pensait pas en être là. Il y a cette rivalité avec Paris mais surtout ces 10 points d’avance sur le 3ème.  Dans un championnat qui est aussi relevé, cela signifie beaucoup de choses.

Il y a eu pourtant des ratés, comme la défaite en demi de coupe de France
On avait vraiment envie de faire un truc à Nantes mais j’ai l’impression que c’était prématuré pour nous de courir plusieurs lièvres à la fois. Les joueurs vont t'assurer qu’ils n’ont pas fait de choix, moi je te le garantis aussi mais aujourd’hui, objectivement, on n’a pas la maturité d'une équipe capable de dire "on va être présent sur tous les matches".

Qu’est ce qu’il vous manque ?
Du savoir-faire avant tout. C’est vrai que je suis en colère après ce genre de match perdu mais je me dis aussitôt que c’est l’apanage de cette équipe en phase de construction. La patience, c’est difficile à garder.

Montpellier reste-t-il un grand d'Europe ?
J’ai lu quelque part que notre parcours européen était décevant. On a été sorti en 8èmes de finale. J’espère qu’on aura un autre objectif dans 2-3 ans. Aujourd’hui, sachons apprécier l’instant présent. Je ne perds jamais de vue qu’au mois de juin de l’année dernière, le club était quasiment en dépôt de bilan. Il ne faut pas l’oublier. On a été obligé de vendre Omeyer, Accambray, Hmam et il a fallu reconstruire notamment en défense.



Tu n'as pas hésité à intégrer pas mal de jeunes...
Oui parce qu'ils sont de qualité. Offensivement, c’est bien, défensivement, il y a des progrès à faire. Déjà parce que certains n’ont pas cette culture. Ils veulent régler les problèmes plus avec l’attaque qu’avec la défense, ensuite, il y a un travail d’apprentissage et puis on manque un peu de leadership dans ce secteur. Mackovsek est un jeune qui vient d’arriver et qui ne parle pas très bien français, Gaber est encore en phase d’adaptation, Diego Simonet qui ne défendait jamais, a du s’y mettre, donc tout cela compte. N’oublions pas non plus qu’il nous manque Mathieu Grébille et Baptiste Bonnefond.

Cela t’oblige à changer constamment…
En 1ère partie de saison, on a terminé l’année avec une charnière centrale Grébille-Gaber qui commençait à donner satisfaction, on perd Mathieu, en janvier on travaille sur l’association Gaber-Bonnefond, Baptiste se blesse, ça fait beaucoup !

Vous avez été actif sur le front du recrutement pour dans deux ans avec Porte et Portner mais pour la prochaine, c’est un peu plus discret. Excepté l’arrivée de Vincent Gérard.
Je suis bien entendu très satisfait de cette arrivée. Nous sommes dans un contexte qui est plus favorable que lors des deux dernières saisons, on a aujourd’hui, une vraie visibilité financière au niveau du club et ce transfert s’est fait parce que les actionnaires nous ont permis de le réaliser. Plus généralement, on a de quoi faire une très belle équipe, Diego Simonet qui prolonge jusqu’en 2019, pour moi, c’est le meilleur investissement qu’on ait fait.



La défense est en chantier avec un très prometteur Ludovic Fabregas (notre photo)
Avec lui, on y va doucement et c’est pour cela qu’on ne va pas recruter sur ce poste-là. Entre Grébille, Bonnefond, Gaber, Mackovsek et Ludovic, on a vraiment ce qu’il faut. J’ai récemment parlé de Fabregas avec Didier Dinart. C’est un joueur en qui il croit beaucoup pour l’avoir suivi en équipe de France jeunes, je ne vais pas dire qu’il lui ressemble mais je raconte toujours cette anecdote : la 1ère fois qu’on a fait jouer Didier en défense centrale à Montpellier, il arrivait après Pascal Mahé et des joueurs sont venus me demander si je n’étais pas fou d’avoir pris ce type de décision. Personne ne croyait en lui à ce poste. Il faut donc de la patience. Il faut progresser avec les jeunes que l’on a.

Est-ce qu’on va revoir Venio Losert dans les cages d’ici la fin de saison ?
Je ne sais pas, cela ne dépend pas de moi, on touche là à l’aspect médical. On est dans le domaine du confidentiel, ce n’est pas une blessure mais il ne m’appartient pas d’en dire plus. Il est toujours avec nous, passe nous voir mais c’est vrai, ne s’entraîne pas.

Il y a eu une rumeur comme quoi tu souhaitais prendre de la hauteur...
Je suis vraiment content car Handzone est un des rares médias à me demander mon avis sur le sujet. Aujourd’hui, ma situation est très claire. J’ai un contrat de manager général à durée indéterminée et j’ai un contrat d’entraîneur pour encore un an. Le métier d’entraîneur me passionne toujours et j’ai toujours envie d’entraîner. Donc, sauf l’éventualité que les dirigeants n’aient plus envie de travailler avec moi, ce qui je pense n’est pas le cas, je serai l’entraîneur à Montpellier la saison prochaine. Et a priori, je n’envisage pas dans une perspective à 3-4 ans de mettre un terme à ma carrière d’entraîneur. Je n'ai jamais évoqué un recul de ma part du métier d’entraîneur par rapport à mon poste de manager général.

Est-ce qu’il y a tout de même, une envie de plus déléguer ?
Dans le sportif, c’est déjà le cas. Pendant ma courte absence (fin mars), il y a des gens dans le club qui ont été en mesure de me remplacer. Ce qui surprend, c’est que vu de l’extérieur, j’interviens dans beaucoup de domaines. Mais il faut bien comprendre que si je peux le faire, c’est que j’ai derrière moi, des personnes très compétentes.

Il n’y a donc pas de possibilité de te piquer la place…
Mais je ne suis propriétaire d’aucune place ! Les dirigeants sont souverains et peuvent pour X raisons changer. Mais aujourd’hui, je le répète, j’ai toujours envie d’entraîner.

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