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Christophe Chagnard est allergique à la lumière

Coupe de France

jeudi 23 avril 2015 - © Yves Michel

 4 min 17 de lecture

Dans le handball hexagonal féminin, l’entraîneur du HBC Nîmes est une personne à part. Un technicien exigeant qui a su développer par ses talents de pédagogue, une relation particulière avec ses joueuses. Après trois saisons passées à la tête du club gardois, il dispute ce samedi (19h) à Coubertin, sa 1ère finale de coupe de France féminine face à Metz.

Christophe Chagnard a gardé la saison dernière en référence. Non pas tant sur le plan du résultat mais plutôt sur le terrain de l’aventure humaine. Gâché par de trop nombreuses blessures, l’exercice a été éprouvant mais très enrichissant. Parti de rien à l’assaut des play-downs de 1ère division, le technicien nîmois a su tirer la quintessence de son jeune groupe pour l’éloigner du spectre de la relégation. Un an plus tard, son travail de formateur et de guide a porté ses fruits. Voilà l’équipe en course pour le haut du panier de la LFH et surtout ce samedi à Coubertin, en finale de la coupe de France face à Metz. Le bonhomme ne manque pas d’intérêt même si comme s'exaspère Bertrand Roux, le président du HBCN « son talent n’est pas reconnu à sa juste valeur malgré les résultats obtenus. En fait, c’est quelqu’un d’introverti qui n’aime pas se mettre en avant et qui ne fait pas de grandes sorties médiatiques. C’est un choix de sa part et cela me convient très bien car c’est un gars droit, honnête et travailleur. » On l’aura donc compris, il est inutile de compter sur l’intéressé pour entamer une quelconque introspection. Le "Cha" est un sacré spécimen qu’il faut avant tout apprivoiser. « La 1ère fois que je l’ai croisé, raconte Alain Portes, actuel patron de France A féminine, c’était à l’UEREPS. Il avait 14 ans, moi cinq de plus et j’étais chargé de l’entraîner. Il jouait arrière droit mais il n'avait pas vraiment le physique. Il est très vite passé ailier. Ensuite, je l’ai côtoyé comme coéquipier. Un sacré joueur, humble et discret à tel point qu’au début, il ne s’exprimait pas ! Aussi bon à droite qu’à gauche où on s’est retrouvé en saine concurrence. » Le palmarès est bien fourni avec quatre titres de champion national (entre 1988 et 1993), trois coupes de France, au sein d’un seul et même club,  l’USAM. La fin des années 90 n’est pas la période la plus glorieuse avec une rétrogradation administrative en Pro D2.



Chagnard lui, prend toujours du plaisir à endosser la tunique verte jusqu’en 2000 lorsqu’il décide d’arrêter de fouler les parquets. Avec le sentiment du devoir accompli puisque Nîmes est de retour parmi l’élite. Mais quel sens donner à sa vie lorsque le hand a été omniprésent ? La réponse est dans la question. Il s’oriente vers la formation et le pôle espoir féminin. « Très sincèrement cela m’a étonné, avoue Alain Portes qui à l’époque entraîne le HBCN. Mais il a réussi par son travail et m’a véritablement bluffé. Il s’est vraiment impliqué dans ce qu’il faisait et est devenu très vite le "papa" de toutes ces filles qui ont croisé sa route. Clairement, il leur a appris à jouer. » Parmi elles, Julie Goiorani ou... Camille Ayglon qui est sans doute la plus indiquée pour parler du personnage. « "Cha" ? Ça fait 1000 ans que je le connais ! C’est quelqu’un d’hyper exigeant, qui a sa manière d’amener une joueuse à son meilleur niveau. Il peut paraître un peu distant mais l’affect qu’il développe tient une place importante. Nous avons une relation vraiment particulière. Pour me faire réagir, il n’hésite pas à me "rentrer dedans". Mais il ne le fait pas avec tout le monde. Avec moi, il sait que ça passe. De toute façon, quand il n’est pas content, il nous le fait savoir. » Le Nîmois est un anticonformiste qui se détourne de toute tentation grégaire. Il défend des valeurs et une conduite qu’il a toujours assumées. «Je ne me suis jamais embêtée à un de ses entraînements, enchaîne l’arrière internationale. Si au début, j’ai persévéré et évolué dans le hand, c’est grâce à lui. Même si dans ce sport, le collectif prime avant tout, il ne perd jamais de vue la progression individuelle des joueuses. Et ça, c’est un énorme plus. »  L’entraîneur du HBCN n’aurait-il que des qualités ? Si d'aucuns mettent en avant son apparence bourrue ou une aversion certaine pour les nouvelles technologies et les réseaux sociaux, il est un autre domaine où il est loin de faire l’unanimité. « Ses tenues vestimentaires ! Car franchement il y a du boulot, s’amuse Camille Ayglon, non sans redouter quelques (gentilles) représailles. En plus, c’est quelqu’un qui ne cherche pas la lumière. Pourtant, on essaie de le faire changer, de lui faire comprendre que son rôle ne se limite pas qu'au terrain. » Samedi soir pourtant, quel que soit le résultat de la finale, "Cha" observera le même rituel. Que son équipe soulève la coupe ou pas, il s’éclipsera dans l’intimité du vestiaire et laissera aux autres le soin de passer devant micros et caméras.

Christophe Chagnard est allergique à la lumière 

Coupe de France

jeudi 23 avril 2015 - © Yves Michel

 4 min 17 de lecture

Dans le handball hexagonal féminin, l’entraîneur du HBC Nîmes est une personne à part. Un technicien exigeant qui a su développer par ses talents de pédagogue, une relation particulière avec ses joueuses. Après trois saisons passées à la tête du club gardois, il dispute ce samedi (19h) à Coubertin, sa 1ère finale de coupe de France féminine face à Metz.

Christophe Chagnard a gardé la saison dernière en référence. Non pas tant sur le plan du résultat mais plutôt sur le terrain de l’aventure humaine. Gâché par de trop nombreuses blessures, l’exercice a été éprouvant mais très enrichissant. Parti de rien à l’assaut des play-downs de 1ère division, le technicien nîmois a su tirer la quintessence de son jeune groupe pour l’éloigner du spectre de la relégation. Un an plus tard, son travail de formateur et de guide a porté ses fruits. Voilà l’équipe en course pour le haut du panier de la LFH et surtout ce samedi à Coubertin, en finale de la coupe de France face à Metz. Le bonhomme ne manque pas d’intérêt même si comme s'exaspère Bertrand Roux, le président du HBCN « son talent n’est pas reconnu à sa juste valeur malgré les résultats obtenus. En fait, c’est quelqu’un d’introverti qui n’aime pas se mettre en avant et qui ne fait pas de grandes sorties médiatiques. C’est un choix de sa part et cela me convient très bien car c’est un gars droit, honnête et travailleur. » On l’aura donc compris, il est inutile de compter sur l’intéressé pour entamer une quelconque introspection. Le "Cha" est un sacré spécimen qu’il faut avant tout apprivoiser. « La 1ère fois que je l’ai croisé, raconte Alain Portes, actuel patron de France A féminine, c’était à l’UEREPS. Il avait 14 ans, moi cinq de plus et j’étais chargé de l’entraîner. Il jouait arrière droit mais il n'avait pas vraiment le physique. Il est très vite passé ailier. Ensuite, je l’ai côtoyé comme coéquipier. Un sacré joueur, humble et discret à tel point qu’au début, il ne s’exprimait pas ! Aussi bon à droite qu’à gauche où on s’est retrouvé en saine concurrence. » Le palmarès est bien fourni avec quatre titres de champion national (entre 1988 et 1993), trois coupes de France, au sein d’un seul et même club,  l’USAM. La fin des années 90 n’est pas la période la plus glorieuse avec une rétrogradation administrative en Pro D2.



Chagnard lui, prend toujours du plaisir à endosser la tunique verte jusqu’en 2000 lorsqu’il décide d’arrêter de fouler les parquets. Avec le sentiment du devoir accompli puisque Nîmes est de retour parmi l’élite. Mais quel sens donner à sa vie lorsque le hand a été omniprésent ? La réponse est dans la question. Il s’oriente vers la formation et le pôle espoir féminin. « Très sincèrement cela m’a étonné, avoue Alain Portes qui à l’époque entraîne le HBCN. Mais il a réussi par son travail et m’a véritablement bluffé. Il s’est vraiment impliqué dans ce qu’il faisait et est devenu très vite le "papa" de toutes ces filles qui ont croisé sa route. Clairement, il leur a appris à jouer. » Parmi elles, Julie Goiorani ou... Camille Ayglon qui est sans doute la plus indiquée pour parler du personnage. « "Cha" ? Ça fait 1000 ans que je le connais ! C’est quelqu’un d’hyper exigeant, qui a sa manière d’amener une joueuse à son meilleur niveau. Il peut paraître un peu distant mais l’affect qu’il développe tient une place importante. Nous avons une relation vraiment particulière. Pour me faire réagir, il n’hésite pas à me "rentrer dedans". Mais il ne le fait pas avec tout le monde. Avec moi, il sait que ça passe. De toute façon, quand il n’est pas content, il nous le fait savoir. » Le Nîmois est un anticonformiste qui se détourne de toute tentation grégaire. Il défend des valeurs et une conduite qu’il a toujours assumées. «Je ne me suis jamais embêtée à un de ses entraînements, enchaîne l’arrière internationale. Si au début, j’ai persévéré et évolué dans le hand, c’est grâce à lui. Même si dans ce sport, le collectif prime avant tout, il ne perd jamais de vue la progression individuelle des joueuses. Et ça, c’est un énorme plus. »  L’entraîneur du HBCN n’aurait-il que des qualités ? Si d'aucuns mettent en avant son apparence bourrue ou une aversion certaine pour les nouvelles technologies et les réseaux sociaux, il est un autre domaine où il est loin de faire l’unanimité. « Ses tenues vestimentaires ! Car franchement il y a du boulot, s’amuse Camille Ayglon, non sans redouter quelques (gentilles) représailles. En plus, c’est quelqu’un qui ne cherche pas la lumière. Pourtant, on essaie de le faire changer, de lui faire comprendre que son rôle ne se limite pas qu'au terrain. » Samedi soir pourtant, quel que soit le résultat de la finale, "Cha" observera le même rituel. Que son équipe soulève la coupe ou pas, il s’éclipsera dans l’intimité du vestiaire et laissera aux autres le soin de passer devant micros et caméras.

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