Coupe des Coupes féminine (finale aller)
Dimanche prochain, au Danemark, Fleury-les-Aubrais abordera le match retour avec un avantage minimal d'un but. Mais sa bonne tenue d'ensemble face à Midtjylland (victoire 23-22) constitue un gage d'espérance.
A Orléans, de nos envoyés spéciaux
Deux finalistes, deux usages antinomiques de la chasuble. En première période, suite à la première des trois exclusions de Gnonsiane Niombla, Béatriz Fernandez Ibanez avait endossé le maillot jaune troué, trépigné derrière son banc. La Fleuryssoise n'a jamais foulé l'aire de jeu bleu azur vêtue ainsi. Dans les ultimes secondes, Helle Thomsen, la coach du FC Midtjylland, a joué au poker. Sept joueuses de champ, une cage grande ouverte, Stine Jørgensen en gardienne volante. C'est pourquoi, sur l'ultime jet franc, l'arrière gauche internationale danoise a trouvé la lucarne gauche de Darly Zoqbi de Paula (23-22).
Le rebondissement final est tout, sauf anecdotique. Au lieu de s'envoler pour Ikast, le week-end prochain, avec deux buts d'avance, elles n'en posséderont qu'un. Un viatique aussi épais qu'une feuille de papier ayant servi au tifo rose et noir formé par le public orléanais.
« Je ne sais pas si ça change la donne, envisage Laura Kamdop, adroite sur l'arc de 6 m (6/7) et co-meilleure réalisatrice de son équipe. Dans tous les cas, ça sera difficile là-bas. » La mission assignée aux protégées de Fred Bougeant ne ressemble tout de même pas à l'ascension de l'Everest à mains nues. Eu égard à l'investissement affiché, à se hausser au niveau du finaliste du championnat danois (et acteur du Final Four de la Ligue des Champions il y a un an), il y a tout à fait moyen de mettre le grappin sur cette C2, douze ans après les pionnières bisontines.
« Dans l'ensemble, on a fait un bon match » reprend la pivot des Panthères. Dans le détail, elle ne s'en cache pas, les soixante minutes n'ont pas été linéaires. « Avec l'émotion, un Palais des Sports rempli, on a eu du mal à rentrer dedans. » Rien de tel chez les athlétiques arrières de Midtjylland, Cornelia Groot et la fratrie Jorgensen, immédiatement efficaces. Ni chez l'ailière Fie Woller, auteur de la seule roucoulette de l'après-midi (0-2, 3'). Les Fleuryssoises ont somnolé, paru subir le faux rythme, sans tomber en léthargie. Alexandrina Cabral Barbosa a fait sortir les siennes du train-train par un Schwenker tellement prévisible que Midtyjlland est resté immobile, entre autres moments de grâce (6-6, 15').
Avare en rotations (Agathe pour Cabral, Fernandez Ibanez pour Niombla, et puis c'est tout), en arrêts de gardiennes au cours de la première demi-heure (deux pour Marion Callavé, trois pour Englert côté visiteuses), la finale aller s'est emballée à l'approche du changement de côté. L'apport de Fernandez Ibanez (sans chasuble) a donné plus de jus, de liant, à Fleury. L'internationale espagnole a carrément rétabli l'égalité à la mi-temps (11-11). Dans l'acte deux, les lauréates de la Coupe de la Ligue ont fendu l'armure une fois pour toutes. Sorti leurs habits de lumière. Le sixième et dernier but de Cabral l'a fait passer en tête pour la première fois. (14-13, 39'). L'artiste ibérique, insatiable, a trouvé Kamdop au pivot pour le +2 (15-13). Et cette dernière a converti deux balles de +3 (18-15, 43' puis 20-17, 51').
« Malheureusement, dit la pivot, on n'a pas su maintenir l'écart. » Parce que la Danoise est coriace. Avant le jet franc de Stine Jørgensen en tenue camouflage, Groot (8/15) a continué à perforer le mur et la cage roses, pourtant mieux protégés par Darly Zoqbi de Paula. Les buts encaissés sur engagement rapide ont également pénalisé le collectif loiretain. Le carton rouge infligé à Gnonsiane Niombla, envoyée en tribune pour avoir empêché Thorsgaard d'engager au rond central (48'), itou.
« On a bien défendu, on a pris 22 buts. Maintenant, il faudra essayer d'en marquer plus là-bas. On peut encore rêver » positive Laura Kamdop. Un argument chiffré, pour nourrir ses songes : depuis que la Coupe des Vainqueurs de Coupe existe (première édition en 1976), 68 % des équipes victorieuses du match aller figurent au palmarès de la deuxième compétition continentale. C'est même systématique depuis 2009. Avec la poursuite de la collection de trophées entamée l'an passé en Coupe de France, Fleury a au moins deux traditions à perpétuer à Ikast...
FLEURY LOIRET – FC MIDTJYLLAND (DAN)
23 - 22 (Mi-temps : 11 - 11)
Palais des Sports d'Orléans. 2800 spectateurs. Arbitres : MM. Opava et Valek (RTC).
FLEURY : Cabral Barbosa 6/11 (1/1 penalty) ; Houette 2/3 (1/1 penalty) ; Kamdop 6/7 ; Mangué 1/4 ; Niombla 2/5 ; M. Tounkara 3/3 ; puis Agathe ; Fernandez Ibanez 3/5. Non utilisées : Bruneau, Grimaud, Manga, Mino Larenas, Ngo Leyi.
Gardiennes : Zoqbi de Paula (6/23 arrêts en 45', dont 1/1 penalty) puis Callavé (2/7 en 15', dont 1/2 penaltys).
2 minutes : Kamdop (11'), Niombla (33', 45' et 48', carton rouge).
14 passes décisives (Mangué 8). 4 interceptions. 11 pertes de balle (Mangué 5). Réussite au tir : 58 %.
Entraîneur : Frédéric Bougeant.
MIDTJYLLAND : Jensen 2/3 ; L. Jörgensen 3/9 ; S. Jörgensen 5/12 ; Groot 8/14 (1/3 penaltys) ; Thorsgaard 2/2 ; Woller 1/2 ; puis Jacobsen 1/3 ; Pedersen 0/1. Non utilisées : Andersen (gardienne) ; Augustesen ; Jakobsen ; Mejlvang ; Rasmussen.
Gardienne : Englert (8/31 arrêts en 60', dont 0/2 penaltys).
2 minutes : Jacobsen (27'). 8 pertes de balle. Réussite au tir : 48 %.
Entraîneure : Helle Thomsen.
Evolution du score : 1-2 (5') ; 4-4 (10') ; 6-6 (15') ; 7-9 (20') ; 9-11 (25') ; 12-13 (35') ; 15-13 (40') ; 18-15 (43') ; 20-17 (51') ; 23-21 (59').
Les réactions
Fred Bougeant, entraîneur de Fleury :
« Je suis très, très content de mes joueuses. On savait qu’on serait un peu pris par les émotions à la maison, on ne peut pas ne pas être sensible à tout cet environnement. Il y avait de l’émotion et pendant 15 minutes on ne montre pas le visage de Fleury que tout le monde connaît. Et puis on s’est lâché, sans trop réussir à pousser les ballons sur les extérieurs comme on aurait voulu, et puis on joue trop souvent à une de moins pour emballer le match. A la mi-temps on a réglé 2-3 choses en défense et sur nos shoots à mi-distance mais Midtjylland est une belle équipe, intelligente. Gagner ce premier match, ce n’est pas rien, maintenant on va jouer le coup à fond, on n’a plus peur de rien ! Au pire on prendra une leçon de handball, et alors ? (sourire) »
Alexandrina Barbosa, arrière gauche de Fleury :
« Ce n’était pas un très beau match, plutôt défensif, et difficile. On commence en étant un peu stressé. Mais on a su rester très concentrées, en fermant leur secteur central et en coupant leurs contre-attaques, les deux points clés du match. On est contentes, on y a toujours cru. Mais un but en Coupe d’Europe, c’est rien. Je crois qu’on peut le faire, si on joue comme aujourd’hui, on peut gagner d’un but là-bas aussi. »
Beatriz Fernandez, arrière de Fleury :
« C’est dommage cette dernière situation, elles nous marquent sur le coup-franc… Mais c’est important d’avoir gagné, c’est bon pour la confiance, pour travailler plus sereinement cette semaine. Si on fait bien les choses, on peut gagner encore dimanche prochain. »
Helle Thomsen, entraîneure du FC Midtjylland :
« On savait que ce serait aussi difficile, Fleury est une très bonne équipe, ce n’est pas pour rien qu’elles sont en finale de Coupe d’Europe. Il n’y a pas eu beaucoup de buts, on a vu deux défenses fantastiques et, au contraire, deux attaques moins bonnes. Normalement, notre gardienne (Sabine Englert) est meilleure, elle est à 25% aujourd’hui alors que c’est plutôt 40% d’habitude. Au retour il faudra marquer plus en jouant plus vite et en se montrant plus efficaces sur les ailes. »
Sabine Englert, gardienne du FC Midtjylland :
« Perdre d'un but, c'est
un super résultat pour nous. Fleury est une équipe difficile à jouer.
Elle a une bonne défense, une bonne gardienne. C'est pourquoi nous avons
été moins à l'aise en seconde mi-temps qu'en première. Maintenant, nous
allons regarder les vidéos et voir ce que nous pouvons faire. C'est
toujours du 50-50. »
Propos recueillis par Pierre Menjot et Laurent Hoppe