Comme chaque saison, la Bundesliga ouvre le ban des championnats européens. Mais la question est récurrente: quel club est en mesure d'ébranler la suprématie de Kiel qui règne sans partage sur l'Allemagne du hand depuis 20 ans ? Dix-huit équipes se retrouvent dans les starting-blocks. Parmi les joueurs, quatre français: Kentin Mahé, Guillaume Joli, Kévynn et Olivier Nyokas.  

par Yves MICHEL

Le meilleur championnat en Europe

Avant d'être l'émérite consultant de la chaîne beIn Sports, l'ancien international François-Xavier Houlet est un des Français qui connait le mieux le championnat allemand. Une Bundesliga qui reste ce qui se fait de mieux en Europe. « Et cela, même s'il n'y a plus le vent de folie des dernières années fait rapidement remarquer l'intéressé. Certains clubs comme Rhein Neckar, Magdebourg et Flensburg ont du nettoyer leur passif. Les budgets n'ont pas énormément baissé mais ceux de ces 3 clubs ont été utilisés pour éponger les dettes. Ils y sont parvenus à l'exception de Rhein Neckar où il reste un petit passif.» L'économie du championnat d'outre-Rhin repose toutefois sur des enveloppes conséquentes (9 clubs sur les 18 présents dépassent les 4,5 M d'euros), les salles sont souvent pleines à craquer, il y a une vraie culture autour de la discipline et le maillage de l'élite est homogène dans tout le pays. «Il n'y a plus la suprématie du nord. Le sud est bien représenté autour de Stuttgart avec Balingen, Göppingen et Bittenfeld. Leipzig monte en D1 et rejoint Berlin et Magdebourg (villes de l'ex Allemagne de l'Est). L'affluence même chez les promus est intéressante. Mais il ne faut pas croire que toutes les équipes évoluent dans des structures ultra-modernes. Eisenach par exemple a gardé la tradition d'une petite salle avec un public très chaud, presque à la croate mais c'est toujours rempli.» Cependant, l'ancien joueur et directeur sportif de Gummersbach (dans les années 2000) reste perplexe sur le suspense généré en tête du classement. A l'image de Montpellier à une époque en France et Barcelone en Espagne, un club reste souverain. «On dit que l'Allemagne est le championnat le plus intéressant parce que le plus dense mais à la fin, c'est toujours Kiel qui gagne.» Reste à savoir cette saison, si derrière, la contestation peut monter et la riposte s'organiser.



L'hégémonie de Kiel remise en question ?

Mercredi, la Supercoupe d'Allemagne à la Porsche Arena de Stuttgart a livré un 1er verdict. Kiel s'est imposé d'un petit but (27-26) face à Flensburg. Cette opposition qui réunissait les deux premiers de la saison passée risque d'être la tonalité de celle à venir. Kiel avec son budget de 9,5 millions d'euros sera l'équipe à abattre. Mais la formation toujours coachée par Alfred Gislason (notre photo) a perdu deux de ses pièces maîtresses: Aron Palmarsson et surtout Filip Jicha sont partis respectivement à Veszprém et Barcelone. «Le départ du Tchèque, acquiesce FX Houlet, est plus préjudiciable que celui de Palmarsson. Jicha, c'était l'âme de Kiel, une véritable personnalité. On annonce un Kiel moins fort, on verra surtout cela au contact des gros adversaires en Ligue des Champions.» La mutation serait elle en route ? Comme si le club aux 20 titres de champion de Bundesliga n'inspirait plus une quelconque crainte chez ses rivaux. «Jusque là, Kiel  avait la main mise sur le marché. Cette fois, c'est l'inverse qui s'est produit. Ils se sont fait piquer Palmarsson très tôt par Veszprém et Barcelone a attaqué en plein cœur de l'été pour avoir Jicha. Kiel n'est plus inattaquable.» A Flensburg, Ljubomir Vranjes a construit une équipe qui sur le papier et une fois que tout sera bien huilé, apparait alléchante n'hésitant pas à recruter deux demi-centres supplémentaires (dont le Français Kentin Mahé, voir plus bas) alors que Gottfridsson et Mogensen étaient déjà là. «C'est intéressant comme équipe mais là aussi, tempère FX Houlet, il faudra la voir se mesurer à celles de LDC et notamment face au PSG.» Rhein Neckar Löwen qui a pourtant perdu l'excellent gardien danois Niklas Landin (parti à Kiel) devrait se mêler à la course au titre. Ces trois équipes représenteront la Bundesliga en Ligue des Champions. «Trois clubs oui mais est-ce que cela sera aussi performant face à la menace de Veszprém, Kielce, Barcelone ou Paris ?.» La réponse ne tardera pas à arriver puisque la compétition européenne débute les 16 et 19 septembre avec un certain Flensburg-PSG.   

Quatre Français dans les starting-blocks

Ils seront quatre Français à évoluer en Bundesliga. Olivier et Kévynn Nyokas ainsi que Guillaume Joli ont débarqué outre-Rhin, la saison dernière. Les deux frangins jouent respectivement à Balingen et Göppingen, l'ailier lui, à Wetzlar. Pour Kentin Mahé, le contexte est totalement différent.



Mahé, l'ambitieux du Nord

A 24 ans, Kentin Mahé entame sa 8ème saison en 1ère division allemande, après être passé par Dormagen, Gummersbach et Hambourg. Au printemps dernier, sa carrière a pris une autre direction, géographiquement un peu plus au nord du pays et sportivement, dans un club plus huppé puisqu'il a signé à Flensburg.

Comment s'est passée ton intégration?
Très bien puisque Petar Djordjic avec qui je jouais à Hambourg et qui a déjà évolué à Flensburg (de 2010 à 2013), a pu me parler du club et en arrivant je savais à quoi m'attendre.

C'est un nouveau départ ?
J'ai construit mon début de carrière, étape par étape et tous les clubs par lesquels je suis passé m'ont fait progresser. Là, j'intègre une équipe qui peut gagner le championnat et surtout qui va participer à la Ligue des Champions.

Dans l'effectif, il y a quatre demi-centres. La concurrence sera terrible.
Le coach a l'intention de faire cohabiter tout le monde. En prépa, par exemple, je me suis souvent retrouvé sur le poste d'arrière gauche mais j'ai aussi glissé demi-centre. En équipe de France, j'évolue sur l'aile gauche mais comme ici, il y a deux très bons ailiers, je vais rester sur la base arrière.

Flensburg est un club atypique de culture... nordique...
C'est sûr qu'à l'entraînement, avec 7 danois et 6 suédois, lorsque ça jure, ils le font plus en danois que dans une autre langue. Mais cela ne me gêne pas. Ce que je voulais avant tout, c'est travailler avec Vranjes.

Votre début de calendrier est plutôt costaud*...
Rentrer rapidement dans le vif du sujet n'est pas pénalisant. On pourra comme cela, savoir où on en est. Jusqu'à Noël, il y a... 35 matches à jouer, plein de choses peuvent se passer et cet enchaînement, il va falloir l'encaisser.

Flensburg peut-il aller chercher Kiel ?
L'objectif est de leur passer devant. Mais il faut rester humble et lucide, ce n'est pas le genre de la maison de dire qu'on sera champion avant même que la saison n'ait commencé. Il ne faudra pas oublier Rhein Neckar qui va avoir les mêmes ambitions.

La Ligue des Champions sera aussi au programme des 3 clubs...
La 1ère journée de Ligue des Champions, on reçoit le PSG, j'attends ce match avec impatience. Avec le recrutement qu'ils ont fait, se mesurer à ce type d'équipes est très alléchant. Et pas simplement parce que je suis Français.

Un Français qui un jour évoluera en France ?
Pourquoi donc ? J'ai déjà étudié la question mais actuellement, ce n'est pas du tout d'actualité.

Tu es donc très heureux de te retrouver au bord de la Baltique ?
Je le crie sur tous les toits, je suis ravi d'avoir pris cette décision et d'être ici. L'environnement est très sympa. Je suis à 3' de la plage et c'est agréable quand il fait 25°. Je reconnais qu'il ne fait pas beau tout le temps et que le thermomètre descend vite. Mais c'est une question d'habitude.

*3ème journée en BDL contre Kiel - 1er match de LDC contre PSG, 3ème à Kiel 



Joli aime le vert mais aussi le... bleu

Changement d'ambiance 600 km plus au sud-ouest, à Wetzlar. C'est dans cette ville de 52 000 habitants que s'est installé l'été dernier, Guillaume Joli. Après la LNH avec Chambéry et Dunkerque et l'Asobal avec Valladolid, l'ailier droit international a découvert la Bundesliga. « Je suis plutôt content de cette 1ère année, on se classe 8ème avec le 14ème budget de Bundesliga. Mais au vu de l’équipe qu’on avait, je pense qu’on aurait pu prétendre à mieux.» Ce vendredi pour l’ouverture du championnat, Wetzlar se déplace à Stuttgart mais le Français ne fera pas le déplacement. En tout début de prépa, il a été victime d’une déchirure au mollet qui ne s’est pas encore résorbée. « Je suis assez frustré car je dois m’entraîner à part mais je pense être de retour d’ici deux semaines. »  De retour, pour attaquer une compétition dans laquelle son club ne devrait pas jouer les 1ers rôles. Déjà le week-end dernier, Wetzlar a été éliminé de la coupe d’Allemagne par Coburg, un club de 2ème division. «Cela s’annonce plus compliqué car on a perdu des joueurs importants comme Ivano Balic ou le Norvégien Toennesen. Il y a des nouveaux mais il faudra attendre de voir comment ils s’intègrent. Il faut aussi espérer ne pas avoir trop de blessés. On va jouer le milieu de tableau mais faire mieux que la saison dernière me parait improbable.» En treize années de professionnalisme, Guillaume Joli a connu tous types de situations et des périodes plus intenses que d'autres. 2016 est une échéance très importante sur le plan international avec dans le viseur l’Euro en janvier et les J.O en août. « C’est l’année où il va falloir faire des sacrifices. Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour pouvoir participer à toutes ces compétitions. J’aime le maillot bleu et j’ai envie de rester en sélection. Mais il faut avant tout que je sois performant dans mon club pour être retenu par Claude Onesta. » Le Français qui aime aussi le vert (la couleur dominante de Wetzlar) est entré dans sa 31ème année. Il reste serein et confiant même si dans un coin de sa tête subsiste le souvenir amer de ce Mondial 2013 en Espagne où il n'avait pas été convié.

Le calendrier complet 2015-2016      ICI

Principaux transferts 2015

SC DHfK Leipzig
ThSV Eisenach
TV Bittenfeld

Rétro Bundesliga 2014-2015

Podium:  
1- THW Kiel   2- Rhein Neckar Löwen   3- SG Flensburg Handewitt

meilleur buteur: Robert Weber (Aut – Magdebourg)  271 buts (dont 99 pén.) taux de réussite : 79%

Affluence championnat :  1 568 167 (4585 par match)  6 salles à plus de 7000 places - le record européen absolu: 44 189 spectateurs, le 6 sept 2014, dans le stade de foot de la Commerzbank-Arena à Francfort aménagé pour l'occasion pour le match entre Rhein Neckar et Hambourg.

La curiosité: une grosse partie du budget de Kiel (9,5 M d'euros) est générée par la billetterie. La Sparkassen-Arena est toujours pleine puisque les 10 250 places sont occupées presque quasiment par les abonnés.