Le promu de la saison dernière (avec Ivry) s'apprête à faire ses premiers pas parmi l'élite. Après un barrage de coupe de la Ligue programmé ce mercredi à Tremblay, le grand baptême aura lieu le 9 septembre à Montpellier. Avec comme objectif, huit mois plus tard, le maintien en LNH.
par Yves Michel
En 2007, Mainvilliers Chartres Hb quittait la Nationale 2 et grimpait au niveau supérieur. Huit ans plus tard, les dirigeants du Chartres Métropole Handball 28 récoltent les fruits du travail accompli avec la consécration d’une montée parmi l’élite. Depuis juin, les nuits ont été courtes, les réunions se sont multipliées car il a fallu penser plus grand. Priorité absolue : renforcer l’équipe. Avec un budget avoisinant les 3 millions d’euros, la hantise de se tromper sur le choix des hommes a été permanente. Pourtant, Philippe Besson, le président à la tête du club depuis 23 ans et Pascal Mahé, l’entraîneur arrivé en 2013 ont tenté d’être les plus imaginatifs possibles. Au noyau dur de l’effectif existant (Grahovac, Oslak, Molinié, Kieffer, Kudinov,…), ils ont ajouté des joueurs qui avaient soit un vécu en LNH (Ploquin, N’Diaye), soit une grande expérience internationale comme le Russe Pyshkin qui six mois auparavant était au Mondial qatari. Le recrutement réalisé, la machine s’est mise en route avec la reprise le 24 juillet dernier et les 1ers matches de préparation. « On a joué contre le PSG (défaite 33-21) et Dunkerque (défaite 17-28), cela nous a remis les idées en place, argumente le demi-centre Robin Molinié (notre photo de tête). Mais je ne suis pas inquiet, déjà parce que contre Paris avec pas mal d'absents et non des moindres, nous n’avons pas été ridicules et parce qu’il nous reste encore quelques jours avant le 1er match de LNH à… Montpellier. » Personne ne s’en étonnera, pour un bizut parmi l’élite, Chartres vise… le maintien. « Le moment de vérité pour nous, c’est quand on va jouer contre Tremblay, Créteil, Ivry, Aix, toutes les équipes à qui on va devoir prendre des points. » Justement, ce mercredi, en barrage de coupe de la Ligue, les Euraliens se déplacent à Tremblay, 1er match officiel parmi l’élite, un bon test dans une compétition qui ne constituera pas une priorité. Pourtant il y a de l’envie, de l’impatience parmi les joueurs, le staff, les dirigeants, le public, à en découdre avec la crème du hand national. « On sent dans la ville que le club a pris une autre dimension. Les supporters sont plus motivés, encore plus intéressés. Le seul bémol, c’est qu’on va se retrouver dans la même salle que la saison dernière et qui était déjà trop petite les soirs de pro D2. Pour accueillir Paris, par exemple, il va y avoir des déçus car tout le monde ne pourra pas entrer. » Plus de 500 000 euros ont été investis par la municipalité pour mettre la halle Jean Cochet (d’une capacité d’à peine 1200 places dont 1000 assises) aux normes de la D1. Le projet de nouvelle salle pouvant accueillir quatre fois plus de spectateurs a pris du retard (environ deux ans) à cause d'une histoire de permis de construire. « L’avantage, glisse malicieusement Robin Molinié, c’est qu’à Cochet, nous avons nos repères. Ce sera important pour le début de saison. Le 1er match à domicile, c’est contre Cesson. Doit-on en faire un adversaire direct ? C’est cette 1ère opposition qui le déterminera. Il est important de marquer très vite nos 1ers points. Ne serait-ce que pour se faire respecter et montrer qu’on n’est pas là pour faire de la figuration. » La dure réalité de la (sur)vie d’un promu. Depuis 2008, les statistiques sont implacables: une des deux formations accédant à la LNH n’a pas pu s’y maintenir et a retrouvé le niveau inférieur dès la saison suivante. C’est justement cela que le club chartrain veut éviter.
Pascal Mahé : " S'inscrire à long terme dans le haut niveau "
Il est arrivé sur la pointe des pieds mais avec des idées bien arrêtées. A Chartres, Pascal Mahé a du se construire une légitimité. Non pas d’ancien joueur avec une carte de visite très bien remplie (297 sélections en équipe de France – le bronze aux JO de 1992, l’argent et l’or au Mondial de 93 et 95 – 2 titres de champion de France en 89 et 95) mais d’entraîneur. Deux ans ont suffi à l’ancien Barjot pour trouver sa place et accéder à l’élite. Le plus dur commence sans doute maintenant.
Peut on parler pour Chartres de grand saut vers l’inconnu ?
On s'inscrit dans une nouvelle aventure pour laquelle le club n'a pas d'expérience. Après les play-offs, on s'est engagé dans une course contre la montre puisqu'il a fallu faire des travaux dans la salle, structurer le club et surtout faire un recrutement sur un marché fermé puisque tout le monde était passé avant nous.
Les matches de préparation ont-ils apporté quelques enseignements ?
Je dirai que si au niveau défensif, on peut être satisfait, sur le plan de l'attaque, c'est loin d'être parfait. 28% d'efficacité au tir même face à Dunkerque, c'est trop peu.
L'objectif c'est d'éviter de faire l'ascenseur ?
On ne se singularisera pas en disant qu'on vise le maintien. Cela n'exclut pas le fait qu'on ait des ambitions. Il faut s'inscrire à long terme dans le haut niveau.
Quelle est l'importance de ce match face à Tremblay en coupe de la Ligue ?
Il s'inscrit dans la préparation et ne revêt pas un caractère d'urgence. Mais on va le prendre avec gourmandise.
Quelle va être la philosophie de Chartres cette saison ?
Tenter de tenir tête le plus longtemps possible à des équipes qui nous sont supérieures et si ce n'est pas possible, on gardera nos forces face à des adversaires plus abordables. Il faudra qu'on mène des opérations commando ciblées. Mais il ne faut pas se raconter des histoires, on sait que face à certains, ce sera mission impossible.
Ce 1er match à Montpellier aura un goût particulier pour toi...
Pour mon baptême du feu, c'est sympa de commencer là où j'ai terminé ma carrière de joueur en France. Je vais avoir beaucoup de plaisir à retrouver l'entraîneur de l'époque qui est toujours en place.
Le CMHB 28 version 2015-2016
Gardiens |
Nebosja Grahovac - Yohann Ploquin |
Arr Droit |
Thomas Capella - Can Celebi (Tur) - Alric Monnier |
Demi-centres |
Davor Cutura (Ser) - Robin Molinié - Borut Oslak |
Arr Gauche |
Sergey Kudinov - Zacharia N'Diaye - Emeric Paillasson |
Pivots |
Maxime Cherblanc - Alexander Pyshkin (Rus) - Louis Roche |
Ail Droit |
Samuel Foucault - Sylvain Kieffer |
Ail Gauche |
Maxime Arvin-Berod - Martin Gaillard |
nouveaux joueurs |
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Entraîneurs |
Pascal Mahé - Frédéric Salmon |
Kudinov-Mahé, souvenirs, souvenirs
La dynastie Kudinov accompagne le destin de Pascal Mahé. Le père Vasily avait été avec la Russie, un des bourreaux de l'équipe de France en finale du championnat du Monde 1993 en Suède. L'arrière gauche avait inscrit 6 buts et son équipe s'était largement imposée (28-19). A l'époque, Pascal Mahé était la tour de contrôle de la défense tricolore qui n'avait rien pu faire face à la grande équipe dirigée par Maximov. La saison passée et 21 ans après, l'ancien Barjot devenu entraîneur a retrouvé un autre Kudinov, Sergey (photo ci-dessus). Le fiston né en juin 1991 a rejoint l'effectif chartrain sur le même poste que le papa Vasily et a disputé l'hiver dernier au Qatar, son 1er Mondial aux côtés de la nouvelle recrue du CMHB 28, Alexander Pyshkin. Les chiens ne font pas des chats.