A la veille du 8e de finale entre Françaises et Espagnoles, HandZone laisse la parole à Fred Bougeant, coach de Fleury et de huit joueuses qui seront opposées lundi, présent au Danemark. Outre le choc, le technicien nous ouvre son carnet de bord d’un Mondial où, s’il n’est pas sur le banc, il ne manque pas d’occupations.
Tout d’abord, le Mondial est un événement qu’un entraîneur ne peut rater. Il est souvent facile, dans la vie, de faire des choix de confort et de privilégier la facilité en restant à la maison, puisque 75 % de nos joueuses professionnelles sont absentes. Mais le confort ne génère pas de grandes récompenses. Nous sommes déjà toute l’année sur les routes, mais notre présence ici est le prix à payer pour continuer à grandir et acquérir de nouvelles compétences.
Je suis ici avec l’objectif de progresser personnellement dans la connaissance du contexte international, de continuer à développer des réseaux, pour le rayonnement du club, pour le recrutement et le renouvellement de notre élite.
C’est un rythme très intense car, en neuf jours, on aura fait plus de 4000 km et observé au total 21 matchs en direct et beaucoup d’autres à la vidéo. A cela, il faut rajouter quelques rencontres avec des sélectionneur étrangers qui nous font la gentillesse d’être toujours très disponibles malgré les enjeux importants, et évidemment des rendez-vous avec les joueuses et agents. Les journées démarrent de bonne heure et sont bien remplies.
J’observe aussi beaucoup l’arbitrage, il y a des paires que nous retrouverons en Champions League et ce moment est propice à l’analyse de leur arbitrage.
J’ai vraiment aimé l’ambiance qui règne à Herning, avec les Danoises et leur public. C’est aussi pour ces émotions simples que je suis présent. J’aime voir tous les matchs car même quand les rapports de force sont déséquilibrés, c’est toujours riche d’analyser les outils et les parades que les joueuses trouvent pour exister.
Les nations africaines reprennent une marche en avant, même si elles ont accumulé beaucoup de retard par manque de moyens. L’Argentine progresse, c’est très patient en attaque mais c’est juste par rapport à leur potentiel. Le retour de la Russie, la solidité de la Hongrie sont la récompense de Championnats domestiques forts.
Je pense qu’on a pris l’Allemagne (ci-dessus, l'arrière Minevskaja) à un très bon moment. Cette équipe m’a fait une très grosse impression sur le match face à la Corée. J’ai hâte de voir leur match face à la Norvège, elles peuvent à mon avis être l’invité surprise.
Presque toutes les équipes ont connu des moments difficiles sur cette première semaine, cela montre l’intensité et le niveau homogène de ce Mondial.
Enfin, le match que nous attendons tous, c’est le France-Espagne. Un match très difficile pour moi… Nous avons, depuis la reprise en juillet, cherché à préparer un maximum de joueuses pour arriver en forme au Mondial. La présence de 8 joueuses en 8e est une grande fierté pour le club (*) mais 4 vont devoir rentrer rapidement. Ce match arrive tôt pour nos joueuses qui font de si belles choses depuis plusieurs saisons ensemble.
Je connais les valeurs morales et mentales de mes joueuses. Ça sera un affrontement terrible, avec un engagement total. Les Espagnoles s’appuient sur des joueuses exceptionnelles et des résultats constants sur les dernières années. La France, frustrée, a l’occasion d’évacuer pas mal de déceptions sur les dernières compétitions. Une équipe gagnera ce match, bien évidemment, mais l’autre ne sera pas perdante car les deux formations sont de qualité, et dans ces grands matchs, savoir accepter le résultat est le premier pas vers la remise en question et une nouvelle dynamique de progression.
Je ne suis sûr que d’une chose, le match sera d’une rare intensité parce que, dans mon équipe, les oppositions même en interne sont toujours très intenses. J’aurai plaisir à retrouver en décembre mes joueuses à Fleury, l’intelligence collective qui règne dans l’équipe et le respect qu’elles ont les unes pour les autres sont les meilleures garanties pour l’avenir... même face à leur destin.
Bon matchs les filles !
Go Panthères !!!
Fred Bougeant, entraîneur du Fleury Loiret Handball
(*) Seul les clubs roumains de Baia Mare (13 joueuses) et Bucarest (11), le club hongrois de Györ (12) et le club monténégrin de Buducnost (10) ont plus de représentantes en 8es de finale que Fleury, hors clubs africains.