Vainqueurs de Thüringer malgré vingt piètres premières minutes (27-21), les championnes de France s'installent à la 3e place de leur groupe, à l'entame du tour principal. Dimanche, à Baia Mare, elles ont même une occasion en or de faire un pas de plus vers les quarts de finale. Avec le caractère affiché ce mercredi, tout est possible.
A Orléans, de nos envoyés spéciaux
Evacuons le négatif tout de suite. Pendant 20 minutes, Fleury a montré son côté obscur. Une défense pas trop mal mais « parfois un peu attentiste de notre part, reconnaît Gnonsiane Niombla, ce qui leur a permis de trouver des solutions » face à une Zoqbi de Paula impuissante. Un jeu d'attaque sans idée, où les arrières avaient la tête tournée vers les tribunes et les ailières manquaient d'efficacité, à l'image de toute l'équipe qui butait sur une excellente Eckerle (7 arrêts à 70% à la pause, 9 au repos). Et des adversaires beaucoup plus rapides en contre, comme l'ailière Huber, virevoltante. Après 20 minutes, donc, le tableau affichait un très vilain 4-10 pour Thüringer, au jeu simple et efficace. « Il y avait de la fatigue générale, et elles ont débuté à fond », explique la capitaine loirétaine. « Ce sont les échecs aux tirs qui faisaient alors la différence, poursuit sa coéquipières Laura Kamdop. Mais cette fois, on n'a rien lâché. Manon (Houette) marque un but, ça nous relance, et petit à petit... »
Petit à petit, Fleury s'est transformé. Niombla, d'un chabala sur pénalty après l'échec de Nze Minko dans l'exercice, lançait un début de remontée (6-10, 23e). La défense, désormais, ne lâchait plus, avec une paire Chavez-Cissé solide secteur central et, surtout, une entrée judicieuse de Julie Foggea dans les cages. Avec son tonus retrouvé, elle qui a rongé son frein en tribunes durant tout le Mondial avec les Bleues (voir plus bas), la gardienne a réussi 7 arrêts en 13 minutes et reboosté encore son équipe et une salle qui n'attendait que ça pour monter en pression. Lopez, intéressante à l'aile droite, et Niombla, d'un triplé, relançaient complètement le suspense à la pause (10-12). Et la dynamique ne s'inversait pas après le repos. Malgré quelques ballons d'égalisation manqués, la défense se montrait toujours impeccable et la gauchère espagnole égalisait enfin sur un contre (18-18, 41e), avant que Houette, bien décalée sur l'autre aile, mette enfin les siennes devant cinq minutes plus tard (20-19). « On avait bien préparé ce match au tableau noir, en pointant certaines particularités de Thüringer, et la stratégie a fonctionné », savoure Fred Bougeant.
Dans une bonne dynamique, son équipe, parfois fébriles dans les fins de matchs européens cette saison, s'assurait du succès. L'attaque à deux pivots payait. La défense resserrée aussi. Niombla et Barbosa, d'un doublé chacun (15 buts pour elles deux sur le match), creusait encore l'écart (24-20, 54e). Et malgré les tentatives allemandes (attaque à 7 avec la chasuble, défense individuelle), rien ne pouvait plus arriver aux Panthères, aux griffes à nouveau aiguisées. « On réussit une excellente prestation collective et pour ça, je suis très fière, apprécie Kamdop, en réussite au pivot (3/3). On est restées bien concentrées, on apprend de nos erreurs et il vaut mieux, quand on voit ce qu'on a fait dimanche contre Besançon. » « Ce succès va donner de l'énergie, une nouvelle dynamique au club, à ses bénévoles, qui entendent beaucoup de choses en ce moment », reprend le coach, référence à la salle que le club attend toujours et au sujet de laquelle il espère une décision fin janvier.
Comme Metz l'an dernier, Fleury entame donc le tour principal avec quatre précieux points, ce qui place le club à la 3e place, à égalité avec Larvik. Il y a un an, les Lorraines s'étaient bien vautrées, en commençant par deux défaites face aux adversaires directs, Viborg puis Sävehof. Ce qu'il ne faudra pas faire dimanche, chez le Baia Mare d'Allison Pineau, actuellement dernier du groupe avec 0 point et qui serait sans doute distancé pour de bon en cas de défaite. « Cette victoire est porteuse de beaucoup d'espoirs, veut croire Niombla. Baia Mare, c'est notre carte la plus jouable, sans vouloir être prétentieuse. Si on est rigoureuses, ça peut passer. En tout cas, si on doit à chaque fois mal démarrer nos matchs mais gagner à la fin, j'achète ! » En Roumanie, où il n'est jamais simple de s'imposer, une bonne entame serait néanmoins bienvenue.
Ligue des champions, phase de poules (match reporté)
FLEURY 27 – 21 THÜRINGER
Mi-temps : 10-12.
A Orléans, Palais des Sports. 1800 spectateurs environ. Arbitres : Mmes Ilieva et Karbaska (MAC).
FLEURY.- Gardiennes : Zoqbi de Paula (17 min, 1 arrêt) et Foggea (43 min, 17 arrêts dt 1/2 pen). Joueuses de champ : Agathe (0/3), Kamdop (3/3), Nianh, Tounkara (0/1), Houette (2/6 dt 0/1 pen), Chavez (0/1), Lopez (4/6), Scheid, Nze Minko (3/6 dt 0/1 pen), Niombla (9/15 dt 2/2 pen), Cissé, Grimaud, Barbosa (6/12 dt 2/2 pen). Entraîneur : F. Bougeant.
THÜRINGER.- Gardiennes : Eckerle (42 min, 10 arrêts dt 1/2 pen), Krause (18 min, 4 arrêts dt 1/4 pen) et Satrapova. Joueuses de champ : Reshetnikova, Van de Wiel, Scheffknecht (0/3), Frey (3/5), Buceschi (5/8), Pintea, Schmelzer (0/1), Snelder (6/7), Luzumova (3/6), Engel (1/7 dt 0/1 pen), Huber (3/5), Wohlbold (0/1), Deroin. Entraîneur : H. Müller.
Julie Foggea, gardienne de Fleury : « On connaît un démarrage très compliqué, on avait du mal à aller vers le but, c'était un problème à la fois physique et mental. Mais on a su tirer les leçons de la défaite face à Besançon pour se remettre. Cette rencontre, on l'attendait depuis longtemps, ça nous a gâché le réveillon, on est arrivées bien préparées. On avait l'objectif de bien défendre et il a été atteint. Gagner fait du bien. Mon match ? Ca fait du bien collectivement et personnellement, les dernières semaines ont été longues pour moi. J'espère que c'est un début pour moi et l'équipe, on a encore beaucoup à faire ensemble. Et pour les quarts de finale, ça va le faire. »